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 [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil

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(#) [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyLun 13 Aoû - 22:40

Milieu de Kùm 150

Des feuilles mortes crépitèrent sous sa semelle à l’instar d’une volée d’éclats de métal. Un battement sourd ébranla sa cage thoracique, un indicible tambour de guerre qui résonnait en mille échos assourdissants. Misérable oiselle qui regardait par-dessus son épaule en croyant voir resurgir ces loups affamés de violence, elle pressa le pas. La mine hagarde et le pas chancelant, sa course la précipita dans un tas de foin, d’où elle émergea couverte de poussières et de cendres. Un goût de bile lui remonta dans la gorge, brûla son palais et lui piqua les yeux. Ô parfum de terreur ! Partout où que portât son regard, les fastes lumières de la fête précédente livraient bataille à ces vestiges d’aujourd’hui, exposant le fier tableau de chasse des barbares en une mer de cadavres et de désolation.

Sise derrière le masque impassible de l’incrédulité choquée, une petite fille tapie dans l’ombre pleurait pour toutes celles et ceux qui ne pouvaient pas – ne le pourraient plus jamais. L’âme esseulée nommée Niallàn contemplait avec horreur le carnage des espoirs brisés, davantage que celui des vies perdues.

Les heures avaient passés. Pas la douleur. Tête haute, les ongles encore encroutés de sang séché malgré ses soins, l’oriflamme blanche de sa chevelure battant ses reins, Niallàn se faufilait entre les tentes de fortune et les lits de camps des diverses infirmeries des clans, cherchant à y reconnaître un visage familier parmi les survivants. Sitôt le drame et le choc mis de côté, les guérisseurs s’étaient activés à faire profiter de leur savoir tous les blessés. Niallàn s’extirpait de sa cachette, trop ivre encore du simple fait d’être vie pour en ressentir de la honte, à l’instant où résonnaient les premières annonces de la fin de l’attaque. Elle avait couru jusqu’au premier guerrier sengoli aperçu. Elle voulait s’enquérir de l’état de leur reine. Tout ce qu’elle parvint à apprendre fut que Skylar avait été touchée. La jeune femme avait manqué s’écrouler à cette nouvelle. Son monde était en danger comme jamais auparavant il ne l’avait été.

Ses pensées volèrent vers ses proches, ceux qu’elle aimait sans réellement assumer son attachement. Ses parents, Eurydice, Annabeth, Elanor… Tant de noms qui ne signifieraient plus rien si la mort les fauchait. Dès que cela lui fut permis, la Sengoli se réfugia auprès de son amie d’enfance, certaine qu’elle pourrait sangloter et évacuer sa peine entre ses bras, en attendant une accalmie dans la psyché tourmentée que cette barbarie avait fait naître en elle. Annabeth avait été rapidement repérée, pour son plus grand soulagement et Niallàn s’était soudainement effondrée aux côtés de la guerrière pankara. Elle sentait confusément que cette sécurité était précaire, auprès de son amie mais cette consolation valait bien plus que tous les abîmes de désespoir qui maculaient les vertes plaines d’Askhadi.

Employant du mieux qu’elle le pouvait ses maigres ressources en soins aux êtres humains, Niallàn arpentaient dorénavant depuis des heures le camp des blessés. Elle ne s’occupait que des plaies bénignes et souffrait de cette impuissance à mieux faire mais c’était tout ce qu’elle pouvait accomplir pour l’instant. Elle errait entre les civières improvisées, l’âme en deuil, le cœur en feu et les yeux secs, tel un de ces automates rêvés du « monde d’avant ». Pleurs, cris et gémissements glissaient sur elle sans paraître l’atteindre. Qu’elle ne fut pas sa surprise, au milieu de ce chaos où elle pensait ne plus pouvoir ressentir quoique ce soit, lorsque ses pas la conduisirent à une jeune femme à l’aura familière. Ces cheveux d’or, cette peau de cuivre… La Sengoli cilla.

- E… Elyris ? balbutia-t-elle en ouvrant de grands yeux.

Ce murmure incrédule franchit ses lèvres avant même qu’elle ne le formule dans son esprit. Sa gorge se serra douloureusement. Son masque se craquela durement et la vraie Niallàn, la fragile créature en quête de paix, vacilla sur ses jambes. Elle se rattrapa de justesse et tenta vainement d’aligner des paroles intelligibles. Echec.

- Tu es vivante.

Ce fut tout ce qu’elle parvint à dire. Elle s’aperçut avec horreur qu’elle n’avait pas même croisé la jeune forgeronne durant la fête. Elyris aurait pu mourir sans qu’elle ne s’en aperçoive. Niallàn pâlit plus encore.


Dernière édition par Niallàn le Dim 26 Aoû - 15:29, édité 1 fois
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Elyris
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyLun 13 Aoû - 23:21


La vie ne tient qu'à un fil


« Elyris & Niallàn »

Elyris se réveilla sur un simple lit de paille, dans un entrepôt reconverti en hôpital. Sur le coup, encore groggy, elle ne réagit pas. Ses souvenirs restaient confus : les flammes des feux – ou de sa forge – et l'éclat des lames – ou de ses outils – s'entremêlaient. Elle se souvenait vaguement des cris, des hurlements. Du cliquetis des armes se croisant, du râle du fer contre le fer. Elyris se rappelait avoir pris une arme sur un corps, s'être levée et se battre. Mais ces mouvements, ces souvenirs... ils lui paraissaient venir de quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui avait tué un homme. Quelqu'un qui avait failli mourir. Elyris rouvrit les yeux, subitement paniquée. Avait-elle vraiment fait ça ? Était-elle vraiment devenue une meurtrière ?

La jeune femme se redressa sur son lit improvisé, ses coudes plantés dans la paille qui la piquait. Elle contempla ses mains, effarée de les trouver ensanglantées. Le sol tangua devant ses yeux ; tous les bruits s'éloignèrent brutalement, puis revinrent la frapper en pleine face. Où était-elle ? Au milieu de blessés et de guérisseurs. Avec qui était-elle ? Avec des inconnus. La forgeronne sentit une crise de panique pointer : les points noirs habituels dansèrent la samba devant ses yeux, sa respiration se bloqua par intermittence. Ce n'était pas le moment de faire une crise d'angoisse. Elle devait se reprendre. 3 6 9 12 7 4 1... 10 5 8 3 7 2 0... Elyris se concentra sur la technique que lui avait apprise son instructeur, et put reprendre son souffle et une partie de ses esprits.

« E... Elyris ? » La vision encore floue, Elyris leva la tête et plissa les yeux. La clarté de sa vision revint petit à petit, et elle discerna Niallàn, qui vacillait et se rattrapait à une table. Interdite, Elyris la contempla. Une vision ? Un fantôme ? Une personne ? Elle avait du mal à savoir. La panique revint lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne savait pas ce qu'il était advenu de son père, ni de son instructeur, ni de son mentor. « Tu es vivante. » lâcha  Niallàn, les yeux fixés sur elle. Elyris se concentra sur sa voix, et s'apaisa petit à petit. « Oui. Toi aussi. Je ne savais pas que tu étais là. » Elle avait besoin de parler. De discuter, en réalité. De se concentrer sur sa voix, sur ses cordes vocales qui vibraient et résonnaient dans son cou ; d'entendre quelqu'un, de se concentrer sur les paroles et leurs sens. Elyris avait baissé la tête pour se concentrer. Ses cheveux lui tombaient devant les yeux. Néanmoins, ils ne l'empêchèrent pas de voir l'état de sa jambe. « Ah. » laissa échapper Elyris, plus un gémissement qu'un commentaire. Un grossier bandage n'empêchait pas le sang de couler d'une plaie qu'elle n'osait pas voir. Et... « Maintenant, ça fait mal. »
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyMer 22 Aoû - 23:41

Le cœur battant à tout rompre, à tel point qu’elle aurait pu croire qu’il n’y avait pas assez de place pour lui dans sa cage thoracique, Niallàn osa faire un pas de plus sous la tente. Chaque détail issu de sa mémoire se superposait à l’image qu’elle avait présentement sous les yeux. Elyris lui apparaissait enfin dans son entièreté, assise sur sa paillasse de paille, ses yeux brillants dans la pénombre. Des yeux qui brillaient un peu trop. Humides de pleurs peut-être, fiévreux sans aucun doute, ils ne cillèrent pas quand ils rencontrèrent les prunelles ambrées agrandies par l’horreur. La voix de l’Askhadi explosa sous son crâne et elle revint aussitôt sur terre.

Tu es vivante.

Oui, Niallàn aussi respirait encore. Pourtant, elle n’avait pas cru un seul instant en sa survie lorsque le Kelownien s’était apprêté à la fendre en deux. Il avait fallu qu’un guerrier anonyme meure pour la sauver du coup fatal. Un homme qu’elle ne pourrait jamais remercier, faute de connaître son nom. Ce regret la hanterait, elle le savait.

Elle opina du chef à l’affirmation d’Elyris. Ce fut tout ce qu’elle parvint à faire dans l’immédiat. Toujours campée devant le lit de fortune, hésitante, elle était figée pareille à une statue de sel. Ce n’était pourtant qu’Elyris, qu’elle avait connue en Askhadi durant sa formation, qui réparait la dague d’Eurydice et enseignait quelques notions d’auto-défense à Niallàn à l’occasion. Ce n’était qu’une fille croisée au hasard, une simple connaissance… Alors pourquoi le cœur de la Sengoli galopait-il comme un cheval fou ?

Une grimace de douleur tordit le visage d’Elyris. Niallàn baissa les yeux. L’odeur du sang lui sauta au visage et elle trembla. L’odeur était omniprésente dans le camp ravagé mais, cette fois, elle voyait un sang ami couler. Car oui, Elyris était son amie. Voilà ce que son palpitant lui criait avec tant de vigueur depuis quelques secondes. Elle avait manqué perdre une de ses rares amies sans le savoir.

Niallàn bascula soudain en avant. Elle tomba à genoux près de la jeune femme, parcourue d’un irrépressible frisson et porta une main tremblante à sa bouche. Au bord des larmes, un cri muet logé au fond de la gorge, elle regarda tantôt la blessure tantôt le visage d’Elyris. Elle avait l’impression d’avoir reçu un violent coup de poing dans le ventre. De sa main libre, elle fourragea dans sa besace et en retira tout ce qu’il restait de ses outils – c’est-à-dire pas grand-chose. Alors qu’elle avançait une main vers la jambe grossièrement pansée, elle arrêta son geste à mi-chemin.

