L’hivers est passé. Mais le froid est toujours là, il est toujours là. Mais avoir passé toute sa vie à Vancove a endurci la peau de la rouquine qui est un peu moins sensible au froid de Sengör. Cela ne l’empêche pas de porte des vêtements, mais elle ne porte pas toujours ses fourrures. La vie ici, Karrah ne s’y habitue pas. Les terres glacées lui manquent, la chasse lui manque. Et la solitude aussi. Le calme tranquille de l’anonymat. La vie paisible de solitaire. Les choses sont différentes maintenant, et elle n’a pas d’autres choix que d’assumer. Parce qu’elle a ramené le corps de son ancienne chef et qu’elle a dit l’avoir tuée. En même temps, Muire était là, elle avait vu. Les guerriers n’apprécient pas tellement ses idées. Karrah en a bien conscience. Depuis son retour de la citadelle, elle a parcouru les villages autour de Sengör pour parler de la coalition, pour parler des avantages. Elle est restée forte, elle a montré ses convictions, elle a porté ses idées. Mais elle a fait face à la défiance des guerriers. Elle a même dû affronter l’un d’eux. Heureusement, ses leçons commencent à porter leur fruit. Mais elle ne l’a pas tué. Elle lui a rappelé qu’elle était sa chef à présent, et que la paix règnerait bientôt sur Kelowna. Elle l’a laissé vivre, mais elle n’oubliera pas son nom, ni son visage. Et si d’aventure l’homme cherchait à se venger, alors elle le tuera.

L’heure du départ pour la citadelle approche à nouveau. Elle se demande si Muire accompagnera la délégation cette fois. Plongée dans un bain, elle regarde le plafond de la chambre. Elle s’est installée dans la demeure des chefs de clan. Mais elle n’aime pas cette maison, elle ne s’y sent pas réellement chez elle. Peut-être un jour les choses changeront. Peut-être sera-t-elle acceptée de son clan et qu’elle pourra se sentir chez elle, sans avoir peur de finir la tête séparée de son corps. Elle frémit un peu. Elle se redresse et sort de l’eau qui se refroidit à vue d’œil. Elle s’enroule dans un linge pour se sécher, puis utilise une crème qu’elle a trouvé à la citadelle pour apaiser les douleurs de bleus qu’elle garde de son dernier entrainement et de ce fameux affrontement. Puis, elle se rince les mains. Lorsque Malik entre – sans frapper, comme d’habitude – elle est dans le renfoncement de la pièce qui abrite la baignoire en bois. Elle sort alors – totalement nue – et le regarde pour répondre : « Malik… ». Elle sourit en coin, presque moqueuse, nullement gênée, ne connaissant pas réellement le principe de gêne et reprend : « J’imagine que Losran s’inquiète de ma ponctualité… ». Il ne devrait pas, malgré les enjeux, elle est plutôt contente de retourner à la citadelle, elle a beaucoup de choses à découvrir encore. « Je serais prête à temps… Ne t’inquiète pas. Et toi, tu es prêt à partir ? Tu as tout ce qu’il te faut ? ».

La chef de clan est plutôt surprise. Lorsqu’il la voit, il semble gêné, surpris et un peu choqué. Il se tourne subitement, pour lui faire dos et commence à bafouiller. La rouquine regarde le dos de son garde. Elle n’imaginait pas qu’il pourrait réagir de cette façon. Le guerrier lui semblait être du genre tout à fait à l’aise avec le corps des femmes. Elle se rend alors à l’évidence que ce n’est peut-être pas le cas. Ou qu’il ne s’attendait pas à voir sa chef de clan entièrement nue. Mais pourtant, ils sont plutôt intimes. Au point qu’il se permet d’entrer dans sa chambre sans frapper et de lui parler sur un ton parfois inadapté. Elle l’entend se racler la gorge et le voit se redresser. Elle sourit moqueuse, mais il ne peut pas la voir. Elle le regarde simplement, toujours nue, au milieu de sa chambre. Elle ne traînera pas à s’habiller, il fait froid, même à l’intérieur. Mais elle peut encore attendre quelques minutes. D’ailleurs, le garde reprend la parole pour lui répondre. Effectivement, Losran s’inquiète. Et la rouquine sait qu’il n’aime pas attendre. La patience n’est pas forcément le point fort du guerrier lorsqu’on parle d’elle. Pourtant, Karrah n’est pas si pénible que ça. Elle fait des efforts.

