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 Le miroir de l'onde

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(#) Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyJeu 10 Jan - 17:15

Milieu de Deàrrsadh 150

Niallàn inspira à pleins poumons l’air iodé qui se mêlait aux senteurs des résineux. Il n’y avait qu’ici, à la frontière Pankara, qu’elle pouvait respirer cette fragrance unique. Forêt et mer se côtoyaient se près. Le cœur léger, la jeune femme s’engageait entre les fourrés et les racines, laissant courir sa main sur les troncs centenaires, les yeux tournés vers le ciel.

Le convoi marchand était parti de Moroni depuis des jours. Niallàn aurait volontiers acheté un cheval pour la route mais le troc ne lui réussissait guère ces derniers temps. On lui avait offert une place à l’arrière d’une carriole un peu branlante. Avec sa besace, son arc et son corbeau, elle passait relativement inaperçue au milieu de la caravane. La journée, elle aidait parfois les chevaux empêtrés dans les marais. Le soir, elle écoutait les récits des doyens. Les marchands avaient toujours de bonnes histoires à raconter. Mais ce dont la Sengoli était la plus friande, c’était les récits sur l’ancien monde. Cette année, hélas, il n’y avait aucun conteur dans le convoi. Elle devait donc prendre son mal en patience, laisser traîner ses oreilles au détour d’une conversation anodine pour se divertir et simplement prier pour arriver à la fin du voyage en un seul morceau.

Le trajet s’avérait monotone, sans grande fantaisie. Cependant, Niallàn s’aperçut bien vite à quel point tout cela lui avait terriblement manqué. Cruellement manqué. Fille de l’exil, fille des routes, la soigneuse admirait le paysage comme si c’était la première fois qu’elle le voyait. Elle respirait plus librement, loin de la ville et aimait à lâcher la bride à son imagination en découvrant les monts lointains, les larges miroirs d’eau, les bois obscurs et sauvages, les ruines surgissant du sol comme autant d’épines dans la chair meurtrie de la Terre. Niallàn aimait tous les voyages, sans exception. Même si elle redoutait un jour de lâcher prise et d’abandonner ses ports d’attache, elle ne se lassait pas de céder à l’appel de l’inconnu.

Bientôt, la caravane arriverait près de Galene. Niallàn avait préparé des missives pour ses parents au cas où elle n’aurait pas le temps de passer les voir. Sa route continuait vers la Citadelle. A chaque pas en direction de la capitale, un flot de souvenirs l’envahissait. Moroni, Galene, la Citadelle… Ses ports d’attache.

La caravane faisait ce jour-là une courte pause, à l’heure de l’après-midi où la chaleur devenait trop suffocante. La Sengoli en profita pour s’éloigner un peu, espérant trouver du calme et du silence loin de l’agitation de tous ces gens participant au convoi. Cela faisait des jours qu’ils vivaient tous les uns sur les autres et elle arrivait à bout de patience. Même Ingwë devenait de plus en plus insupportable. Il s’absentait parfois des heures durant et revenait, sans crier gare, faire peur aux gardes à la nuit tombée en voletant à hauteur des torches. Qu’à cela ne tienne ! L’occasion était trop belle aujourd’hui. Niallàn prit le chemin le plus court vers un lagon aperçu un peu plus tôt. Révélé par les troubles reflets du soleil, il exposait sa surface argentée au fond d’une clairière entourée de hauts arbres. Posant son sac à l’abri entre deux grosses pierres, vérifiant d’un coup d’œil circulaire qu’elle était bien seule, Niallàn se déshabilla en toute hâte avant de pousser un soupir d’aise, les deux pieds dans l’eau. L’onde caressait fraîchement sa peau nue, lui arrachant de délicieux frissons. Ce bain en toute intimité était devenu une obsession depuis quelques temps. Elle se sentait aussi crasseuse sur son corps que dans son esprit.

