Nukka était arrivée la veille à la Citadelle. Elle était accompagnée d'une petite délégation qui s'était, comme à son habitude, imposée à elle. La jeune femme n'aimait pas voyager en étant accompagnée de cette manière mais le conseil d'Alon ne lui avait pas laissé le choix. La réunion à laquelle avait été conviée Nukka était importante et de nombreux conseillers avaient insisté pour l'accompagner afin de la conseiller.
Nukka avait pris le temps de se promener un peu dans la Citadelle avant de devoir assumer ses responsabilités et se rendre dans la salle du conseil. Heureusement, la lettre qu'avait envoyé Akeela précisait bien que seul les chefs de clan et leur second seraient accepté dans l'enceinte de la salle du conseil. Ca arrangeait bien Nukka qui en avait donc profité pour consigner ses conseillers dans les appartements qui leurs avaient été prêtés le temps de leur séjour à la Citadelle. En arrivant devant la salle du conseil, Nukka commença à retirer ses armes. TOUTES ses armes. Au total, elle déposa 1 katana, 2 couteaux et 3 poignards aux gardes se trouvant à l'entrée. La jeune femme détestait se retrouver sans arme mais.. Les exigences d'Akeela étaient des ordres et tout bon chef de clan se devait de les respecter. Finalement, la brune fut enfin autorisée à entrer dans la salle du conseil qui était encore vide. Elle était la première et ça ne la surprenait pas vraiment. Certains chefs de clan n'étaient pas connus pour leur ponctualité tandis que Nukka était une spécialiste pour arriver à l'avance. Elle aimait pouvoir tâter le terrain avant une bataille et elle avait la très net impression que cette réunion n'allait pas être de tout repos.

Losran et Malik. Quelques guerriers de confiance et quelques conseillers. Au milieu de tout ça, Karrah a voyagé plutôt silencieusement, le regard perdu dans le vague. Elle a écouté les conseils de ses conseillers d’une oreille distraite, répondant parfois pour leur montrer qu’elle a bien compris et entendu. Ayant déjà des idées bien arrêtées, elle ne sait pas si elle écoutera les leurs, mais elle ne peut pas les écarter sans raison. Alors elle a accepté leur présence. Mais là, elle aurait plutôt eu besoin des conseils de Muire. Les seuls moments où la jeune femme s’est réellement animée c’est lorsqu’elle a eu l’occasion d’aller chasser pour nourrir la petite troupe. Là, elle s’est sentie revivre. Elle s’est retrouvée dans son élément. Chasser lui manque. Mais elle n’a pas le choix. Finalement, ils se sont arrêtés devant la demeure de l’Ipa dans la matinée. Et malgré leur arrivée plutôt proche du début de la réunion, il y a tout de même eu une certaine agitation. Karrah a tenté de tempérer tout le monde, de façon à réduire ces conflits, mais cela n’a pas été simple. Alors quand elle doit se séparer de ses armes, elle le fait avec un léger pincement au cœur. Pas qu’elle soit très attachée à ses armes, mais vu les conflits que leur présence à provoquer, elle se sent un peu démunie et fragile sans son arc et sans sa hache. Mais ils n’ont pas le choix, alors c’est privée de ses armes qu’elle entre dans la salle du conseil. Elle porte un pantalon en lin, enfermé dans des bottes en daim. Preuve de son appartenance au clan du nord, la chef de clan porte un poncho en fourrure duquel dépassent ses bras passés dans des ouvertures prévues à cet effet. Une fois dans la salle, la rouquine regarde autour d’elle. Elle aperçoit une autre femme. Une chef de clan ou une seconde. Plutôt une chef. Mais elle ne la connait pas. Et soudainement, elle se rend compte qu’elle doit parler, dire quelque chose, mais elle ne sait pas quoi. Elle voudrait simplement être ailleurs, quelque part au milieu des terres glacées. Elle fait un signe de tête respectueux à la femme accompagné d’un : « Bonjour » poli et simple. Puis, elle regarde Losran qui la suit avant d’avancer un peu dans la salle se demandant où se placer pour ne pas s’attirer les foudres des autres chefs de clan.

C’est le second voyage à la Citadelle en deux mois pour Losran et l’ambiance est toujours aussi palpable quand la troupe entre en ville. Les habitants sont mitigés à leur sujet, refusant majoritairement à ce que le peuple du nord intègre l’alliance. Le nouveau chef de guerre de Kelowna comprend les réticences, son clan n’ayant pas du tout bonne réputation. Mais les mœurs changent en même temps que les chefs. Karrah est douce, droite et pacifique. Attention, il ne faut pas la prendre pour une faible et naive, loin de là. Mais elle a ses idées et veut prouver à leur monde que les Kelowniens ne sont pas tous des barbares. Il reste évidemment la dissidence, menée par Ymir, mais c’est un problème à oublier pour le moment.
Parvenus à la demeure de l’Ipa, près pour la réunion et la rencontre décisive, Losran s’allège de ses armes en décochant un sourire à la garde qui les accueille. Elle ne le lui rend pas, appuyant même un regard dégouté. Il perd son sourire en pénétrant dans la salle du conseil sur les talons de sa cousine d’un pas décidé. Elle lui jette un regard qu’il comprend instantanément puisqu’il partage son appréhension. S’ils sont décidés à faire valoir leurs droits et leur bonne foi, l’accueil des autres chefs de clan promet d’être brûlant. Il serre le coude de sa cousine pour l’attirer avec lui dans un coin de la salle, parfaitement placés pour observer la salle, en face de la place de l’Ipa et légèrement à couvert. Sans compter, près d’une issue de secours, en cas de pépins. Planté dans leur coin, Losran se penche vers l’oreille de Karrah pour lui murmurer quelques mots sans pour autant quitter les autres gens des yeux. « Rappelle-toi qu’on a parlé avec l’Ipa, elle veut de notre peuple. On a de quoi se défendre, quitte à ce que les concernés payent pour leurs atrocités.. ». Losran se souvient de la conversation qu’il a eu avec sa cousine à ce sujet. Sans pour autant penser à la mort, en priant pour que les autres chefs de clans ne les poussent pas jusque-là, mais ils sont prèt à répondre de leur crime. Losran n’a pas peur du jugement dernier.

La route a été longue et assez mouvementée puisque Skylar a dû sortir son épée pour défendre une jeune femme dans les terres d’Askhadi et tuer son agresseur pour la protéger. Elle ne regrette en rien son geste, sans cela Artemis ne serait plus en vie à l’heure actuelle et il y aurait eu un mort dans tous les cas. Elle devra juste aller s’excuser envers Ménélas pour avoir – à nouveau – laissé un cadavre sur ses terres.