Il poursuit en répondant qu’il a tout ce qu’il lui faut et qu’il ne manque plus qu’elle dans ses bagages. Elle rit un peu, puisqu’elle n’est pas encore prête pour se joindre aux affaires de Malik. Il ne se tourne pas, et reprend pour lui demander dans combien de temps elle sera prête. Elle s’approche de lui, et se place dans son dos pour lui murmurer à l’oreille : « Je vais faire vite… ». Provocatrice. Evidemment. Puis, elle le contourne et va chercher des affaires qui se trouvent dans le champ de vision de Malik, toujours nue. Elle revient avec deux fourrures et une tunique dans les mains passant volontairement devant le garde avant de retourner vers son lit : « Si j’avais su qu’il en fallait si peu pour te déstabiliser, je l’aurais fait plus tôt, cela m’aurait évité bien des blessures… ». Elle sourit encore, amusée, posant les affaires sur son lit.

Karrah n’est pas du genre à jouer de ce genre de situation, parce qu’elle n’aime pas spécialement s’exposer et les jeux charnels. Bien sûr, elle connaît et a déjà expérimenté ce genre de choses, mais elle n’en abuse pas non plus. Il faut dire qu’elle a passé beaucoup de temps en solitaire. Mais c’est une femme et elle sait ce que peut faire l’appel du corps dans certaines situations. Lorsque Malik reprend la parole, Karrah l’écoute et se tourne surprise par ses paroles. Elle rit même un peu en lui répondant : « Ne t’inquiète pas pour moi… N’oublie pas que j’ai vécu plusieurs années dans les terres glacées… ». Elle rit à nouveau avant de revenir vers son lit sentant son regard sur elle. Elle sourit un peu en coin, amusée, le laissant faire. Elle ne va pas s’en offusquer alors qu’elle se balade volontairement nue devant lui. Mais dans le fond, elle ne sait pas bien ce qu’elle attend de tout ça. Peut-être juste se venger un peu de toute la pression qu’il lui met avec Losran. Mais bon, elle ne peut pas vraiment se permettre de faire ça devant son cousin. Alors le pauvre Malik assume pour les deux.

Finalement, elle va chercher un peignoir en lin léger qu’elle a échangé à des marchands orketas il y a quelques temps déjà et l’enfile, le fermant à l’aide d’une ceinture en corde. Elle prend ensuite la parole pour dire : « Tu peux te retourner, j’ai enfilé quelque chose… ». Elle sourit moqueuse puis va chercher quelques autres vêtements pour les déposer sur sa couchette puis va chercher une malle en bois la tirant pour la disposer près de cette même couchette, pour l’ouvrir et commencer à y disposer ses affaires avant de dire : « Je pense que je devrais m’en sortir, sauf si ma valise décide que je ne suis pas assez dure pour une kelownienne et chercher à me trancher la tête… » Elle sourit un peu amusée, en se penchant un peu, le tissu remontant à l’arrière de ses cuisses dangereusement haut. « Tu peux m’amener le pot en bois qui est juste là s’il te plaît ? » Elle accompagne ses paroles d’un geste de pointage pour désigner le dit pot. Puisqu’il est là, autant le mettre à contribution.

Elle ne pensait pas que le guerrier serait aussi facilement déstabilisable. A dire vrai, Karrah pensait qu’il serait de marbre, habituée à ce genre de choses. Mais de toute évidence, ce n’est pas le cas. Est-ce sa place de chef de clan qui le met mal à l’aise ? Ou un manque de pratique certain ? Elle n’est pas de celles qui passent leur vie sur une couche, mais elle en sait assez pour une femme de son âge. Elle pourrait bien fonder une famille un jour, elle sait comment marchent ces choses-là. Mais elle n’en est pas friande, ayant beaucoup de mal à s’attacher. La mort entoure ses pas. Ses proches disparaissent dans d’atroces conditions. Seul Losran survit, plus dur, plus résistant. D’ailleurs, Malik reprend la parole en parlant de son cousin, alors Karrah écoute. Elle sourit un peu amusée et dit : « Je sais… Mais je serais à l’heure et Losran n’aura pas à râler. Aucune raison à cela. ». Elle n’aime pas qu’il s’énerve. Il a tendance à trop le faire et à se faire trop de souci. Karrah à parfois faire que ses préoccupations le mettent en danger.

