(#) [Akeela - Madaline] Promenade avant l'aube Jeu 10 Mai - 23:52
Dernière édition par Akeela le Dim 4 Nov - 17:26, édité 1 fois
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(#) Re: [Akeela - Madaline] Promenade avant l'aube Ven 11 Mai - 12:48
promenade avant l'aube akeela & madaline.
Un bruit sourd contre le bois, et mué sur tes lèvres un grognement inaudible – dans un froissement de draps tu t’agites, pantin de rêves brumeux, avant qu’un second coup ne vienne fracasser la porte. Arrachée au sommeil, tes doigts se glissent sous l’oreiller, caressant du bout des ongles l’acier froid des lames dissimulées la veille, te redressant à peine dans ta couche, les lippes scellées dans un silence de mort, les opales scrutant la noirceur oppressante de la pièce. La porte s’ouvre enfin dans un coup de botte – l’air siffle, une lueur vacille dans un rayon de lune et le craquement est sinistre, alors que l’une de tes lames s’enfonce dans le bois tendre, à quelques centimètres du visage de l’intrus. Un rire étouffé, vibrant de nervosité cependant, et cette voix qui susurre tandis que tu te tiens prête à jeter la seconde dague. « Tu m’as loupé Madaline. » Un souffle nait contre tes lippes, tandis que tu cherches à tâtons à allumer une chandelle – une fois la lueur de la flamme éclairant la pièce, tu jettes au nouveau venu un regard agacé. « Je ne pouvais pas mieux atteindre ma cible ; la prochaine se fichera entre tes deux yeux, si l’envie de prenait de venir me réveiller de nouveau. » tu pestes en t’extirpant des draps, si peu vêtue que l’homme laisse couler ses prunelles vers le sol, mal à l’aise. « Que me vaut le plaisir de te voir de si bonne heure ? » que tu lâches, amère et ensommeillée, tandis que tu te saisis de quelque vêtement à te mettre sur le dos. Un coup d’œil par la fenêtre – le jour ne tarderait guère à se lever, et déjà les dernières lueurs des étoiles se mourraient. « « L’Ipa a quitté la cité… » qu’il commence, hésitant – tu cesses alors tout mouvement, lui intimant silence à travers une œillade noire et froide. « À quoi bon la flanquer d’un garde du corps s’il est pas foutu de la surveiller. » tu maugrées en enfilant une cape, t’harnachant de tes poignards et disparaissant dans la nuit.
Les premières couleurs de l’aube peignent le ciel de pastel lorsque tu poses de nouveau pied à terre, attachant la bête empruntée aux écuries de la Citadelle à une branche basse. Tu n’as pas eu à chercher bien longtemps – habituée aux sorties nocturnes de l’Ipa tu savais désormais où la trouver lorsque personne ne parvient plus à lui mettre la main dessus. Tes doigts caressent la tempe de Hasufel un instant, tandis que de tes onyx ombrageux tu cherches Akeela parmi les feuillages. Sans un mot, tu te hisses parmi les branches, la maudissant de toujours venir se fourrer dans les endroits les plus inaccessibles – arrivée à sa hauteur, tu te laisses couler à ses côtés et vrilles ton regard sur l’horizon de sang.
L’astre entamera bientôt sa course et le spectacle qu’offre le lever du soleil est à couper le souffle. Subjuguée par la beauté qu’offre le monde, tu restes un moment silencieuse, laissant à Akeela tout le loisir de profiter de ce moment pour lequel elle a pris tous les risques. Car malgré votre surveillance accrue de l’Ipa – surtout avec le tumulte des dernières réunions politiques et l’euphorie de la fête de l’Alliance en approche – celle-ci échappait sans cesse aux regards affutés de son garde attitré, lui glissant entre les doigts telle volute de fumée. Tu n’en voulais pas à Kalevi – après tout Akeela était-elle une jeune femme maligne et douée pour se faire la malle sans que personne ne s’en aperçoive, toi-même t’étant faite, à plusieurs reprises, avoir par son petit manège. D’un côté, tu ne pouvais que comprendre son besoin de grand air – son rôle d’Ipa était éreintant et parfois la vie à la Citadelle devenait oppressante pour une si jeune femme aux responsabilités bien trop grandes. De l’autre, tu ne pouvais t’empêcher de grincer des dents lorsque tu apprenais qu’elle avait encore disparu, d’autant plus au beau milieu de la nuit. Sans doute ne se rendait-elle pas compte des risques encourus, sans doute ne mesurait-elle guère les conséquences que pouvaient avoir ses escapades, seule dans les terres dangereuses de l’Alliance. Mais tu avais beau la rabrouer, elle n’avait que faire de tes remontrances.