- Je ne savais pas que tu étais là. Je n’aurais pas dû non plus me trouver là. C’est la Dissidence kelownienne qui a attaqué. Tout le monde en parle dehors. De quoi tu te souviens ?

Sa voix s’étrangla sur les derniers mots. Elle approcha timidement ses doigts du bandage de fortune. Ravalant ses larmes, elle se composa difficilement une expression plus professionnelle. Elle avala péniblement sa salive et poursuivit d’un ton plus ferme, les yeux durs :

- Ne bouge pas ta jambe. Ça va faire encore plus mal.
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Elyris
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyJeu 23 Aoû - 13:40


La vie ne tient qu'à un fil


« Elyris & Niallàn »

Elyris observa sans vraiment le voir le visage ravagé d'angoisse de Niallàn. Elle avait l'impression de flotter dans un nuage de douleur, dont le point chaud était sa jambe et la longue estafilade qui la barrait. La jeune femme avait beau être consciente des bruits et des odeurs autour d'elle, elle n'arrivait tout simplement pas à ressentir quoi que ce soit. Pour une fois dans sa vie, alors qu'elle était entourée d'inconnus, Elyris ne ressentait pas d'angoisse. Ni angoisse, ni anxiété, ni peur. Rien du tout. Juste du néant. Une chape de douleur, qui la recouvrait comme un linceul, et annihilait tout. Léthargique, elle n'arrivait pas à sortir de ce seuil entre la conscience et l'inconscience.

« Je ne savais pas que tu étais là. Je n’aurais pas dû non plus me trouver là. C’est la Dissidence kelownienne qui a attaqué. Tout le monde en parle dehors. De quoi tu te souviens ? » Elyris revint à elle, juste assez pour se rendre compte que Niallàn était à présent agenouillée à côté d'elle, et se préparait à s'occuper de sa jambe. La jeune femme sentit un tressautement de subite frayeur parcourir sa jambe, et un frisson remonter le long de son dos. Elle aurait préféré rester dans sa léthargie. A présent, c'était trop tard, elle était comme réveillée, et elle sentait déjà son souffle s'accélérer et la sueur lui rouler dans les yeux. Elyris fit un effort de concentration sur elle-même, avala sa salive sans réussir à dessécher sa gorge.

« J'habite ici, Niallàn. Évidemment que j'étais là. » De quoi tu te souviens ? Les sourcils froncés, Elyris tentait plutôt de ne pas se souvenir. Du mort. De l'homme qu'elle avait tué. C'était la première fois. Étrangement, la léthargie revint. Froidement, elle analysa la situation qu'elle avait vécu : tuer, ou mourir. Point, à la ligne. Elle avait tué, pour survivre. Aussi simple que cela. Mais la jeune femme savait que, une fois que les choses se seraient calmées, elle serait malade à en mourir. Elle le sentait dans ses os ; il lui faudrait du temps pour s'en remettre. « Ne bouge pas ta jambe. Ça va faire encore plus mal. » Elyris acquiesça, même si Niallàn ne pouvait pas la voir. La guérisseuse entreprit de défaire le bandage, et, même si elle le faisait doucement, Elyris ne put empêcher un gémissement rauque de franchir ses lèvres. Le tissu s'était accroché à sa plaie, et en tirait les bords en se déroulant. Ça faisait vraiment mal. « Et toi ? Qu'est-ce que tu faisais là ? Juste pour la fête ? » Elle avait besoin d'échanger, pour oublier la douleur.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyJeu 23 Aoû - 15:24

Evidemment qu’Elyris se trouverait à la fête de l’Alliance. Askhadi était son pays, son foyer. C’était d’autant plus simple pour elle que de faire fructifier son affaire en se rendant à cette fête. Tant de personnalités différentes, de goûts éclectiques, de savoirs échangés : la renommée de la forge d’Elyris passerait par le bouche à oreille. S’il n’y avait pas eu l’attaque surprise, Niallàn aurait jugé sans hésiter que c’était une excellente démarche. Mais son cœur pleurait en voyant le sang de la jeune Askhadi imprégner ses mains et, sa mauvaise foi aidant, elle ne parvenait pas à pardonner à Elyris son imprudence. Niallàn avait eu plus de chance, visiblement. Il avait suffi à la Sengoli de se cacher, de se faire passer pour morte, sous un tas de gravats et de corps, pour rester indemne. Elle avait eu encore moins de raisons de se présenter à la fête. Elle s’en voulait autant qu’à Elyris.

- Je t’ai dit de ne pas bouger, assena froidement la Sengoli en défaisant habilement tout le grossier bandage.

Elle avait retrouvé une partie de son sang-froid. Derrière son masque impassible et ses gestes devenus plus sûrs rugissait pourtant l’éternelle tempête de ses émotions. Elle craquerait bientôt, elle le savait. Elle ferait en sorte de sangloter loin des regards, comme à son habitude. Pour l’instant, elle devait reprendre le travail.

La soigneuse devait faire un effort de concentration pour se rappeler qu’elle officiait sur un être humain et non un animal. Cela ne faisait partie ni de sa formation initiale ni de ses petits plaisirs. Elle préférait davantage panser un cheval rétif ou un aigle aveugle. D’une façon générale, elle préférait de loin soigner un animal qu’un de ses semblables. Elle était plus à l’aise au quotidien avec des êtres pensants moins compliqués et qui n’utilisaient pas la parole pour dissimuler leurs pensées.

Jetant à l’écart le tissu, elle déroula à part une partie de sa bobine propre et le posa sur son sac. D’un doigt, elle fit le tour de la plaie, notant les tressaillements contenus par Elyris, essayant de mémoriser les points de douleur et la forme de la blessure. Une lame avait fait ces ravages, elle en était certaine. Un coup d’œil au visage gris et fiévreux d’Elyris et Niallàn sut qu’elle devait la garder éveillée, la stimuler, l’empêcher de songer à sa propre douleur.

- Je voulais voir les grands dirigeant de l’Alliance, voir ces Kelowniens de plus près aussi… Tu sais, reprit-elle rêveusement, à part Skylar et de loin Orion, l’ancien chef de Pankara, je n’ai jamais vu de gens importants. C’était aussi une occasion de revenir en Askhadi sans demander la permission à Eurydice.

Un sourire, fugace, fugitif, s’envola depuis son visage pour se fondre dans les ombres de la tente. Songer à sa mentor, probablement en train de rager et tempêter dans son coin car elle n’avait pas pu venir à cause d’un vilain rhume, lui redonnait toujours le sourire. Elle imaginait sans peine Eurydice tourner en rond chez elle en grognant sur les malheureux clients qui se présenteraient à sa porte. Ce fut cet instant d’insouciance que choisit Niallàn pour expliquer doucement :

- Il ne me reste plus de lait de pavot pour soulager la douleur. Je suis désolée.

Ça va faire très mal.

Il lui fallait faire un garrot au plus vite, stabiliser la jambe, peut-être recoudre et serrer le bandage avec quelques herbes médicinales… Mais elle ne pratiquait jamais ce genre de soins sur les êtres humains d’ordinaire. Et si son amie Annabeth lui servait parfois de cobaye pour se former – bon gré mal gré -, elle savait qu’Elyris supporterait moins bien la souffrance à venir que la guerrière de Pankara. Niallàn sentit monter une vague de panique. Cela dépassait largement ses compétences. Elle ne connaissait que les premiers soins sur ses semblables et rien d’autre. Il fallait qu’elle appelle quelqu’un à l’aide. Mais avant, elle devait arrêter le sang.

- Parle-moi, s’il te plait, pria la Sengoli à l’intention de sa patiente improvisée.

Alors elle déchira un bout de sa propre tunique et commença à l’enrouler au-dessus de la blessure.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyJeu 23 Aoû - 16:58


La vie ne tient qu'à un fil


« Elyris & Niallàn »

« Je voulais voir les grands dirigeant de l’Alliance, voir ces Kelowniens de plus près aussi… Tu sais à part Skylar et de loin Orion, l’ancien chef de Pankara, je n’ai jamais vu de gens importants. C’était aussi une occasion de revenir en Askhadi sans demander la permission à Eurydice. » Elyris se concentra sur la voix de Niallàn. Ses intonations douces, mélancoliques. Elle devait oublier le reste, ces inconnus qui passaient devant elle et la dévisageaient. Elle devait éviter à la panique, à tout pris. Parce qu'elle sentait que Niallàn n'était pas loin de paniquer non plus. Les événements intenses ont ceci de caractéristique : ils exacerbent tout, presque à l'illimité. Les sens, comme les états. Les bons, comme les mauvais états. Ce qui signifiait que sa détresse accentuait l'état paranoïaque et angoissé d'Elyris... mais également sa capacité de contrôle.

La jeune femme sentit presque son cœur se durcir, devenir de glace. Ses traits se figèrent, l'étincelle de ses yeux s'évanouit. Les tremblements qui agitaient sa jambe, et qu'elle contenait, n'étaient que des spasmes provoqués par l'examen de la Sengoli. Ça faisait mal. Un mal de chien. Et Elyris s'y complaisait presque. Pour ne pas perdre le contrôle, elle devait se focaliser sur quelque chose. Elle se connaissait suffisamment pour le savoir. « Il ne me reste plus de lait de pavot pour soulager la douleur. Je suis désolée. » lui dit, doucement, Niallàn. Elyris serra les dents, et acquiesça, d'un mouvement vif et sec. Temps de guerre, temps de crise. La forgeronne sentit, à ses côtés, le souffle éperdu de Niallàn, qui cherchait vainement du regard un médecin plus compétent qu'elle. Elyris le savait ; les humains n'étaient pas la spécialité de Niallàn. Ni la sienne, d'ailleurs. C'était sûrement en ça qu'elles se comprenaient et se rapprochaient.