A chaque pas qu’elle faisait dans le lagon miroitant, ses pensées parasites paraissaient se dissoudre. Sous la plante de ses pieds roulaient quelques galets, du sable et des algues. Elle avança prudemment jusqu’à avoir l’eau au niveau de sa taille. Bien qu’on lui ait appris à nager dans son enfance, la tâche ne s’était révélée aisée pour elle. Fermant les yeux et prenant une grande inspiration, Niallàn se laissa totalement immergée.
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Gaya
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Gaya
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyJeu 10 Jan - 19:01


Le miroir de l'onde

Gaya & Niallàn - Deàrrsadh 150


I'm a sandstorm, raging and burning

Gaya chevauchait depuis plusieurs jours. Elle n'aurait jamais cru être aussi heureuse de voir des arbres, et même de croiser des Pankaras et des Askhadis. Bien que leurs relations avec ces clans étaient apaisées et même prospères depuis plusieurs années, Gaya n'était pas du genre à apprécier les paisibles bergers des prairies d'Askhadi et les marins Pankaras reculés dans les terres. Sa vie s'était passée dans la douleur et les courbatures, dans le claquement du fer et la rigidité du cuir. Sa verve habituelle et son impulsivité fondamentale créait un fossé avec ces membres plus pacifiques. Néanmoins, sur la route, Gaya avait apprécié de changer d'air. Dans les auberges, elle avait prêté une rare attention aux histoires des nomades, et s'était prêtée aux rires de bon cœur. Ici, son nom n'était pas connu ; ou tout du moins pas associé à son visage. Elle avait une liberté dont elle ne profitait plus à Shisayo, une liberté qu'elle avait rêvé d'avoir depuis toujours. Lentement, elle redécouvrait le goût du voyage, des nuits passées sous les étoiles. Une certaine nostalgie s'emparait d'elle, la nostalgie de son enfance. De sa famille.

Au retour d'Uriah, Gaya n'avait pas perdu de temps pour s'échapper. Le voir avec son fils, voir cette fierté et cette douleur dans ses yeux, avait réveillé en elle une douceur disparue depuis longtemps. Gaya avait entrepris, timidement presque, de récolter des informations sur sa famille. Après des années passées sans même penser à eux, elle ressentait cet étrange besoin de les revoir, et de rattraper un temps perdu pour toujours. Ce fut ainsi qu'elle se retrouva à préparer ses affaires et à partir pour la Citadelle. De ce qu'elle en savait, sa famille avait évoqué de s'y rendre. Elle ne savait pas pourquoi, elle ne savait même pas si elle les trouverait, et encore moins ce qu'elle pourrait leur dire, mais, plus que de retrouver sa famille, Gaya avait besoin de suivre à nouveau des sentiers nomades. Alors elle avait emprunté un cheval, l'un de ceux alloués à ses guerriers, et était partie. Depuis presque dix jours, prenant son temps, elle longeait la frontière Askhadi, du côté Pankara. Elle avait pris le temps de faire quelques détours, dans un village Shisayo près de la frontière, avec une caravane Askhadi, dans des cahutes Pankara. A présent, elle arrivait enfin au terme de son voyage, mais il serait trop tard pour atteindre la Citadelle dans la journée.

Gaya déplia lentement son bras en guérison, et le fit bouger lentement, ravie de voir que plus aucune douleur n'éclatait dans ses muscles. Ce jour-là, il faisait chaud, très chaud. Gaya s'amusait, sur la route, à voir les visages dégoulinants de sueur des rares personnes qu'elle croisait ; ou les campements à l'ombre que certains avaient dressé, dans l'attente d'une soirée plus clémente pour rejoindre l'auberge la plus proche. Gaya, avec son sourire railleur, ses yeux pétillants de goguenardise, s'attira de nombreux regards noirs. Tranquille, elle n'y répondit pas pour une fois, et se contenta de savourer la supériorité que des années dans le désert lui avaient octroyée. Elle supportait mieux les chaleurs qu'aucun d'entre eux, et s'en gaussait sans vergogne. Subitement, alors qu'elle progressait sur la route, elle aperçut l'eau bleutée et miroitante d'un plan d'eau. Cela lui rappela les soirs passés dans l'eau limpide d'une oasis, à s'arroser et à se jeter dans l'eau avec ses frères et sœurs. Elle eut envie, à nouveau, de sentir l'eau fraîche glisser sur son corps, en contraste avec le soleil brûlant qui lui chaufferait la peau. D'un geste, Gaya fit tourner son cheval, et le lança au petit trot sur une piste peu utilisée. Bientôt, elle arriva au plan d'eau, qui s'avise être un lagon. Gaya mit pied à terre, et attacha sa monture à un arbre, prenant soin de la laisser à l'ombre, et avec suffisamment de mou dans la corde pour que la jument puisse grignoter les pousses d'herbe comme atteindre l'eau. Gaya jeta un regard autour d'elle, méfiante, puis s'approcha du bord. Elle ne savait pas nager, mais l'eau ne la terrifiait pas pour autant. Elle en connaissait les dangers, et, bien que fille du désert jusqu'au bout des ongles, respectait cet élément si contraire à celui dans lequel elle avait l'habitude d'évoluer. L'un de ses cousins, en bas âge, s'était noyé dans la mare dérisoire d'une oasis, juste avant qu'elle ne rejoigne Semara. Gaya avait sans peine retenu la leçon : ne t'attaque jamais à un adversaire que tu ne peux vaincre. Or, elle savait très bien qu'elle ne pouvait vaincre l'eau, ce qui avait, semble-t-il, évacué toute peur du liquide de son être. Précautionneuse, les sens aux aguets, Gaya déboucla la chaîne qui tenait son épée accolée à son dos, et posa arme et fourreau au sol, à l'abri des vagues mais suffisamment proche pour qu'elle puisse l'attendre si besoin était. Puis, lentement, elle ôta ses vêtements, et les laissa glisser sur le sol. Gaya posa prudemment un pied dans l'eau, puis l'autre. Ses yeux étaient fixés sur l'onde miroitante, fascinés d'y voir et le reflet du ciel, et son reflet, et les galets du fond. C'était toujours une sensation étrange pour elle, que de se laisser envelopper dans un cocon qui glissait sur votre peau comme de la soie, mais avec une telle liberté qu'elle ne se sentait jamais enserrée ou étouffée. La Shisayo s'enfonça lentement dans l'eau, gardant un contact avec la terre ferme : profitant qu'un rocher s'avançait dans l'eau, elle laissa glisser sa main dessus, certaine de pouvoir s'y rattraper s'il le fallait. Et comme sur ce rocher trônait son épée, elle était sûre de pouvoir agir rapidement s'il le fallait.

