Voilà des années que Nukka n'avait pas eut l'occasion de faire la fête comme le lui avait permis cette fête de l'Alliance. La jeune chef de clan n'était pas du genre à se laisser aller si facilement. Elle était souvent entièrement dans la retenue même et ça lui avait fait un bien fou d'enfin relâcher la pression loin des yeux du conseil Orketa. Après avoir passé une nuit bien arrosée, Nukka avait décidé d'aller flâner dans les rues de la capitale Askhadi en cette matinée ensoleillée. Nukka marchait toujours de la même façon, les mains dans le dos tandis que son regard vert vagabondait à droite et à gauche. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir faire pour occuper le temps ?
La jeune femme continuait de déambuler sans but précis jusqu'à ce que son regard se pose sur l'étale d'un magasin. Ce fut l'éclat d'une lame qui attira plus précisément le regard de Nukka. La brune s'approcha jusqu'à se rendre compte que l'étale en question était en fait celui d'une forge. Un peu plus loin dans le local, on pouvait entendre un marteau frapper le métal encore chaud pour créer des armes ou autre objet de ferronnerie. Nukka attrapa le poignard qui se trouvait devant elle et elle commença à le faire tourner entre ses doigts. L'objet semblait de bonne facture et très bien équilibré. Les prunelles vertes de Nukka se détachèrent de l'arme pour se relever en direction du bruit de marteau qui provenait du fond de la forge.

- Bonjour ? Y'a quelqu'un ?

Elle parla assez fort de manière à se faire entendre de la personne qui travaillait dans la boutique.

Quelques secondes se passèrent jusqu'à ce qu'une voix provienne du fin fond de la forge. La voix intima à Nukka de patienter quelques instants. Les bruits de marteau continuèrent durant quelques minutes, minutes durant lesquelles Nukka attendit patiemment devant l'étale. Elle continuait d'observer les armes exposées pour s'occuper quand, finalement, une silhouette se détacha dans la pénombre de la forge. Elle fit un détour par un tonneau d'eau se trouvant dans un coin avant de s'approcher jusqu'à la lumière. Une jeune femme se présenta alors devant Nukka. La brune l'observa quelques instants avant d'esquisser un sourire par politesse. Elle désigna alors d'un signe de tête le poignard qu'elle avait repéré quelques minutes auparavant.

- Bonjour, je souhaiterai vous acheter ce poignard, c'est possible ?

Les prunelles vertes de Nukka se détachèrent quelques secondes de son interlocutrice pour aller vagabonder sur la boutique qui s'étendait derrière elle. Elle travaillait ici, toute seule ? C'était étonnant et peu commun pour une femme de tenir une forge. Mais ça faisait toujours plaisir à Nukka de rencontrer des personnes qui faisaient des choses peu commune comme cette jeune femme. D'ailleurs, ses armes étaient de très bonne qualité. Le genre de qualité que seule une femme peut obtenir.

- Vous proposez d'autres services que la vente d'armes ? J'ai une épée qui aurait bien besoin d'une petite remise à neuf.

Elle reporta alors son attention sur la brune qui lui faisait face.

Lorsque son interlocutrice tendit le manche de l'arme dans sa direction, Nukka la reprit en main. Elle fit tourner le manche entre ses doigts afin de revoir, une nouvelle fois, l'équilibre de l'arme. L'équilibre était vraiment parfait, c'était assez peu commun de trouver des armes d'une si bonne qualité. Enfin.. Nukka connaissait bien un forgeron qui faisait d'aussi belles armes mais il était un peu trop loin d'elle actuellement. Ses prunelles vertes de détachèrent de l'arme pour se reposer sur la forgeronne qui lui indiquait qu'elle avait d'autres armes dans la boutique. Nukka fit quelques pas de manières à contourner l'étalage afin d'entrer dans la boutique.

- Je serais ravie d'en voir d'autres, oui.