L’arrivée à la Citadelle s’est faite deux jours auparavant et Skylar doit se rendre aujourd'hui à la réunion des chefs de clan à laquelle elle a été conviée – pour ne pas dire convoquée plutôt – par Akeela. Elle n’aime pas trop se faire prier ainsi de monter à la Citadelle mais elle ne dit rien. Cela ne l'empêche cependant pas de râler contre ce garde qui lui demande pour la seconde fois, en insistant, si elle n’a pas gardé une arme sur elle après lui avoir remis son épée. Alors elle lui jette un regard noir et passe la main dans sa botte pour en retirer le poignard qui ne la quitte jamais, sous le rire de Kellan. Même si la réunion est officielle, Skylar a préféré rester neutre et porter un pantalon ainsi qu'un tunique beige, les manches remontées laissant apparaître son tatouage à l’avant-bras gauche et ce bracelet de perles multicolores qui appartenait à Milla et qui ne la quitte plus depuis sa mort survenue seize ans auparavant. C’est sa façon de ne pas oublier cette petite fille kelownienne qu’elle a considérée comme la sienne durant deux années entières.

Elle ignore où va les conduire cette réunion mais elle se doute que tous les chefs de clans ne seront pas pour l’entrée des kelowniens dans l’Alliance. Elle passe la porte - suivie de Kellan qui a tenu à assister à la réunion avec elle pour elle ne sait trop quelle raison - et salue d’un signe de tête Nukka et Priam qu’elle connait depuis des années, depuis bien avant de récupérer son clan. Puis elle se tourne pour observer cette nouvelle chef kelownienne qui est arrivée au pouvoir après un assassinat, comme elle au final, et pour la jauger d’un coup d’œil. Elle et cet homme à ses côtés, qui lui semble reconnaître. Une autre connaissance du passé pour Skylar qui ne peut s’empêcher d’esquisser un léger sourire. Elle a hâte de voir ce que cette réunion va donner finalement.

HJ – Un petit message pour incarner Ménélas, je posterais de façon régulière avec lui, mais pas forcément à tous les tours, j’aviserais en fonction de l’évolution du rp ! Mais vous pouvez prendre en compte que Ménélas est présent et interagir avec lui !

Ménélas n’est pas du genre à se formaliser d’une convocation aussi importante. Lorsque l’Ipa demande à ce que les chefs de clan rejoignent la citadelle pour un conseil, alors Ménélas s’y rend. Il apprécie Akeela, même s’il a du mal à comprendre comment elle peut se mettre en danger en s’aventurant seule pour chasser. Il faut bien avouer qu’il a hâte de retrouver les gardes de l’Ipa pour découvrir quelle nouvelle stratégie la jeune femme a mis en place pour échapper à leur attention et si finalement, ils ont été obligés de l’enchaîner à son lit. Oui, dans le fond, même si l’heure est grave, le chef d’Askhadi est plutôt joyeux à l’idée de revenir à la citadelle.

L’homme des plaines a passé la fin de journée à se balader sur les marchés de la citadelle en troquant des affaires pour faire ses petits achats ayant besoin de fournitures provenant des autres clans. Puis, il a festoyé à la taverne avec ses amis. A l’heure de rejoindre la salle du conseil, Ménélas laisse ses amis et s’y rend, déposant ses armes aux gardes sans broncher, sans se plaindre. Il n’a pas tellement peur et sait qu’il ne risque rien. Il rentre dans la salle et regarde autour de lui. Il reconnaît Nukka à qui il adresse un large sourire, ainsi qu’à Priam. Il adresse un signe de tête à la chef de clan des Sengoli, Skylar, qu’il n’a pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup. Puis, il regarde curieusement les deux kelowiens : la chef du nord et celui qui doit être son second. Finalement, il les salue d’un signe de tête avant d’adresse un « Bonjour tout le monde » à la fois joyeux et assuré. Il est comme ça Ménélas. Bien sûr, il a de nombreux arguments pour que les deux étrangers sortent de la salle, mais bizarrement, il a l’impression que cela ne se passera pas comme ça. « Comment allez-vous ? ».

Malgré l'excitation d'un tel évènement où tous les chefs des tribus étaient conviés à rejoindre la Citadelle sous demande de l'Ipa, la vigilance et la méfiance prédominaient tous mes autres sens. Ma présence à cette réunion extraordinaire ne se résumait qu'à une seule tâche, la sécurité d'Uriah. Mon chef devait arriver et repartir de cette convocation sans la moindre égratignure et je comptais bien réussir cette mission.

Tel une ombre, je ne quittais pas le chef des Shisayos. Une fois devant les portes de la salle du conseil, je devais renoncer à toutes mes armes. Je grimaçais, mais je n'avais pas d'autres choix que d'obtempérer. Mes deux dagues ainsi que mon fouet étaient remis à un garde, et je lui faisais comprendre du regard qu'il avait intérêt à en prendre soin s'il ne voulait pas de représailles une fois cette réunion achevée. Je pénétrais donc à mon tour dans l'immense pièce qui allait servir d'espace pour cette convocation des chefs par l'Ipa et sans attendre j'observais les lieux sans prêter réel attention aux autres individus présents. Le but de cette analyse était d'évaluer les risques potentiels d'une attaque externe, étant donné que tous les occupants de la pièce avaient normalement renoncé à leurs armes, le danger ne pouvait pas venir de l'intérieur.
En tant que second, je me retirais prenant mes aises dans un coin de la pièce tout en gardant un œil vigilant sur Uriah. Les discussions sur la politique ou tous autres sujets importants n'avaient aucun intérêt pour moi aujourd'hui, seul le chef des Shisayos retenait toute mon attention.

Plus les minutes passent et plus Karrah sent l’anxiété l’envahir. Plus les minutes passent et plus elle a l’impression qu’elle ne sera pas à la hauteur. La chef de clan présente a l’air jeune mais imposante quand même. Elle n’a pas l’air d’une enfant de cœur. Pour autant, Karrah la trouve plutôt jolie et se demande de quel clan elle peut bien venir. Losran lui glisse quelques mots et elle le regarde. Elle acquiesce restant silencieuse se contentant de lui sourire. Elle inspire ensuite, plusieurs fois pour se calmer et se concentrer. Elle se concentre sur la paix, sur la volonté qu’elle a. Karrah est forte et ceux qui en douteraient se trompent. Elle regarde les autres chefs de clan entrer. Un homme, grand, solidement bâti qu’elle n’aimerait pas avoir à affronter. Nukka donc. La chef de clan des Orketas. La jeune femme aux longs cheveux bruns est la dirigeante du clan de la forêt. Elle les regarde tous les deux un instant avant de regarder les nouveaux venus.