« Parle-moi, s’il te plait. » lui demanda Niallàn. Elyris sentit un élan de gratitude traverser son cœur de glace. La garder concentrée était le meilleur moyen de la garder consciente également. Dans le même temps, son amie entreprit de bander à nouveau sa plaie, ce qui fit tressaillir plus longuement Elyris, et augmenta un peu plus l'épanchement. La douleur envahit ses yeux, presque jusqu'aux larmes. « Ils sont occupés sur des blessés plus graves. Les guérisseurs, déglutit-elle difficilement, Tu penses que je peux attendre combien de temps avec cette blessure ? » Autrement dit : dans combien de temps je passe dans le camp des blessés graves ?
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptySam 25 Aoû - 14:42

Si Niallàn avait espéré que son amie aborderait un sujet léger pour détendre l’atmosphère, elle fut déçue.

- J’ai besoin que tu tiennes le garrot pendant que je vais le serrer.

En silence, elle plongea ses mains souillées dans une cuvette d’eau glacée qui traînait non loin puis entreprit de serrer son bandage. Elle serra aussi fort qu’elle le put, quitte à faire grincer des dents la forgeronne. Elle pria les dieux pour que ce garrot tienne suffisamment longtemps. Déjà, elle avait l’impression que l’écoulement de sang ralentissait. Ou peut-être était-ce son imagination qui la trompait. Qu’importe, il fallait que ça tienne.

- J’appellerai un guérisseur dès que j’aurai fini, promit-elle sans oser un regard vers le visage d’Elyris.

Elle ne voulait pas davantage l’inquiéter. De fait, elle ne pouvait pas répondre à sa question la plus importante : combien de temps tiendrait-elle avec ce piètre bandage ? Niallàn l’ignorait. Elle préféra se taire plutôt que de ruiner le moral de son amie. Attrapant le dernier morceau de linge propre qui lui restait, elle le fendit en deux. Une partie fut plongée dans la cuvette d’eau pour nettoyer grossièrement la plaie. Elle commença ensuite à enrouler l’autre partie autour de la jambe, sur la blessure, aussi étroitement que possible. Se souvenant subitement qu’elle possédait encore quelque chose à manger dans la poche de sa veste, elle extirpa de cette dernière une petite pâte de fruit, achetée quelques heures plus tôt sur un étal tenu par des Shisayos.

- Mange ça, ordonna-t-elle. Ça te fera du bien.

Combien de temps ?
Combien de temps tiendrait le garrot ? Combien de temps Elyris supporterait-elle la douleur, l’affaiblissement dû à la perte de sang, avec ce seul minuscule bout de sucre et de miel dans l’estomac ? Combien de temps s’était écoulé depuis l’attaque ?

Niallàn avait conscience de n’être pas très douée avec ses semblables. Certes, elle se jugeait bien plus sociable que l’Askhadi  mais il n’en demeurait pas moins qu’elle préférait la compagnie des animaux. Si elle pouvait se montrer de bonne compagnie au quotidien, elle peinait à gérer ses émotions en temps de crise, ne connaissant que deux extrêmes : la terreur paralysante et la colère dévastatrice. Doucement, ballotant au gré du vent comme un fétu de paille, elle oscillait sans cesse entre ces deux pôles, incapable de se décider. La seule chose qui lui permettait de tenir éloignées ses émotions parasites, à cet instant, se trouvait assise sur cette paillasse. Elyris ne devait pas paniquer et rester éveillée. Niallàn l’imaginait tel un cheval blessé que tout mouvement brusque, toute élévation de la voix, aurait précipité dans l’angoisse, ce qui était nocif à son rétablissement.

- Je ne peux rien faire de plus pour l’instant. Je suis désolée. Tu sais, enchaîna-t-elle rapidement en forçant un sourire, mon père aussi est forgeron. A Galene, en Pankara. Je ne sais pas si je t’en avais déjà parlé. Quand je te regardais travailler, je me rendais compte que je ne m’étais jamais vraiment intéressée à l’art de la forge. Mais je vois bien qu’il existe des différences en termes de technique, entre lui et toi. On ne travaille sans doute pas le métal de la même manière dans chacun des clans. Ce serait intéressant d’aller voir ce que font les autres, non ? Ça te dirait de voyager ?

Outre la sempiternelle utopie fantaisiste de la Sengoli qui souhaiterait communiquer son goût pour le voyage à ses proches, elle espérait détourner l’attention d’Elyris par son babillage. Niallàn ne se révélait jamais autant loquace qu’en situation extrême, où les mots devenaient l’arme ultime en désespoir de cause, son seul rempart face à la panique.

Ce n’était pas avec ce genre de discours qu’elle réussirait à rassurer la forgeronne. Elle s’apprêta à se lever et annonça, son expression redevenue grave :

- Je vais chercher de l’aide. Surtout, ne bouge pas.
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Elyris
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptySam 25 Aoû - 15:41


« La vie ne tient qu'à un fil »


Elyris & Niallàn - Kùm 150

Elyris balançait entre tous les états possibles. Après la froideur et la distance, elle se sentit vaseuse, nauséeuse. Floue. Tout lui paraissait flou, un tourbillon vague de bruits, de mots et de sons. Elle fit, comme un automate, ce que Niallàn lui demandait : tint le garrot pendant qu'elle le resserrait, les dents si serrées qu'elles en grincèrent atrocement ; sentit les larmes lui monter aux yeux lorsque la soigneuse nettoya puis pansa de nouveau la plaie. La jeune femme sentit sa gorge s'assécher, et sa tête tourner un peu plus. « Mange ça, ça te fera du bien. » lui ordonna Niallàn, lui tendant une pâte de fruit. Elyris se souvenait de les avoir vues sur un étal, durant la fête. Elle avait failli s'en prendre, puis avait renoncé. Elle avait d'autres choses à acheter, plus importantes que des pâtes de fruit.

Elyris prit la pâte, et la grignota lentement. Elle essaya de savourer le miel et la figue des Shisayo, mais dut plutôt s'affairer à combattre la nausée. Il fallait qu'elle mange, pour tenir ; elle mangea, quitte à tout vomir plus tard. Mais la friandise lui permit de reprendre quelques forces, suffisamment pour avoir l'esprit un peu plus clair. « Je ne peux rien faire de plus pour l’instant. Je suis désolée. Tu sais, mon père aussi est forgeron. A Galene, en Pankara. Je ne sais pas si je t’en avais déjà parlé. Quand je te regardais travailler, je me rendais compte que je ne m’étais jamais vraiment intéressée à l’art de la forge. Mais je vois bien qu’il existe des différences en termes de technique, entre lui et toi. On ne travaille sans doute pas le métal de la même manière dans chacun des clans. Ce serait intéressant d’aller voir ce que font les autres, non ? Ça te dirait de voyager ? » Elyris releva la tête, et esquissa un léger sourire. Voyager ? Elle, avec sa peur des inconnus ? « Ça me dirait bien oui… avoua-t-elle à mi-voix et les yeux rêveurs, C'est vrai que ce serait intéressant de voir comment les autres clans travaillent le fer. Ça peut servir. Mais... » Elyris laissa sa phrase en suspens. C'était une jeune femme pragmatique, et lucide. Un forgeron ne peut pas voyager tout le temps et dans tous les sens ; un forgeron s'installe où on a besoin de lui. Et on a toujours besoin d'un forgeron. Alors, peu importe à quel point elle aimerait bien voir d'autre chose que sa rue à Nisida, elle ne le pourrait sûrement jamais. Au risque de tout perdre : sa forge, et sa clientèle, donc de quoi vivre. Elyris vivait de ce qu'elle vendait. Et si elle vendait bien, la majeure partie de ce qu'elle gagnait repartait aussitôt pour avoir toujours plus de matériau.

« Je vais chercher de l’aide. Surtout, ne bouge pas. » lui ordonna la Sengoli, prête à se lever. Elyris sortit de ses réflexions, et lui lança l'un de ses rares regards taquins : « Parce que j'escomptais marcher sur les mains et faire des cabrioles bien entendu. » Ce n'était pas dit méchamment. C'était juste un autre moyen de combattre la panique. Subitement, Elyris comprit que Niallàn allait la laisser seule. Et, même si ce n'était que quelques minutes, cette perspective lui coupa la respiration. « Tu es... sûre que tu dois y aller ? » lui demanda-t-elle, presque haletante, ses grands yeux remplis d'une seule et unique supplication : reste avec moi, s'il te plaît.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyDim 26 Aoû - 21:21

Acide fut la réponse d’Elyris. La soigneuse se raidit, se crispa malgré elle, tout en comprenant bien que cette réplique respirant l’ironie ne comportait rien de méchant. Plus encore que son hésitation en suspens sur l’idée de voyager, invitée implicitement à le faire en sa compagnie, Niallàn sentit son cœur se serrer en sentant le sarcasme sous-jacent. Cela lui fit mal sans qu’elle se l’explique.

Une fois debout sur ses pieds, Niallàn dévisagea un court instant Elyris, prisonnière de son hésitation et de la tension qui alourdissait l’air sous la tente. Après de longues secondes de réflexion, elle ne vint à la conclusion qu’elle ne voulait pas laisser son amie toute seule. Mais elle ne pouvait pas non plus se permettre d’attendre trop longtemps.

- Je ne serais pas longtemps absente, promit-elle en un vœu pieux.

Peu à peu, une étrange idée germait dans son esprit. Non, Niallàn n’allait pas laisser son amie blessée en proie à la solitude et l’angoisse, celle d’être seule face à la douleur ou celle de ne pas voir réapparaître du secours. Oh que non ! La Sengoli posa un genou à terre, souleva le lourd pan de son manteau – qui lui servait de couverture en hiver sur les routes – et en tira une boule de plumes noires comme l’ébène. Ingwë s’extirpa de sa torpeur avec un claquement de bec réprobateur. Le grand corbeau avait été effrayé par la récente bataille. Il avait fallu à la soigneuse le cacher sous son manteau, dans une poche, bien au chaud et dans le noir, pour espérer le tranquilliser. Ingwë fut déposé au sol, près de la paillasse d’Elyris. Il sortit sa tête de sous son aile et émit un croassement de protestation. Mais il resta là, sur la paille, recroquevillé sur lui-même comme pour se tenir chaud. Niallàn se demandait souvent s’il n’était pas un peu trop intelligent pour son bien.

- C’est Ingwë, un corbeau que j’ai apprivoisé alors qu’il était tombé de son nid, aux pieds des montagnes. Il a eu très peur durant l’attaque. Je te le confie. Veille sur lui et il veillera sur toi. Je reviens vite.