Gaya contourna le rocher puis, satisfaite d'avoir de l'eau jusqu'au milieu des cuisses, plia toujours aussi prudemment les genoux. Elle s'assit dans l'eau, le liquide bleuté venant lécher chaque parcelle de peau immergée, mais incapable d'aller plus haut qu'une ligne inégale en-dessous de ses épaules. Ses longs cheveux bruns, pour une fois détachés, bouclés et poussiéreux, étaient coincés entre son dos et le rocher, contre lequel elle s'était appuyée. Gaya croisa les jambes, et posa les mains dessus, paumes vers le haut. Sur ses doigts, dans sa main, l'eau passait, langoureusement agitée d'un léger courant. Elle ne pouvait pas la saisir ; elle avait l'impression de saisir du sable, mais un sable qui s'écoulait continuellement entre ses doigts. Gaya ferma les yeux, un léger sourire aux lèvres. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas médité non plus. Sur ses paupières dansaient le reflet de l'eau, dont le doux clapotis se mêlait au chant des grillons, aux légers renâclements de son cheval. Gaya se détendit, son corps nu tour à tour caché et révélé par les vaguelettes qu'elle avait provoquées à son entrée dans l'eau. Qu'elle se sentait bien, qu'est-ce qu'elle appréciait cette plongée dans ses souvenirs…

(c) Earth & Ashes


J'espère que ça te convient  minicoeur
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyMar 15 Jan - 21:22

Niallàn aimait le silence serein qui régnait sous la surface. Les eaux étouffaient les bruits extérieurs, les troublaient, jusqu’à les réduire à un murmure inintelligible. Elle fit quelques brasses, dans cet univers bleuté où se reflétaient le ciel et les algues, avant de se décider à remonter prendre de l’oxygène. Elle s’était baignée dans un lagon par le passé. On en trouvait généralement qu’en Pankara et, sitôt qu’elle avait su patauger dans une rivière peu profonde, on l’avait aidée – forcée – à découvrir des étendues d’eau similaires à ce lagon-ci. Elle devait prendre ses marques, apprécier l’eau avant de n’y voir qu’une nécessité. C’était seulement ainsi qu’elle pourrait vraiment priser les voyages en mer – même s’il ne s’agissait que d’un tour en barque pour ramasser un filet. Le mal de mer, quant à lui, elle ne s’y habituait pas.

La soigneuse creva la surface avec force. Happant l’air goulûment, elle resta un instant à nager sur place, trop occupée qu’elle était à démêler ses multiples tresses d’or blanc et à dégager son visage. Lorsque ses yeux se posèrent enfin sur un horizon pas trop brouillé, elle fut déçue de ne pas y apercevoir l’océan. Sans doute la fin du lagon se situait-elle plus loin, au-delà des arbres touffus et de ces rocs escarpés qui lui bouchaient la vue. Elle se désola quelques secondes de ce constat avant de songer à regagner la rive.

