[Annabeth - Priam] Et un bon verre de rhum !

Les clameurs en faveurs de mon "adversaire", un petit grassouillet d'une cinquantaine d'années avec les yeux injectés de sang, me font sourire. D'un geste plus ou moins tremblant je me saisi de la chope de rhum poser sur la table devant moi, lorsque je la soulève pour la porter à mes lèvres c'est d'un mouvement assuré et sans tremblement. Je ferme les yeux et avale son contenu d'une traite, l'alcool frappe les parois de ma gorge avant de s'écouler au fond de mon gosier déjà bien gorgé de rhum. Mes yeux se posent sur le grassouillet tandis que je repose la chope en la faisant claquer contre la table. Elle touche à peine le bois de la table que quelqu'un la remplit de nouveau. J'ouvre la bouche et fais claquer ma langue contre mon palet puis, une fraction de seconde plus tard, la chope est de nouveau vide. Un immense sourire sur les lèvres je lance:

-Égalise ça !

L'homme doit s'y prendre à deux mains pour soulever sa coupe et la renverse à moitié tellement son corps tremble. Et à son grand dam, il s'écroule en arrière. J'en ris à gorge déployé et encore plus lorsqu'un ronflement surpuissant se fait entendre.

Si seulement Jack pouvait voir ça malheureusement mon ami et conseiller avait quitter Galène depuis trois jours maintenant. Il avait demandé ma permission pour rendre visite à ses anciens amis mercenaires qui se trouvaient désormais en Sengoli. Jack était le plus grand ivrogne que j'ai jamais connu, même moi je n'arrive pas à avaler autant de litres d'alcool que lui.

Mon rire grave et puissant mais fluide grâce à l'alcool roule contre le charpente de bois de la taverne comme un rouleau de vagues venant fracasser les rochers du bord de mer. Il fait beau, tout le monde s'amuse et en plus de ça je suis poétique ! Mon premier concours de boissons remonte à ... euh ... mes 19 ans je crois, lors d'une mobilisation près de Shisayo si je m'en souviens bien, enfin je crois. Je m'étais écroulé comme une pierre au fond d'un puits après mon 9ème verre, petite nature que j'étais à l'époque. Petite nature, oui et non, en ce temps là je n'avais pas encore rencontré le plus grand buveur de tout les clans réunis, j'ai nommé: Jack !

Une douzaine d'années plus tard, regardez où j'en suis ! Une véritable éponge à alcools, un fêtard interminable, un marin au cœur de rhum et j'en passe. Je suis un pankara dans les gênes et dans l'âme, un vrai de vrai jusque dans les tripes. Si mon père entrait dans la pièce à ce moment même je ne sais pas s'il aurait été fier que son fils soit le chef de son clan ou s'il m'aurait attrapé par une oreille pour m’emmener décuver dans l'abreuvoir des cheveux. Mon père, paix à son âme, détestait l'alcool et je pense que voir son fils puant et suant l'alcool à plein nez le mettrait en rogne.

Une silhouette familière se place devant mon champ de vision et je mets quelques minutes à comprendre qu'il s'agit d'Annabeth, certainement envoyer par ma sœur. Je lui offre un grand sourire et rit aux éclats lorsqu'elle me dit que j'ai du travail.

- Certes certes mais j'ai bien le droit de prendre une 'tite pause ! Viens donc boire avec moi !

J'ai à peine terminer ma phrase qu'une bouteille pleine atterrit dans ma main.

Je ne sais pas si je dois pleurer, si je dois rire ou si je dois me mettre en colère lorsque Priam me propose de boire avec lui. Cet homme me désespère et pourtant, mes sentiments à son égard son incontrôlables et sans mesure. Je le regarde un instant sans rien dire. J'aime quand il rit, quand il est heureux même si cela signifie être rond comme une queue de pelle et en réalité, je l'aime tout court. A force de le regarder je crois connaître les traits de son visage par coeur, le son de sa voix et même son odeur.

D'ailleurs, en parlant d'odeur, son haleine fortement alcoolisée vient me fouetter le visage. Horrible. Je sais pertinemment que si je commence à boire avec lui, je serai encore là dans deux heures. Je me suis déjà faite avoir plusieurs fois, c'est toujours lui qui gagne et le lendemain je me sens toujours mal. Etrangement, il ne se frotte pas à Jack. Un concurrent bien plus fort que lui soit dit en passant.

Je ne dois pas me laisser troubler par le comportement de mon chef, aussi beau soit il. Je dois obéir à sa soeur et sortir le chef de Pankara avec dignité... enfin ce qu'il en reste... En même temps que lui, je pose ma main sur la bouteille pleine qui vient de lui être remise. Cet appel à la beuverie est interminable et le pire, c'est que Priam y succombe trop facilement.