Alors elle courut. Jaillissant hors de la tente, se précipitant au milieu des tentes faisant office d’infirmeries, elle se mit en quête d’un guérisseur disponible. Ce fut aussi ardu qu’elle l’avait craint. Certains herboristes préféraient soigner d’abord les guerriers, comme si la guerre ne venait pas jsute de se terminer par un échec cuisant et qu’il fallait repartir à l’assaut le plus tôt possible. D’autres, barbiers fort occupés, dispensaient des soins autrement plus complexes qu’un simple garrot : à en juger par la quantité de sang déversée et les gémissements provenant des tentes des blessés graves, plusieurs amputations étaient en cours. Le cœur au bord des lèvres, Niallàn s’empressa de tourner les talons.

Elle erra durant de longues – trop longues - minutes, sentant peu à peu la panique l’envahir. Il lui fallut tomber – littéralement – sur un vieux guérisseur au fort accent orketa pour enfin trouver quelque chose de satisfaisant. Comme il ne se décidait pas assez vite à la suivre, elle commença à s’énerver. Autant pour l’apaiser que par souci pour les blessés, l’Orketa lui emboîta le pas en grognant et pestant contre la jeunesse irrespectueuse. Une fois de retour sous la tente où reposait Elyris, elle expliqua les premiers soins qu’elle avait prodigués en l’absence de quelqu’un de plus compétent. Le guérisseur acquiesça et commença son office. Niallàn vint brièvement s’agenouiller près de la forgeronne et reprit Ingwë dans ses bras avec un sourire soulagé. Enfin, un peu de pression retombait. Elle n’avait pas failli à sa mission.

- Alors, il a été sage ?

Le corbeau tendit une tête basse vers Elyris, comme pour réclamer une caresse. La Sengoli s’écarta précipitamment comme le soigneur se penchait vers Elyris, ses outils déballés autour de lui.

- Je suis Rob, guérisseur d’Alon. N’hésite pas à parler pendant que je vérifie l’état de ta blessure : ça te fera oublier la douleur. Mais si tu bouges, je t’assomme !

Niallàn esquissa un sourire amusé en entendant ce discours de vieil ours.


HRP : Ingwë est un animal très affectueux mais au caractère capricieux. Il est très intelligent, facétieux et un brin insolent x)
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyLun 27 Aoû - 11:10


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Elyris & Niallàn - Kùm 150

« Je ne serais pas longtemps absente » lui promit Niallàn, l'air néanmoins inquiet. Subitement, la Sengoli mit un genou à terre, et sortit une espèce de boule noire hérissée de plumes de son manteau. Elyris fronça les sourcils, interdite. « C’est Ingwë, un corbeau que j’ai apprivoisé alors qu’il était tombé de son nid, aux pieds des montagnes. Il a eu très peur durant l’attaque. Je te le confie. Veille sur lui et il veillera sur toi. Je reviens vite. » Cette fois-ci, les sourcils d'Elyris se dressèrent, de surprise. La boule de plumes s'agita sur la paille à côté de son lit improvisé, elle vit un bec apparaître puis disparaître à nouveau sous une aile. Un corbeau apprivoisé ? Remarque, elle ne pouvait rien dire ; son meilleur ami était quand même un raton-laveur. Avant même qu'Elyris ait pu ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit, Niallàn avait disparu. Avec regret, la forgeronne observa la chevelure claire de son amie disparaître.

A nouveau, la nausée revenait. Elyris s'allongea, et ferma les yeux, mais ça ne fit qu'accentuer l'espèce de roulis dans son crâne et dans son estomac. Alors, elle rouvrit les yeux, et se redressa précautionneusement, pour observer le corbeau à ses côtés. Elle n'osait pas le toucher, de peur de se prendre un coup de bec. La jeune femme saisit alors un brin de paille, et essaya, maladroitement, d'en caresser le plumage d'un noir d'encre d'Ingwë. Ce dernier réagit aussitôt en faisant un bond en arrière, et Elyris lâcha sa brindille pour lui montrer ses mains, paumes ouvertes : des mains tâchées de sang, tremblantes, mais vides. « Je ne veux pas te faire de mal, lui dit-elle doucement, Je suis une amie de Niallàn, j'attends- » Elyris se plia soudainement en deux, et régurgita la pâte de fruits si gentiment donnée par la Sengoli. Le corbeau poussa un croassement indigné et secoua les ailes, ce à quoi elle répondit d'un regard noir : « Ça va, ça t'est pas tombé dessus, arrête tes simagrées. » Et, histoire d'en rajouter un peu plus, elle lui tira la langue. Aussitôt, elle vit la tête d'Ingwë se dresser fièrement et il commença à se pavaner, dressant haut les pattes en contournant la flaque peu ragoûtante aux côtés d'Elyris.

La jeune femme se rallongea, subitement fatiguée, quoi que se sentant mieux. Elyris sombra dans la torpeur du blessé, et se réveilla quelquefois de sa somnolence, dont une fois pour trouver l’œil d'Ingwë, la tête penchée, à quelques centimètres du sien. Elyris tendit la main, et il en pinça délicatement un doigt, avant de se rouler à nouveau en boule, sur sa poitrine cette fois-ci. Elyris grogna de protestation, puis accepta le poids chaud contre son cou. Elle se mit à le caresser, sans que ça ne dure très longtemps, puisqu'elle sombra bien vite une nouvelle fois dans un sommeil léger. « Alors, il a été sage ? » Cette fois-ci, ce fut la voix de Niallàn qui l'en sortit. Elyris rouvrit les yeux et se redressa sur les coudes, Ingwë fut vivement attrapé par sa maîtresse, bien qu'il réclame une dernière caresse de sa part, qu'Elyris lui octroya, et un vieil homme s'installa de l'autre côté de sa couche improvisée. « Je suis Rob, guérisseur d’Alon. N’hésite pas à parler pendant que je vérifie l’état de ta blessure : ça te fera oublier la douleur. Mais si tu bouges, je t’assomme ! »

Les yeux écarquillés, la jeune femme observa le guérisseur, et sentit sa respiration se bloquer de nouveau. Merde merde merde un inconnu ! Elyris se rallongea, le souffle court, les yeux fixés sur le toit au-dessus d'elle. Les cris de douleur, les pleurs, les hurlements de rage lui parvenaient, encore plus vifs et piquants qu'auparavant. Un long tremblement l'agita, et elle crispa les poings sur la paille, se sentant envahir par la panique. Elle connaissait la douleur : elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était ouverte ou brûlée en maniant les armes chaudes ; elle s'était même cassée un doigt, d'un coup de marteau et par inadvertance. Mais là, c'était différent. Son père, son mentor, son instructeur l'avaient aidée à se soigner à chaque fois ; et pour le doigt cassé, elle avait été dans les vapes tout du long, alors elle ne se souvenait pas du guérisseur qui s'était occupé d'elle. Mais là, c'était différent. C'était un total inconnu, d'Orketa au vu de son accent, elle était consciente, et c'était une blessure de guerre. Elyris ne savait pas si elle pourrait parler ; son souffle était déjà court, son cerveau envahi par la panique, et ses yeux recouverts des points noirs d'une crise d'angoisse. Non, Elyris ne savait pas si elle pourrait surmonter ça.
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HRP : Est-ce que ça convient pour l'attitude d'Ingwë ? x)
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyVen 7 Sep - 15:48

Ingwë serré dans l’écrin de ses bras,  Niallàn suivait des yeux les gestes rapides et précis du guérisseur. Le vieil Orketa officiait dans le plus grand des calmes, comme s’il n’y avait aucune urgence vitale et surtout pas comme s’il y avait eu une terrible attaque un peu plus tôt. La jeune femme lui enviait son professionnalisme, tout en se questionnant. Ce calme pouvait être dû à son caractère ou à diverses expériences au cours de sa vie. Dans le second cas, Niallàn n’était pas pressée de devenir aussi flegmatique que lui, s’il fallait pour cela avoir vécu bien pire qu’un raid surprise de la Dissidence kelownienne.

Les prunelles claires de la soigneuse animalière s’égarèrent sur la plaie, les doigts en train de recoudre, le bandage propre, avant de remonter le long de la jambe jusqu’à enfin atteindre le visage congestionné par la douleur de la patiente. Le cœur de Niallàn manqua un battement. Elyris paraissait au bord du supplice. La souffrance tordait ses traits mais, pire que tout, elle sombrait dans la panique. Une crise d’angoisse, bien sûr. Un inconnu, en une situation critique, s’approchait d’un peu trop près d’elle. Evidemment que la forgeronne paniquait. Prise dans le tourbillon de l’urgence, Niallàn n’avait plus songé à ce détail – pourtant essentiel : son amie avait encore plus peur des contacts sociaux qu’Eurydice en personne – même si celle-ci ne reconnaîtrait jamais sa misanthropie. Elle commença à danser d’un pied sur l’autre, ne sachant que faire. Elyris allait tourner de l’œil, aggraver sa blessure en remuant, il lui fallait intervenir. Complètement prise au dépourvu, elle-même commençait à paniquer. La nervosité se communiqua au corbeau dans ses bras. Il ébouriffa ses ailes et piqua du bec la peau tendre de sa maîtresse. Niallàn reprit brusquement ses esprits.

- J’vous vois vous dandiner depuis tout à l’heure, petite. Sortez si vous avez peur de la vue de la vue ou si vous n’avez rien à faire. C'sera mieux pour le monde.

Le ton bourru n’était pas méchant mais elle sentit aussitôt la colère la gagner. Une colère tout dirigée vers Rob – qui pourtant faisait très bien son travail. Visiblement, les rapports humains passaient au second plan pour lui aussi. Il s’entendrait très bien avec Eurydice, ce vieux hibou-là !

- Non, je reste.

Ce refus tout net s’accompagna d’une négation de la tête. Elle planta ses yeux d’ambre dans les yeux gris du guérisseur, sans ciller et soutint son regard en se jurant de ne pas baisser les yeux la première. Au bout d’interminables secondes, Rob détourna le regard, avec un soupir résigné. Il pouvait maudire la folle jeunesse s’il le souhaitait, ou le mauvais caractère des Sengolis mais elle n’en avait cure. Il était de question de laisser Elyris seule avec lui. Elle ne la laisserait pas affronter cette épreuve toute seule.