Ce fut à cet instant que le soleil joua malicieusement sur une forme alanguie sur le rivage, aux reflets de topaze et de cuivre. Niallàn risqua un coup d’œil tandis qu’elle barbotait vers son propre rocher. Sans oser trop regarder en arrière, elle distingua une silhouette féminine et d’épais cheveux d’ébène. Son rythme cardiaque partit au galop, trop en avance et lui coupa le souffle. Sans plus attendre, elle se précipita jusqu’à une cachette, à quelques mètres de ses vêtements car c’était alors l’endroit le plus proche et le plus propice à masquer… Eh bien… Tout ce qu’il y avait à masquer. Niallàn était une damoiselle for pudique, surtout face à des inconnus. Sa méfiance redoubla lorsqu’elle ne parvint à identifier, principalement à cause de la distance, la femme allongée comme étant un membre de la caravane qu’elle suivait. Par réflexe, elle chercha Ingwë du regard mais le malin volatile ne devait pas être encore rentré de sa chasse, ou de sa sieste, laissant alors sa maîtresse à la merci de Dame Imprudence en personne.

A demi cachée par un amas de racines plongeant dans le lagon, elle espérait sa nudité autant couverte par l’eau que par ses longs cheveux. Avec cet espoir chevillé au cœur, elle risqua un nouveau regard vers l’inconnue, également dans le plus simple appareil et se risqua à ajouter à son panel un soupçon d’espérance en plus : pourvu qu’elle ne soit pas belliqueuse ! Car avec tout le raffut que venait de faire la Sengoli, celle-ci ne passerait pas longtemps encore inaperçue. Pourvu que la baigneuse ne soit pas de mauvais poil ainsi dérangée…


HRP : mdr  Le miroir de l'onde 704701495 niark: nomnom
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Gaya
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptySam 19 Jan - 19:53


Le miroir de l'onde

Gaya & Niallàn - Deàrrsadh 150


I'm a sandstorm, raging and burning

Gaya profitait avec bonheur de la caresse du soleil. Dans son désert, l'astre était rude, piquant, et, malgré sa peau brune, elle en souffrait régulièrement, de ces lourdes tapes sur ses épaules et sur sa tête. Ici, le soleil était doux, presque comme si c'était un autre soleil. Ici, le soleil la caressait avec délicatesse, et ne la tapait pas avec brutalité. Elle appréciait grandement ce changement, d'autant plus notable qu'elle connaissait la face cachée du soleil, cette cruauté insidieuse qui vous faisait tourner la tête jusqu'à la perdre. La guerrière profitait donc de cet environnement si opposé au sien, elle appréciait de sortir de la rudesse du désert. Pas de tempête de sable, pas de coup de vent qui venait lui piquer la peau et lui couper le souffle. Gaya inspira profondément, humant avec délicatesse l'odeur mouillée de l'eau. Cette dernière glissait avec douceur sur sa peau, et la Shisayo avait l'impression qu'elle apaisait encore de vieilles brûlures solaires pourtant cicatrisées depuis bien longtemps. Elle retrouvait un contact avec son corps qu'elle avait perdu, un contact sensuel qui réveillait une curieuse quiétude en elle, quelque chose qu'elle n'avait plus ressenti depuis longtemps, tant elle avait été enfermée dans son carcan d'âpreté.

Subitement, quelque chose creva la surface de l'eau, créant de nouvelles vagues qui vinrent lécher les épaules et le cou de Gaya. Cette dernière fronça les sourcils, sans pour autant ouvrir les yeux ou bouger. Ses sens s'étaient réveillés, aiguisés, focalisés. Pendant quelques instants, il n'y eut plus aucun autre bruit ; peut-être n'était-ce qu'un animal qui avait plongé, ou une pomme de pin qui était tombée. Puis, à nouveau, brutalement, une course effrénée dans l'eau. Gaya suivit alors son instinct, et rouvrit vite les yeux, fixés tout droit sur l'origine du bruit. Elle n'eut que le temps d'apercevoir une tache pale, blanche ; ses yeux se plissèrent : avec les reflets du soleil, elle doutait de la sûreté et de la précision de sa vision. Il lui semblait avoir aperçu une jambe, des cheveux ; en réalité, elle n'en savait rien, mais son instinct lui criait que quelqu'un d'autre était ici. Un autre être humain, venu, comme elle, profiter d'une eau limpide et apaisante ; difficile de savoir qui avait troublé la quiétude de qui.