Il lui apporte le pot et elle le récupère frôlant volontairement ses doigts, lui adressant un sourire et ajoute un : « Merci… ». Elle dispose le pot bien droit et le calle avec d’autres affaires. Aux divers vêtements et fourrures, elle ajoute une paire de bottines plus adaptées au climat de la citadelle, puis deux livres. Elle se redresse regardant autour d’elle. Elle aurait tellement de choses à emmener, mais la jeunes femme n’aime pas voyager trop chargée. Elle ne veut pas qu’on lui vole certaines choses auxquelles elle tient vraiment. Alors elle se contente d’ajouter quelques autres objets dont elle pourrait avoir besoin pendant son voyage. Puis, elle se redresse à nouveau pour le regarder. Cette question, elle l’a tournée dans tous les sens. Et elle sait très bien que la réponse n’est pas celle qu’elle aimerait. Elle grimace un peu et dit : « Je ne le crois pas non. Et les chefs de clans auraient bien raison d’être contre notre entrée dans l’alliance. Nos guerriers ont pris tant de vie Pankara, Askhadi et Orketa… ». Elle soupire. Akeela est pour leur entrée dans l’alliance, mais elle sait que l’avis négatif des chefs de clan pourrait rendre les choses difficiles. Et elle rencontre déjà bien assez de résistance chez elle. Elle n’a pas besoin qu’on en rajoute. Elle ajoute cependant : « Mais il y a Skylar, la nouvelle chef des Sengolis. Elle pourrait être plus indulgente… ». Mais rien n’est moins sûr. Et cela l’inquiète. Elle ne sait pas si elle sera assez forte pour leur tenir tête à tous. Elle doute et elle sait qu’elle ne doit pas. Elle sait qu’elle a une chance de faire changer les choses, mais elle doute d’être la mieux placée pour le faire. Elle la jeune sauvage qui a passé tant de temps à arpenter des terres désertes. « Et qu’est-ce qu’on pourrait bien répondre à leur refus et à leurs protestations… ? ». Karrah sait qu’elles ne seraient que trop justifiées.

Karrah le sera, à l'heure. Même si elle doit bien avouer qu'elle a toujours aimé faire râler ses frères et Losran. Parce que plus jeunes, les trois garçons ont été durs avec elle. De vrais teignes. Après la mort de la mère de Karrah, les garçons ont fait alliance contre le père, pour garder la fillette auprès d'eux et la portéger. Ils n'en pas été plus aimants, juste un peu moins durs. Alors parfois, elle aime bien lui faire payer. Mais pas trop, parce qu'elle ne voudrait pas qu'il se fâche définitivement. Il est la seule véritable famille qu'il lui reste, alors elle le préserve un peu.
La discussion évolue sur cette négociation, cette entrée dans l'Alliance. Karrah ne se fait pas d'illusions, cette journée sera dure. Et il est possible que finalement cela ne donne rien. Et si Akeela force l'acceptation des Kelowna, Karrah ne serait pas étonnée de voir des milices se former contre son peuple pour attaquer et faire des raids. Et pourrait-elle vraiment leur en vouloir ? C'est ce que son peuple à fait pendant des années. Toute sa vie durant, elle a été bercée par les rites et les chants guerriers. Animaux. Elle réprime son soupir. Malik répond à propos de Skylar et elle rajoute après un temps de réflexions : « Peut-être le chef du clan du désert ? Ils ont été à l'abri des attaques kelowniennes et on dit que c'est un homme sage ». Mais ce ne sont que des rumeurs qu'elle a entendu. Peut-être celles-ci se vérifieront-elles ? Ou peut-être pas. Mais la perspective d'avoir un deuxième allié potentiel est rassurante.
Puis, le garde se redresse et bombe le torse fièrement. Il est bien bâti, Karrah ne peut pas dire le contraire. Un torse large, musclé, des épaules imposantes. Deux têtes de plus quelle et une stature qui impressionne. Il a beau être plus jeune, le garçon pourrait presque plus vieux grâce à cette carrure. Et Karrah le sait bien, sa douceur la rajeunit. Mais elle s'en moque. Elle n'est pas si douce que ça, sinon elle n'aurait jamais survécu tout ce temps dans les terres glacées. Elle répond : « Nous leur montrerons. Et j'espère bien continuer à faire changer ce clan pour y voir régner la paix ». Elle se tourne vers quelques affaires - vêtements et objets - acquis à la citadelle lors de leur précédent voyage qu'elle place dans sa malle avant de finalement la fermer. Elle se tourne vers lui et dit : « Et voilà. Je serais prête à temps ».  Elle appuie ses paroles d'un sourire amusé et d'un clin d'oeil tout en s'approchant de lui pour poser ses mains sur ses épaules comme pourrait le faire son cousin dans ses bons jours et dit : « Mission accomplie Malik. Quelle incroyable preuve d'autorité ».