Pourquoi ne pas ramener un cadeau à Alaric tiens ? Le jeune homme avait dû rester à Alon, Nukka ne voulait pas que le clan se retrouve sans personne à sa tête durant son absence. Peut-être qu'un petit cadeau lui ferait oublier le fait de ne pas avoir pu découvrir les grandes plaines Askhadi. Nukka garda le poignard que lui avait tendu son interlocutrice, dans tout les cas, elle comptait l'acheter.

- Je vous ramènerai l'épée à réparer dans l'après-midi. Et si vous pouvez la faire rapidement, moyennant finance évidemment, ce serait parfait.

Les finances n'étaient un problème pour Nukka, loin de là. Ca ne l'avait jamais été d'ailleurs. Quand elle avait suivit la formation à Neywick, elle n'avait rien à payer. Tout était pris en charge par le clan et le peu de souvenirs qu'elle avait du temps passé avec ses parents, sa famille n'avait jamais été dans le besoin.

Nukka suivit silencieusement la forgeronne dans la boutique jusqu'à arriver devant un coffre. Le coffre s'ouvrit et une véritable caverne d'Alibaba fut dévoilée sous les yeux de Nukka. Poignards, dagnes et même des couteaux de chasses étaient soigneusement entreposés dans le coffre que venait d'ouvrir la brune. Nukka s'avança de manière à pouvoir prendre un poignard en main qu'elle tourna dans tout les sens pour observer les finitions. Tandis qu'elle inspectait l'arme, son esprit continuait de suivre la conversation qu'elle avait démarré avec la forgeronne. Visiblement réparer son épée ne serait pas un problème pour son interlocutrice et Nukka esquissa un léger sourire.

- Dans la soirée ou demain matin, ce sera parfait. Je vais tâcher de vous ramener l'épée rapidement.

Tandis que Nukka observait les poignards et autre couteaux que la forgeronne venait d'exposer devant elle, son interlocutrice quitta la pièce l'espace de quelques instants. Elle revint finalement vers Nukka avec une question aux lèvres. Nukka reposa doucement le poignard qu'elle avait entre ses mains pour se tourner vers son interlocutrice. Elle hocha doucement la tête tout en affichant un léger sourire.

- Oui et je ne me suis même pas présenté. Je suis Nukka, je viens d'Orketa.

Inutile de préciser qu'elle était la chef du clan. Nukka n'aimait pas particulièrement mettre ce point en avant et si elle pouvait encore rester incognito dans la capitale Askhadi quelques temps, ce n'était pas de refus. Les gens avaient tendance à changer de comportement quand ils se rendaient compte que la jeune femme avait un certain pouvoir et qu'elle était à la tête d'un clan à seulement 25 ans.

Visiblement l'interlocutrice de Nukka n'était pas du genre très bavarde mais ce n'était pas quelque chose qui dérangeait Nukka. La jeune femme avait tendance à être assez pragmatique dans ses relations avec les autres, elle n'aimait pas toujours s'encombrer de certaines convenances sociales. Après s'être présenté, Nukka obtint le prénom de son interlocutrice. D'ailleurs, Elyris ne semblait pas être du genre à perdre du temps et elle proposa à Nukka de ramener rapidement son épée afin de la faire réparer dans les plus bref délais. La brune hocha la tête, ses prunelles vertes se détachèrent des armes qui s'étendaient devant elle pour venir se poser définitivement sur la forgeronne.

- Je peux aller vous les chercher tout de suite si vous le souhaitez. Je ne suis pas loin d'ici.

Nukka aller quitter la boutique mais, un peu sans prévenir, Elyris reprit la parole en affirmant qu'elle espérait que Nukka appréciait d'être ici. La brune, toujours le sourire aux lèvres, hocha la tête une nouvelle fois.

- Oui, j'aime beaucoup les plaines d'Askhadi. Ce n'est pas la première fois que je viens ici donc ce n'est pas non plus une découverte pour moi. Je vais chercher ma lame, je reviens d'ici 10min.

