[Uriah - Shirin] Le Désert n'est jamais loin...

Shirin était perdue dans ses pensées. Déjà que d'ordinaire, cette perdition était embêtante, aujourd'hui, elle en était gravissime. Elle se rendait peu à peu compte de l'impossible de son objectif, et il lui restait encore tellement à convaincre, tellement à faire. Elle bascula la tête en arrière et ferma brièvement les yeux. Elle aurait donné n'importe quoi pour se retrouver encore un peu dans son clan, avant de se rappeler qu'elle, et elle seule, avait fait son choix.

Non, en fait, elle était fière de ce qu'elle avait accompli, et de ce qu'il lui restait à accomplir. Les autres se laisserait persuader. Il y aurait la paix. Elle retournerait dans le désert, elle....

--Cela commence à faire longtemps que l’on ne s’est vu, Shirin…Puis-je partager un moment avec toi ?

Elle se retourna vivement. Qui.

Elle fut alors happée par un flot brûlant.
Uriah était ici.
Uriah portait encore le désert sur ses habits. Elle pouvait presque sentir sur lui l'odeur de la chaleur.
Elle fut surprise de le voir ici, et agacée d'avoir été surprise. Son rôle ne devait-il pas le mener en ces lieux de temps à autres ?
Il fallait qu'elle se reprenne. Il est beau, le prochain Ipa ;

Alors qu'elle réfléchissait, elle balbutia donc une réponse qui lui semblait misérable, se rendit compte que sa parole n'avait été qu'un grognement sourd, et reprit :

-C'est vrai, ça fait tellement longtemps...
Cela faisait quoi, 3 ans ? Il s'en était passé, des choses. Mais Shirin ne s'était jamais rendue compte à quel point elle était encore attachée à Shisayo.

Le cœur a ses saisons que la raison ignore.
Elle acquiesça :

-Bien sûr.
Elle n'avait jamais été particulièrement proche du chef, mais il y avait toujours eu, profondément ancré en Shirin, une véritable notion de respect. Elle l'admirait sincèrement, mais avec réserve.
Shirin ne se faisait jamais d'illusions, en rien. Elle désigna un endroit relativement tranquille où ils pourraient s'installer, et reprit la parole.

-Cette convocation s'est bien passée ?

Shirin s'intéressait de plus en plus près à la politique de son pays, maintenant qu'elle touchait son but. Et après réflexion, il n'y avait que pour ce motif qu'Uriah avait pu accomplir ce voyage. Elle se concentra sur la cicatrice courant sur la pommette du chef, attentive à ce qui allait suivre. Elle essayait de sortir de chaque conversation, de chaque rencontre un peu plus grandie, et cette entrevue avec Uriah était parfaite.

Il lui manquait encore beaucoup pour atteindre ses objectifs.

Shirin s'était assise, et avait tout écouté. Elle n'était pas passionnée, juste concernée. Elle n'avait pas envie qu'on la prenne pour avide de pouvoir, froide, désireuse de gloire. Non. Juste faire bouger les choses lui irait très bien. Cependant, la dernière phrase du chef de clan la fit frémir. Qu'est ce qu'il insinuait ? Elle respira bruyamment.

-Oui, je pense que ce clan pourrait être intéressant.....

Elle ferma les yeux.

-Une fois, j'ai connu des marchands. Ils appartenaient à un clan, mais avaient pour seuls maîtres le mistral et l'alizée. Et j'aurais été incapable de dire à quel clan ils étaient issus, tant l'odeur de la liberté masquait toutes les autres.

Elle sourit.

-Tous les hommes ne sont pas à l'image de leur clan ? Qu'en penses tu ?  Personnellement, je vois plus le clan à l'image des actes de ceux qui en dépendent.

Elle rouvrit les yeux, et fixa Uriah.

-Pour moi, tu es sans cesse en train de définir qu'est ce que le clan Shisayo. Tout le temps. Mais...

Shirin se sentit un peu ridicule d'avoir livré le fond de sa pensée, mais elle se retint d'effacer d'un geste tout ce qu'elle avait dit. Ce qu'implicait l'adage prononcé par Uriah dépassait la pensée, et elle avait exprimé si peu. Elle prit le parti d'en rire.

-Mais je n'ai peut-être pas répondu à tes attentes. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris.

Shirin avait trouvé. Sonder les autres aveant de se livrer. Excellente idée.