Finalement, le guerrier a plutôt bien réagit. Il a bien tenu le coup. Même si Karrah n’a rien de certaines jolies filles du clan, elle arrive quand même à obtenir ce qu’elle veut quand elle s’en donne les moyens. Mais Malik a gardé la tête froide. L’espace d’un instant, elle se demande s’il l’a déjà fait. Puis, elle se demande s’il ne préférerait pas les hommes. Mais le guerrier a quand même semblé troublé. Mais par le fait qu’il la trouve jolie ou juste parce qu’il n’a jamais vu de femme nue ? Elle ne le sait pas trop. Il faudrait qu’elle demande, mais bien sur ce genre de demande est un peu particulier quand même. Elle ne peut pas demander comme ça, c’est bien trop personnel. Enfin… Ils passent tout leur temps ensemble alors ils commencent quand même bien à se connaître, mais bon. Karrah ne veut pas outrepasser certaines barrières. La conversation se dirige sur les chefs de clans et sur leur capacité à pardonner, à laisser une chance à Kelowna. Assez vite, elle répond à Malik : « Oui... Et que d'autres seront prêts à nous donner une chance. Après tout, certains ont la réputation d'être bienveillants au-delà de leurs frontières ».

Lorsque Malik lui dit qu’il est sur qu’elle y arrivera, Karrah sourit un peu. Elle acquiesce appréciant les encouragements qu’il lui adresse et la foi qu’il lui porte. Elle se sent subitement plus sure d’elle, plus capable de le faire. Bien épaulée. Elle s’approche ensuite et se moque un peu de lui et de son autorité. Il transporte la malle sur la petite charrette puis il répond à sa moquerie. Karrah rit en le regardant se diriger vers la porte puis lui dit : « N'y compte pas trop. Il ne te lâchera jamais la grappe. Crois-moi, il n'a jamais lâché la mienne... ». Elle rit de plus belle. Losran n’a jamais laissé tomber Karrah, il a toujours été exigeant avec la rouquine. Encore plus maintenant. Puis, elle dit : « Laisse-moi deux minutes, juste le temps de m’habiller ». Elle se dirige vers un coin de sa chambre en retirant son kimono.

Pendant qu’elle enfile des vêtements, elle demande : « Comment va Isaak ? ». Elle sait que Malik a un frère. Ce qu’elle ne sait pas c’est la nature de leurs relations. Elle donnerait beaucoup de choses pour pouvoir revoir ses frères, les étreindre une dernière fois. Mais c’est impossible. Alors elle sourit et demande : « Tu l'as vu récemment ? ». Elle se doute bien de la réponse. Malik passe toute ses journées avec Karrah, à la protéger, à veiller sur elle à la demande de Losran. Alors il n’a probablement plus beaucoup de temps pour lui. Elle se tourne, en boutonnant son pantalon en toile toujours à moitié nue.