" Non non non. Tu ne peux même pas tenir debout et encore moins tenir une épée, sois raisonnable et rentre avec moi s'il te plait. "

Oups. J'ai parlé sans réfléchir et un peu trop vite. Il va prendre cela comme un défit et il risque de provoquer en duel n'importe qui pour prouver que je m’inquiète pour rien, mais si on doit en arriver là, ca risque de rapidement déraper. Je n'ai pas envie de me battre. Je suis pieds nus, je n'ai aucune arme et surtout pas l'envie de le faire. Pour tenter de distraire son attention de mes paroles, je m'approche de lui et passe un de mes bras sous le sien. Je vais tenter de le soulever et de le trainer jusque dehors discrètement, sans le faire broncher. Hummm, quelle partie d'échecs palpitante !

Mes doigts n'ont pas le temps de se refermer sur la bouteille que ma garde du corps me l'arrache des mains. Mes yeux, quand eux, sont toujours ancrés fermement sur le liquide ambré que contient la bouteille que l'on vient de me substituer. Mes oreilles ne captent rien aux paroles d'Annabeth à part: "tenir debout" "tenir une épée" et "sois raisonnable". Si elle me pense incapable de tenir debout avec tout ce que j'ai avalé elle se trompait. Poussant sur mes jambes pour me relevé, j'écarte les bras de façon théâtrale en souriant comme un benêt sans remarquer que la jeune femme avait passer un de ses bras sous le mien.

- Tu disais ? Je serai même encore capable de monter en haut du mât de misaine sans tomber.

Y monter, pas de problème mais en redescendre ça serait toute une histoire. Il y avait deux possibilités, que je vomisse tout le contenu de mon estomac ou bien que je tombe de là-haut. Annabeth me fait un peu avancer et je m'appuie contre elle tant bien que mal mais fini par me prendre les pieds dans un tabouret et je m'affale de tout mon long sur une table. J'éclate d'un rire sonore en essayant de me relever sans tomber.

Je sens le poids de Priam sur mon épaule et mon esprit, le temps qu'une fraction de seconde, s'égare. Oui, j'aimerai sentir le poids de son corps sur moi plus souvent, mais pas pour trouver une aide à marcher mais bien pour autre chose. Quelque chose de plus intime. Je sais très bien qu'à ses yeux, je ne suis qu'une amie, peut être une soeur, ou alors juste un soldat... une simple garde du corps... une fille là pour donner sa vie en échange de la sienne et qui n'a pas le droit d'aimer. Avec toutes ses femmes autour de lui pleines de pouvoir, de charme, ou encore de valeur politique, Priam n'a guère le temps pour une fille comme moi. Je me sens parfois et bien souvent d'ailleurs, ridicule voire pathétique. Je suis toujours là dès qu'il a besoin et je rapplique aux moindres de ses ordres. Peut être que je devrais partir et l'abandonner, mais je pense que sans moi, il pourrait mourir. Car mine de rien, je suis peut être la seule personne avec Jack, sur qui il peut compter les yeux fermés. Est ce que ça, ça a un prix ?

Alors que mon chef tente de se redresser pour montrer à tout le monde à quel point il est encore frais, je sens son corps lourd comme un cheval mort, m'emporter dans une chute inévitable. Ce couillon ne regarde pas où il marche (en même temps, je ne suis même pas sur que ses yeux soient en face des trous) et il se prend les pieds dans un tabouret ! Je le lâche et le laisse s'étaler " proprement " sur une table. Je l'observe. Qu'est ce que je vois ? Et bien, on dirait un animal manchot qui tente par des mouvements ondulatoires de se redresser.... C'est un vrai spectacle !

Lorsque j'entends son rire franc s'élever au dessus de la foule, je ne peux retenir un large sourire. Je crois que c'est le plus beau son que je puisse écouter, car sincèrement, son ronflement lui, est totalement insupportable. Oui, il n'est pas parfait. Je commence à rigoler de l'entendre ainsi s'esclaffer. Je ne sais plus ce que je dois faire : soit j'écoute sa soeur et je casse sa joie, soit je le laisse profiter de la vie. Entre les deux, ma raison et mon coeur se battent pour choisir quelle sera la meilleure décision. Finalement, je dois le ramener, après tout, je ne suis qu'une garde, je suis faite pour obéir et si quelqu'un doit en prendre la responsabilité, ça ne sera pas moi.

