Qu'on se le dise, je n'étais pas bien sûre de vouloir accepter ce boulot mais ces derniers temps les commerçants ne se sentaient plus en besoin d'avoir un peu plus de mains armées. A croire que les Kelowniens n'étaient plus un problème. Ni les autres, ceux du sud. Ces derniers ne m'ont pas particulièrement posé de problème mais des histoires qu'on entend dans la Citadelle, ils sont aussi agréables que mon clan de naissance. Par conséquent, je ne suis pas fan d'eux, méfiante le plus souvent. Les avis sont partagés mais doucement, je sens que le vent tourne. Certains se laissent tenter de croire que les nouvelles Leaders de ces deux peuples peuvent parvenir à créer la paix. Honnêtement, je n'y crois pas. Comment changer des peuples pareils ? Surtout les Kelowniens. Pessimiste ? Non.  Réaliste. Et non, ce n'est pas la rancœur qui parle, pas totalement. Et puis merde, je m'en fou en réalité. Leur présence m'hérrisse le poil c'est un fait et cette histoire d'alliance avec eux...? N'en parlons pas !

Bref, je disais que faire le choix de venir à cette petite sauterie ne m'avait pas fait danser de joie. Au contraire, c'est clairement une contrainte. Une contrainte nécessaire pour m'assurer de bons repas à venir. Alors oui, j'y suis. Je les regarde s'amuser, installée entre deux arbres non loin des convois marchands que je dois garder à l'oeil. Je dois avouer qu'il est difficile de garder mon air renfrogné en entendant les rires de cette joyeuse assemblée. Il me semble avoir reconnu certains visages, des visages que j'aimerai saluer et d'autres, éviter. Dans tous les cas, je sais que c'est une mauvaise idée. Cette fête n'efface rien à mes choix passés ni à mes actes. Je ne suis pas la bienvenue, pas pour tout le monde. Je le sais, je le sens.

Le discours, je l'entendais qu'à moitié mais les cris, eux, je ne les ai pas loupé. Les mêmes que durant le convoi, difficile d'oublier. Des rires et des danses, du discours de paix et des santés alcoolisées, nous voila dans un cruel rappel : l'horreur émanant de ce peuple barbare. Dire que ma mère en faisait parti, moi aussi au fond. Dans la forêt ! Courrez par là bas ! J'indique la zone un peu plus chevelue que cette grande pleine. C'est à plusieurs mètres mais sous l'attaque de flèches, la traversée est houleuse. Ils le savent, tous, mais en dehors de prendre les armes, il ne reste que cette fuite-ci. Arc en main, flèche encochée, je m'approche, comme d'autres. C'est parti pour une brochette d'enfoirés !

La fête de l’Alliance s’est plutôt bien passée. Karrah doit le reconnaître, même si elle a pu sentir quelques réticences dans les regards, il n’y a pas eu de difficultés. Au contraire. La chasse a été le moment le plus difficile finalement. Devoir faire face à ses propres démons a été difficile et elle ne s’en est pas sortie sans blessure. Mais dans l’ensemble, elle va plutôt bien. C’est avec un sourire calme et bienveillant qu’elle a participé au banquet, discutant avec des gens. Et ce sont chargés de diverses victuailles et marchandises que leur caravane repartira dès le lendemain pour rentrer à Sengör.

Non loin de l’Ipa, Karrah écoute le discours de celle-ci. Akeela est une jeune femme surprenante et Karrah est heureuse d’avoir pu la croiser à nouveau, prendre le temps de converser avec elle en dehors de tous enjeux politiques. De la même façon, la curiosité de la kelownienne a pu être satisfaite durant ces jours de fêtes pendant lesquels elle a pu découvrir les cultures des différents clans. Elle ne s’est pas privée pour les découvrir, pour poser des questions, pour observer et écouter. Mais alors que la jeune chef de l’Alliance parle, une femme arrive et crie que les kelowniens attaquent. Le sourire de Karrah disparaît et sans attendre, elle recule de quelques pas pour ne pas qu’on méjuge ses intentions. Et déjà les gens réagissent. Ses ordres sont rapides et clairs lorsqu’elle s’adresse à ses hommes : « Aux armes. Ces chiens de la dissidence meurent aujourd’hui ».