Une femme aux longs cheveux bruns, au regard tranchant et à l’allure altière, ainsi qu’un brun, solidement bâti aussi, qu’on n’a probablement pas envie d’affronter à l’épée. Elle s’apprêtait à dire quelque chose à Losran quand elle aperçoit le bracelet. Le bracelet qui la fait pâlir. Cela fait des années qu’elle ne l’a pas vu… ce bracelet. Mais elle le reconnaitrait entre mille. C’est celui qu’elle avait offert à Milla, sa demi-sœur disparue. Pourquoi est-ce que cette femme porte son bracelet. Choquée, elle attrape le poignet de Losran un instant avant de le lâcher et de secouer la tête pour s’excuser lui murmurant : « Je… Excuse-moi, je t’expliquerais plus tard… ». Elle ne doit pas penser à ça maintenant. Non, pas maintenant. Mais elle attarde son regard sur la femme et sur le bracelet.  

Finalement un homme entre, portant un chapeau. Il salue tout le monde d’une voix enjouée et Karrah lui répond d’un signe de tête, d’un sourire, presque joyeux et d’un « Bonjour » discret, plutôt heureuse de voir un visage aussi détendu. Elle ne sait pas s’il le sera encore dans quelques minutes. Puis, entre un homme brun et une femme blonde. La femme a les traits durs et l’allure d’une guerrière, à n’en point douter. Voilà. Il ne manque plus qu’Akeela et sa présence sera sans doute un atout pour Karrah qui commence à se dire qu’elle n’a définitivement pas sa place ici.

N’hésitez pas à reposter si vous voulez

Voilà plusieurs semaines que Rylian se dit que l’Ipa a perdu l’esprit, qu’elle a dû se prendre une branche dans la tête lors de l’une de ses escapades en dehors de la Citadelle et qu’elle a perdu toute notion de bon sens ce jour-là. Faire entrer les kelowniens au sein de l’Alliance… Akeela est devenue complètement folle. Ces fils de chiens doivent rester au nord, sur leurs terres gelées et hostiles. Rylian ne croit pas en la bonne foi de la nouvelle chef de clan, elle a l’air bien trop faible et inexpérimentée pour diriger un tel clan de barbares. Il n’y a qu’à voir le conseiller qu’elle a envoyé à la Citadelle il y a quelques jours… Jamais Rylian ne pourra côtoyer un homme pareil, déjà qu’il a dû faire avec le conseiller envoyé par les sengolis. Il n’était pas non plus pour l’entrée dans l’Alliance de ce clan ennemi au sien depuis des années – et il continue de penser que c’est une mauvaise idée d’ailleurs – mais l’arrivée des kelowniens c’est la goutte d’eau pour Rylian.

Alors il est bien décidé à tout faire pour ne pas laisser les chefs de clans accepter Kelowna au sein de l’Alliance. Il profite d’un instant où les gardes dans le couloir ne regardent pas pour partir en courant en direction de la salle du conseil. Rylian connait ces couloirs, il les parcourt tous les jours depuis presque dix ans maintenant et il n’a aucun mal à arriver devant la porte avant les gardes. « N’ACCEPTEZ PAS KELOWNA ! » Il braille en arrivant dans la salle, légèrement essoufflé par sa petite course dans les couloirs. « Ce serait une erreur, ce clan est peuplé de barbares. » Il jette un œil à la rouquine qui est déjà venue dans cette demeure et à l’homme à ses côtés. « Vous allez précipiter l’Alliance vers sa fin si vous faîtes une telle chose. » Entendant les gardes arriver dans le couloir en criant son prénom, Rylian se rapproche de sa chef de clan et l’attrape subitement par le col de sa tunique. « Ne faîtes pas ça, je vous en supplie. Pensez à tous les Orketas que ces monstres ont tué. » A commencer par sa propre femme, tuée il y a dix ans lors d'un raid.

HS : Rylian est donc un conseiller de l'Ipa, venu du clan Orketa et étant à la Citadelle depuis dix ans. Il est clairement contre l'entrée de Kelowna au sein de l'Alliance xD.

Uriah n'était pas, certainement pas l'homme le plus violent dans cette salle, dans ce genre de réunion tout court d'ailleurs. Il était plus doué lorsqu'il était question de discuter, poser les choses à plat, comme la situation qui arrivait en effet. Peser le pour et le contre c'était plus son travail qu'autre chose. Mais ceci dit, se débarrasser de toutes ses affaires, ses armes, ça le mettait à nu. Et c'était une des sensations les moins agréables qui soit. Au moins Uriah savait qu'il pouvait compter sur son second. Gaya se tenait juste derrière lui, tel son ombre. Et même désarmée elle était plus aphte à se battre que n'importe qui. Il la regarda quelques instants avant de rentrer dans la salle d'ailleurs. « Ça va aller Gaya. Normalement. » Là était le sujet qui pouvait porter à confusion "Normalement". Parce que pour avoir déjà rencontré un membre du clan du Nord, les questions pouvait se poser. Muire était certainement la personne la plus étrange qu'il avait rencontré. Espérons juste que ça ne sera pas similaire pour la chef de clan. Uriah hocha la tête avec un léger sourire en entrant dans la salle. « Messieurs dames » Rare qu'il soit le dernier. « Un plaisir d'être ici. » Il sourit doucement de nouveau.

L'irruption dans la salle, venant déranger certainement tout le monde. Que se soit dans la situation ou dans l'idée l'entrée en trombe de l'homme ne pouvait pas passer inaperçue. Pour sa part Uriah haussa un sourcil, se décalant dans l'idée certaine de l'écouter. Parce que même en étant chef de clan tandis que lui n'entrait pas dans les critères, Uriah se disait bien qu'il était raisonnable de l'écouter. À ne pas oublier que lui aussi pour le moment était réticent a laisser Kelowna rejoindre l'Alliance. « N’ACCEPTEZ PAS KELOWNA ! » Le fait est qu'il ne pouvait pas etre plus clair. « C'est un peu direct comme façon de penser. » Le Shisayo haussa les épaules se tournant vers les autres. La raison pour laquelle ils étaient là était justement cette discussion, s'ils étaient coupés sans pouvoir en discuter il était clair que tout allait rester au zéro.

D'autres chefs de clan ne tardèrent pas à faire leur entrée dans la salle. Nukka les connaissait tous plus ou moins. Il y en avait certains qu'elle avait tout juste rencontré une ou deux fois tandis que d'autres étaient pratiquement des amis pour elle. Pour le moment, malgré quelques regards peu engageant dans la direction de Karrah, les choses étaient plutôt calme. La plupart des chefs de clan se regardaient en chien de faïence mais Nukka restait calmement assise sur sa chaise et se contentait de saluer d'un signe de tête ceux qui la saluaient et les nouveaux arrivants.
L'assemblée était presque au complet lorsque la porte s'ouvrit à la volée et un homme pénétra dans la salle en beuglant comme un animal qu'on est sur le point d'égorger. Les sourcils de Nukka se froncèrent immédiatement lorsqu'elle reconnu l'homme comme étant le conseiller Orketa de la Citadelle. Elle eut à peine le temps de se lever que l'homme se jeta sur elle pour l'empoigner par le col et la secouer comme un prunier. Au bout de quelques secondes, Nukka se dégagea de la poigne de l'homme avant de lui lancer un regard glacial. Visiblement, l'homme ne la connaissait pas bien pour oser l'approcher ainsi. D'un geste de la main, la brune lui intima le silence.