Gaya fixa pendant quelques instants l'amas de racines derrière lequel l'interruption avait disparu. La tête penchée sur le côté, elle finit par se lever, et fit demi-tour, après avoir laissé échapper un petit grognement de mécontentement amusé. Elle disparut quelques instants derrière le rocher, et récupéra ses vêtements, les remettant avec aisance. Ses habits de Shisayo, en tissu léger, embrassèrent ses courbes avec sensualité, tandis qu'elle passait la sangle de son fourreau entre ses seins. Ses cheveux coulaient, libres, dans son dos, et scintillaient sous le soleil. Gaya s'enfonça dans les fourrés, silencieuse. Malgré son inexpérience des sols forestiers, ses quelques passages en Orketa et Askhadi lui avaient appris à se débrouiller, à placer correctement ses pieds et à repérer les brindilles qui craqueraient sous son poids et annonceraient sa présence. Ainsi, la guerrière se fraya un chemin, lentement mais sûrement, délicatement et silencieusement, entre les arbres, pour atteindre l'endroit où s'était caché son imprévu. Lorsqu'elle fut à quelques mètres de la cachette, Gaya aperçut un tas de vêtements, ce qui la fit sourire, puis elle entreprit de se cacher à moitié derrière les troncs d'arbre, à l'écorce aussi brune que son teint. La main sur la garde de son épée, elle fit un léger tour, et eut enfin un panorama complet. Ses doigts se desserrèrent et quittèrent le cuir de son épée. Gaya croisa les bras, et s'appuya contre l'arbre derrière lequel elle était cachée jusqu'à présent. Ses yeux pétillaient de malice, et elle sentait déjà un rire monter dans sa gorge, tandis que, un sourcil levé, elle contemplait la jeune femme qui essayait de cacher sa nudité derrière les racines. Elle avait effectivement des cheveux très clairs, et une peau très blanche. Finalement, Gaya ne s'était pas trompée. Ses yeux restaient posés et pesés sur la jeune femme qui, elle, tendait le cou pour apercevoir l'endroit où la Shisayo s'était installée quelques minutes auparavant. Mais bientôt, elle sentirait sur son corps les yeux gris-bleu de la chef des guerrières du clan du désert, qui attendait patiemment, un malicieux sourire aux lèvres, qu'elle se rende compte de sa présence.

(c) Earth & Ashes


Je m'éclate tellement  cool  niark:  mdr
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyJeu 14 Fév - 17:11

Seuls les délicats clapotis de l'eau et les gazouillis d'oiseaux troublaient le silence. Recluse derrière son maigre rempart végétal, à demi immergée et recouverte de ses cheveux comme d'un linceul détrempé, Niallàn écoutait ce silence. Elle y cherchait quelque d'anormal, un déplacement d'eau ou d'air, peut-être un couinement d'animal effrayé par l'approche d'un intrus. N'importe quoi qui put la mettre sur la piste. De là où elle se tenait, elle ne parvenait guère à apercevoir l'inconnue en baignade. A peine une tâche vivement colorée parmi la végétation. Son souffle s'apaisait, la trahissant car elle restait persuadée que l'intrus n'avait pas disparu, pas plus qu'elle n'avait pu manquer le barouf que la Sengoli avait produit un peu plus tôt. C'eut été trop beau !

Niallàn en était encore à se demander pourquoi elle s'inquiétait autant quand la réalité lui sauta au visage. Son regard ne captait plus aucun mouvement et... La tâche de couleurs avait disparu. Merde ! Son rythme cardiaque s'emballa de nouveau. Il ne servait à rien d'imaginer tous les scénarii possibles qui pourraient se jouer dans cette situation. Seule la peur lui suffisait. Peut-être pouvait tenter un mouvement vers ses vêtements ? Elle refusait de se faire débusquer comme un lapin. Elle serait une proie facile, en plus d'être nue et sans armes, pour tout regard pervers dans les environs. Et bien plus... Dieux des vents et des marées, ce qu'elle détestait se sentir faible et vulnérable !