Karrah le sait, il n’y a pas que des guerriers et les membres de la dissidence se feront une joie de tous les massacrer. Elle referme ses doigts sur le pommeau de sa propre épée et la sort. Elle jette un œil à Losran et Rhazek pour leur dire : « Protégez les autres ». Puis elle se tourne vers Malik et lui fait un signe de tête : « Reste avec moi ». Puis elle se dirige vers l’endroit d’où arrive la femme dans le but clair de se joindre aux combattants.

Dix ans... L'alliance fêtait sa première décennie et ce n'était que maintenant qu'elle comptait la totalité des clans connus. L'objectif pour Kelowna en ses jours de fête avait été de montrer une nouvelle facette de son peuple et cela avait été un succès. Bien qu'il y avait toujours quelque regards de biais et des murmures malsains, dans l'ensemble les kelowniens ne pouvaient rien se reprocher. Le peuple du nord avait festoyé, chanté et c'était amusé comme tout les autres peuples.

A l'écart de la foule se tenait Horyön, un verre d'hydromel dans la main adossé à un arbre avec sa masse gigantesque à ses côté. Le kelownien contemplait les fruits de son dur labeur, il avait beaucoup mis en oeuvre afin d'intégrer son propre clan à l'Alliance et il n'allait pas laisser des envahisseurs  réduire son travail en miettes. En revanche, celui qui essaiera, lui le sera forcement... Son arme n'était pas uniquement là pour faire joli.

Puis vint finalement le moment qu'Horyön attendait presque : le problème de la fête de l'Alliance. Depuis que Kelowna faisait parti de l'Alliance la dissidence n'avait fait que s'organisé sans faire trop de vague. Le conseiller avait réfléchit à la situation et avait confiance en son instinct qui avait ses preuves bien des fois. La fête avait duré cinq jours et il n'y avait eu aucun incident. Mener une attaque ce jour là était ce que ferait Horyön à la place d'Ymir, le chef de la dissidence. Ce dernier voulait voir le monde à genoux et cette fête scellerait le sort du clan de Kelowna ou du moins le mettrait sur la bonne voix, chose que la dissidence ne pouvait tolérer.

Le conseiller était déjà près à ce battre mentalement, il l'était toujours de toute manière. Bien qu'il ne souhaitait pas voir cette fête gâché, Horyön ne pouvait s'empêcher de sourire de satisfaction. Depuis trop longtemps il avait réprimé son côté barbare et sa bestialité. Kelowna était sa patrie après tout et il avait grandi parmi les plus extrémistes des kelowniens, le gout du sang était inné chez lui... En plus de ça, il avait enfin l'occasion de mettre à mal la dissidence tout en restant conseiller.

Horyön empoignait solidement sa masse et rejoignit le groupe. Un mouvement de panique s'installait petit à petit. Beaucoup criaient et couraient dans tout les sens, armes à la main.

- Vous avez entendu votre chef. Aux armes Kelownien ! Dit Horyön en s'adressant à des membres de son peuple qui n'avaient toujours pas couru vers le front.

Protégez l'Ipa soldats, formez les rangs derrières ceux qui partent au front. Le guerrier de la Citadelle à qui s'était adressé le conseiller, s'exécutait immédiatement.

Alors qu'Horyön se mit à courir avec un groupe de kelownien qui avait entendu son ordre, d'autres soldats venus des clans de l'Alliance s'ajoutèrent à son groupe, jusqu'à ce qu'ils rejoignent Karrah. Il était temps pour la dissidence d'affronter non pas Kelowna mais l'Alliance.

HRP : Pardon pour le pavé c'était le dernier ^^

Les gens tentent de disparaitre du coin rapidement mais certainement pas discrètement, des cris, des pleurs et un bordel sans nom. A l’avenir, il nous faudrait peut être répéter des sorties bien rangées en cas de situation similaire. Je plaisante, évidemment, je nous vois mal faire des rangs alors que des combattants aguerris nous attaquent. « Allez hop, en rang, deux par deux, on se tient la main et on avance tout droit vers le point de ralliement… une comptine en plus serait pas mal… comment ça tes parents vont peut être mourir en se battant ? Maiiiis nooon voyons ! » Je dérive. Juste un peu en traversant cette mélasse d’individus ayant espéré que les seuls ennemis seraient à présent en provenance d’autres peuples inconnus ou d’animaux en fureur. Ne m’offusquant pas des coups reçus par des fuyards, je traverse à contre courant afin de rejoindre le front de soldat qui se forme. La carrure d’Horyön te tarde pas à attacher mon regard en milieu de cette cohue et sans réfléchir plus outre mesure, je me dirige vers celle-ci. Aussi importants sont nos désaccords il reste un soldat chevronné et s’il semble déterminé à faire de cette Alliance une réalité, il irait probablement massacrer les dissidents. De fait, à cet instant, nous sommes plus raccords que jamais auparavant.