De longues minutes s’étaient écoulées lorsque tu laisses enfin échapper un soupir désapprobateur. Vos prunelles se croisent, et tu n’as nul besoin de parler, tu sais qu’elle a comprit que sa conduite était inconsciente. Si seulement elle en avait quelque chose à faire – son sourire espiègle n’arrive désormais plus à te berner, tu sais qu’elle secourra la tête lorsque tu te décideras à lui faire la morale, faisant mine d’être désolée sans vraiment entendre tes paroles, et qu’à la première occasion elle réitérera. Alors tu abandonnes l’idée de lui remonter les bretelles – Kalevi se chargera bien mieux de cet aspect là. « Je m’inquiète pour toi tu sais, quand tu disparais sans un mot. » tu murmures simplement, espérant remuer en elle quelque chose de plus personnel qu'avec de simples accusations sévères et dures.
Spoiler:
pour le coup désolé, c'est moi qui ait fait un pavé. j'espère que ça te convient.
(#) Re: [Akeela - Madaline] Promenade avant l'aube Jeu 17 Mai - 0:08
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(#) Re: [Akeela - Madaline] Promenade avant l'aube Sam 19 Mai - 16:04
promenade avant l'aube akeela & madaline.
L’horizon se peint doucement aux couleurs d’ocre et de sang et les premiers rayons ne tardent guère à réchauffer ta peau. Un instant tu clos tes paupières, te remémorant les nuits glaciales du désert et les dangers que représentait le lever du soleil de Shisayo – ton corps porte encore les stigmates de brûlures, bien dissimulées sous les pans de cuir lassé, cicatrices éternelles d’une vie balayée, que tu refuses désormais de contempler. Lorsque tu rouvres les yeux, l’astre s’est déjà élevé au dessus de l’infini, et les plaines alentours semblent reprendre vie avec le jour qui point doucement ; les dernières étoiles s’éteignent, et bientôt la lune se mourra-t-elle à son tour.
Arrachée à la contemplation de cet époustouflant spectacle par le devoir que tu es venue accomplir, tu accroches tes onyx sur le visage de l’Ipa – les sourcils froncés, le regard perdu au loin, tu sens bien la jeune femme frustrée par ta présence à ses côtés. Et lorsque ses prunelles se détachent de l’horizon, elle baisse la tête, évitant ton propre regard empli d’inquiétude. Évidemment qu’elle ne cherche pas à emplir vos cœur d’angoisses, ni à toi, ni à Kalevi, ni à aucune autre âme vouée à sa protection – toujours est-il que lorsque l’un de vous s’aperçoit de son absence, le palpitant s’affole, la gorge se serre, et pendant un instant les plus noires pensées emplissent les esprits, allant jusqu’à imaginer le pire. Nombre de fois où tu l’as crue capturée par un dissident de quelque clan ou pire, tuée par une bête ou un fou opposé à son pouvoir – tes nuits sont parfois sans sommeil, animées de cauchemars, tes peurs qu’il lui arrive malheur prenant le dessus sur toute raison. Tu ne supporterais pas que quoi que ce soit de mauvais lui arrive, à elle qui t’avait sauvée jadis. Sans doute estimais-tu que tu lui devais la vie et que la sienne valait tellement plus que ta pauvre existence.
