ft. Namaah ••
Les visages radieux des habitants askhadis se voient tous flanqués de larges sourires alors qu'ils ont tous hâte d'accueillir les délégations de chacun des clans invités à cette grande fête de l'Alliance. Les commerçants se félicitent de retrouver leurs pairs et d'autres curieux se plaisent simplement à rencontrer de nouveaux individus avec qui fêter cette paix qui dure depuis maintenant dix ans.
Chulainn devrait peut être s'en féliciter lui aussi, sans doute même, lui qui aspire à une tranquillité jusqu'à ses vieux jours, si tant est qu'il y arrive. Mais de tranquillité, il n'en trouve pas dans un si grand rassemblement humain alors qu'il est censé veiller à la sécurité de chacun. Lorsque les autres clans arrivent, la foule se densifie et les visages suspects se mêlent aux autres, ne laissant au garde plus que l'occasion de prier pour que rien de fâcheux n'arrive d'ici à la fin des événements.
Mais un grondement sourd se fait entendre lorsqu'à la porte principale, on annonce l'arrivée du clan du nord. Chulainn lui-même se tend d'une appréhension palpable chez chacun de ses semblables alors que tous se remémorent les récits ou les souvenirs de cruauté de ce peuple à qui l'on ouvre aujourd'hui les portes. Malgré les promesses dont on a pu avoir vent des idées de leur nouvelle meneuse, il n'en demeure pas moins que ces brutes épaisses laissent un souvenir amer dans l'esprit de l'ancien Pankara qui a pu voir bien des séquelles de leurs exactions à l'ouest. Lui qui ne se considère toujours pas méritant du pardon askhadi au bout de sept ans a bien du mal à se faire à l'idée qu'on puisse effacer aussi facilement les crimes de ces guerriers.
On les laisse monter leurs tentes aux côtés des autres campements à l'extérieur des murs et Chulainn s'imagine mille et une manière dont un conflit pourrait dégénérer entre ces nouveaux arrivants et les autres clans. Mais ce n'est qu'à la fin de son service qu'il s'extirpe de l'enceinte de la ville pour se glisser dans l'agitation toute aussi grouillante des campements en périphérie. Ses pas le guident jusqu'à la bordure nord où s'est installé le clan Kelowna où, déjà, des représentants voisins sont venus discuter avec curiosité avec les derniers arrivants, arrachant une moue exaspérée au garde dont le regard analyse les attitudes de chacun, les imaginant tous malmener hommes, femmes et enfants pour en faire ces esclaves au regard vide et à la tête baissée qu'il entrevoit à chaque détour de tente jusqu'à apercevoir une silhouette étrangement familière.
Il l'a connue trois ans auparavant, et bien plus qu'il ne l'aurait sûrement du, mais le souvenir d'une nuit humide dans la campagne askhadi est resté gravé dans son esprit sans qu'il n'ait eu l'occasion de la revoir depuis.
Petite, maigrichonne, mate de peau. Le doute l'assaille tant il refuse d'y croire, ne pouvant décemment pas imaginer une telle force de caractère plier sous l'autorité de ces barbares, mais il éprouve ce besoin viscéral de s'en assurer. Il la suit alors qu'elle ne fait attention à rien d'autre qu'aux allées qu'elle empreinte, jusqu'à un puits se trouvant excentré des campements et où chaque clan trouve à se désaltérer. Et, alors qu'elle s'arrête à son bord et lève la tête pour accrocher son seau de bois, il la reconnaît.
Les dents du milicien grince alors qu'il s'approche d'elle et sa main agrippe le seau qu'elle n'a pas encore accroché à la corde usée. Il l'interpelle d'un regard grave, bien différent de tous ceux qu'il a pu lui adresser cette froide nuit de kavu. Ce n'est évidemment pas elle qu'il blâme, mais tous ce clan à qui l'on a offert l'hospitalité alors qu'il la retient elle, comme bien d'autres.
- Dis-moi que je me méprends et que tu n'es pas avec eux...@Namaah