- Rylian ! Il suffit. Vous n'avez pas été convié à cette réunion, rien ne vous autorise à venir donner votre avis. Sortez immédiatement.

Dans la foule, Nukka chercha du regard une chevelure rousse. Heureusement pour elle, la chevelure de la chef Kelowna était repérable assez facilement. Une fois qu'elle eut croisé son regard, elle inclina légèrement la tête.

- Veuillez m'excuser pour cette intrusion. Certains conseillers sont ici depuis tellement longtemps qu'ils en oublient les bonnes manières.

Nukka lança un nouveau regard, un regard noir dans la direction de Rylian. Ils régleront tout ceci mais en privé. Nukka n'était pas du genre à laver son linge sale en public.

Ce bracelet, cela fait des années qu’elle ne l’a pas vu. Et la dernière fois, c’était au poignet de Mila. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Ou est sa sœur ? Pourquoi est-ce que cette femme porte un bracelet qui n’est pas le sien ? Karrah aurait bien envie de lui poser toutes ses questions, de l’attraper par la tunique ou par les cheveux pour la secouer et lui faire dire ce qu’elle a fait de sa sœur. Mais tout se passe très vite. Lorsqu’un homme fait irruption pour hurler de ne pas accepter Kelowna dans l’alliance, Karrah pose son regard sur lui et écoute. Elle ne réagit pas, sauf peut-être à arquer un sourcil. Bien sûr, elle n’est pas dupe, elle se doute bien que nombreux sont ceux qui pensent ça également. Et c’est justement à elle qu’incombe la lourde tâche de faire changer ces gens d’avis et de convaincre les siens que la paix peut-être aussi bénéfique que la guerre, voir même plus. Elle en est convaincue, mais le travail reste grand et la route longue avant que tout le monde ne le voit.

A la suite, un homme répond que c’est direct comme façon de penser. Mais bien sûr, c’est surement normal. Après tout, la rouquine sait bien que son clan à un long passé de barbarie derrière lui. Fort heureusement, tous les kelowniens ne sont pas là. Elle se tourne ensuite vers la femme qui était seule présente lors de leur arrivée. Nukka, la chef d’Orketa. Et elle acquiesce un peu, acceptant ainsi ses excuses avant d’esquisser un sourire et de répondre : « Nous sommes ici pour ça… Et selon moi, chacun est libre de donner son avis. Il n’y a que comme ça que les choses pourront réellement avancer. Et bien sûr, je n’ai que trop conscience de la réputation de mon clan et de ses guerriers ». Karrah comprend que certains puissent être révoltés par cette idée. Elle ne doute pas que dans cette pièce, des gens aient perdus des amis, des proches dans des batailles contre son peuple. Elle-même en a perdu. Alors, elle ne sait que trop ce que cela fait. Elle réprime son soupire et ajoute : « Fort heureusement, tous les kelowniens ne sont pas des barbares sanguinaires. D’ailleurs, nombre d’entre eux le sont devenus à cause des anciens chefs des clans. Les choses peuvent changer. Elles vont changer ». Oui. Karrah fera changer les choses pour son peuple. Et elle fera tout ce qu’il faut pour ça.

Cette réunion ne sera pas simple, Losran en est convaincu depuis des jours, mais à ce point. Tout d’abord il faut compter sur Karrah pour être étrange. Ensuite sur l’intrusion d’un Orketa visiblement prêt à tout pour faire chasser les Kelownien. Enfin, le chef de guerre des Pankara pique là où ça fait mal. Elle va être sport cette réunion.
Il ne manque dans la salle que l’Ipa, qui tarde à venir. Le chef de guerre suppose qu’elle se fait désirer et que c’est de très mauvais gout en ce jour de tension. Si Akeela était présente en cet instant, certaines joutes verbales pourraient être désamorcées. Alors que les paroles s’envolent et agressent son clan, il passe en revue tous les visages présents. Certains sont couverts de haine, comme celui de Priam, d’autre affiche un masque froid et dur. Cette femme, brune et belle, rappelle quelque chose au guerrier. Il laisse son regard croiser celui de la chef des Sengoli. Ces yeux, ce visage … les deux êtres se sont déjà croisés, c’est certain. Pas en temps de guerre, elle aurait des cicatrices ou pire, serait morte. Karrah semblait la reconnaitre aussi, il serait sage de lui en toucher deux mots en sortant de la réunion. S’ils en sortent entier.
Face aux paroles du Pankara, Losran s’approche de l’oreille avisée de sa cousine. Murmurant ces quelques mots que personne ne peut entendre, il ne quitte pas du regard le chef du clan des mers. « J’interviens au besoin Karrah, » et c’est plus sur ainsi. La verve du guerrier pourrait leur porter préjudice. Priam ne doit pas bien se rendre compte que pour instaurer la paix au sein du clan du nord, il faudra certainement faire la guerre. Une entrée dans l’Alliance apportera beaucoup à Karrah en tant que chef. Les Kelowniens indécis entre Ymir et elle pourraient choisir leur camp et ainsi limiter les dégâts. De même, si Karrah veut garder son trône, elle doit asseoir ses positions et lutter contre les déserteurs et fils de chiens.
Si sa cousine se retrouve acculée sous les agressions verbales et réprobations, Losran pourra l’aider avec les arguments qu’ils ont avancés en privé.  

Rylian secoue sa chef de clan par le col pour la faire réagir et ouvrir les yeux sur cette aberration qu’est l’entrée des kelowniens au sein de l’Alliance. Akeela a perdu la tête de faire une telle proposition et Rylian pense que sa chef de clan est toute aussi folle d’assister à cette réunion sans rien dire. Il se fait violemment repousser par Nukka et recule, de peur que la jeune femme ne le frappe. Rylian est un conseiller mais il est loyal envers sa chef de clan et il se tait immédiatement lorsqu’elle lui intime le silence d’un geste de la main. Il n’ouvre cependant pas plus la bouche pour contredire sa chef de clan, d’autant que la nouvelle chef kelownienne prend la parole à son tour pour donner quelques explications. Rylian ne la sent pas celle-là, avec ses sourires qui cachent sans doute bien des choses. Et puis elle est une kelownienne de toute façon…

Il écoute ses paroles, rageant de l’intérieur et se contrôlant pour ne pas sauter à la gorge de cette femme. Ce n’est que l’intervention de deux gardes de la Citadelle qui le fait se calmer, lorsque ceux-ci l’attrapent par les bras pour le faire sortir brusquement de la salle. Il ne peut que regarder sa chef de clan tandis qu’il se fait trainer dans le couloir par les deux gardes. « Vous allez précipiter Orketa vers la guerre si vous acceptez cela ! » Ces kelowniens sont fourbes et Rylian ne doute pas que leur nouvelle chef est exactement comme eux. Sournoise, monstrueuse, barbare… Elle attend juste le bon moment pour montrer son vrai visage. Et Rylian espère que tout le monde le verra avant que la guerre n'éclate finalement.