Mais jamais tu ne pourrais l’empêcher de voler de ses propres ailes – jamais tu ne pourrais l’enfermer dans une cage dorée à la Citadelle, la condamnant à une triste vie menottée à ses responsabilités. Tu comprenais son besoin d’évasion, son sentiment d’étouffer en ville – t’avais vécu la même chose, presque dix ans en arrière, lorsque tu avais décidé de fuir le désert, et tu serais bien incapable de lui infliger telle sentence. Alors sans doute fallait-il trouver un compromis, un terrain d’entente qui permettrait tant à Akeela tant à la garde de ne plus s’inquiéter. « J’entends bien ce que tu me dis, et je comprends ce sentiment qui t’anime, mais… tu commences, marquant une pause pour peser tes mots Avec toutes ces choses qui se passent en ce moment, ces changements qui planent dans l’air, on ne peut pas se permettre de jouer sur ta sécurité. »
Un instant tu hésites, attrapant ta lèvre inférieure entre tes dents et serrant les poings contre tes cuisses. Et finalement tu estimes que si ce n’est pas toi qui le lui dit, personne d’autre ne le ferrait, alors tu te lances, cherchant son regard de tes prunelles ombrageuses. « J’entends les murmures Akeela, ces gens qui chuchotent que tu as perdu la tête, et que laisser une chance aux barbares de Kelowna conduira l’Alliance à sa perte. Et je sais que tu les as entendus aussi. Bientôt l’on commencera à douter de tes choix, et il en faudra peu pour qu’une révolte éclate – que ferons-nous alors, lorsqu’en plus des kelowniens il faudra affronter des dissidents de ton propre peuple, si nous ignorons où est passée l’Ipa ? » Le souffle court, tu laisses la jeune femme s’imprégner de ta longue tirade. Elle sait d’ors et déjà ce que tu penses de la probable entrée du clan du nord dans l’Alliance. Déjà, deux ans plus tôt, tu avais montré quelque retenue lorsque Sengoli avait rejoint les autres clans – et aujourd’hui encore tu te méfiais d’eux. « Comprends-moi Akeela, loin de moi l’idée de vouloir te faire suivre à chaque pas que tu feras – mais au moins dois-je savoir où tu te trouves lorsque tu décides d’échapper un peu à la Citadelle. Jamais je ne t’obligerais à rester entre ces murs, et je sais que je ne pourrais pas t’empêcher de sortir. Mais je te le demande, s’il te plaît, averti quelqu’un de tes escapades, et je te promets que je ferais en sorte que personne ne te suive. » Le compromis était lancé, c’était désormais à elle d’en décider l’issue.
(#) Re: [Akeela - Madaline] Promenade avant l'aube Mer 23 Mai - 23:29
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(#) Re: [Akeela - Madaline] Promenade avant l'aube Dim 3 Juin - 19:10
promenade avant l'aube akeela & madaline.
Cette discussion est sans issue, tu en es parfaitement consciente Madaline. Tu n’as aucun doute sur la bonne volonté de l’Ipa à ne plus vous inquiéter, tant toi que les autres gardes voués à sa protection, lors de ses sorties en douce – mais tu sais également que personne, aussi déterminée soit-elle, ne pourra l’empêcher de s’évanouir dans la nature le temps de quelques heures, d’échapper au tumulte de la Citadelle pour une bouffée d’air frais. Sans doute à sa place aurais-tu réagis de la même façon, exécrant le sentiment d’enfermement incombant à son rôle. Mais tu n’étais pas l’Ipa, et jamais ne comprendrais-tu le combat qui rugit en elle, ce désir ardent d’être, un instant, une jeune femme normale, déliée de toute responsabilité. Parfois tu te risquais à imaginer ce qu’elle aurait pu devenir si la garde n’avait pas, un jour, débarqué aux frontières de son clan pour y venir arracher l’enfant qu’elle était à la chaleur de son foyer, si un autre gamin avait été désigné apprenti à sa place – tu la voyais alors grande chasseuse, tirant les carcasses de ses proies abattues, libre de vagabonder au cœur des bois, libre des chaines qui l’entravaient désormais, simplement exaltée par la traque de l’animal. Sans doute n’aurait-elle eu pour seule responsabilité le devoir de nourrir sa famille et son clan. Mais il avait fallu qu’elle se trouve plutôt à la tête des clans alliés, si jeune et intrépide, foutu destin lui imposant ce lourd fardeau sans jamais qu’elle n’esquisse la moindre faiblesse.
