[Ménélas - Akeela] Voilà pourquoi il ne faut pas sortir seule ►

akeela & ménélas05.05.150. Cela fait quelques jours que tout est assez tendu au sein de la Citadelle et Akeela étouffe un peu. Ses conseillers ne cessent de lui dire qu’elle ne fait pas le bon choix en acceptant l’entrée de Kelowna dans l’Alliance mais elle refuse de leur donner raison. Elle sait que son choix est bon et que Kelowna prouvera sa bonne foi, elle a confiance en la nouvelle chef de clan qu’est Karrah. Mais en attendant de montrer qu’elle a raison, Akeela sait qu’elle va devoir batailler un peu encore avec ses conseillers qui n’approuvent pas toujours ses décisions. Et aujourd’hui, elle en a marre et a décidé de se faufiler de la Citadelle comme elle en a l’habitude, pour aller chasser avec Hasufel. Sa monture est heureuse de pouvoir se dégourdir un peu les jambes sur les terres et Akeela approuve son empressement, parce qu’elle apprécie toujours de se retrouver seule avec son arc pour aller chasser. Elle sait qu’elle ne devrait pas faire cela parce que les gens vont s’inquiéter de son absence, à commencer par Kalevi, mais aller chasser seule lui permet de pouvoir être un peu tranquille, au-delà de l’agitation de la Citadelle.

Sauf que comme à chaque fois qu’elle chasse, Akeela oublie un peu le temps qui passe. Elle est partie sur les traces de ce qu’il lui semble être une panthère ou un puma peut-être, et Hasufel a tellement marché en suivant la piste de l’animal qu’ils sont à présent bien loin de la Citadelle. La nuit ne devrait pas tarder à tomber et Akeela se rend compte que sa petite absence a dû se remarquer depuis bien longtemps à présent, que Kalevi doit même être déjà parti à sa recherche depuis plusieurs heures. Elle sait qu’il va lui tomber dessus lorsqu’elle rentrera enfin à la Citadelle.

Mais pour l’instant, elle a d’autres choses à penser que ce que lui dira Kalevi lorsqu’elle rentrera, parce qu’elle a enfin trouvé l’animal qu’elle suit depuis des heures et que sa flèche l’a raté à quelques centimètres. Et maintenant, elle se retrouve un peu en mauvaise posture parce que la bestiole s’approche d’elle à travers les hautes herbes, menaçante, les dents sorties. Elle a bien envie de croquer Akeela mais celle-ci ne compte pas se laisser faire et décoche une autre flèche qui se plante dans l’épaisse peau de l’animal, ce qui a juste pour effet de l’énerver encore plus et de la faire bondir. Akeela a tout juste le temps de lever le bras et son arc pour empêcher l’animal de lui arracher la gorge mais ses dents se plantent dans le cuir qu’elle porte. Et tandis qu’elle lutte pour éloigner l’animal de sa gorge, elle se dit qu’elle aurait peut-être dû rester à la Citadelle au lieu d’aller chasser.

Ménélas avait quitté la capitale de son clan très tôt ce matin là car il s'était donné pour mission d'aller rencontrer les caravaniers, qui vivaient éparpillés dans les plaines. Même s'il était le chef des Askhadi depuis maintenant trois ans, il refusait qu'on l'assiste dans chacun des actes de sa vie quotidienne, c'est pourquoi il avait pansé et équipé seul sa monture.

Ascara était une jument magnifique au port altier et à la robe soyeuse. C'était le dernier cadeau que lui avait fait sa mère avant de s'éteindre trois ans plus tôt aussi, même si son dressage avait nécessité rigueur et patience, il avait énormément d'affection pour cet animal.

Les premiers villageois éveillés l'avaient salué avec sympathie lorsqu'il était passé à côté d'eux au petit trot et l'accueil avait été tout aussi chaleureux chez les nomades. Passer la journée en leur compagnie lui rappelait immanquablement son enfance. A l'époque, il ne songeait qu'à s'amuser et à découvrir le monde mais, même s'il avait à présent de lourdes responsabilités qui pesaient sur ses épaules, il ne regrettait pas ses jeunes années. Contrairement à celles de bon nombre de gens, elles avaient été heureuses et il se sentait béni pour cela.

