(#) [Ligeia - Madaline] Mission de sauvetage Sam 19 Mai - 4:46
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(#) Re: [Ligeia - Madaline] Mission de sauvetage Sam 19 Mai - 16:05
mission de sauvetage ligeia & madaline.
Quelques semaines s’étaient écoulées désormais, depuis que tu avais quitté la sécurité de Galene, t’arrachant à l’hospitalité chaleureuse de Priam pour t’enfoncer dans les forêts et plaines des terres Pankara. Remise sur pieds et ragaillardie par les bons soins et les vivres offerts par le second du chef de clan, tu l’avais mille fois remercié, lui promettant dans un souffle que vos routes se recroiseraient très vite. « Que l’âme du désert veille sur toi, Priam du clan Pankara » que tu lui avais lancé en quittant les abords de la petite ville, jetant un dernier coup d’œil dans sa direction avant de ne plus te retourner. Les jours avaient passé, tandis que tu longeais d’abord la côte, profitant des embruns d’un océan que tu n’avais jamais aperçu avant. Passant de village en village, t’arrêtant quelques jours sans vraiment t’y attacher, ruminant sur les routes quant à ta prochaine aventure – devais-tu poursuivre toujours plus au nord, et te risquer dans les landes de glace et de neige, ou devais-tu plutôt bifurquer vers l’est et alors fouler les plaines d’Ashkadi ? Tu savais seulement que tu ne rebrousserais guère chemin, que les dunes du désert du sud étaient désormais loin dans ton dos, et que sans nul doute ne manquerais-tu à personne pour que cela vaille le coup d’y retourner un jour. Parfois le sable de Shisayo te manquait – la caresse ardente de l’astre solaire, l’horizon se perdant à l’infini sur cette étendue sablonneuse, la cadence endormie des caravanes cabanant doucement… Et alors tu te rappelais ô combien tu t’étais sentie trahie, jugée, seule devant le regard de tes pairs, ces nomades qui n’avaient plus été ta famille depuis la mort atroce de tes propres parents. T’enfuir de cette vie trop rude avait été la meilleure décision, quand bien même n’étais-tu qu’une gamine à peine faite. Désormais l’inconnu te tendait les bras, t’offrant à la beauté d’un monde dont tu savais si peu de choses.
Arrivée au nord des terres du clan, tu t’étais finalement décidée à prendre à l’est – les échos de l’horreur des landes nordiques t’y aidant. Guère désireuse de venir te frotter aux sanguinaires Kelowniens, tu préférais alors venir tâter l’amabilité d’Askhadi. À mesure que tu t’éloignais des rivages, la nature devenait plus dense et les villages plus rares – tu avais entendu que rejoindre les frontières ne te prendrait que quelques jours, mais l’idée même de ne pas pouvoir te ravitailler en eau et nourriture sur la route t’emplissait d’angoisse. Nulle âme ne semblait vivre au cœur des forêts et bientôt seul l’écho de ton souffle contre les cimes venait troubler le silence oppressant des bois. Tu marchais à vive allure, avalant les milles à grandes enjambées – nerveuse, tes doigts cherchaient sans cesse la présence rassurante du petit couteau de ton père, accroché rapidement à ta ceinture. Une lame si courte ne te serait d’aucune utilité si tu venais à être attaquée, d’autant qu’elle avait fini par s’émousser avec le temps – mais le simple contact de l’acier sous ta paume, la fraîcheur du métal contre ta peau, suffisait à te faire avancer plus vite. La nuit tombant, tu t’arrêtais prendre quelques heures de repos à l’écart de la piste, abritée par les fourrées. Tu ne pris pas la peine d’allumer un feu, de peur d’ameuter les bêtes sauvages – ou pire, des humains aux intentions douteuses ; tu mangeais alors tes maigres provisions froides, et ton cœur se serra lorsque tu te rendis compte qu’il te restait à peine de quoi survivre pour la prochaine journée. C’est l’esprit lourd que tu t’endormis, les sens en alerte et les muscles endoloris.