Ne sachant pas trop faire, Niallàn s’agenouilla près de la paillasse de son amie et lui prit la main. Elle serra les doigts cuivrés, aux callosités de forgeron, si semblables à celles que pouvaient avoir son propre père et ne bougea plus. Elle ne savait pas comment s’y prendre dans ce genre de situation. Elle pouvait calmer un animal blessé ou effrayé mais les humains s’avéraient bien plus complexes. Elle caressa les doigts d’Elyris, faisant rouler ses articulations aussi doucement que possible, imprimant un rythme tranquille à ses mouvements. Elle resta dans cette position jusqu’à la fin de l’opération, sans jamais détourner le regard.

Rob coupa les derniers fils et donna ses instructions : du repos, nettoyer la plaie et changer le bandage régulièrement, encore plus de repos. Sur ces entrefaites, il s’empressa de tourner les talons. Ingwë s’était entre-temps posé sur l’épaule de sa maitresse, son regard tourné vers l’entrée de la tente, guettant on ne savait quoi. Niallàn relâcha la pression sur la main d’Elyris et s’assit plus confortablement. Ses jambes lui faisaient mal à être restées aussi longtemps repliées.

- Ça va ?

Question banale mais primordiale, qui reflétait toute l’interrogation inquiète dans le regard de la Sengoli.

Ingwë s’envole pour se poser sur l’épaule de Niallàn pour mieux surveiller l’entrée de la tente


HRP : C'est parfait pour Ingwë ! Il est pas difficile à comprendre xD Pardon pour ce post médiocre, je ne relance pas beaucoup les choses._.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptySam 8 Sep - 22:56


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« Elyris & Niallàn »
Kùm 150

Elyris se sentait sombrer, pas à pas. Dans la panique, plus que dans l'inconscience. Honnêtement, elle ne savait pas ce qu'elle détestait le plus : être consciente de tout, ou n'avoir aucune idée de ce qu'on lui faisait. Dans un cas comme dans l'autre, elle se refusait à céder à la panique... sans aucun succès. Son horreur des inconnus l'emportait largement sur son libre-arbitre, et sa conscience, sa raison même ne pouvait faire face à cette sensation d'emprisonnement et d'impuissance qui engourdissait ses membres. Inhibait ses capacités. Bientôt, sa raison ne serait plus rien qu'un faisceau lumineux derrière la serrure d'une porte infranchissable. Ce coffre, qui renfermerait son contrôle de soi, lui serait inaccessible. Et alors, Elyris cumulerait ses deux peurs : elle serait consciente de tout, mais incapable de réagir. Finalement, l'inconscience et la conscience n'étaient peut-être pas si mauvaises que ça.

Elle avait mal, mais ce n'était pas le pire. Elle sentait les outils du guérisseur fouailler sa chair, mais ce n'était pas le pire. Le pire était de sentir ses mains sur sa cuisse, ses yeux sur sa plaie, sa voix dans ses oreilles. Étourdie, Elyris n'eut aucunement conscience du bref échange entre Niallàn et Rob, le cœur trop au bord des lèvres pour se soucier de quoi que ce soit d'autre. La jeune femme déplorait que personne ne se rende compte de son mal, de son véritable mal, et que personne n'agisse, ou n'essaie d'agir. Ils étaient peu, à savoir comment gérer une crise d'angoisse, une crise de panique phobique.

Elyris sentit sa main être prise en étau entre des doigts, aussi soyeux que glaciaux. Glaciaux ? Ils le lui paraissaient, en tout cas. Elle était brûlante, le corps parcouru d'émotions si intenses qu'il fallait qu'elle les extériorise d'une manière ou d'une autre. Elyris rouvrit brièvement les yeux, pour observer par en-dessous les traits soucieux de Niallàn. Ses doigts se mirent à malaxer la main inerte d'Elyris, jouant avec ses phalanges et lui faisant un bien fou. Elyris se concentra sur les sensations que lui procuraient ces massages minimes, les força à occulter tout le reste. Peu à peu, la panique reflua, même si elle continua de revenir par vagues pendant la majeure partie de l'opération. Les caresses de Niallàn firent frémir, brièvement et imperceptiblement, Elyris, qui se souvint d'à quel point elle aimait lorsque sa mère lui massait la nuque, lorsqu'elle était petite. La jeune forgeronne avait un faible pour les caresses derrière l'oreille, et, tel un chat – ou un raton-laveur – il lui arrivait d'en fermer les yeux de contentement... Et ceci, personne ne le savait. Plus personne ne le savait.

Elyris, sous les efforts conjugués de la fatigue, du stress et du plaisir, se prit à somnoler. Elle ne s'en aperçut que lorsque les mouvements de Rob, qui nettoyait, rangeait ses affaires et se levait, la tirèrent de sa somnolence. Il lui prescrit du repos, des changements de bandage fréquents, et des repas. Ou encore du repos, c'était assez confus dans l'esprit de la jeune femme, dont la tête dodelinait et les paupières papillonner, dans un effort pour capter quelques mots et vainement s'en souvenir. « Ça va ? » Elyris se força à rouvrir un peu plus les yeux, et réussit à lever légèrement la tête, pour croiser le regard rongé d'inquiétude de Niallàn, et le derrière plumeux d'Ingwë. La forgeronne acquiesça doucement, un léger sourire aux lèvres. L'euphorie d'avoir passé cette épreuve. Elyris gigota lentement, et se remit en position assise, encore une fois nauséeuse. « Ça va. » Seul un murmure, rauque, avait pu franchir ses lèvres. « J'ai chaud. » Ce n'était pas vraiment la nouvelle du siècle, étant donné qu'elle dégoulinait de sueur, dans le cou, sur le front, derrière les oreilles. Elyris frissonna, ayant très envie d'enlever son haut pour espérer un peu de fraîcheur, mais y renonça très vite, lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'était absolument pas seule. Les yeux cerclés de rouge fiévreux, la jeune femme suivit le regard d'Ingwë sur l'extérieur de la tente, et souhaita ardemment être chez elle. « Est-ce que tu... peux m'aider à rentrer chez moi ? » La gorge sèche, elle avait dû marquer une pause pour reprendre sa salive. Elle voulait rentrer chez elle. S'effondrer dans un endroit familier.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyVen 14 Sep - 15:14

- Tu as besoin d’eau, déclara Niallàn après un silence.

Tout comme elle, par d’ailleurs. La jeune soigneuse se garda bien d’émettre un jugement sur le comportement d’Elyris, ou de lui faire part des premières pensées qui lui traversaient l’esprit en cet instant. Elle savait que c’était inutile dans son état. Son amie ne l’écouterait pas ou, pire, elle la ferait davantage paniquer. Mais elle ne pouvait difficilement se contenir. Inutile de se mentir à elle-même : Niallàn brûlait de parler de tout ceci à cœur ouvert. Le professionnalisme réprimé de la Sengoli la faisait sans doute paraître plus froide qu’elle ne l’aurait voulu mais il était trop tard pour revenir en arrière.

Tu ferais mieux de rester allongée et de te reposer. Tu ne dois pas trop bouger ta jambe.

Ces mots brûlaient sa langue mais elle ne les prononça pas pour autant. Niallàn ne saurait se montrer totalement dénuée d’empathie et de compassion. Si elle mettait de côté son professionnalisme pointilleux – lequel condamnait toute bêtise et lubie des patients -, c’était bien parce qu’elle n’était pas objective avec Elyris. Elle n’ignorait pas quelle fille timide, renfermée et farouche la forgeronne pouvait être. Ce qu’il venait de se passer ne faisait que confirmer ses doutes. La peur maladive d’Elyris était loin d’être guérie.

Elle l’avait rencontrée longtemps auparavant, sans pour autant la connaître tout-à-fait. Elyris aurait pu demeurer un mystère pour toute l’éternité si elle ne l’avait pas trouvée et fait soigner à temps. Ce fut cette pensée qui occulta toutes les autres. Et la culpabilité un peu honteuse de Niallàn formait comme une mare d’eau stagnante et nauséabonde dans sa psyché. Il lui fallait l’évacuer.

- D’accord. Allons chez toi. Je préfère ne pas te laisser seule dans cet état sinon tu vas faire des bêtises avec ta blessure.

Voilà qui soulageait – pour un autant – la conscience de la Sengoli.

- Ne t’appui pas sur ta jambe blessée. Tiens-toi à moi.

Avec de multiples difficultés, car Niallàn également était épuisée physiquement et psychologiquement, elles parvinrent à se lever. La soigneuse avait passé un bras autour des épaules d’Elyris pour la soutenir. Mentalement, elle retraçait le chemin qu’il faudrait parcourir d’ici jusqu’à Nisida. Et l’ampleur de la tâche la fit pâlir. La ville ne se trouvait pas si loin mais dans leur état, ça représentait un dur périple. Comme s’il comprenait ces pensées, Ingwë s’agitait sur son épaule libre, courroucé, piétinant de ses petites serres le tissu taché de sueur et arrachant une grimace douloureuse à sa maîtresse.

- Il nous faudrait un cheval, ou une carriole, grommela Niallàn en entraînant Elyris vers la sortie de la tente. Tu connais quelqu’un qui pourrait nous prêter ça ? Tu es venue toute seule à la fête, au fait ? Ou il faut faire prévenir quelqu’un que tu es vivante ?
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptySam 15 Sep - 22:43


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« Elyris &Niallàn »
Kùm 150

Elyris dut rester sous les yeux ambrés et inquisiteurs de Niallàn pendant ce qui lui parut de longues minutes. Frissonnante, effrayée, elle ne cessa de jeter des regards à la ronde et de se recroqueviller sur elle-même, les bras croisés et les mains fermement accrochées à ses épaules. Elle se sentait mal : elle était prise de vertiges, de nausées, mais plus encore, elle voulait partir, et encore plus encore, elle ne voulait pas être seule. Elle voulait quelqu'un à ses côtés, quelqu'un qui puisse la soutenir, et ce dans tous les sens du terme. C'était même plus que ça : elle avait besoin de cette personne. D'une personne avec qui elle pourrait se montrer faible, tremblante, réduite à son être le plus bas et le plus profond : la fille terrorisée qu'elle était depuis le début. Enfin, elle avait besoin de faire exploser cette vérité et de briser cette carapace, de montrer qu'elle n'était qu'une jeune femme faible, qui venait de tuer un homme, de voir la mort lui passer sous les yeux puis la vie la remplacer, qui avait été blessée et qui ne se souvenait plus d'une bonne partie de la soirée.