En fin de journée, ayant réussi à rencontrer tout le monde dans les délais qu'il s'était donné, il s'était autorisé à se lancer au galop au delà des frontières du clan. Même si elle avait passé la journée à le porter sur les routes, Ascara semblait partager le plaisir de " l'évasion ". Au bout de plusieurs kilomètres toutefois, le cavalier avait mit pied à terre pour la laisser reposer ses longues jambes musclées avant de faire demi-tour.

La nuit ne tarderait plus à tomber et il ne pouvait raisonnablement pas s'absenter trop longtemps. Depuis l'arrivée au pouvoir de la nouvelle cheffe des Kelowniens, les attaques étaient plutôt rares mais baisser sa garde trop rapidement serait irresponsable.

Après un petit quart d'heure, passé à admirer le paysage, des hennissements angoissés avaient attiré son attention. Méfiant, il avait tiré son épée de son fourreau et il s'était rapproché de la source du bruit avec prudence. Lorsqu'un élégant étalon blanc était passé à côté de lui au galop sans son cavalier, il avait accéléré le pas et il s'en était félicité quelques instants plus tard.

A demi allongée sur le sol, une jeune femme dont il ne voyait pas le visage luttait contre une panthère qui en avait fait sa proie. Furieuse, la créature avait feulé lorsqu'elle l'avait repéré mais, désorientée par son infériorité numérique, elle ne savait plus où donner de la tête. Ménélas se serait sans doute contenté de la mettre en fuite si elle n'avait pas été blessée mais dans la situation actuelle, il ne souhaitait ni qu'elle agonise longuement, ni que la douleur la rende folle et la pousse à attaquer les gens de son clan aussi, il avait du prendre une décision plus radicale.

L'affrontement avait été court, ce qui ne l'avait pas empêché d’écoper de quelques griffures. Une fois la bête achevée, il s'était retourné vers la demoiselle pour s'enquérir de son état. Sa surprise avait été grande lorsqu'il avait reconnu l'Ipa.

- ...Akeela ?

Bienveillant, il lui avait immédiatement tendu sa main pour l'aider à se relever.

- Etes vous blessée ?

Un grand nombre d'autres questions se bousculaient dans son esprit mais il s'était contraint à ne pas toutes les poser d'un coup pour ne pas risquer de brusquer son interlocutrice davantage qu'elle ne l'était déjà...

akeela & ménélasPeut-être que ses idées idiotes finiront par la faire tuer. Que si ce n’est pas assassinée par quelqu’un qui ne croit pas à ses idées, Akeela finira par se faire bouffer par un ours qui lui tombera dessus pendant une chasse. Et peut-être même qu’elle va mourir aujourd’hui, égorgée par cette panthère qui semble bien décidée à faire d’elle son diner pour la soirée. Son arc entre elle et l’animal, Akeela lutte mais la bête est lourde et elle est plutôt frêle malgré son entrainement. Elle tient bon cependant et tente de pousser la panthère avec ses jambes mais celle-ci lui lacère la cuisse avec ses griffes, lui faisant pousser un juron entre ses dents. C’est un bruit qui fait tourner la tête de la panthère et celle d’Akeela par la même occasion, et elle remercie silencieusement les dieux d’avoir mis quelqu’un dans le champ de vision de la panthère, même si cette personne risque autant sa vie qu’elle-même à ce moment-là. Mais l’animal préfère fuir, trouvant sans doute qu’il lui sera difficile de croquer la jeune femme et l’homme en même temps sans se faire tuer entre deux.

Akeela s’apprête à remercier son sauveur mais l’homme se lance à la poursuite de la panthère et elle reste là, le souffle coupé, essayant de se remettre de ses émotions. Elle a eu peur, peur de se faire déchiqueter par cette fichue bestiole qu’elle traque depuis des heures, et c’est à moitié tremblante qu’elle se redresse pour s’asseoir avant de passer son arc dans son dos. Cette saleté de panthère lui a mordu le bras mais son cuir l’a protégé, elle n’aura sans doute qu’un hématome à cause de la force de la mâchoire. Par contre ses griffes ont lacéré son pantalon et la peau de sa cuisse, faisant couler le sang et grimacer Akeela. Elle va avoir une autre cicatrice pour aller avec celle qu’elle a déjà et qu’elle a gagné lors de son combat pour devenir Ipa.