(…)
Ce sont les premières lueurs de l’aube et les bruits d’une forêt pleine de vie qui te réveillent, t’arrachant violemment au sommeil. Aussitôt debout, tu rassembles rapidement tes affaires, effaces les quelques traces de ton passage et te remets en route – si ton estimation était exacte, il te restait moins d’une demi-journée de marche pour atteindre la frontière est. Fatiguée par ton voyage depuis que tu avais quitté la capitale Pankara, tu subissais désormais le contrecoup de plusieurs jours de marche – ton corps commençait à devenir douloureux de toute part, et ton estomac qui se creusait de faim à mesure que la journée défilait n’arrangeait en rien les choses. Alors la cadence se fait moins rapide, les membres lourds se trainent. Bientôt pourtant, un élément attire ton attention, et tous tes sens s’éveillent de nouveau – approchant d’un arbre, tes doigts frôlent l’écorce abîmée et souillée par des projections de sang à peine séché. T’as le cœur qui se serre, les sourcils qui se froncent, pourtant tu reprends ta route d’un pas rapide, oubliée la douleur de tes jambes engourdies. Tu aperçois rapidement, à l’orée d’une petite clairière, les ombres de petites maisons de bois, et aussitôt le mugissement de vie qui provient de ce hameau perdu t’assaille. Un sourire étire alors tes lèvres, et tu t’empresses de rejoindre les habitations. Pourtant, en traversant l’unique route du village, tu sens que quelque chose cloche, et tu repenses aux traces de sang aperçues plus tôt. La panique ambiante t’enserre la poitrine – de toute part, des hommes et des femmes courent, des blessées beuglent leur souffrance, et des morts s’entassent ci et là. Tu comprends vite le drame qui a frappé ce village, et guère désireuse de rester plus longtemps dans les parages, tu hésites un instant à faire demi-tour et à emprunter une autre route, quitte à t’éloigner des sentiers battus. Pourtant un attroupement de gens, un peu plus loin, t’interpelle, et tu ne peux résister à l’envie d’en savoir plus sur ce qui est arrivé ici. Tu te frayes alors un passage entre les villageois, et les échos de riposte d’une jeune femme parviennent à tes oreilles.
L’asiatique jette un œil à l’assemblée qui lui fait face et qui n’a guère l’air de vouloir lui prêter main forte. Sans doute te serais-tu ravisée également, si ton estomac ne t’avait pas rappelé que tu étais à court de vivres – mais l’appel du gain est trop fort, et tu te dis qu’en aidant cette femme à retrouver l’enfant disparue, tu pourrais être grassement remerciée. Alors tu écartes de tes bras les dernières personnes qui te séparent de la jeune femme, qui ne te parait pas beaucoup plus âgée que toi, et d’une voix forte et claire tu lâches « Moi. Je vais t’accompagner. » Bientôt tu entends des rires étouffés derrière toi – comment deux gamines pourraient-elles faire le poids ? Tu les ignores, dardant tes prunelles d’onyx dans celles de l’asiatique. « Donnez-moi une arme digne de ce nom, et on ira la trouver la môme. » tu continues en détachant ton rustique couteau de ta ceinture.
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(#) Re: [Ligeia - Madaline] Mission de sauvetage Jeu 24 Mai - 5:56
hrp:
sent toi libre d'improviser
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(#) Re: [Ligeia - Madaline] Mission de sauvetage Dim 3 Juin - 19:08
mission de sauvetage ligeia & madaline.
Un sourire, un coup de tête t’invitant à la suivre, et tu fends une nouvelle fois la foule pour te frayer passage derrière l’asiatique. Dans ton dos, tu entends encore les rires gras de ces gens trop apeurés pour aller d’eux même à la recherche de la fillette disparue, leurs murmures moqueurs, alors que deux gamines à peine faites se lancent corps et âme dans une quête vaine à leur yeux – plutôt laisser l’enfant crever ou être emportée par les barbares au loin, dans les terres du Nord, plutôt que de risquer la vie des rares survivants en tentant de la sauver. D’un côté tu comprends leur réaction – ils avaient essuyé de lourdes pertes, tant matérielles qu’humaines, et cette mission de sauvetage relevait clairement du suicide. Rien ne garantissait que l’envahisseur avait quitté les forêts pankaras – sans doute se cachaient-ils encore entre les bois, guettant les inconscients qui rôderaient dans le coin dans l’espoir de les dépouiller eux aussi. Mais tu hausses pourtant les épaules à cette idée, plus guidée par la faim qui tiraille ton estomac que par le réel devoir de justice dans lequel tu te lances les yeux fermés, en la maigre compagnie de cette jeune fille à peine plus âgée que toi et dont tu ne connais pas même le nom. Alors tu occultes les commentaires railleurs de habitants du village dont tu t’éloignes, concentrant ton attention sur l’asiatique qui approche son canasson pour y aller fouiller la besace qu’il transporte. Elle te tend alors une fine lame, l’acier scintillant un instant dans un rayon de soleil voilé par la cime touffue des arbres entourant le village – tu hoches la tête en signe de remerciement, rattachant le vieux couteau émoussé de ton père à ta ceinture avant de te saisir de l’arme prêtée. Pendant quelques secondes tu t’amuses avec le fil de la lame, la faisant danser entre tes doigts pour en mesurer la légèreté – feu ton paternel t’avait appris, il y a des années désormais, à faire danser les dagues, et tu ne peux t’empêcher d’avoir une pensée émue à sa mémoire tandis que tu te laisses hypnotiser par l’acier qui virevolte. « C’est parfait. » tu lâches dans un souffle avant de la glisser dans son fourreau. Avant de partir, l’asiatique t’offre quelques bouts de viande séchée avant d’aller s’enquérir du prénom de la fillette – tu profites alors qu’elle ait le dos tourné pour croquer à pleine dent dans l’un des morceaux, guère désireuse de faire voir à ta compagne d’aventure que tes forces sont amoindries par la faim qui te ronge les entrailles.