« D’accord. Allons chez toi. Je préfère ne pas te laisser seule dans cet état sinon tu vas faire des bêtises avec ta blessure. »Elyris soupira de soulagement, fortement. Elle ne savait pas comment elle aurait fait si Niallàn l'avait laissée tomber. « Ne t’appui pas sur ta jambe blessée. Tiens-toi à moi. » Elyris passa docilement son bras autour de l'épaule de son amie, emplie de gratitude et de soulagement, à tel point que sa tête en tournait encore plus. Avec difficulté, fatiguées, éprouvées, elles parvinrent à se mettre debout et, la jambe légèrement repliée pour éviter de la traîner par terre comme de l'utiliser, elles se mirent tant bien que mal en route. Elyris se reposa totalement sur Niallàn : elle qui était d'ordinaire du style à ne jamais décharger, elle laissa la Sengoli guider leurs pas, boitillant et essayant vaguement de ne pas trop être un boulet.

« Il nous faudrait un cheval, ou une carriole. Tu connais quelqu’un qui pourrait nous prêter ça ? Tu es venue toute seule à la fête, au fait ? Ou il faut faire prévenir quelqu’un que tu es vivante ? » Elyris releva la tête, le souffle court, les joues rougies de chaleur et de fièvre. « Il y a des chevaux qui errent un peu partout. » fit-elle remarquer, apercevant quelques grandes silhouettes sombres et quadrupèdes dans les champs. La forgeronne fronça les sourcils : son père ! Pourquoi n'avait-elle pas du tout penser à son père ? La jeune femme continua d'avancer, lentement, et elle se souvint vaguement d'avoir déjà fait le chemin. Ce n'étaient que quelques bribes : les feux, quelques fuyards comme elle, le gravier sous ses pas et sa jambe qui lui faisait souffrir le martyr. Elle se revit, sous ses yeux hantés, rentrer dans la forge et la refermer à clé, et s'enfermer dans la pièce où elle gardait ses coffres remplis d'armes. Puis, vaguement, à nouveau les feux, sauf qu'elle ne marchait plus : elle volait. Quelqu'un la portait. La voix de son mentor, puis celle de son père, résonnèrent vaguement à ses oreilles, quelques instants avant de disparaître. Ils avaient d'autres personnes dont s'inquiéter. La jeune femme sentit une pointe de colère percer dans son cœur : pourquoi n'étaient-ils, ni l'un ni l'autre, pas restés ?! Ils savaient ! Ils savaient, ils auraient dû rester, parce qu'ils savaient, ils savaient que lorsqu'elle se réveillerait, elle aurait peur !

Les dents serrées, Elyris secoua légèrement la tête. « Non, décréta-t-elle d'une voix dure, Personne à prévenir. » C'était vrai, après tout. Puisqu'ils savaient déjà qu'elle était vivante. La forgeronne releva la tête, et laissa ses yeux scruter les feux, et les ombres par-delà. Subitement, elle leva un bras, et désigna un quadrupède effrayé près d'une tente. « Là. » Rien d'autre ne franchit ses lèvres. Elle commençait à être trop épuisée pour dire quoi que ce soit de plus : l'adrénaline de la panique comme de la colère refluait, et la laissait sans forces. Elyris s'appuya contre un piquet de tente, le temps que Niallàn approche le cheval. Elle était fatiguée ; ses yeux se fermaient...
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyMar 25 Sep - 15:56

Niallàn essayait de ne pas trébucher et de garder un rythme précis dans sa marche mais, à la vérité, son épuisement était tel que sans Elyris, dont elle se sentait dorénavant responsable, elle se serait effondrée sitôt sortie de la tente. Ingwë lança plusieurs croassements depuis son épaule, comme si le spectacle navrant de ces plaines privées de fête lui faisait mal au coeur. Niallàn n'aurait pas su le dire, ou s'il s'agissait plus sûrement de son propre sentiment. Avec un regard las et triste sur ces lieux, elle se remit en route, soutenant son amie du mieux qu'elle pouvait.

Sans cesse, son esprit remuait en tous sens, rompant une quiétude fataliste qui aurait pourtant été de bon augure. Sa conscience ne la laissait pas en paix. Que savait-ele au juste d'Elyris ? Pourquoi serait-elle son amie alors qu'elles avaient sympathisé le temps d'une saison seulement, des années auparavant, sans avoir l'honnêté de garder le contact ? Qu'étaient-elles vraiment l'une pour l'autre ? A quoi se résumait une amitié ?

Niallàn nageait en eaux troubles. Si elle demeurait consciente de ses faiblesses, en particulier de son refus puéril et défensif de s'attacher aux gens, elle ne pouvait pas renier sa propre nature. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours été ainsi. Cependant, elle comptait des personnes très proches parmi ses relations. Si la distance s'était accrue avec les années, elle n'en aimait pas moins ses parents. Elle aimait aussi Annabeth, cette soeur de coeur avec laquelle elle avait l'impression d'avoir grandi, par-delà l'éloignement du temps et de l'espace. Elle aimait Eurydice, celle qui lui avait tout appris, qui lui avait ouvert les yeux et permis de devenir, fièrement, celle qu'elle était aujourd'hui. Elle aimait.. Celui dont elle se refusait à seulement penser le nom, tant il serait dangereux de l'évoquer, car il menaçait de détourner son coeur de ses devoirs. Tous ces noms, ces visages, ces rires et ces larmes, jalonnaient une vie d'éternelle exilée. Niallàn restait une oiselle solitaire mais il était bon de connaître quelques nids dans lesquels trouver un refuge.

La réponse d'Elyris tomba telle une pierre dans son coeur. Personne, avait-elle dit. Etait-ce bien sincère ? La Sengoli n'avait-elle pas aperçu une crispation de la mâchoire qui ne serait pas dûe à la douleur ? Niallàn n'ajouta rien. La détresse d'Elyris lui piquait l'esprit de mille aiguilles mais elle ne fit aucun commentaire. La forgeronne lui parlerait si elle le jugeait nécessaire. Niallàn mettait un point d'honeur à ne pas se mêler de la vie privée des gens, fussent-ils ses amis.

Il fallut quelques minutes à la soigneuse pour calmer le cheval et le faire approcher. Le pauvre animal avait d'abord essayé de la mordre et de s'échapper à sa prise. La main sur l'encolure, elle finit par le guider vers Elyris, restée en arrière, accrochée à son piquet pareille à une naufragée. La fumée des feux, l'odeur du sang brûlaient les yeux de Niallàn.

- Ne t'endors pas tout de suite. Tu vas monter en amazone, ce sera plus pratique. Accroche-toi bien à ma taille. Tu vas me guider. Je sais comment aller à Nisida mais je ne me souviens plus où se trouva ta forge...

Depuis le départ du vieux guérisseur, la Sengoli s'exprimait sur un ton neutre, presque froid, si professionnel qu'il en frôlait le côté impersonnel. Peu à peu, elle endossait son armure coutumière pour braver les souffrances d'un monde déchiré. Elle s'était fait la promesse, longtemps auparavant, de ne faire tomber l'armure que lorsqu'elle ne représentait plus rien pour quiconque à proximité, quand on n'avait pas besoin d'elle. Dès qu'Elyris serait couchée dans son lit, en sécurité, chez elle, Niallàn pourrait recommencer à pleurer à loisir.

- Moi aussi, je suis venue seule, dit-elle, se sentant soudain le besoin de parler, tandis qu'elle guidait leur monture vers la ville. Eurydice ne pouvait pas m'accompagner, cette fois. Et mes parents sont trop casaniers : ils n'aiment pas quitter Galene. Tu pourras boire une tisane en rentrant chez toi et n'hésite pas à dormir tous le jour si besoin. Je ne sais pas combien de temps je vais rester... Je dois attendre le départ des prochaines caravanes vers Moroni. En attendant, je pourrais rester chez toi, s'il te plait ?

Sa voix s'était faite minuscule, hésitante, telle celle d'une enfant, sur les derniers mots. L'étrange quatuor prit la route de Nisida : le cheval encombré de ses deux passagères et le corbeau volant en éclaireur au-devant de lui.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyLun 22 Oct - 19:24


La vie ne tient qu'à un fil


« Elyris & Niallàn »
Kùm 150

« Ne t'endors pas tout de suite. Tu vas monter en amazone, ce sera plus pratique. Accroche-toi bien à ma taille. Tu vas me guider. Je sais comment aller à Nisida mais je ne me souviens plus où se trouva ta forge... » La voix de Niallàn sortit Elyris de l'espèce de somnolence dans laquelle elle tombait irrévocablement. La jeune femme rouvrit péniblement les yeux, pour croiser le regard d'une Niallàn à la fois si effrayée et si froide qu'elle l'inquiétait. Elyris n'avait jamais été très douée avec les autres gens – euphémisme – et elle n'avait jamais vécu une telle situation et elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire et sa blessure la tiraillait et comment pouvait-elle aider celle qui l'aidait et...

Épuisée, la forgeronne puisa un dernier reste de vigueur en elle pour se redresser, et, avec l'aide de Niallàn déjà installée, grimper sur le dos du cheval. Sa jambe l'handicapait, inerte ; et, même inerte, elle lui faisait tellement mal qu'Elyris en pleurait. Les larmes roulaient sur ses joues, en silence. Le pas du cheval lui donnait la nausée. Après moult hésitations, Elyris vainquit son angoisse première, et se blottit timidement contre Niallàn. Elle avait besoin d'un support, de sentir que quelqu'un la tenait, était là pour elle et la comprenait, de quelque chose de solide pour contrebalancer le pas du cheval. La jeune femme ferma les yeux, et se concentra sur sa respiration, sur le corps de Niallàn contre son bras. Les nausées vinrent et repartirent, par vagues, mais elle les combattit.

« Moi aussi, je suis venue seule. Eurydice ne pouvait pas m'accompagner, cette fois. Et mes parents sont trop casaniers : ils n'aiment pas quitter Galene. Tu pourras boire une tisane en rentrant chez toi et n'hésite pas à dormir tous le jour si besoin. Je ne sais pas combien de temps je vais rester... Je dois attendre le départ des prochaines caravanes vers Moroni. En attendant, je pourrais rester chez toi, s'il te plait ? » Elyris sourit, inhabituellement attendrie. Elle acquiesça doucement : « Tu pourras. Par contre il y a peu de place. » Des bruits nouveaux sortirent Elyris de sa torpeur, et elle se félicita, dans une joie enfantine : elle avait tenu jusqu'à Nisida sans vomir, ni s'évanouir. Progrès.