Je reviens vers Priam, agrippe son bras, le tire vers moi afin qu'il revienne s'appuyer sur moi. C'est un poids mort et je sens les muscles de mes cuisses qui me brûlent presque à cause de l'effort. Il rit tellement que je suis emportée dans ses mouvements. Quand il se penche en avant, on avance de deux pas, et quand il bascule sa tête en arrière en riant, on repart en arrière. A croire que nous n'allons jamais quitter cette pièce.... j'ai bien envie de frapper un grand coup dans son estomac pour le forcer à vider son estomac qui lui sert de sac à rhum. Mais si devant tout le monde il vomit, il deviendra beaucoup moins crédible en tant qu'alcoolique de compétition ! Pfffff, tant pis, je vais continuer dans mon idée, je vais le trainer jusqu'à sa chambre même si cela doit me prendre une nuit.

" Priam, tu me le payeras ! ".... je lui chuchote doucement pour que lui seul m'entende.

Un rire plus cristallin et féminin retentit à côté de moi, lorsque je tourne la tête dans cette direction j'aperçois Annabeth qui laisse échapper un rire face à ma chute grotesque. Bien malgré moi je tente toujours de me relever mais mes jambes ne semblent plus répondre de quoi que ce soit. Mon amie doit donc à nouveau venir m'aider à me redresser, nous avançons cahin-caha en direction de la porte de la taverne. Je n'arrive pas à m'arrêter de rire à gorge déployé devant le grotesque de la situation. Cependant lorsque la jeune femme me dit que je lui paierai, je m'arrête de rire et affiche un sourire amusé.

- Tu veux dire que je te devrais une bouteille de rhum ?

Devant son air mi-blasé mi-amusé je comprend que c'est la blague de trop et retrouve tant bien que mal mon sérieux. J'essaye de me redresser pour ne pas être trop lourd et l'alléger de mon poids puis fixe la porte. Il faut encore quelques longues minutes pour atteindre notre objectif mais nous finissons par franchir la porte de la taverne, laissant le bruit et les odeurs derrière nous. La fraicheur et le vent extérieur me donne une véritable gifle en plein visage.

Cet homme ne comprend que par le rhum. Que ferai je avec une bouteille de rhum sérieusement ? Je peux en avoir quand je veux alors non, il me payera avec autre chose. Bien entendu, je n'ai pas encore décidé mais qu'il en soit sur, quand le moment sera venu je lui rappellerai cette soirée afin qu'il paye sa dette. Au passage, sa soeur devrait elle aussi participer car le mauvais boulot, c'est toujours pour moi.

Je sens que Priam essaie de se faire moins lourd. Alors non, pas sur ses blagues pourries mais plutôt concernant son poids sur mon épaule. Il doit se penser droit alors que non, vous vous en doutez, il est toujours de traviole et marche comme un unijambiste. J'ai l'impression que jamais nous n'arriverons jusqu'à cette porte et pourtant, grâce à ma volonté et mon courage nous y parvenons. Hourra !

Dehors, un petit vent frais me soulage et me libère des mauvaises odeurs de taverne. Priam lui, semble super surprit, comme un nouveau né qui découvre le vent. En même temps, en ce moment c'est à se demander s'il passe plus de temps en intérieur qu'en extérieur. Bon, peu importe, je dois encore le trainer jusqu'à son lit et je peux vous dire que c'est pas gagner. Je ne sais pas combien de temps il se passe mais on dirait que le vent marin l'aide petit à petit à reprendre ses esprits. J'espère quand même qu'il ne va pas vomir parce que je suis pieds nus et que je serai énormément fâchée d'avoir du retour de rhum sur mes orteils. Priam s'en mordrait les doigts. J'ai beau être sa garde, je ne me gêne pas pour lui rentrer dans le lard quand nous sommes en tête à tête ou en trio avec Jack.

" Allé Priam, encore un effort, on arrive. "

Oui, plus que quelques pas et... je vais le tuer.... non non, je vais le foutre au lit, je vais m'occuper de lui correctement et demain il sera redevable ! Grrrrr qu'il a le don de m'énerver. Mais en même temps, j'ai envie de dire que ce genre de situation est le seul moment ou je peux être aussi physiquement proche de lui. J'aurai presque envie de le vivre tous les jours si je retourne la situation dans ce sens là... Au moins, c'est beaucoup plus positif vu comme ca.