C’est dans un silence de mort que vous pénétrez dans le couvert obscur du sous-bois – l’astre perce à grand peine le tamis épais des feuilles, rendant l’atmosphère pesant, vos pas brisant faiblement le silence de la forêt. Tu n’as guère envie de discuter à vrai dire, te complaisant dans le mutisme qui t’enveloppe à chaque fois que tu t’aventures hors des sentiers battus. Tu as fini par te faire à la solitude et aux monologues muets que tu mènes dans esprit, ne t’épanchant jamais dans de grands discours. Les bavardages n’ont jamais fait partie de ta vie, et il y a bien longtemps que tu as cessé d’alimenter les discussions de tes mots amers. Alors, lorsque l’asiatique entache le silence respectueux des bois de son flot de paroles, tu la maudis presque, sans le laisser voir cependant. « Madaline. » tu réponds presque par automatisme, sans avoir réellement écouté ce qu’elle te disait. À vrai dire, ton ouïe se perd plus loin, là où tes iris ne peuvent plus voir, écoutant les fourmillements qui régissent ces bois, à la recherche d’un son peu commun, d’un bruit inattendu trahissant une présence. À tes côtés, celle s’étant présentée comme Ligeia fouille de ses prunelles le sol humide, couvert de feuille aux mille couleurs chaleureuses – dans un soupir, elle s’accroupit, déçue par l’absence de traces, d’indices qui auraient pu vous permettre d’en savoir plus sur la disparition de la gamine. Trop légère pour avoir enfoncé la terre meuble de son poids – ou alors quelqu’un s’est assuré que la piste ne serait pas suivie. Tu fronces les sourcils ; quelque chose cloche, et à ton avis la fillette ne s’est pas simplement enfuie, plutôt enlevée par les assaillants du village pour en faire une esclave de leur clan. Tu t’éloignes un peu de ta compagne, jaugeant la profondeur des bois des tes opales sombres tandis qu’elle te questionne sur les indices que tu aurais pu trouver et qui auraient échappé à son attention. « Non rien… Il se passe quelque chose d’étrange ici, il y aurait dû avoir des traces, quelque chose, n’importe quoi. On dirait que Rhaey s’est envolée, littéralement. » tu murmures, plus pour toi-même que pour Ligeia, pour mettre des mots sur tes pensées confuses.
Alors un craquement vient frustrer le cours de ta réflexion. Dans un battement de cœur manqué, vos regards se croisent, mués de terreur – Ligeia se redresse, appelant d’un ton clair le prénom de l’enfant, tandis que tes prunelles se perdent une nouvelle fois dans la contemplation des alentours. « Chut… Tu as entendu ? » Ce n’est pas Rhaey. Ton oreille perçoit un autre bruit, plus étouffé, plus mat, que l’asiatique ne semble pas avoir entendu. Ton palpitant s’affole, ta gorge se serre. Un souffle se perd dans l’air. « Attention ! » Et sans réfléchir tu te jettes sur ta partenaire, la clouant au sol tandis qu’un sifflement passe au-dessus de vos visages plaqués dans la boue – la flèche se plante quelques mètres plus loin, dans une volée de feuille. Tout s’accélère, tu roules au sol pour te redresser, dégainant ta dague que tu ne sais où pointer, tandis que de derrière les troncs des silhouettes s’extirpent de l’ombre. D’abord une, une nouvelle flèche encochée à son arc bandé sur toi, puis deux autres, lame au poing, un rictus mauvais déformant leurs traits. Intérieurement tu jures – tu regrettes presque de ne pas avoir détourné ta route en tombant sur le village pillé, comme tu en avais eu l’intention avant d’entendre l’appel à l’aide de Ligeia. Mais désormais le danger face à vous, tu ne pouvais plus reculer – se battre ou mourir. Tu tends alors une main vers ta compagne toujours au sol « Vite, Ligeia, debout ! Ton épée… » tu lui cries en la redressant brutalement. Mais déjà les trois hommes se sont approchés, menaçants.