Sans attendre une réponse de la part de la forgeronne, Nukka tourna les talons pour quitter la boutique. En seulement quelques minutes, la jeune femme se retrouva dans les appartements qui lui avaient été prêtés le temps de la fête de l'Alliance. Être une chef de clan avait ses avantages et notamment le fait d'être logée peu importe où elle se rendait. La brune attrapa son épée qui était rangée dans son fourreau avant de quitter à nouveau l'appartement pour retourner dans la forge d'Elyris.
Comme promis, Nukka revint environ 10 minutes après avoir quitté la forgeronne. La brune entra dans la forge en tenant l'épée dans son fourreau à la main.

- J'espère ne pas avoir été trop longue !

Lorsque Nukka entra à nouveau dans la forge, Elyris semblait plongé dans un cahier. La brune haussa les sourcils en se rendant compte que la forgeronne savait lire et visiblement écrire. Ce n'était pas quelque chose à la portée de tout le monde mais après tout, elles étaient à la capitale. En Orketa, Nukka savait que l'accès à l'éducation était beaucoup plus simple à Alon que dans les autres villes ou les petits villages du clan. Mais depuis quelques années, la brune s'efforçait de faciliter l'apprentissage de l'écriture et de la lecture pour les plus jeunes. C'était important pour certaines choses. Nukka avança jusqu'au comptoir où Elyris avait alignée deux poignards en plus de celui qu'elle avait déjà choisit. Les prunelles vertes de la brune furent cependant attiré par la main d'Elyris tendue vers elle. Il fallut quelques secondes à Nukka pour comprendre ce que voulait dire le geste. Elle déposa alors son épée, toujours dans son fourreau, entre les mains de la forgeronne. Leurs doigts s'effleurèrent quelques instants mais Nukka n'y prêta pas attention. Ce genre de contacte ne la dérangeait pas plus que ça.

- Il ne me faudra qu'un seul poignard, je vous remercie.

Finalement, Nukka s'appuya sur le comptoir tandis que ses prunelles vertes se posaient à nouveau sur les poignards devant elle. La jeune femme connaissait un forgeron qui serait comme un poisson dans l'eau ici. Elle, elle s'y connaissait juste suffisamment en arme pour reconnaître du bon travail. Dans ce cas, on pouvait dire qu'Elyris faisait du très bon travail.

- Les affaires se portent bien par ici ?

De la petite discussion pour passer le temps, ça ne faisait jamais de mal. Et puis Nukka était réellement curieuse de savoir comment se portait le commerce par ici.

A peine Elyris se retrouve t-elle avec la lame de Nukka entre ses mains que la forgeronne semble absorbée par son travail. Nukka l'observe silencieusement la laissant se mettre au travail en attendant une réponse à sa question. Evidemment, ouvrir les frontières laissait entrer plus de monde sur les terres du clan et la capitale Askhadi était connu pour son commerce fleurissant. Vous cherchez quelque chose ? Allez chez des marchands Askhadi, ils auront sûrement ce qu'il vous faut. C'était quelque chose que Nukka avait souvent entendue. Et puis le clan avait un climat agréable. Nukka hocha la tête.

- L'Alliance a été bénéfique pour tous.

Une paix pérenne, des échanges commerciaux fleurissants entre les clans, des frontières ouvertes. Tout était bon à prendre dans cette Alliance. Certains ne le voyaient pas encore mais Nukka espérait bien qu'ils finiraient par entendre raison. La jeune femme passa ses mains dans son dos, elle se tenait toujours bien droite Nukka. Le menton légèrement relevé. C'était quelque chose qu'on lui avait appris à Neywick, une guerrière se doit d'être fière, surtout quand cette guerrière est la chef d'un clan comme Orketa. Ses prunelles vertes se posèrent sur sa lame qui se trouvait entre les mains d'Elyris. Elle l'observait travailler, Nukka trouvait ça apaisant de voir quelqu'un à l'oeuvre.