L'air marin s'engouffre dans mes narines pour chasser les effluves d'alcool de mes poumons, les remplissant d'oxygène pur. Le vent est à la fois doux comme la caresse d'une mère sur son nourrisson, et à la fois dur comme du papier de verre qui vient frotter le pont d'un navire pour récurer la saleté qui s'y est logé pendant les longues traversées. Au fur et à mesure que nous nous éloignons de la taverne, je retrouve quelques notion noyés par l'alcool. Le silence, le silence qui règne sur la ville fait encore plus de bruits que les braillards de la taverne où je me suis saouler pendant quelques bonnes heures. Ici, j'y entends le bruit des vagues qui viennent mourir sur le rivage; les mouettes, albatros et autres oiseaux marins qui reviennent de leur chasse ou pêche tardive pour nourrir leurs petits; les derniers membres d'équipage qui descendent à terre pour rejoindre femmes, maris et enfants dans leur maisonnées.

Lorsque Annabeth me parle, je sursaute d'un bon mètre. Sa voix résonne dans ma tête comme un gong qui ne s'arrête jamais. Je secoue la tête dans tout les sens pour en faire partir le bourdonnement intense qui m’envahis le crâne. C'est comme si je m'étais pris le plat d'un sabre d'abordage sur le haut de ma caboche, tout cela résonne dans ma tête tellement fort que j'ai l'impression que c'est tout mon corps qui vibre.

Je reconnais où nous sommes, plus que quelques mètres pour que j'enfonce ma tête dans un grand bac d'eau glacé pour décuver et ensuite dodo. J'espère simplement ne pas avoir l'impression de dormir sur un lit fait de pierre et pouvoir me reposer pleinement.

Ce type est une plaie quand il s'y met ! Je vois la fin de mon calvaire juste devant nous et rapidement, nous arrivons. J'ouvre la porte le plus délicatement que je puisse faire avec un poids à moitié mort sur moi avant de conduire Priam sur une chaise. J'ai peur, si je le couche, que sa tête ne lui tourne et le fasse vomir. Je m'assure qu'il tienne tout seul avant de sortir avec un seau vide, que je me dépêche d'aller remplir directement dans la mer. Cela ne me prend que quelques petites minutes. Il parait que dans les montagnes de Kelowna par exemple, on trouve de l'eau glacée. Ca ressemble à un caillou sauf que c'est de l'eau compacte et que c'est très froid. Si seulement j'en avais pour lui rafraichir les idées.... tant pis, je me contente simplement de l'eau de mer.

Revenue dans la maison de mon chef, je pose le seau sur la table. Délicate comme je suis habituellement, je prends une chope vide, la remplie d'eau avant de la jeter au visage de Priam. Sincèrement, qui oserait faire une chose pareille à son chef de clan ? Bien entendu, nous sommes que tous les deux et je ne mets pas sa réputation ou sa fierté à mal en agissant de la sorte. Tout ce qui se passe entre nous, reste uniquement entre nous, jamais je ne trahirais sa confiance.

" Allé, ca va te faire du bien Priam un peu d'eau fraîche. "

Je lui balance une seconde chope d'eau à son visage, prenant presque plaisir à pouvoir le faire chier en ne craignant aucunes représailles.

" Comment tu te sens ? "

Je sais où il cache son rhum, alors pendant qu'il reprend ses esprits, je sors une bouteille, une seconde chope et me sers un verre. Je ne partirai que s'il me le demande et surtout une fois qu'il sera couché et plus en forme. Combien de fois on a vu des alcooliques mourir dans leur vomi....

Dix mètres. Huit mètres. Cinq mètres. Deux mètres. Anna ouvre la porte de ma maisonnée tant bien que mal en m'aidant toujours à tenir debout et à marcher. Une fois à l'intérieur, elle me fait assoir sur une chaise en vérifiant que je ne m'écroule pas au sol. J'essaye de bredouiller quelque chose mais ma langue est tellement pâteuse que je n'arrive même pas à la bouger. A l'aide de mon ouïe nouvellement retrouvée je l'entend fouiller avant de sortir de nouveau à l'extérieur. Au bout de plusieurs minutes, je me sens de nouveau partir, j'essaie de battre des paupières sans succès. Ma tête me semble extrêmement lourde alors je la laisse tomber contre mon torse. Quelques instants plus tard je me prend une grande claque froide dans la tronche, j'effectue un bond de surprise sur ma chaise. Je secoue la tête dans tout les sens en essayant de comprendre ce qu'il m'arrive. Je n'ai pas le temps de faire quoique ce soit que je reçois une deuxième vague de flotte en pleine face, je recrache l'eau salée et balbutie en rageant.