Tu baisses les yeux Madaline lorsqu’elle te parle de l’Alliance, brisant le lien visuel que tu t’étais acharnée à construire un instant avant. Elle connait tes opinions concernant Kelowna, tout comme elle connaissait ta réticence à accepter Sengoli deux ans plus tôt, ce peuple qui avait jadis massacré tes parents et la caravane avec laquelle tu traversais le désert doré de Shisayo. Et si tu émets toujours quelques réserves à leur sujet, rancunière de ce passé arraché si violemment, tu as fini par accorder à l’Ipa que Skylar n’était pas Sendakan – elle n’était pas une meurtrière et elle n’était en rien responsable de la disparition de ta famille. Alors peut-être qu’au même titre tu finiras par accepter les kelowniens avec le temps mais étrangement tu ne peux te résoudre à l’admettre pour l’instant. Tu te rappelles encore trop bien ces massacres en Pankara, ces villages décimés, ces familles déchirés, horreur et violence laissant l’air frissonnant – et ces souvenirs sont bien trop ardents pour que tu ne voies les peuples du Nord autrement que sous les traits de barbares sanguinaires. « Je n’ai pas confiance en eux, tout comme je n’avais pas confiance en Skylar il y a de cela deux ans. Mais tu m’as montré que je pouvais avoir tord, et que les gens ne répètent pas toujours les erreurs du passé. J’ai foi en ton jugement et en tes décisions… Mais j’ai un mauvais pressentiment. » tu lâches au bout d’un moment, sans pouvoir expliquer d’où te vient le poids qui écrase ton cœur depuis qu’a eu lieu la réunion des clans quelques jours auparavant. C’est comme une pensée venimeuse, morsure empoisonnée qui te prend à la gorge, te paralyse les membres – et alors que tu cherches l’origine de ce malaise qui te fait trembler, tu butes contre un mur de silence. Alors tu te gardes bien de dévoiler ce qui tourmente ton âme d’ordinaire, mais ce matin, à quelques semaines des festivités célébrant l’unité des clans, tu ne parviens plus à contenir l’angoisse qui te taraude.
Tu ne peux empêcher un sourire d’étirer tes lippes lorsque Akeela t’assure qu’elle essayera de ne plus se soustraire à votre bienveillante surveillance – tu n’es pas dupe, et tu es parfaitement consciente qu’elle en est tout bonnement incapable. Trois années déjà que la garde mène un combat permanent avec l’Ipa pour limiter ses sorties clandestines ; alors ce n’est pas pour si tôt qu’elles cesseront. Tout comme la jeune femme est lucide quant à ta promesse de lui laisser la liberté d’aller et venir sans escorte. Vous vous muez dans des promesses que vous ne pourrez guère tenir, car tu sais que tu n’empêcheras jamais Kalevi d’accomplir son devoir. « Kalevi est indomptable, d’autant plus lorsqu’il s’agit de ta sécurité – je ne peux donc pas te promettre qu’il ne fera rien s’il apprend que tu comptes sortir seule. Mais j’imagine que s’il n’en sait rien, cela ne pourra guère lui faire de tord... Quant aux autres gardes, ils appliqueront les ordres que je leur dicterais. » tu souffles en replongeant tes onyx dans les prunelles d’Akeela. Et lorsqu’elle te propose de l’accompagner à sa prochaine sortie, tu esquisses un geste pour attraper l’une de ses mains – à cet instant, tu sens la douce tiédeur de la complicité t’envelopper, touchée que l’Ipa ait une pensée à ton égard, l’envie de partager un de ses rares moments d’apaisante solitude avec toi. « J’en serais très heureuse Akeela. » que tu lui réponds dans ton sourire le plus sincère. « Tu sais, il y a bien longtemps que mes parents ont été avalés par le sable du désert – tu es la seule famille qu’il me reste, et je ne me le pardonnerais jamais s’il t’arrivait quelque chose de mal. » Un murmure perdu dans ton sourire, la voix tremblante d’émotion, tu presses ses doigts entre ta paume. Car Akeela était bien la dernière personne sur terre que tu considérais comme étant de ta tribu, celle du cœur, celle que l’on choisi lorsque son monde est dépeuplé – elle n’avait pas seulement sauvé la vagabonde que tu étais quelques années plus tôt, elle lui avait fait confiance, l’avait écoutée, avait cru en elle. Et pour cela, tu ne lui serais jamais assez reconnaissante.