Une démangeaison intense brûla soudain sa nuque. Parcourue d'un irrépressible frisson, elle sentit qu'elle devait se tourner, que le danger se trouvait juste derrière elle. Il ne serait pas dit qu'elle ne savait pas faire face ! Empoignant une pierre près d'elle sous l'eau, Niallàn fit brusquement volte-face, levant son arme improvisée, ses yeux lançant des éclairs. Elle ne croisa tout d'abord qu'un regard moqueur, avant de porter plus d'attention à l'apparence de son attaquante. Une femme, athlétique, aux formes généreuses sublimées par ses vêtements humides, à la peau dorée et aux cheveux sombres... Deux constatations frappèrent la soigneuse : premièrement, elle ne faisait effectivement pas partie du convoi comme elle l'avait présumé ; deuxièmement, elle au moins était habillée !

Niallàn tenait toujours la pierre dans son poing serré et n'avait pas baissé le bras. Même si rien dans l'attitude de l'inconnue ne présageait de mauvaises intentions, la jeune femme n'était pas née du dernier hiver. Rien n'était plus dangereux qu'un être humain. Elle s'obligea à retourner sa langue trois fois dans sa bouche avant de faire la faveur à l'inconnue d'entendre le son de sa voix.

- Ça vous arrive souvent de surprendre les gens pendant leur bain ?

Elle osa un regard vers ses affaires, posées sur un rocher à quelque mètre de là. Ses opales à la couleur indéfinissables revinrent aussitôt à l'intruse. Elle n'expliciterait pas davantage sa mauvaise foi – car elle aussi avait sans doute dérangé la baigneuse.

- Retournez-vous.

Ou mieux encore : partez !
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Gaya
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyJeu 14 Fév - 19:40


Le miroir de l'onde

Gaya & Niallàn - Deàrrsadh 150


I'm a sandstorm, raging and burning/div>
« Ça vous arrive souvent de surprendre les gens pendant leur bain ? » Gaya éclata de rire. Ce rire qu'elle avait contenu le temps que la jeune femme se retourne et l'aperçoive, elle le laissa enfin sortir, de longues vagues de rire, à gorge déployée. C'était un rire sincère, qui venait du fond du cœur et des tripes ; pas ce petit rire sarcastique qu'elle laissait échapper d'habitude. Sortir des frontières Shisayos lui faisait un bien fou, la libérait et lui permettait d'explorer une facette bien plus légère d'elle qu'elle avait enfouie au fond d'elle depuis bien longtemps. « Retournez-vous. » Gloussant toujours, Gaya obéit à moitié ; plutôt que de se retourner, elle quitta son poste, et se dirigea vers l'endroit où l'inconnue avait laissé ses vêtements. Dans un sens, elle lui obéissait bien, puisqu'elle lui tournait le dos ; en revanche, elle l'empêchait quand même de se rhabiller. « A vrai dire, on n'est pas trop habitués à prendre des bains en Shisayo... donc non, ce n'est pas habituel. C'est sûrement pour ça que c'est aussi drôle. » Les lèvres de Gaya continuaient de frémir, et ses yeux pétillaient, à revoir la tête qu'avait faite la jeune femme. La pierre dans sa main ne l'avait pas effrayé un instant ; elle l'aurait rattrapée ou évitée ou, au pire, aurait récolté une belle entaille, mais rien de grave. Elle doutait fortement que l'inconnue soit une menace pour elle ; autrement, elle ne serait pas restée cachée et terrorisée derrière son amas de racines, elle aurait récupéré ses vêtements ou une arme, et serait partie ou venue la confronter. Bref, Gaya ne croyait pas qu'elle était un danger.