Elle relève la tête en entendant un bruit, inquiète de voir revenir la panthère pour achever son travail. Mais c’est l’homme qui revient et elle le reconnait tandis qu’il s’approche en prononçant son nom. « Ménélas ! » Elle a de la chance de tomber sur quelqu’un qu’elle connait déjà et esquisse un léger sourire avant d’attraper la main qu’il tend pour l’aider à se relever. « C’est superficiel. » Ça lui fait mal, mais elle en a vu d’autres et la plaie n’est pas si profonde que cela. « Merci. Je crois que sans vous, j’aurais fini en petit morceau dans l’estomac de cette panthère. J’ai été imprudente. » Peut-être que maintenant, elle y réfléchira à deux fois avant de suivre des traces de cette façon. Elle imagine déjà Kalevi lui faire la morale. « Vous a-t-elle blessé aussi ? »

Ménélas s'était permis de jeter un rapide coup d’œil à la cuisse de la jeune femme lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle souffrait de blessures superficielles. Les griffes d'un félin laissaient des entailles profondes dans la chair humaine et ces entailles avaient tôt fait de s'infecter si elles n'étaient pas correctement soignées. Le pantalon de l'Ipa était en piteux état mais au vu de la quantité de sang qui le tâchait, sa vie n'était effectivement pas en danger.

- Ne me remerciez pas, il était normal que je vous vienne en aide.

Lorsqu'elle lui avait demandé s'il avait également été touché par le fauve, il avait désigné son flanc gauche et plaisanté avec un sourire rassurant :

- Une simple égratignure ! Il semblerait que j'ai perdu en dextérité avec l'âge !

Méfiant, car il savait que les prédateurs se déplaçaient parfois en groupe, il était resté silencieux pendant quelques instants pour écouter les bruits de la nature. Les oiseaux chantaient paisiblement et aucun son inquiétant n'était audible. Rassuré,
il s'était autorisé à poser une seconde question à son interlocutrice :

- Puis-je vous demander comment vous vous êtes retrouvée aussi loin de la Citadelle sans votre escorte ?

Son ton n'était en rien moralisateur, premièrement parce qu'il n'était pas son père, deuxièmement parce qu'il n'imaginait pas qu'elle avait simplement fait le mur. A vrai dire, il s'attendait plutôt à ce qu'elle lui raconte une histoire sordide au sujet d'une trahison ou d'une embuscade.

Si ses craintes étaient avérées, cela voudrait dire que de nouveaux conflits ne tarderaient pas à éclater malgré l'alliance, alors même que la paix semblait quasiment acquise sur la majeure partie du territoire...

akeela & ménélasElle époussette ses vêtements en se relevant et tente de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux. Elle a un peu honte Akeela, parce qu’elle a bien failli se faire dévorer par une panthère et qu’elle n’aurait pas dû la pourchasser toute seule de cette façon. C’était idiot et complètement irresponsable, mais ça avait surtout le gout de la liberté et c’est pour cette raison qu’elle est partie chasser le matin même, pour échapper à la Citadelle étouffante. Elle grimace doucement quand il lui indique avoir été blessé par la panthère. Il a dû la poursuivre pour l’achever sans doute. « Oh l’âge n’a rien à voir avec la dextérité. Je suis sûre que vous lui avez donné du fil à retordre à cette bête féroce. » Elle plaisante mais secoue doucement la tête. « Je suis désolée, c’est de ma faute. Je n’aurais pas dû descendre de mon cheval. » Et elle fronce les sourcils parce qu’elle ne voit pas Hasufel dans les parages.