La discussion se termine sur leur réunion à la citadelle. Karrah sait que cela prendre autant de temps aux clans de l’Alliance d’accepter son clan qu’à son clan d’accepter la paix. L’Alliance a lutté pendant des années contre les guerriers sanguinaires du nord, alors dans le fond, elle ne peut que comprendre cela. Mais elle espère que quelque chose sera possible que les négociations seront ouvertes. Elle répond à Malik : « De toute façon, nous ne pourrons pas que compter sur de la bienveillance. Il faudra que nous ayons des arguments. Nous en avons déjà. La force de conviction fera le reste » ce qui semble être une bonne conclusion sur leurs réflexions. Karrah est inquiète bien sûr, mais elle est inquiète de tout depuis quelques mois. Avant, la vie était plus simple : Karrah chassait, elle croyait en elle, en ce qu’elle faisait. Elle était suffisamment talentueuse pour toucher ses proies et suffisamment intelligente pour survivre. Mais les choses sont différentes en politique et son absence de compétences guerrières font d’elle une victime idéale pour les opposants.

Alors qu’elle s’habille, elle interroge Malik sur son frère. Elle écoute ce qu’il répond constatant qu’il ne se tourne pas. Elle sourit un peu amusée à voir qu’il s’entête à rester tournée. Un peu vexée aussi, peut-être, mais Karrah n’osera probablement pas aller plus loin dans la suggestion. Elle qui n’a jamais vraiment fréquenté les hommes n’a que peu d’expérience de ce côté-là et n’est pas assez sur de ce qu’elle pourrait provoquer pour continuer. C’est dommage, mais si cela doit se faire alors les choses se feront. En attendant, elle se contente d’être patiente et répond : « Cela semble être une bonne nouvelle effectivement » elle reste silencieuse et songeuse un instant avant de reprendre pour dire : « Lorsque nous rentrerons de la citadelle, prend du temps pour aller les voir. Losran trouvera quelqu'un pour te remplacer en attendant. Et je m'engage à rester tranquille durant ton absence ». Même si à Sengör, Karrah ne s'agite pas tant que ça, elle ne part pas chasser seule, elle a bien trop de choses à faire et à penser pour gérer son clan et veiller à ce que des conflits n'explosent pas un peu partout. Elle sait que nombreux sont ceux qui voudraient la voir morte alors elle ne prend pas de risques inutiles. Elle termine de s’habiller et une fois fait, met un peu d’ordre dans ses affaires avant de s’approcher du guerrier lui suggérant : « Je pense qu’on peut y aller cette fois ».

Karrah est plutôt contente d'avoir pu discuter avec Malik, même si elle est toujours un peu inquiète de la façon dont cette réunion va se passer. Elle ne sait pas vraiment quoi penser de tout cela, elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas ce qu'elle devra dire ou comment le dire. Elle sait qu'il y a des choses qui ne pourront pas forcément être abordées, ou du moins avec une certaine adresse. Et elle n'est pas sure d'avoir suffisamment de tact pour cela. Elle ne maîtrise pas bien les mots et la façon dont parler aux autres. Elle a été souvent seule, ces dernières années. Mais elle se sent un peu mieux. Maintenant que ses affaires sont prêtes, elle n'a plus qu'à s'habiller et elle le fait tout en parlant de la famille de Malik. Elle aimerait pouvoir revoir la sienne. Serrer sa mère dans ses bras, parler à son père, voir son regard dur et exigent posé sur elle. Et entendre les rires de ses frères devenus malicieux envers elle après la mort de leur mère. Elle pense aussi souvent à son oncle et à tout ce qui lui a appris. Elle retient son soupire, mélancolique. Malik lui répond et elle sourit un peu : « Je suis contente de l'entendre, c'est vraiment bien ». Maintenant qu'elle est prête, elle prend son arc et son carquois puis sort de la pièce. Une fois hors de sa chambre, elle lui dit : « Tu sais, même si ça paraît compliqué parfois, surtout chez nous... » elle marque une pause en le regardant et lui sourit un peu l'embrassant sur la joue avant de conclure : « ... la famille est ce que nous avons de plus important ». Elle lui sourit et s'éloigne simplement.