La Shisayo s'arrêta à deux mètres des vêtements de l'inconnue, et ôta son épée, qu'elle posa de nouveau précautionneusement au sol, pommeau tourné vers l'eau. Sans regarder celle qui l'avait sortie de sa torpeur, elle entreprit d'ôter, de nouveau, ses vêtements. Elle avait trop peu l'occasion de se baigner pour qu'on l'en prive. Maintenant qu'elle avait déterminé qu'elle n'était pas en danger – bien qu'elle reste à l'affût – Gaya entendait bien profiter de sa baignade interrompue. Bon d'accord, par facétie aussi. Son interlocutrice ne semblait pas très à l'aise avec la nudité, au contraire de la Shisayo, qui s'enfonça dans l'eau une seconde fois, retrouvant avec plaisir son contact doucereux. Gaya se rassit dans l'eau, après s'être retournée vers la jeune femme. Elle lui avait laissé suffisamment de temps, prenant le sien pour enlever ses vêtements, pour qu'elle puisse se rhabiller ; et au pire, elle n'avait qu'à se cacher. Gaya se sentait d'humeur bavarde, et refusait totalement d'avoir quelqu'un dans son dos tant qu'elle n'était pas en mouvement. Elle préféra river ses yeux gris, d'autant plus gris que l'eau s'y reflétait, sur la jeune femme. « Ce serait dommage d'interrompre votre baignade pour moi, surtout par cette chaleur. Je ne mords pas. Pour une fois. » Paisiblement assise en tailleur dans l'eau, paumes de nouveau tournées vers le haut, Gaya faisait réellement des efforts pour ne pas sourire de toutes ses dents. Elle cherchait à garder un air d'amusement tranquille, d'innocence plaisante, qui pourrait faire rester la jeune femme. Lentement, Gaya leva sa main droite, et les doigts parfaitement tendus, en montrant la paume : « Promis, je ne regarde que votre visage. » Gaya était du type persuasive, de gré ou de force. Elle obtenait très souvent ce qu'elle voulait, que ce soit par les mots – très rare – ou plus souvent par la force ou par son nom. Il serait très décevant qu'elle ne réussisse pas à faire rester son interlocutrice. A vrai dire, Gaya, de par son tempérament explosif, en serait profondément agacée ; ce serait vraiment dommage de gâcher une si belle journée.

(c) Earth & Ashes
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyMar 19 Fév - 16:29

Non seulement l’inconnue se moquait ouvertement mais elle comptait aussi ne pas partir. Pire : elle voulait visiblement reprendre son bain là où il s’était arrêté. Niallàn serra les dents. En son cœur palpitant – d’effroi un peu plus tôt – se disputaient la colère de voir sa retraite éventée et la lassitude d’avoir un aussi mauvais karma en ce moment. Elle devrait donc faire contre mauvaise fortune bon cœur… Mais c’était méconnaître la revêche soigneuse. Le regard plus noir qu’une nuit d’orage, elle se contenta de dévisager l’intruse, tandis que celle-ci se dévêtait et prenait place dans l’eau non loin d’elle, sans prononcer un mot de plus. Si Niallàn lui fit néanmoins la faveur de lâcher la pierre, ce fut tout. Crispée et tendue dans l’attente d’une marque de violence déloyale, elle ne parvenait pas à faire confiance à ce grand escogriffe aux muscles aussi généreux que son rire sonnait malicieux. Sous le miel doux de sa peau tannée par le soleil, derrière son sourire carnassier, l’intruse représentait un prédateur bien plus inquiétant que le plus muté des lions des montagnes. Une Shisayo, avait-elle dit. La jeune Sengoli n’en doutait pas. Cette femme était une guerrière aussi farouche et dure que son désert natal.

Niallàn comprit confusément qu’on ne lui laissait pas le choix. La Shisayo imposait sa présence le plus naturellement du monde. Dans ses prunelles se reflétaient l’acier dont était composée son âme. On ne contredisait pas cette femme-là. On ne lui tournait pas le dos, ni ne la sous-estimait. Galvanisée par son instinct de survie, la fille-corbeau sut étouffer les braises de sa révolte pour recouvrer un minimum de sang-froid. Elle se souvenait encore des leçons d’auto-défense – quelques bases – données par Annabeth. Elle doutait que cela soit efficace dans ce cas-là mais c’était toujours utile de s’en rappeler.

- Parfait, grinça Niallàn d’une voix rauque, suintante de méfiance.

Les yeux étrécis comme ceux d’un chat sauvage et la lippe boudeuse, elle rassembla ses genoux contre sa poitrine, entourant ses jambes de ses bras. Pendant de longues secondes, voire des minutes, elle ne dit rien. Il n’était pas nécessaire de parler. L’inconnue devait s’être aperçue de l’embarras qu’elle causait depuis longtemps. Niallàn ne digérait pas l’affront. Sous le couvert de son silence et d’un visage aussi neutre que possible, elle ruminait sa rancune. Elle s’était éloignée du campement pour être seule. Et voilà ce qu’elle récoltait avec ses efforts : la plus impolie des visiteuses ! Elle aurait aimé avoir la verve de son mentor en cet instant. Même au bord d’un précipice, même ivre, Eurydice connaissait les meilleures injures et les meilleures réparties pour braver autrui.

- Shisayo ? Vous êtes loin de chez vous.