Elle tourne la tête vers Ménélas lorsqu’il lui demande pour quelle raison elle se trouve aussi loin de la Citadelle, lui arrachant une légère grimace. « En fait je… » Elle pourrait mentir, dire qu’elle s’est perdue et que son escorte ne doit pas être très loin, mais Akeela ne ment jamais. « …je n’ai pas d’escorte. Je suis partie seule de la Citadelle ce matin pour chasser et je crois que je n’ai pas vu le temps passer. Ni les kilomètres d’ailleurs. » Elle ignore un peu où elle se trouve mais elle sait qu’elle doit être plutôt loin de la Citadelle maintenant. « Enfin, j’avais un cheval mais il a préféré fuir. Hasufel n’est pas très courageux. » Et elle rit doucement. L’animal a fui lorsque la panthère s’est jetée sur elle et elle ne peut pas vraiment lui en vouloir, c’est un cheval habitué au calme de la Citadelle et non pas aux terres hostiles qui l’entourent. Elle espère seulement qu’il n’a pas fui trop loin et qu’elle pourra le retrouver, parce qu’elle tient à Hasufel qui est bien plus pour elle qu’un simple cheval.

Ménélas avait apprécié qu'Akeela s'autorise à faire de l'humour à son tour. Seuls au beau milieu des plaines, malgré leurs statuts respectifs, ils pouvaient bien se libérer un peu du protocole. L'homme ignorait si c'était parce qu'elle venait de manquer d'être dévorée par une bête féroce ou parce qu'elle affichait un air d'enfant pris en faute mais l'Ipa ne lui avait jamais paru aussi jeune que maintenant. Elle aurait pu être sa fille s'il s'était uni à une femme une vingtaine d'années plus tôt et cette pensée avivait son instinct protecteur.

Lorsqu'elle lui avait avoué qu'elle avait fugué de la citadelle en faussant compagnie à ses gardes du corps et qu'elle s'était finalement perdue en suivant une proie, un sourire amusé s'était affiché sur son visage.

- Vraiment ?

Un petit rire s'était échappé d'entre ses lèvres mais, pour éviter qu'elle pense qu'il se moquait d'elle, il avait rapidement repris la parole :

- Sachez que je vous comprends. Rien ne vaut la liberté, n'est-ce pas ?

A cet instant, il se reconnaissait en elle, ayant lui même fait le mur à de très nombreuses reprises durant ses jeunes années. A l'époque toutefois, il n'était encore qu'un simple fils de caravanier et de ce fait, personne ne risquait d'envoyer des légions de soldats à sa recherche s'il ne donnait pas signe de vie pendant quelques heures...

- Voilà ce que je vous propose : nous allons nous mettre à la recherche d'Hasufel puis nous rallierons Nisida où vous passerez la nuit. Dès notre arrivée, nous enverrons un messager à la Citadelle afin qu'il rassure vos gens et demain, une escorte vous raccompagnera jusqu'à chez vous. Cela vous convient-il ?

En attendant sa réponse, il avait porté ses doigts à sa bouche et émis un sifflement puissant pour appeler sa jument. Sur son dos, ils seraient bien plus efficaces pour retrouver l'étalon fugitif...

akeela & ménélasAkeela comprend au petit rire de Ménélas que sa fugue l’amuse et elle ne peut lui en vouloir. Elle agit comme une enfant quand elle fait ce genre de chose et elle sait qu’elle ne devrait pas faire ça. « C’est un peu ça. » Elle ne peut s’empêcher de sourire à son tour, légèrement honteuse d’avouer qu’elle se comporte comme une petite fille qui refuse d’écouter ses ainés. « J’aime beaucoup la Citadelle mais parfois j’apprécie de pouvoir me retrouver seule pour chasser. » Elle ne devrait pas l’avouer cependant, cela finira par lui jouer des tours un jour. Mais quelque chose lui dit que Ménélas comprend ce qu’elle veut dire, pourquoi elle a quitté seule la Citadelle pour courir après les traces d’une panthère. Parfois elle envie les autres, ceux qui n’ont pas forcément de grosses responsabilités et qui peuvent partir de chez eux quand ils le souhaitent. Mais elle se souvient de pourquoi elle est devenue l’Ipa et de la promesse qu’elle a faite à Dastan, alors elle oublie tout le reste et se reconcentre.