Skylar observe les gens déjà présents dans la salle et essaye de se faire une opinion sur cette nouvelle chef de clan kelownienne qu’elle ne connait pas du tout. Elle n’a pas l’air d’une fière combattante comme peut l’être l’homme à ses côtés mais Skylar ne fait pas forcément attention à ce genre de détails puisqu’elle sait que même sans en avoir l’air, une femme peut se montrer redoutable. Elle tourne la tête vers Ménélas lorsque celui-ci fait son apparition mais reste en retrait par rapport aux autres et observe, silencieuse, l’arrivée du dernier chef de clan et de sa seconde. Tout le monde semble être là, il ne manque que la présence d’Akeela qui se fait attendre après les avoir tous convoqués à cette réunion. Mais les pas qui se font entendre dans le couloir sont bien plus lourds que ceux d’une jeune femme et Skylar tourne la tête vers l’entrée tandis que l’homme qui s’avance beugle de ne pas accepter Kelowna dans l’Alliance. Elle lève les yeux vers Kellan lorsque celui-ci lui lance un trait d’humour et ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire avant de lui répondre, murmurant à son tour. « Je comprends pourquoi ils nous ont retiré nos armes. » Même si ce n’est pas cela qui l’empêchera de se défendre au besoin.

Elle observe Nukka repousser le conseiller qui vient de l’attraper par le col puis s’excuser envers la nouvelle chef kelownienne pour l’attitude de l’homme. Skylar écoute la réponse de cette jeune femme qui semble avoir un gros poids sur les épaules à cet instant et elle écoute Priam, le chef Pankara, prendre la parole pour donner son avis bien tranché sur la question. Elle observe le conseiller orketa se faire sortir de la pièce puis prend la parole à son tour. « Un peuple tout entier doit-il être jugé sur les agissements de son chef ? » Elle se rapproche de la table pour poser ses mains sur le dossier d’une chaise et observe les gens présents, consciente qu’elle se trouvait à la place de Karrah il y a deux ans et qu’elle était jugée pour la même chose que la jeune femme. « Certes, les kelowniens ont une sale réputation et cela se justifie par certains de leurs actes de barbarie, mais tous ne sont pas des meurtriers sanguinaires et beaucoup subissent les lois des terres où ils sont nés. Si elle pense pouvoir changer les choses, laissez-la essayer. » Concrètement elle se fiche que les kelowniens rejoignent l’Alliance ou non, d’ailleurs elle se moque un peu de l’Alliance puisque son clan passera toujours avant le reste.

Les choses s’enchaînent vite. Et subitement Karrah n’a plus le temps de penser à rien d’autre qu’à ce qui se déroule là devant ses yeux. Elle entend le conseiller orketa exhorter sa chef de clan de réagir. Elle entend Nukka lui répondre et s’adresser à elle et elle-même sort de sa torpeur pour répondre. Mais avant que Rylian ne disparaisse, c’est un chef de clan qui prend la parole. Par déduction, Karrah finit par se dire que c’est surement le chef des pankaras. Et vu ce qu’il lui dit, la rouquine a confirmation. Il semble avoir beaucoup de colère et de rancœur. Ce qui ne pourrait pas correspondre à Uriah, le chef du clan du désert que les siens n’ont presque jamais touché. Elle écoute les paroles de Priam silencieusement, sans tiquer, sans ciller. Elle reste neutre, encaissant ses propos sans sourciller et sans s’énerver non plus. Il a probablement raison dans certains de ses mots, mais pas dans tous. D’ailleurs, c’est bien réducteur de penser que le peuple du nord n’est que barbarie. Réducteur et idiot mais bon, elle ne se permettra pas de le dire à haute voix. Enfin, pas dans ces termes. Losran se penche pour lui dire qu’il peut intervenir au besoin, mais Karrah secoue la tête négativement.

Puis, des gardes viennent sortir le conseiller qui crie une dernière fois avant de disparaitre. Le calme revient dans la salle et Karrah se doute bien que c’est à elle de parler, qu’elle doit dire ou faire quelque chose et déjà tout se bouscule dans sa tête. Elle sait quoi dire bien sûr, elle a beaucoup à dire. Mais c’est la femme qui porte le bracelet de Mila qui parle la première. Elle écoute et adresse un signe de tête à la chef de clan qui est plutôt juste dans les mots qu’elle prononce et qui semble accorder une chance à Karrah et à son peuple. A son tour, elle se tourne vers Priam et répond : « Je ne passe pas plus de temps à entrer dans l'Alliance qu'à m'affirmer auprès des miens. Au contraire, j'ai passé bien plus de temps à arpenter les villes et les villages kelowniens qu'à la citadelle, endroit dans lequel je suis pourtant bien plus en sécurité que chez moi ». Elle le regarde, sure d’elle, sure de ses propos et de ce qu’elle affirme. Elle ne cèdera pas, c’est certain. Elle reprend la parole pour dire : « Je suis convaincue qu'amener la paix dans mon clan est possible et je suis prête à mourir pour défendre mes convictions ». Elle a bien conscience de ce qu’elle risque, mais ça ne l’arrêtera pas. Elle termine par dire : « Mais au-delà de m'imposer en tant que chef, mon peuple a besoin de savoir que la paix sera bien plus intéressante que la guerre pour accepter le changement. Et c'est pour ça que je suis ici aujourd'hui ». Oui. C’est pour ça qu’elle est là. Pour que les siens comprennent qu’il existe d’autres chemins aussi intéressants que celui sur lesquels ils sont aujourd’hui.

Il y avait un peu d'agitation dans cette réunion. Les haussements de voix qui résonnaient dans la salle où tous les chefs des clans étaient conviés me faisaient décroiser les bras, et me rendaient davantage alerte.
J'étais loin de toutes ces manœuvres politiques qui se faisaient en amont, néanmoins je doutais fort que d'accepter au sein de l'Alliance le clan Kelowna avec ou sans leur mauvaise réputation pouvait entraîner la chute de cette dernière. Si l'Alliance devait sombrer, cela viendrait d'ailleurs, mais je gardais cela pour moi, mes pensées politiques ne regardaient que moi et les miens.

Mais où était donc l'Ipa ? Celle qui avait fait demander tout le monde ici présent. Elle se faisait attendre ainsi que ses réelles intentions. Pour moi, cette réunion extraordinaire ne pouvait pas se baser uniquement sur l'entrée d'untel au sein de l'Alliance, il y avait autre chose derrière, j'en mettais ma main à couper. Mais quoi ? Je désirais que cette interrogation ait sa réponse, mais pour cela il fallait que la jeune femme qui nous « gouvernait » tous daigne faire acte de présence. Bien que n'ayant qu'un rôle de second dans cette histoire, je pris la parole ou plutôt je faisais part de mon humeur. « Doit-on attendre que le Soleil se couche et laisse place à la Lune pour que l'Ipa soit présente avec nous ? » La patience n'était pas l'un de mes forts en l'absence de mes armes. Je me sentais littéralement toute nue sans ces dernières, et je n'aimais clairement pas cela. Que cette réunion se termine promptement afin que moi et mon chef Uriah nous regagnions notre désert adoré !

