dans les prairies Askhadi Ϟ fête de l'Alliance, 4ème jour

Encore une fois, Noomie a été mise de côté par Gabriel qui a refusé qu’elle fasse une garde de plus auprès de Nukka. Elle déteste cet abruti de chef de la garde qui refuse que ses hommes fassent correctement leur travail et qu’ils gardent un œil sur leur chef de clan tandis qu’elle doit rencontrer ces ennemis de Kelowna. Aux yeux de Noomie, ils seront toujours des ennemis même si cette fête annoncera clairement qu’ils rejoignent eux aussi l’Alliance, comme les rumeurs semblent le dire depuis le début des festivités. Mais ils pourront rentrer dans tout ce qu’ils voudront, il n’empêche que même avec une nouvelle chef de clan, les kelowniens resteront toujours des kelowniens. Des brutes sanguinaires, des guerriers ignares. Des bâtards, tout simplement.

Noomie rumine, elle déteste ces bâtards venus du nord tout comme elle déteste ces ennemis venus de Sengoli. Elle n’ira pas le dire, bien évidemment, mais elle n’ira pas non plus copiner avec eux ou boire un verre à la taverne pour faire semblant. Elle veut juste faire son travail et veiller sur sa chef de clan, chose qu’elle peut enfin faire lorsque Gabriel la laisse prendre son tour de garde devant la tente de Nukka. Mais lorsqu’elle arrive pour prendre la relève de son camarade, elle le voit devant la tente. Ce bâtard de kelownien dont elle n’oubliera jamais le visage, ce bâtard qui l’a ligotée et bâillonnée dans la forêt près de la frontière Orketa il y a deux ans et qui l’a laissée là, seule, avant de repartir dans les jupons de sa chef de clan. Ce bâtard se trouve là, devant la tente de Nukka et Noomie sent le sang bouillir dans ses veines.

Alors elle s’avance vers lui, luttant contre l’envie de décrocher l’une de ses armes de sa ceinture pour la lui planter dans le corps. A la place, elle lui assène un crochet du gauche sans même le prévenir avant ça et se jette sur lui pour le mettre au sol. « J’ai survécu, bâtard. Juste pour avoir le plaisir de te foutre mon poing dans la tronche encore une fois. » Et de se venger pour l’avoir laissée seule dans la forêt, à la merci de toutes les bêtes sauvages inimaginables.

dans les prairies Askhadi Ϟ fête de l'Alliance, 4ème jour

“Ola tout doux.” Le maréchal ferrant assène une claque sur le fessier de l’animal pour lui ordonner d’arrêter de trépigner. Ca ne plait pas forcément à Losran, simple propriétaire observant la scène, mais après tout il doit connaître son métier. Après avoir longuement baladé sans encombre au travers des plaines Ashkadi, le guerrier était rentré au camp dressé à l’occasion de la fête de l’Alliance. La cheffe du clan, Karrah, traînait ses bottes un peu partout et cela m'inquiétait pas plus que cela son cousin. Après tout , il avait imposé - sans trop de mal- à son subordonné Malik de veiller sur elle. Les deux jeunes gens étant amis, la surveillance n’en était pas tant une que cela. Et donc Losran pouvait tranquillement vaquer à ses occupations dans un territoire autrefois ennemis. Bien que les gens le toisaient encore d’un mauvais oeil, depuis quelques mois, les tensions se faisaient moins fréquente. Aujourd’hui d’ailleurs il osait se payer les service d’un maréchal reconnu dans le clan Ashkadi pour parer et ferrer son fidèle destrier.

Une journée comme celle-ci n’était pas très courante pour le jeune homme, c’était à marquer d’une croix rouge. “Ca fera deux pièces m’sieur.” Le maréchal tend sa main calleuse au guerrier, le nez pincé malgré la tolérance initiale. Losran paye sans vérifier l’état des pieds de son cheval pour ne pas manquer de respect à l’artisan. Ils se saluent et le binôme equidé cavalier repart vers les tentes. Le bruit que fait Akashick en marchant dans ses nouveaux souliers est assez agréable, mais une dernière inquiétude titille Losran. Pourvu qu’il ne blesse aucun de ses congénères au pré, un coup de sabot est vite arrivé. Délesté de son animal parti gambader dans un enclos avec d’autres bêtes, le guerrier sans arme repart gaiement vers le centre du regroupement. Il compte aller rendre visite à sa cousine, au dernière nouvelle, elle devait s’entretenir avec une cheffe de clan, celle d’Orketa il lui semblait. “Bonjour mesdames,” dit-il sobrement en tirant les battants de la tente de la cheffe Orketa après s’être fait annoncer. Les deux femmes semblent être en plein grands projet, un timide sourire sur les lèvres, l’air ferme et convaincu. Le second du clan et chef de guerre tente de s’inclure dans la conversation, mais il n’a finalement rien à y faire : il n’est absolument pas question de guerre ni de stratégie…