Elle relève alors les yeux vers Ménélas lorsqu’il lui propose de se mettre à la recherche d’Hasufel puis de rallier Nisida pour la nuit. Akeela est plutôt surprise de savoir qu’elle s’est suffisamment éloignée pour se retrouver aussi près de la capitale askhadi mais elle hoche la tête à la proposition du chef de clan. « C’est gentil de votre part, je ne suis pas contre l’idée d’avoir un toit au-dessus de la tête pour cette nuit. » Elle n’ose même pas imaginer où elle aurait pu dormir si elle n’était pas tombée sur Ménélas, à la belle étoile sans doute. « Mon absence prolongée a dû en faire paniquer plus d’un à la Citadelle, je pense que c’est peut-être la dernière fois que je peux sortir en douce de la ville. » Ca la fait rire mais elle sait qu’après ça, la surveillance sera sans doute renforcée pour l’empêcher de sortir à nouveau. Kalevi y veillera personnellement, elle n’en doute pas une seule seconde.

« J’espère qu’Hasufel n’est pas parti trop loin, il n’a pas l’habitude de ces terres. » Elle est inquiète pour sa monture parce qu’elle y tient énormément. Hasufel a son petit caractère mais il appartenait à Dastan et Akeela ne pourra se résoudre à le perdre un jour, comme elle a perdu son précédent maître. Elle s’approche de la jument de Ménélas et pose sa main sur sa robe. « Elle est magnifique. Quel est son nom ? »

Akeela était une jeune femme sur laquelle pesaient de grandes responsabilités, ce qui poussait ceux qui l'entouraient à la surprotéger. Ménélas pensait qu'agir ainsi n'était pas lui rendre service. Certes, se promener seule en pleine nature lorsque l'on était l'Ipa était imprudent mais l'infantiliser risquait de lui faire perdre sa crédibilité. En tant que cheffe, il était important qu'elle soit à l'origine des ordres et non la résidente d'une prison dorée, même si elle accordait une oreille attentive aux recommandations de ses conseillers.

- Acceptez d'être escortée mais ne renoncez pas à vos voyages en dehors de la Citadelle. Bien connaître le territoire et les coutumes de chacun des clans membres de l'alliance ne pourra que vous être utile au vu de vos fonctions.

Nisida n'était qu'à une trentaine de minutes de cheval de là où ils se situaient actuellement. S'ils retrouvaient rapidement Hasufel, ils pourraient y être avant qu'il fasse nuit noire, ce qui serait une bonne chose. Dans l'obscurité, les prédateurs et les brigands en tous genres étaient beaucoup plus entreprenants...

La jument de l'Askhadi s'était retournée vers Akeela en agitant sa crinière lorsqu'elle avait posé sa main sur sa robe luisante en louant sa beauté, ce qui avait fait rire son cavalier.

- Cette tête de mule s'appelle Ascara. Prenez garde de ne pas trop la flatter, vous risqueriez de la rendre prétentieuse !

Il avait à son tour passé sa main sur la douce encolure de l’équidé, comme pour se faire pardonner ses récentes paroles, avant de se mettre souplement en selle. En règle générale, lorsqu'il montait avec une jeune femme, il l'installait devant lui, pour son confort et sa sécurité mais cela imposait une certaine proximité physique. Ne voulant pas mettre son interlocutrice mal à l'aise, il avait préféré l'inviter à s'installer sur la croupe de sa monture. Une fois qu'il l'avait eu aidé à monter, il avait lancé Ascara au petit trot dans la direction d'où il était venu.

- Nous devrions retrouver votre cheval assez facilement, ne vous inquiétez pas. Les plaines offrent une vue dégagée et, constatant qu'il n'était pas poursuivi, il aura certainement fini par s'arrêter quelque part pour brouter.

Le soleil commençait à se coucher, projetant ses reflets d'or sur la nature qui les environnait. Le crépuscule et l'aube étaient les moments préférés de Ménélas dans une journée car à ces heures, tout prenait une allure un peu magique. Au bout d'une quinzaine de minutes de recherches, ils avaient fini par apercevoir Hasufel, qui s'abreuvait dans un cours d'eau. D'après sa posture, il ne semblait plus aussi anxieux que lorsqu'il l'avait croisé au galop.