Elyris se redressa, et posa doucement ses mains sur celles de Niallàn, récupérant les rênes. Elle se sentait mieux, d'avoir à se concentrer sur quelque chose. « Si tu vis chez moi... il va falloir retenir le chemin. » La forgeronne jeta un regard malicieux derrière elle, juste avant que la douleur ne revienne les envahir. Enfin, elle arrêta le cheval devant la forge, sa forge. « B*rd*l je n'ai jamais été aussi heureuse de revoir cette enclume. » lâcha-t-elle, les yeux fixés sur une forme sombre qui se distinguait à peine dans la pénombre de sa grotte de travail, et qui, pour les non-connaisseurs, pouvait aussi bien être une table qu'un animal. « Il y a une cour à l'arrière, si tu veux y attacher le cheval. Et... » Le visage d'Elyris blêmit brutalement. « Il faut que je fasse l'inventaire. Que je regarde si rien n'a été volé. Qu'ils n'ont rien utilisé de ce que j'ai fait... contre nous. Si ça se trouve c'est une de mes propres lames qui m'a blessée ! Ce serait ironique non ? La revanche de la créature contre la créatrice ? Oh m*rd* j'espère tellement qu'ils n'ont rien pris. » D'accord. Là, elle paniquait. Totalement.
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Hey  love Désolée pour le retard, mes études sont très prenantes... J'espère que ça te convient  minicoeur
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyVen 23 Nov - 16:33

La forge ressemblait sans doute à toutes les autres mais, aux yeux de Niallàn, elle évoquait un havre de paix. Il s'agissait du refuge d'Elyris. Elle avait tout à parier qu'elle y serait tranquille pour un bon moment. On n'avait plus signaler de Dissidents depuis des heures. La rumeur de la ville semblait ténue, telle une bête en souffrance car Nisida églement léchait ses plaies. La cité n'avait pas été touchée à première vue. Cependant, la fragrance douce-amère de la mort flottait dans l'atmosphère. Tout le monde devait être au courant maintenant, à propos de l'attaque. Chacun devait être occupé par ses propres blessures, son propre deuil ; suffisamment pour qu'un cheval surchargé du poids de deux jeunes femmes couvertes de poussière passe inaperçu.

Niallàn fut soulagée de voir qu'Elyris reprennait peu à peu pieds dans la réalité. Elle se serra contre son amie, sentie ses mains prendres les rênes pour guider le cheval, tandis que la Sengoli s'appliquait à suivre son conseil et à mémoriser le chemin. La peur continuait de battre sourdement dans ses tempes mais un soupir d'aise lui échappa comme elles parvenaient enfin à la demeure de la forgeronne. Voir Elyris se préoccuper de chsoes plus matérielles, plus réelles suffisaient à l'éloigner du souffle glacé de la mort. Elle ne se l'aurait jamais pardonné si l'Askhadi avait du perdre la vie aussi bêtement sur le chemin du retour. Cela signifiait que sa fièvre tombait mais n'excluait pas les risques de rechute.

L'accalmie fut néanmoins de courte durée...

Comme Niallàn glissait à terre, avant d'apporter son aide à son amie, cette dernière fut saisie d'un long frémissement qu'elle identifia sans peine. La panique. Encore cette vieille ennemie. Les paroles tremblantes d'Elyris ricochaient sur les parois de l'esprit de Niallàn, au milieu de ses pensées désordonnées. L'aigreur et la désillusion suintaient des mots d'Elyris, des mots durs envoyés contre elle-même. Comme si elle ne souffrait déjà pas assez...

- Assez !

En entendant le claquement sec et dur comme du silex dans sa voix, Niallàn ravala de justesse des paroles qu'elle regretterait. Elle ne voulait pas faire peur à Elyris mais elle se comportait comme un cheval rétif qui refuserait de passer un cours d'eau. Elle se radoucit aussitôt.

- Assez, répéta-t-elle. Tu en as assez fait. Nous verrons cela demain. Cesse de te tourmenter et repose-toi. Il n'y a rien d'autre à faire pour l'instant.

Seul l'éclat froid de ses prunelles de topaze démentait la douceur de ses paroles. L'âme tendre de la Sengoli rangea ses épines bardées d'acier avec des efforts pénibles. Niallàn ne se sentait guère au sommet de ses capacités pour rassurer qui que ce soit. Elle aussi menaçait de rendre les armes et de s'écrouler à chaque pas, même si elle le dissimulait mieux que sa compagne. On disait souvent d'elle qu'elle se montrait hautaine, sévère, distante mais ce n'était jamais qu'une piètre armure face aux peines de ce monde. Au fond, elle demeurait cette enfant privée de passé qui préférait la compagnie des animaux à celle de ses semblables.

- Nous sommes en sécurité maintenant. Profitons-en. Tu as besoin de manger quelque chose et moi aussi ! Nous ferons l'inventaire demain. Ensemble.

Une note suppliante s'était insidieusement glissée dans les derniers mots. Pâle et proche des larmes d'épuisement, Niallàn s'accrochait au cheval, sur le pas de la porte de la forge, comme s'il s'agissait de sa bouée.


HRP : Pardon aussi pour le retard love


Dernière édition par Niallàn le Ven 21 Déc - 22:05, édité 1 fois
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptySam 24 Nov - 15:40


La vie ne tient qu'à un fil

Elyris & Niallàn - Kùm 150


I never said it was easy

La fièvre semblait aiguiser le sixième sens d'Elyris. Elle sentit Niallàn se détendre, elle sentit qu'elle était rassurée de la voir se mouvoir, et réfléchir. Mais, lorsqu'elle se laissa de nouveau aller à la panique, cette capacité s'inhiba, ou plutôt se concentra totalement sur elle-même. Elle ne ressentait plus rien venant de l'extérieur ; à la place ses propres angoisses étaient augmentées. Il lui fallut la voix claquante, cinglante de la Sengoli pour l'en sortir. Les yeux d'Elyris, écarquillés, injectés de sang, se fixèrent dans ceux de Niallàn, sans vie. En elle, sourdait une colère profonde, un courroux glacial : comment osait-elle la sortir de cet état ? Comment osait-elle l'ôter de son auto-apitoiement ? Personne ne l'avait jamais fait. Personne n'avait le droit de le faire !

La respiration d'Elyris se coupa, lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle pensait. Elle n'était pas censée penser ça. Elle n'était probablement même pas supposée s'auto-apitoyer ! Mais elle n'était pas Niallàn. Elle n'avait pas cet altruisme en elle. Cette volonté d'aider les autres, humains ou animaux, au sacrifice de ses forces, ce n'était pas ça qui la définissait. « Tu en as assez fait. Nous verrons cela demain. Cesse de te tourmenter et repose-toi. Il n'y a rien d'autre à faire pour l'instant. […] Nous sommes en sécurité maintenant. Profitons-en. Tu as besoin de manger quelque chose et moi aussi ! Nous ferons l'inventaire demain. Ensemble. » Le cœur d'Elyris tonnait dans sa poitrine, mais plus à cause de la panique. A cause de sa honte, de son dégoût d'elle-même. Encore un. Ses yeux reprirent un peu de vie, sa gorge se serra. De nouveau, son sixième sens se centra sur Niallàn, et elle sentit sa fatigue, son désespoir. Son agacement, aussi. Elle avait beau le cacher, elle était agacée. Elyris comprenait ; sa culpabilité n'en fut que plus grande. La gorge toujours serrée, la forgeronne acquiesça doucement. « D'accord. Désolée je... je n'ai pas l'habitude de me préoccuper d'autrui. » Rien de nouveau, mais le dire le rendait concret. Tangible ; d'une tangibilité à faire peur. Elyris baissa les yeux sur le sol, encore plus gênée que d'habitude. « Il faudra que tu cuisines. » murmura-t-elle à voix mi-basse. Puis, doucement, elle se laissa glisser vers le sol. Elle était Askhadi, elle savait monter à cheval. Alors descendre avec précaution lui était tout à fait possible. Néanmoins, sa jambe la lançait de plus en plus au fur et à mesure qu'elle progressait vers le sol ; elle appréhendait la réception. Le sol se déroberait-il encore une fois sous ses pieds ?

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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyDim 23 Déc - 23:59

Niallàn n’aimait pas évoluer dans un autre environnement que le sien comme si elle prenait possession des lieux. Jamais elle ne se permettait de se montrer familière avec un espace qui n’était pas le sien. Aujourd’hui serait différent. Contrainte et forcée, elle devait d’abord songer à Elyris. Faire preuve d’altruisme faisait partie de sa nature intrinsèque mais, d’ordinaire, elle destinait principalement sa bienveillance à ses patients. Elle avait passé des années à s’endurcir, moralement, mentalement, pour éviter une sensiblerie malavisée qui la ferait s’engager trop durablement envers ses proches, pour ne jamais oublier que la vie pouvait être très courte, se montrer cruelle et injuste et qu’il fallait toujours se tenir prêt à tout perdre. Cette journée le lui prouvait une fois de plus. Entendre Elyris énoncer à voix haute ce qu’elle-même ressentait, cette honte diffuse de n’être pas assez à l’écoute de ses amis, lui arracha un fugace et amer sourire. Bien qu’assez contraires l’une face à l’autre, la forgeronne et elle se ressemblaient plus qu’elles n’osaient se l’avouer.

- Allonge-toi et ne bouge plus.

Ingwë devança la Sengoli en voletant dans la maisonnée en éclaireur. Niallàn dénicha des bougies, fouilla pour trouver une couverture et aida Elyris à poser pied à terre. Le visage fermé, l’âme en souffrance derrière le rempart de ses yeux secs, ses gestes trahissaient une angoisse encore présente depuis ces dernières heures, dans ces tremblements incontrôlables qui agitaient ses mains. La douceur qu’elle témoignait envers son amie n’en était pas factice pour autant. Sans qu’elle ne l’admette, elle se reconnaissait dans la peur et la faiblesse qu’elle lisait dans les yeux de l’Askhadi. Ce qu’Elyris extériorisait beaucoup trop, Niallàn le taisait avec autant de force.

