L'Alliance était là, à un battement de cil plus à l'est. Le regard de Katania était dirigée droit en son cœur, sur cette grande capitale dont on lui avait parlé. La Citadelle. Enchevêtrement de maisons et de rues, de pierre, de bois et de tissu, marchands de tous les clans, et marchandises diverses. La chef des Kadaaris n'a d'yeux que pour ces clans qui s'étendent à l'est et qui regorgent de richesses. Tout cela brûlera bientôt dans le feu et le sang déversé par son peuple. La guerrière tranchera des têtes et plongera sa main dans le torse du chef de l'Alliance pour lui arracher le cœur. Tous pleureront et elle s'élèvera sur une montagne de cadavre. Oui, Katania le voit, elle le sent. L'heure de gloire de son peuple est arrivée. Conquérant, les cavaliers kadaaris seront bientôt les maîtres de ces terres et ceux qui ne voudront pas les suivre seront condamnés.
Mais la chef est patiente, elle ne prend pas de décisions trop hâtives. Elle prend le temps d'observer, envoie des gens en reconnaissance, perce les flancs des clans pour les intimider, semer la peur dans leur rang. Ses guerriers se font sauvages, leur cruauté se déchaîne, toute leur hargne se libère. Finalement, alors qu'elle participe à la ronde de surveillance, chevauchant son étalon massif au mauvais caractère, une autre monture s'aligne à la sienne. Katania tourne son visage vers celle qui vient de la rejoindre. Elle reconnaît l'une des guerrières qu'elle a envoyé en mission jusqu'aux forêts du clan voisin. « Percy. ». Elle la salut d'un geste de tête puis écoute la jeune femme qui lui fait son rapport. La mission est un échec. Mais Katania n'est pas surprise dans le fond. Ce n'est pas anormal. Les gens sont attachés à leur peuple, à leur chef. Mais ils changeront d'avis. Son étalon renâcle un peu à sentir une présence aussi proche de lui. Elle la laisse terminer puis se contente de dire : « C'est normal Percy... Les gens ont besoin de temps pour comprendre ». Certains reconnaissent la grandeur lorsqu'ils la voient et d'autres ont besoin d'un peu plus de temps pour le comprendre. « Il faut laisser la peur s'insinuer, comme un poison, car elle sera l'artisante de leur destruction ». Et Katania sourit, mauvaise, cruelle, impatiente. Mais calme. Parce qu'elle sait que les clans ne tombent pas en un jour.