- Je pense que vous devriez pouvoir le " capturer " sans trop de difficultés.

Il s'en chargerait sans rechigner si Akeela le lui demandait mais il était persuadé que cela ne serait pas nécessaire.

akeela & ménélasElle a un peu honte de l’avouer mais oui, elle pense bien que ses conseillers – et surtout Kalevi au final – vont renforcer la sécurité aux abords de la ville pour l’empêcher de pouvoir se faufiler seule en dehors de la Citadelle. Et elle ne doute pas que son garde du corps fera renforcer la surveillance autour d’elle pour s’assurer qu’elle ne file plus toute seule, surtout s’il vient à apprendre la mésaventure qu’elle vient de vivre. Sans sa blessure à la cuisse, elle aurait presque pu ne rien lui dire et se contenter de lui avouer s’être perdue pendant une chasse, mais s’il voit qu’elle a été blessée, il finira par lui poser des questions et par découvrir la vérité. Cependant, cela ne l’empêche pas d’être d’accord avec Ménélas lorsqu’il lui demande de ne pas renoncer à ses voyages mais juste d’accepter d’être escortée. « Vous avez raison, je suis bien trop imprudente et je devrais faire plus attention à l’avenir. Aujourd’hui était la preuve que je ne suis pas infaillible, j’aurais pu mourir sans votre intervention. » Elle en est bien consciente maintenant et elle baisse doucement la tête. « J’ai une dette envers vous Ménélas et je compte bien m’en acquitter un jour. » Elle ignore encore comment mais elle le fera, parce qu’il a sauvé sa vie en prenant en chasse cette panthère.

Elle est heureuse d’être tombée sur lui, sur une connaissance et peut sans doute s’estimer heureuse de pouvoir continuer sa route à ses côtés, même si leurs pas vont plutôt les mener sur les terres askhadis plutôt qu’à la Citadelle. Alors elle accepte la main qu’il lui tend et monte derrière lui sur cette magnifique jument qu’est Ascara. Elle s’inquiète un peu pour Hasufel mais Ménélas a vite fait de la rassurer, lui indiquant que les plaines offrent une vue dégagée et qu’il sera plus aisé de le retrouver ainsi. Akeela ne doute pas que son cheval ne doit pas être très loin, même si celui-ci ne connait pas vraiment les terres où il se trouve, elle sait qu’il ne fera pas des kilomètres sans elle.

Ils finissent rapidement par le trouver, tranquillement en train de boire dans un cours d’eau. Akeela est rassurée et tandis que Ménélas lui indique qu’elle devrait pouvoir le capturer sans trop de difficultés, elle descend d’Ascara pour se rapprocher doucement d’Hasufel, sifflant doucement pour attirer son attention. Le cheval est docile, il l’a toujours été et s’est facilement adapté à Akeela après la mort de Dastan. Elle a toujours eu peur qu’il la repousse, qu’il n’accepte pas ce changement soudain de propriétaire mais Hasufel a su lui montrer qu’il lui faisait confiance. Alors elle s’approche doucement pour ne pas le brusquer car elle sait que même s’il la connait, même s’il lui fait confiance, il a eu peur de cette panthère qui s’est jetée sur elle. « Là, ne t’inquiètes pas. La panthère est partie et ne reviendra pas. » Elle le flatte et s’approche jusqu’à attraper ses rênes et venir caresser son encolure pour le rassurer de nouveau. Puis elle se hisse sur son dos en grimaçant légèrement à cause de cette blessure sur sa cuisse qui ne saigne plus, mais qui lui fait mal tout de même. Alors elle attrape sa sacoche restée sur la selle d’Hasufel et en sort un morceau de tissu qu’elle imbibe d’eau avant de le glisser sous son pantalon. Elle n’a rien d’une guérisseuse mais elle sait que la fraicheur de l’eau calmera un peu cet élancement qui lui prend la jambe.

Puis elle fait avancer sa monture jusqu’à Ménélas, esquissant un sourire en arrivant à sa hauteur. « Depuis le temps que je veux retourner à Nisida, je crois que c’était un signe finalement. » Parce qu’elle aime beaucoup les villes des terres d’Askhadi.