Uriah hausse un sourcil. Voilà. Voilà le coeur du sujet. Et les discussions qui deviennent de plus en plus actives. Voilà la raison pour laquelle il est venu ici. Décider. C'est ce genre de choix qui est censé changer un empire. Et bien qu'il soit. « Le point que soulève Priam relève d'un véritable problème. La situation esclavagiste ce n'est pas... Ce n'est pas vraiment une habitude par ici. Disons juste que c'est bien gentil d'accueillir ou de bien vouloir accueillir le clan dans l'Alliance, mais si ce dernier reste violent à l'égard des autres. Hum. Ce n'est pas vraiment une solution. » Uriah se passe la main sur le visage en essayant de garder un visage neutre. « Je ne dis pas que l'on ne devrait pas accueillir le clan au sein de l'Alliance. Je dis juste qu'il faudrait peut-être avoir une solution avant d'avoir une parole. Des mots c'est bien. Mais si l'on a pas la preuve de quelque chose... » L'homme se laisse tomber dans le dossier de la chaise. Gardant un visage assez neutre. Il veut bien être cet homme gentil que l'on peut qualifier comme quelqu'un d'intéressant. Mais lorsqu'il est question de son clan oh, l'Alliance passe en second plan. Non pas qu'ils ne croient pas en l'Alliance, disons juste que Shisayo reste une priorité. « Shisayo étant pourtant le clan le plus éloigné, les caravanes ont pourtant été attaquées... » Ceci dit, ils ont accepté Sengoli. Pourquoi pas Kelowna?

La chef du désert jette un regard à l'attention de Gaya après son intervention avant de jeter un regard sur la salle. « Il est vrai que la présence de l'Ipa pourrait certainement tous nous éclairer. » Et calmer les esprits échauffés. Non pas qu'une conversation platonique soit très intéressante lorsqu'il est question d'une discussion de paix. Mais les voix montent. Il est peut-être temps de calmer le jeu...

Akeela est un peu tendue en ce premier jour du mois de Kavu, mais ces derniers jours ont apporté leur lot de problèmes. Avec l’arrivée de tous les chefs de clan et de leur délégation au sein de la Citadelle, beaucoup de choses se sont passées et Akeela sait que cela n’est pas terminé. Elle est en retard pour la réunion qu’elle a elle-même organisée et c’est après avoir demandé pour la troisième fois à Kalevi de ne pas la suivre qu’elle peut enfin se rendre dans la salle du Conseil où les chefs de clans doivent l’attendre. En chemin, elle croise deux gardes de la Citadelle qui entrainent derrière eux un Rylian semblant être passablement énervé, qui lui hurle une nouvelle fois qu’elle fait une erreur en invitant Kelowna au sein de l’Alliance. Surprise, Akeela regarde ses gardes trainer le conseiller puis détache son épée de sa ceinture pour la tendre à l’homme qui se trouve devant la porte de la salle. Elle est comme les autres et laisse son arme à l’entrée aussi. « Veuillez excuser mon retard, quelques problèmes dans les rues ont requis mon attention. » Madaline veille correctement sur la sécurité de la Citadelle mais cela n’a pas empêché Akeela d’assister à une bagarre entre deux pankaras et un kelownien. Elle s’arrête néanmoins pour observer la pièce, consciente qu’une tension s’y est installée. Tous sont debout, certains s’observent et Akeela se doute que la conversation qui l’a précédée ne devait pas parler de la météo. « Asseyez-vous, je vous prie. » Après tout, la grande pièce qui accueille une grande table et des chaises sert à cela. Elle s’avance dans la pièce et s’arrête au bout de la table, à la place qu’elle occupe toujours lors de ses réunions avec le Conseil, posant ses mains sur le bois pour observer les différents chefs et leurs seconds en attendant qu’ils s’installent.

Elle les connait tous, elle les a tous rencontrés un par un lorsqu’elle est devenue Ipa il y a trois ans après la mort de Dastan. Elle en apprécie certains plus que d’autres – et a une dette envers Ménélas qui lui a sauvé la vie quelques semaines auparavant - mais elle ne le montrera pas aujourd’hui dans tous les cas. « Je vous ai conviés aujourd’hui afin de discuter de l’entrée de Kelowna au sein de l’Alliance. C’est un souhait que j’exprime depuis longtemps et l’arrivée de Karrah à la tête de ce clan le permet aujourd’hui. Seulement cela ne se fera que si l’Alliance est soudée, unanime quant à la décision que nous prendrons aujourd’hui. » Même si concrètement elle pourrait se passer de l’avis des chefs de l’Alliance grâce à sa position, mais il n’est pas dans ses plans de se les mettre à dos en les contredisant sur une telle décision. « Je suppose que vous avez déjà exprimé quelques opinions en attendant mon arrivée ? » Elle observe les gens présents en esquissant un petit sourire, consciente que certains ont dû se confronter.

Ménélas n’est pas dupe et même s’il apparaît joyeux et détendu il sait que l’heure est grave et que le sujet est grave. Il sait que ce qui va se passer aujourd’hui va être déterminant pour l’Alliance. Et il ne sait pas tellement ce qui vaut mieux pour eux. Il ne sait pas s’ils doivent accepter ou refuser l’entrée de Kelowna dans l’Alliance car il y a des pour et des contre pour chaque décision. Lorsque Priam lui dit qu’il n’a pas intérêt à commencer à chanter, le chef du clan des plaines rit un peu et lui dit : « Pourtant je chante vraiment bien ! » Il ne faudrait pourtant pas le sous-estimer. Ménélas est un homme joyeux. Il aime la vie, il aime son clan. Et il n’aime pas avoir l’air grave, parce que ça vieillit trop vite. Et puis, il connait bien les chefs de clan qui sont ici. Hormis Skylar qui est un peu plus jeune que les autres. Il peut se permettre d’être familier. Parce que d’une certaine façon, ils sont une famille. Une grande famille.

C’est au tour d’un conseiller d’entrer pour empoigner Nukka. Il n’intervient pas parce qu’il sait qu’elle se débrouillera toute seule, comme une grande. Il observe et écoute cependant. Puis, c’est au tour de Priam de prendre la parole, suivi par Skylar, par la chef de clan de Kelowna qui défend ses opinions et par Uriah qui soulève un point intéressant. Mais pour le moment, l’homme au chapeau reste silencieux. Il s’est contenté de jeter un regard courroucé à la seconde d’Uriah quand elle a fait sa remarque à propos de l’Ipa. Il écoute pour se faire un avis et prendre le temps de la réflexion. Avant que quiconque ait eu le temps de répondre à nouveau, Akeela entre. L’Ipa a l’air en forme, plus que la dernière qu’ils se sont vus. Ménélas l’accueille avec un sourire et un signe de tête et prendre place à la table lorsqu’Akeela les invite à s’asseoir.