Elle trouva quelques rations mangeables, des couverts, une petite marmite et se mit rapidement à la cuisine. Préparer la soupe lui vidait l’esprit de ce marasme nauséabond qui engluait celui-ci depuis la fin de l’attaque. Les gestes mécaniques forçaient ses pensées rétives à se discipliner, à calmer un organisme mis à rude épreuve. Cela n’empêcha pas Niallàn de jeter de fréquents coups d’œil à la porte. Elle l’avait verrouillée mais la peur demeurait là, sournoisement tapie dans son cœur. A chaque crépitement de flammes un peu trop bruyant, elle réprimait un frisson et devait lutter contre l’envie de casser la poignée pour mieux condamner l’entrée. Ici, de retour à Nisida, après le départ de ces barbares de la Dissidence kelownienne, Elyris et elle étaient en sécurité. Hélas, la peur n’avait pas besoin d’une base rationnelle pour proliférer.

Niallàn apporta un tabouret devant le feu et remua la soupe avec une grande cuillère en bois. Le regard hanté, un doigt caressant le poitrail de son corbeau, juché de nouveau sur son épaule, elle s’entendit dire d’une voix lointaine :

- Tout ira bien. Nous sommes en sécurité.
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyVen 28 Déc - 20:06


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Elyris & Niallàn - Kùm 150


Fighting against myself

« Allonge-toi et ne bouge plus. » Niallàn aida Elyris à descendre de cheval. La forgeronne réprima un mouvement de recul, se fit violence pour ne pas s'écarter à toute vitesse de Niallàn dès qu'elle eut repris un minimum d'équilibre. Elle était complètement à fleur de peau, les nerfs à vif. La Sengoli n'avait pas l'air d'être dans un meilleur état. Alors qu'elle agrippait sa taille pour l'aider à poser sa jambe blessée au sol, Elyris sentit ses mains être agitées de tremblements. Encore une fois, la honte la saisit à la gorge. Niallàn n'était pas en meilleur état qu'elle. Hormis qu'elle était moins blessée. Elyris baissa la tête, penaude. Son amie l'avait accompagnée jusqu'ici, alors même qu'elle aurait pu rester et aider d'autres personnes. Sans son aide, certains blessés avaient peut-être perdu une main, une jambe, ou la vie. Tout ça à cause d'elle, Elyris, parce qu'elle était trop entêtée à vouloir se retrouver dans un environnement familier, et ce sans tenir compte de son état.

La jeune femme s'assit sur son vieux matelas entaillé, et ramena une couverture sur ses épaules. Ingwë voleta dans la petite pièce qui lui servait d'appartement, au-dessus de sa forge. Monter les escaliers avait été une torture, ce qui faisait qu'elle était à présent bien contente de pouvoir étendre et reposer sa jambe. Le corbeau revint se poser sur l'épaule de la Sengoli, qui avait entrepris de faire un petit feu dans le poêle d'Elyris, et qui cuisinait une petite soupe. Elyris observa ses mouvements, le regard vide. Il n'y avait plus d'autres bruits que ceux du feu qui crépitait. « Tout ira bien. Nous sommes en sécurité. » Elyris releva les yeux vers Niallàn, et acquiesça doucement, sans que son amie puisse la voir. Comme elle, Niallàn avait les yeux hantés des horreurs et de la frayeur de la nuit. Elyris se pinça les lèvres, resserra sa couverture autour d'elle. « Merci, murmura-t-elle, les yeux posés sur son plancher, Tu n'avais pas à faire tant pour moi. »

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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyMar 8 Jan - 14:59

En dépit de toutes les contradictions qui nuançaient sa psyché, Niallàn n’aimait pas la guerre. Elle voyait dans cet art barbare une nuisance aux échanges, au progrès, un artifice violent que seuls les imbéciles utilisaient. Le commerce de la guerre la laissait perplexe car elle n’imaginait pas qu’il puisse évoluer et se pérenniser. Tout au plus était-il une distraction pour les gens de pouvoir. Pourtant, la guerre exerçait un attrait sur l’esprit de beaucoup de gens, y compris elle-même – à son corps défendant. Le fantasme du brave guerrier, des batailles épiques, des idéaux de grandeur, du fracas mélodieux de l’acier contre l’acier et les couleurs vives, du sang et du ciel, mêlées dans un maelstrom lyrique… Il était facile d’imaginer la guerre sous un jour poétique ou déconnecté de la réalité, sauf le jour où elle vous rattrapait soudainement pour vous mettre le nez dans la fange. Et la mère de la guerre, trop heureuse de laisser jouer sa chaotique progéniture, s’appelait la mort et venait récolter les âmes fauchées qui deviendrait son prochain festin.

Lorsque Niallàn abaissa ses paupières, le feu de l’âtre envahit son esprit en faisant resurgir, gravée dans sa mémoire, les flammes furieuses du carnage de cette journée. Elle ne pourrait jamais oublier. Ni la terreur, ni la colère, ni les larmes de ce jour-là. A jamais son âme resterait marquée au fer rouge et ne rien ne pourrait guérir ces plaies-là, ni les faire disparaître. Le plus dur, pour les survivants, serait de vivre avec ce souvenir. Niallàn serra les paupières de toutes ses forces. Ses yeux étaient secs. Plus aucune larme ne pouvait franchir le rempart aride de ses cils alourdis de cendres. Quelque part, à peine audible et pourtant terriblement agaçante, gémissait celle qui aurait voulu être soulagée du fardeau de la plutôt que d’avoir à affronter une existence portant le sceau de la violence. C’était une pensée parasite, détestable, qui la gorgeait de honte mais qu’il lui était impossible d’ignorer. Toute sa vie, elle porterait cette marque infecte en elle.

La Sengoli bondit sur ses pieds à l’entente de la voix d’Elyris. Elle se précipita à son chevet. La forgeronne représentait une alternative tangible au désespoir. Sautant par-dessus l’abîme de ses angoisses, elle s’élança jusqu’à matelas et tomba à genoux dans la poussière. Ingwë avait été surpris du mouvement. Il protesta en battant des ailes et claquant du bec à l’oreille de sa maîtresse mais il resta fermement accroché à son épaule. Dans les ambres rougeoyantes de la soigneuse autant que dans les perles d’onyx du corbeau se reflétaient les flammes sauvages, non pas de la guerre ni du foyer, plutôt celles d’une liberté sauvage. Il n’y eut aucun tremblement, aucune hésitation, dans la voix de Niallàn lorsqu’elle répondit, les yeux dans les yeux, à Elyris :

- Non. J’ai fait ce que je devais faire. Je ne serais plus moi-même si j’avais refusé de t’aider.

Consciente de la portée de ses paroles, un léger tressaillement, semblable à un sourire, vint adoucir son visage. Elle amorça un geste pour prendre la main de l’Askhadi puis se souvint de sa phobie des contacts et son geste mourut avant d’atteindre son but.

- Ne t’embêtes pas de ça, d’accord ? Ce qui est fait est fait. Reposes-toi. On s’occupera du reste demain.

Emportant son corbeau dans les bras, Niallàn retourna près du feu. La soupe lui parût presque prête. Une odeur alléchante s’en dégageait, venant réchauffer les cœurs esseulés des deux jeunes femmes. Niallàn s’aperçut alors qu’elle était affamée. Il devait sans doute en être de même pour Elyris même si, pour l’instant, son angoisse devait encore lui compresser le ventre. La soigneuse se rassit sur son tabouret pour touiller méticuleusement la mixture, sous l’œil attentif d’Ingwë. Dans les méandres de la soupe, bien loin de la présence réconfortante de son amie, son esprit se perdait en conjectures. Encouragé par les ténèbres grandissantes dans son âme, un projet prenait forme.


HRP : The End pour moi minicoeur Merci pour ce rp !
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil EmptyMer 9 Jan - 18:29


La vie ne tient qu'à un fil

Elyris & Niallàn - Kùm 150


Fighting against myself

Elyris sursauta violemment, ravivant la douleur dans sa jambe, lorsque Niallàn se précipita vers elle et tomba à genoux devant elle. A la fois fascinée, terrifiée et embarrassée, elle plongea dans les yeux de la Sengoli, et y vit la braise devenir brasier. Une fournaise puissante, grondante, s'illuminait dans les yeux de Niallàn ; c'était l'un de ces regards qui vous prennent aux tripes, qui vous transmettent une force incroyable d'un simple coup d’œil. Quelque chose qui, dans votre cœur, enflait et ronronnait, une étincelle qui allumait un flambeau. Et pourtant, dans ce feu qui habitait Niallàn, à travers les flammes aux arêtes saillantes, Elyris entrevoyait une douceur farouche. Ce n'était pas l'ardeur de la guerre, telle qu'Elyris l'avait trop vue ce soir, dans les yeux fous des morts et dans les yeux exaltés des vivants. C'était autre chose, de plus doux ; de plus pur. Sans souillure ; un feu de joie. « Non. J’ai fait ce que je devais faire. Je ne serais plus moi-même si j’avais refusé de t’aider. » Elyris acquiesça doucement, le souffle toujours coupé, la gorge serrée. Elle en avait les larmes aux yeux. L'émotion ne cessait d'être un flux et un reflux en elle, ce qui mettait ses nerfs à rude épreuve. Ses yeux quittèrent un instant le visage de Niallàn, pour tomber sur la main que cette dernière avait avancé, avant de mettre un terme à son mouvement. Même au cœur de la tourmente, prise dans le tumulte des événements et des sentiments, Niallàn pensait à elle et respectait toutes ces limites qui constituaient Elyris. La jeune femme en ressentit un élan de gratitude formidable ; elle voulait faire un geste pour Niallàn. Peut-être un geste suffirait-il en effet ; mais elle n'en eut pas le temps. La Sengoli s'était déjà relevée pour repartir touiller la soupe, laissant Elyris reprendre son souffle et ses émotions redescendre. « Ne t’embêtes pas de ça, d’accord ? Ce qui est fait est fait. Reposes-toi. On s’occupera du reste demain. » La forgeronne recula sur son matelas, pour s'adosser au mur. En effet, elle sentait la fatigue s'appesantir lentement sur ses paupières. L'odeur de la soupe emplissait ses narines ; dans ses oreilles, le silence après le fracas. Silence sur la ville, silence dans l'esprit.

(c) Earth & Ashes


C'est également bon pour moi ! minicoeur Merci à toi c'était un plaisir calin
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(#) Re: [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil  [Elyris - Niallàn][Flashback] La vie ne tient qu'à un fil Empty

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