- Je suis ici principalement pour des affaires politiques. Une des chef de clan à l'origine de l'Alliance ne peut pas se permettre de rater la fête de l'Alliance. Mais j'aime aussi ton clan, je trouve les plaines Askhadi reposante.

Lorsque Nukka souligna le fait qu'elle ne pouvait pas rater la fête de l'Alliance à cause de son statut, elle releva son regard en direction d'Elyris. On pouvait lire une certaine malice dans le regard de la jeune femme, elle venait d'annoncer d'une manière assez subtile qu'elle était une chef de clan. Une personne de "haut rang" et elle était curieuse de voir la réaction d'Elyris.

La surprise ne se fit pas ressentir tout de suite sur le visage d'Elyris. La jeune femme semblait plus interloquée qu'autre chose concernant la présence de Nukka ici peut-être ? C'est vrai que Nukka avait cette fâcheuse habitude de fausser compagnie à sa garde. Après tout, elle avait suivit une formation à Neywick pour devenir guerrière depuis l'âge de 6 ans. Certes, elle n'avait pas eut le temps de terminer la formation mais tout de même. Elle savait ce défendre et malgré les années, elle était toujours aussi vexée qu'on l'oblige à se déplacer avec une garde. Noomie et Gabriel étaient sûrement entrain de s'arracher les cheveux à la chercher dans toute la capitale, cette idée fit sourire légèrement Nukka.
Le silence s'installa durant quelques secondes dans la forge, Elyris était en plein travail et Nukka n'osait pas reprendre la parole. Elle ne voulait pas la déranger, la forgeronne semblait concentrer sur son travail ou bien perdue dans ses pensées. Nukka ne savait pas vraiment. Finalement, ce fut Elyris qui reprit la parole. Apparemment, un ami l'avait reconnue hier soir ce qui fit légèrement sourire Nukka. Vint ensuite un commentaire sur les plaines reposantes d'Askhadi. Elyris ne semblait plus trop savoir quoi dire en la présence de Nukka. C'était souvent l'effet que sa présence avait mais Nukka n'avait pas eut envie de mentir sur les raisons de sa présence en Askhadi. Tant pis pour la tranquillité et la banalité des discussions.

- Je l'aiguise environ une fois par mois. Elle ne sert plus autant qu'elle a servit à un moment. En revanche, je prend soin de bien la nettoyer après chaque entraînement. Donc tout les jours.

Malgré le pacifisme de Nukka, cette lame s'était plantée dans plusieurs Sengoli à une époque. Les guerres entre Orketa et Sengoli avaient longtemps fait rage et Nukka avait à peine la vingtaine à l'époque lorsqu'elle s'était retrouvée sur le champ de bataille. Ce n'était pas une époque que la jeune femme regrettait, loin de là.

Quelques secondes de plus se passent dans le silence jusqu'à ce que Elyris se lève pour venir présenter sa lame à Nukka. La brune attrapa délicatement le pommeau de l'épée pour venir inspecter la lame. Elle s'écarta légèrement de son interlocutrice pour pouvoir manier un peu l'épée. Tout semblait parfait, l'équilibre était toujours le même. Elyris avait sût conserver tout ce qui faisait de cette épée l'arme préférée de Nukka.

- C'est parfait. Je tâcherai de l'aiguiser plus régulièrement en suivant tes conseils.

La jeune femme rangea finalement l'épée dans son fourreau qui regagna sa ceinture. Elyris entreprit alors d'infliger le même traitement au poignard que Nukka avait décidé de prendre pour Alaric. Quelques secondes passèrent, dans le silence. Nukka n'était pas du genre à obliger les gens à discuter et Elyris n'avait pas l'air d'être quelqu'un de très bavard. En attendant, Nukka entreprit de sortir une bourse de sa poche. Elle ne savait pas encore pour combien elle allait en avoir entre l'entretiens de son épée et l'achat du poignard mais, heureusement, elle avait pris largement ce qu'il fallait.