« Nous avions justement commencé à étudier les pour et les contre. Priam et Uriah soulevaient plusieurs points intéressants sur l’ancienne politique kelownienne et sur les changements qui pourraient être initiés avant toute entrée dans l’Alliance… ». Il ne prend pas parti Ménélas, il se contente d’énoncer les faits, mais il ne dit toujours rien sur ce qu’il pense. Parce qu’il a quand même une certaine rancœur. Même si les Askhadis ont été beaucoup moins touchés que les Orketas ou les Pankaras, les kelowniens ont quand même attaqué de nombreuses caravanes et de nombreux villages de son clan. « C’est une bien longue conversation à laquelle nous nous sommes attelés… » Il y en a des choses à dire.

Skylar observe la nouvelle chef kelownienne tandis que les autres prennent la parole. Elle n’a pas l’air d’être aussi redoutable que son prédécesseur et cela se voit dans sa façon de se tenir mais aussi dans les mots qu’elle emploi. Pour avoir déjà rencontré Laëth il y a plusieurs années lorsqu’elle voyageait encore avec Rosha, Skylar voit bien la différence entre les deux. Elle ne peut s’empêcher de sourire tandis que la jeune femme s’annonce prête à mourir pour ses convictions. « Vous devriez faire attention avec ce genre de paroles, surtout dans un endroit comme celui-ci où la moitié de la population souhaite faire la peau aux kelowniens. » Même si elle se doute que la jeune femme risque aussi sa vie au sein même de son clan, surtout si elle souhaite y instaurer la paix.

Elle relève la tête vers l’entrée lorsque Akeela arrive enfin en s’excusant pour son retard puis elle tire la chaise sur laquelle elle est appuyée pour finalement s’y assoir, écoutant les explications de l’Ipa en même temps. Elle a l’air un peu moins sûre d’elle qu’il y a deux ans lorsqu’elle s’est installée à la même table du conseil pour faire entrer les sengolis dans l’Alliance, mais Skylar peut facilement comprendre pourquoi. Elle a entendu les histoires venues du nord qui parlent d’un groupe de dissidents qui ne suit pas la nouvelle chef et qui continuent les raids sur les autres clans malgré tout cela et, même si cela ne la concerne pas vraiment, elle peut comprendre que cela apporte des tensions jusqu’à la Citadelle qui se trouve proche de Kelowna. Skylar s’adosse à sa chaise et observe les différentes personnes présentes tandis Ménélas fait un rapide – très rapide – résumé de la situation pour Akeela. « Ce qu’ils veulent savoir, c’est ce que vous allez apporter à l’Alliance si Kelowna s’y intègre, mis à part une éventuelle guerre. Priam a soulevé un point important un peu plus tôt même s’il n’y a pas mis les formes. Mais il faut l’excuser, la diplomatie n’est pas son fort. » Elle jette un œil à l’homme avant de reporter son attention sur la kelownienne, se rapprochant de la table. « Ces guerriers qui ne vous suivent pas vont finir par gonfler leurs rangs, ils trouveront toujours des gens à rallier à leur cause, surtout si vous choisissez la paix pour leur clan qui ne connait que la guerre depuis des décennies. Que comptez-vous faire pour ça ? Attendez-vous que l’Alliance vous aide à résoudre vos problèmes internes ? » Peut-être qu’elle exprime ici une question que tous les autres se posent.

Bien sûr, Karrah se doutait que leur présence de ferait pas l’unanimité. Elle se doutait que les choses ne seraient pas simples. Mais elle avait espéré que peut-être ils auraient pu voir d’eux-mêmes certains points positifs. Comme par exemple le fait de ne plus se faire attaquer par des guerriers sanguinaires. Peut-être qu’elle a tort finalement, de vouloir laisser aux gens l’occasion de changer. Peut-être que leur destin et de déclencher une nouvelle grande guerre et cette fois de parvenir à détruire l’espèce humaine. « C'est l'une des premières choses que je souhaite pousser mon peuple à faire. Affranchir les esclaves et leur laisser l'occasion de rentrer chez eux. Certains kelowniens ont déjà commencés à le faire d'ailleurs. Les autres n'auront pas le choix, ceux qui s'y opposeront seront punis ». Et chez les kelowniens, il n'existe pas de degré de punition. L'obéissance ou la mort. Bien sûr, Karrah entend aussi changer cela, car si elle veut vraiment changer les mœurs de son clan, cela devra aussi passer par une évolution des pratiques. Les gens devront commencer à respecter le chef de clan autrement que pour la peur qu'il inspirera. Quand Akeela entre, Karrah lui adresse un sourire et la salut avec respect. Puis, elle s’assoit tirant une chaise non loin d’elle. Elle se redresse un peu, gardant une certaine constance.

Bien sûr, chacun à des ressentiments, ou des questionnements. Mais cela semble plutôt normal. Enfin, elle s’attendait à ce genre de réactions. Mais bien sûr, personne n’est innocent. Karrah pourrait peut-être leur rappeler que pour choisir l’Ipa des enfants sont sacrifiés et doivent s’entretuer. Mais bon, cela serait probablement contre-productif et elle ne veut pas avoir à pousser Losran à dire qu’ils feront payer les guerriers ayant pris part aux massacres. Car si Losran n’a pas volontairement massacré des caravanes il a tout de même fait partie de la plupart des batailles. A la remarque de Skylar, qui porte le bracelet de Mila, Karrah répond : « J'assume mes paroles et chacune de mes idées. Et même si beaucoup semblent penser que ça ne sera pas le cas, je les défendrais avec force et obstination ». Et violence aussi, puisque de toute évidence c’est obligatoire. Mais cela changera. Avec le temps Karrah leur montrera que la force ne passe pas forcément par la violence mais aussi par l’entêtement, la volonté et l’opiniâtreté.

Elle écoute la suite, bien sûr, même si elle a bien envie d’avoir des explications sur le bracelet. Et qu’elle a hâte de savoir où se trouve Mila. Une fois que la chef des sengolis a fini de parler, c’est à Karrah de reprendre la parole pour dire : « Non je n'attends pas que l'Alliance nous aide à régler nos problèmes internes. Il m'appartient de les résoudre et j'entends le faire seule. Mais convaincre les plus réticents et empêcher les guerriers de grossir les rangs de la dissidence sera bien plus facile avec des faits qu'avec des promesses ». Et puis, cela évitera à tous les guerriers de déferler sur l’Alliance pour se venger de l’affront infligé. Elle aurait bien du mal à les contenir. C’est vrai qu’il ne vaut mieux pas piquer l’orgueil d’un kelownien. D’autant plus que la paix leur coûterait beaucoup. Pour de nombreux membres du clan, la guerre et le sang sont un mode de vie à part entière. Karrah poursuit ensuite en disant : « Ce n'est pas une guerre que je souhaite apporter à l'alliance, mais des échanges commerciaux riches et des échanges de connaissances qui seraient bénéfiques pour tous ». Elle s’arrête finalement, attendant de voir ce qu’ils ont à répondre.