Après avoir adressé un coup d’oeil à sa cousine, Losran se retire et se plante devant la tente au grand air. C’est l’occasion pour rouler un peu de tabac dans une feuille de maïs, nouveauté répandue dans le clan qu’il commence à apprécier. Il allume son tabac quand une jeune femme à la crinière de feu approche le pas décidé. Sa chevelure semble lui rappeler quelque chose mais le guerrier a connu tant de femme… Alors qu’elle est quelques pas de lui, Losran entreprend de l’accueillir avec un sourire, bien vite ravalé par le crochet du gauche bien placé dans sa mâchoire. Le guerrier grogne, son tabac s’envole et avant qu’il n’ait eu le temps de rejoindre le sol, Losran bascule sous l'assaut violent de la jeune femme. « J’ai survécu, bâtard. Juste pour avoir le plaisir de te foutre mon poing dans la tronche encore une fois. »

Bien qu’il soit un peu sonné par l’attaque pas franchement prévue, Losran se souvient instantanément lorsqu’il entend le mot batard. Il est capable d’oublier le visage de ses adversaires, même ceux avec de tels cheveux, mais certainement pas une insulte si véhémente. “Ola tout doux !” Parler à une jeune guerrière enragée comme on parle à un cheval en train de se faire ferrer n’est sans doute pas une bonne idée, mais Losran n’a pas mieux comme réflexe. Il pourrait se défendre et lui asséner à son tour un coup dans le nez mais ses nouveaux principes l’en empêchent. Un peu. Pour le moment. Au lieu de cela il essaye de glisser ses bras sous elle pour écarter ses coudes et saisir ses poignets afin de la maintenir stable au dessus de lui. Si elle continue de gueuler comme ça, Karrah et la cheffe d’Orketa vont rapliquer.

dans les prairies Askhadi Ϟ fête de l'Alliance, 4ème jour

Noomie déteste tous les kelowniens, tous sans exception, mais elle a une rancune tenace contre celui-ci et elle ne retient pas son poing qui se colle dans son visage. Rien à faire du protocole, rien à faire du fait qu’elle se trouve sur des terres alliées où les kelowniens ont été invités. Celui-ci n’a rien d’un ami, guerrier à la botte de l’ancienne chef de clan. Bâtard, tout simplement. Si elle ne se trouvait pas aussi près de la tente de sa chef de clan, Noomie aurait déjà décroché l’une de ses armes de sa ceinture pour la planter dans la jugulaire de ce kelownien pour lui faire ravaler son petit air satisfait. Mais ça l’ennuierait de tâcher le tissu de la tente avec le sang de ce bâtard, alors elle se contentera juste de ses poings pour le moment.

La force de son crochet du gauche et la surprise du coup font vaciller l’homme. Noomie veut lui faire payer ce qu’il lui a fait il y a plusieurs années et surtout le fait de l’avoir abandonnée seule et bâillonnée dans la forêt. Elle ne doit sa vie qu’à l’arrivée improbable d’un chasseur en traque d’un animal qui l’aurait sans doute bouffée avant le lever du soleil et elle s’est toujours promis de faire payer à ce kelownien si jamais elle le revoyait un jour. Aujourd’hui, c’est le moment. Au-dessus de lui, elle enrage en l’entendant lui dire de se calmer et cela ne fait que renforcer encore plus sa colère. Elle serre les dents et se retient de le planter. « Tu vas payer. Et peut-être que c’est toi qui vas te retrouver bâillonné cette fois. » Elle ne compte pas le lâcher aussi facilement et cette fois elle ne se laissera pas faire aussi facilement qu’il y a deux ans. Il ne quittera pas ces terres sans plusieurs bleus et sans au moins un nez pété, elle s’en assurera. Alors elle essaye de le cogner à nouveau, de lui mettre encore une fois son poing dans la tronche.