Secouant la tête pour chasser l'eau de mer, j'ouvre difficilement les yeux sur une Annabeth attablé à côté de moi avec une chope à la main. Mes yeux se posent sur la bouteille de rhum sur la table, poussant sur mes pieds je m'écarte le plus loin possible de la tentation. Je pousse tellement fort que je dérape et me retrouve le cul par terre. Il me faut encore plusieurs minutes avant que je ne pose les yeux sur ma garde du corps, lorsque je parle on dirait un grognement de morse énervé mais l'on me comprend distinctement.

- Merci de m'avoir sorti de là.

Je passe plusieurs fois la main sur mon visage pour en chasser la sueur et l'eau qui y ruisselle. Mes yeux s'habituent peu à peu à la lumière douce qui filtre par les rideaux.

Le voila qui reprend ses esprits. Enfin je crois. Il secoue la tête comme pour chasser quelque chose ou pour ordonner à celle ci de cesser de tourner. Il s'essuie le visage avant de voir la bouteille de rhum posée sur la table. Là, il recule brusquement, s'éloignant au maximum du mal et chute de sa chaise ! Je pourrai me précipiter sur lui pour l'aider mais non, je le laisse faire surtout si cela peut l'aider à se réveiller.

" Merci de m'avoir sorti de là. "

Il le sait, je serai toujours là pour lui et je le sortirai des enfers s'il le fallait. Même si je devais le payer de ma vie. Je m'approche de lui lentement et m'accroupis après avoir repoussé la chaise. Là, je prends son visage entre mes mains et le fixe droit dans les yeux. Je décide alors de coller mes lèvres contre les siennes et commence à le déshabiller doucement. Je commence par sa chemise pour découvrir son torse trempé, légèrement brillant et au goût de sel. Je colle à nouveau ma bouche contre lui, mais cette fois ci plus délicate, je descends le long de son cou jusqu'à son épaule....  Jusqu'ou pourrais je aller comme ça ? Et bien nul part !

Parce qu'en fait, je suis juste accroupis devant lui et je ne faisais que rêvasser ! Vous n'y avez pas cru quand même ! Jamais je n'oserais faire une chose pareille ! Il est bien trop occupé avec les autres et je ne pourrais jamais abuser de lui de cette manière. J'ai beaucoup trop de respect pour lui, comme pour Jack d'ailleurs. Je décide quand même d'une main, de le prendre par le menton. Je relève un peu son visage pour qu'il me regarde. Je souris en passant mes doigts chauds sur son front pour retirer les mèches folles qui barrent son visage et vérifier s'il a bien les yeux en face des trous par la même occasion.

" Ne me remercie pas, sinon tu me seras redevable. Lève les bras que j'enlève ta chemise trempée, je vais te foutre au plumard. "

Je ne lui laisse pas le choix en fait, je l'aide à retirer sa chemise mouillée par ma faute (mais c'était nécessaire !) et la met à sécher sur la chaise. Je prépare son lit vite fait puis reviens vers lui en lui tendant la main.

" Allé, accroche toi. Je vais t'aider à t'assoir, mais pour retirer le reste de tes vêtements, tu vas pouvoir te débrouiller seul ou j'appelle Kahina ? "

Une pointe de jalousie ? Absolument pas voyons, je ne tiens qu'à l'aider bien entendu. De toutes façon il ne fera pas attention à ce que je dis et demain il aura oublié.

Plissant les yeux comme un chat j'essaie tant bien que mal de voir le plus clairement possible, chose qui me paraît presque impossible au vue de la quantité d'alcool qui brouille mes sens. Annabeth délaisse sa chope pour venir s'accroupir à côté de moi, sa main attrape mon menton et lorsqu'elle bouge ma tête j'ai l'impression que mon cerveau flotte dans une mer de rhum, mon esprit dérivant vers le large. Ma langue est tellement pâteuse qu'elle me semble deux fois plus grandes et lourdes que de nature.

Trop bourré pour contester, je lève les bras comme un ours dressé par des saltimbanques pour un numéro de foire. Ma garde du corps attrape ma chemise trempé et me la retire, le froid de la chemise me mord une fois de plus le visage. Ma tête, quand elle, retombe d'elle même sur mon torse désormais nu. Anna disparait de mon champ de vision durant quelques instants avant de me tendre une main que j'empoigne pour pouvoir me relever. Lorsque je me mets à marcher, le sol de ma maison se met légèrement à tanguer comme le pont d'un navire. Trop occupé à essayer de ne pas me ramasser encore une fois je ne fais guère attention à ce que me dit la jeune femme.

Une fois dans ma chambre, je me laisse tomber sur mon lit comme un sac. Comme un vieil homme je me penche lentement pour retirer mes bottes ainsi que mon pantalon. Je m'allonge sur le côté et aussitôt mon esprit se déconnecte de la réalité.