Les idées fusent dans tout les sens. Priam marque des points en évoquant certains problèmes qui ont lieu au sein même de Kelowna mais Nukka s'approuve pas forcément la façon de faire de l'homme. Priam est du genre brute de décoffrage et, visiblement, la diplomatie ne fait pas partit de ses compétences. Nukka de se prononça pas à haute sur le sujet et, comme souvent, elle se contenta d'observer les différents acteurs de cette scène en silence. Observer avant d'agir, c'était important et c'était quelque chose que les instructeurs de Neywick s’efforçaient d'inculquer aux apprentis. Uriah aborda ensuite la situation des esclaves en Kelowna, Nukka était d'accord et c'était quelque chose qui méritait réellement l'attention de l'Alliance. Il fallait faire quelque chose pour les esclaves, pour le reste, c'était à Karrah de décider.
La brune s’apprêtait à prendre la parole lorsque Akeela pénétra dans la salle. Nukka lui lança un regard avant de s'assoir lorsqu'ils y furent invité. L'Orketa s'installa silencieusement et observa une nouvelle fois les joutes verbales reprendre. Elle observa quelques secondes avant de se décider à prendre la parole.

- Si vous voulez que Karrah règle tout les problèmes qu'il y a dans son clan, commencez d'abord par lui faire confiance. La confiance est importante dans cette situation, nous devons faire confiance à Karrah pour apporter la paix dans son clan.

Les prunelles vertes de Nukka, toujours aussi sereine, se dirigèrent vers la rouquine qu'elle observa quelques secondes avant de rediriger son regard vers le reste de l'assemblée. La jeune femme faisait passer son regard d'un visage à l'autre.

- Moi, je lui fais confiance en tout cas. Tout comme j'ai fais confiance à Skylar pour apporter la paix en Sengoli.

Un pas devant l'autre, voilà comment ils allaient se dépatouiller de cette situation. Nukka devait montrer l'exemple aux autres chefs de clan et elle comptait sur Akeela voir même Uriah pour l'accompagner dans cette initiative. Surtout que Karrah semblait bien décidé à montrer sa bonne volonté.

Akeela se doute bien que les chefs de clan présents ne doivent pas avoir vraiment discuté du beau temps avec Karrah. Les relations entre Kelowna et ses clans frontaliers n’ont jamais été au beau fixe et la jeune femme comprend très bien que leurs relations autour de cette table soient tendues. Elle sait aussi que certains comme Priam – et éventuellement Nukka – pourraient en vouloir à la jeune kelownienne pour les agissements de son clan et c’est aussi pour cette raison qu’elle a demandé à ce que les armes soient bannies de la salle du conseil aujourd’hui. Elle a sans doute eu peur que certains n’en viennent aux mains. Akeela tourne la tête vers Ménélas au moment où celui-ci lui explique que Priam et Uriah ont soulevé quelques points intéressants, puis reporte son attention sur Skylar lorsque celle-ci prend la parole à son tour. Elle laisse les deux jeunes femmes discuter et Karrah répondre aux questions des autres chefs de clan. Akeela sait très bien que beaucoup d’entre eux se demandent si l’Alliance va devoir s’occuper aussi des kelowniens qui sont contre la nouvelle chef de clan, et elle comprend cette inquiétude. Mais Karrah est bien décidée à s’occuper elle-même de son clan et de ses soucis internes, même si Akeela lui a proposé de l’aide si elle en faisait la demande. Elle n’ira pas plonger l’Alliance entière dans une guerre ouverte contre Kelowna mais elle pourra toujours proposer son aide si certains clans sont volontaires pour aller épauler la nouvelle chef.

Akeela écoute les différentes réponses et échanges entre les chefs de clan puis se décide à prendre la parole à son tour. « Karrah est consciente que son clan doit subir des changements et que la dissidence qui occupe certaines terres kelownienne devra être annihilée. L’homme à sa tête, Ymir, tentera sans doute de contrecarrer les plans visant à faire entrer Kelowna dans l’Alliance et les frontières vers le nord ont déjà été renforcées pour palier à une éventuelle attaque de la dissidence. » Elle y a veillé après sa première rencontre avec la rousse. « J’ai conscience que Kelowna a un passif avec chacun de vos clans, mis à part peut-être Sengoli, mais je suis persuadée qu’avec Karrah à sa tête, le clan peut changer et entrer dans une ère de paix. Il est temps de faire confiance à la nouvelle chef de clan, comme vous l’avez fait pour Skylar il y a deux ans. » Et elle tourne la tête vers la jeune femme qu’elle vient de citer, consciente que celle-ci était à la place de Karrah lors de la réunion précédente.

Avec calme et détermination, Karrah a répondu aux questions et aux remarques. Elle s'est adressée à tous pour montrer qu'elle était déterminée à faire changer les choses et qu'elle n'était pas là pour obtenir une armée. Non, elle ne souhaite pas la guerre, bien au contraire. Si c'était cela, elle aurait lancé les hordes de guerriers kelowna sur l'Alliance. Alors elle a gardé son calme et essuyé la tempête pour leur répondre et exposer ses principes. Finalement, c'est Nukka, la chef du clan des forêts qui prend la parole. Elle leur signale que la confiance est nécessaire et importante. Karrah lui adresse un sourire reconnaissant et un signe de tête.

Elle continue ensuite en affirmant qu'elle lui fait confiance. Karrah est touchée et reconnaissante. Elle reste silencieuse mais apprécie les paroles de la chef de clan ainsi que son soutien. « Il n'y a pas que des guerriers guidés par la folie d'une famille royale aujourd'hui éteinte. Il y a parmi les miens des gens curieux et bons, qui ne demandent qu'à vivre en paix. Qui ne demandent qu'à vivre sans avoir peur qu'un voisin vienne leur trancher la gorge pour prendre leur demeure ». Oui, les siens sont des barbares. D'ailleurs, elle grimace à ses propres paroles. Elle n'a jamais adhéré à toutes ces coutumes et à cette violence inhérente à son clan. Elle reprend la parole pour dire : « Il est temps à présent que les choses changent pour mon peuple. Et pour nous tous, également ». Elle veut que son peuple puisse faire partie de l'Alliance, pour en sortir grandi. Riches de nouvelles ressources, de nouveaux échanges, de nouvelles cultures et de nouveaux horizons.