Qui me dit que vous dites la vérité, d’ailleurs ? Quoiqu’en fait, je m’en fiche. Cela ne change rien à la situation.

En d’autres circonstances, Niallàn aurait volontiers engagé la conversation. Elle avait peu voyagé vers le clan du désert. Elle en connaissait peu sur le sud et l’est de son propre clan. La Citadelle et Askhadi lui étaient bien plus familiers. Elle ne se réjouissait jamais assez de découvrir d’autres terres, d’autres cultures. Si elle se rendait jusqu’à la Citadelle pour ce voyage-ci, elle avait prévu beaucoup plus d’expéditions dans le futur. Ce mode de vie n’était pas sans risques mais il était le sien.

- Est-ce que je peux au moins savoir à qui je m’adresse ?
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Gaya
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Gaya
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(#) Re: Le miroir de l'onde  Le miroir de l'onde EmptyMar 19 Fév - 19:25


Le miroir de l'onde

Gaya & Niallàn - Deàrrsadh 150


I am a sandstorm, raging and burning

La voyageuse n'avait pas l'air ravi de sa présence, et c'était un euphémisme. Gaya avait rarement eu affaire à autant de haine gratuite. D'habitude, elle la provoquait, avec sa langue d'aspic des sables, cuisante et piquante. La plupart du temps, elle faisait en sorte de s'attirer la haine, pour s'attirer les poings qui allaient avec, et pour attirer le combat. Gaya n'hésitait jamais à se battre ; même plus, c'était souvent elle qui appelait le combat de tout son sang avide de gloire. Sang chaud, sang bouillant, sans peur et sans reproche ; Gaya. La jeune femme s'était tranquillement installée en tailleur dans l'eau, face à la rive. Le soleil tapait sur son profil gauche, et elle profitait de ses rais chaleureux avec délectation. En face d'elle, l'importunée s'était également assise, mais dans la position la plus renfermée qui soit : genoux remontés contre sa poitrine et bras les encerclant avec force. Gaya pouvait voir ses bras frémir de colère, alors qu'elle tentait de garder un visage impassible. Souvent, les gens faisaient des efforts pour contrôler leurs traits, mais en oubliaient leurs mains. Quelques petits tics trahissaient toujours une colère bien masquée par la chair : serrer le poing, faire craquer ses doigts, jouer avec ses doigts. Gaya connaissait bien ces micro-gestes, à défaut de micro-expressions ; au combat, le moindre mouvement pouvait indiquer une attaque imminente, alors elle avait appris à décrypter. Mais surtout, elle avait confiance en ses tripes.

Les yeux mi-clos, le gris-bleu de ses prunelles étincelant entre ses cils, Gaya gardait le regard rivé sur la forêt qui entourait le lagon. Elle tenait sa parole : elle ne regarda pas sa compagne de bain, pas même son visage. Cela ne l'empêchait pas de ne pas sentir les flots de rage à son égard qui s'en échappaient ; elle s'en amusait follement. Elle était désarmée, nue, dans l'eau, bien plus loin de son épée que l'importunée, quand elle lui avait proposé de rester. Oh, certes, proposer n'était jamais vraiment proposer chez Gaya : elle comptait sur son charisme ou sur ses muscles pour obtenir ce qu'elle voulait. A vrai dire, pour cette fois, elle ne savait pas si aucun des deux n'avait compté, ou si, au contraire, elle avait employé les deux à leur plein potentiel... « Shisayo ? Vous êtes loin de chez vous. » Les paupières de Gaya se relevèrent immédiatement, et ses yeux couleur acier se posèrent sur le visage de la jeune femme qui lui faisait face. Sur sa mâchoire, plus précisément, étant donné qu'elle refusait de la regarder dans les yeux. Alors elle sortait enfin de son silence, pour une telle banalité ? Gaya était presque déçue. Enfin, lui décrocher un mot était peut-être déjà un exploit. « Est-ce que je peux au moins savoir à qui je m’adresse ? » La Shisayo, bien droite, les mains sur les genoux, esquissa un léger sourire. « Shisayo en effet. Je vais rendre visite à de la famille à la Citadelle. » Oh, elle se délectait d'avance de donner son nom... « Je m'appelle Gaya. » La tête penchée sur le côté, Gaya observa minutieusement les micro-expressions et les micro-gestes de la jeune femme. Ce serait un tel bonheur que de voir un minuscule tressaillement, infime signe de reconnaissance de sa renommée.

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