A quelques pas de L’IPA, d’Horyon et d’autres, un homme me fonce dedans. Par instinct, je m’étais légèrement décalée n’offrant qu’un bout de mon flanc au couteau que celui-ci brandissait. Mon arc, ma flèche s’échouèrent sur le sol et un simple regard me fit agrandir mon sourire. Lui. Lui, je vais le fracasser, sans un regret, sans un remord. Je sens la colère grimper en moi avec un feu incandescent. Il me parle mais sa remarque ne m’effleure même pas. Va-t-il continuer de m’insulter ? Moi ? Mes choix ? Mon dédain pour mon peuple ? Mon irrespect ? Il put la gloire à un peuple qui n’a cessé de semer la mort par une croyance stupide. D’ailleurs, celle-ci va leur sauter en pleine face. Car l’alliance a surement plus de force que ces spécimens abrutis par la haine et le sang. Alors sans l’ombre d’une hésitation j’entreprends une danse qui cette fois-ci amènera sa mort. Horyon sera content, me voila Kelo. J’ai beau détester ça, j’en prends un royal plaisir lorsque son souffle s’éteint. Salopard de kelownien… Je lui crache dessus pour tout dernier contact et le laisse mourir sans autre forme de procès. Qu’il aille chercher la paix aux pays des démons, là d’où il vient, lui et ses frères d’armes… car bientôt, les autres vont le rejoindre. L’ipa n’a pas besoin de protection, conseiller. Je défendrais l’Alliance avec les clans qui la composent.

Greffé au milieu de la joyeuse troupe avec mon pas feutré, je regarde l’Ipa puis Horyön puis l’Ipa. Un grand sourire s’affiche sur mon regard, presque amusé. Il faut croire que ni les Kelowniens ni les discours n’engendrent la paix… J’hausse un sourcil consciente que ce n’est pas la remarque la plus appropriée aujourd’hui ni demain…ni jamais mais depuis quand suis-je capable de me la fermer ? Plus depuis que j’ai tué la bande d’enfoirés m’ayant transformée en semi-esclave. Mon regard croise l’Ipa et je baisse légèrement la tête en inclinant mon chapeau. Peut-être serais-je réprimandé plus tard. Votre mort non-plus d’ailleurs et je dois avouer… que je préfère la paix à la guerre contrairement à d’autres alors tachons tous d’en faire des brochettes sans crever aujourd’hui ! Mon sourire s’agrandit un peu plus pendant qu’une ombre traverse mon regard en même temps que mon âme. « Coucou toi, démon de mon être, aujourd’hui… tu vas te régaler, profites en… »

Les quelques jours de cette fête avaient été plutôt intéressant. Cependant, Kaha n'avait que peu goûté à ceux-ci. Certes, elle avait apprécier le banquet en compagnie de Kurï, mais elle était restée en retrait des autres alors que c'était l'occasion de faire des rencontres. Cela faisait bien longtemps que la jeune femme avait perdu l'habitude des relations sociales. Même au sein du village où elle vivait, elle ne connaissait pas tout le monde et pourtant il ne dépassait guère les cinquante âmes. En ce qui concernait la chasse, cela lui avait laissé un arrière-goût amer. Et le reste de cette réunion fut de cet acabit pour la jolie blonde. Alors, ce fut avec un certain plaisir qu'elle vit arriver la fin de cette grande fête qui devait se ponctuer par un discours de l'Ipa.

Comme à son habitude, elle se tenait en retrait avec Kurï allongé à ses côtés. Aussi sauvage l'un que l'autre, c'était ce que devait penser la plupart des gens de cette réunion. Au coin d'un feu de camp, Kaha était en train d'entretenir la lame de sa lance avec une pierre à aiguiser. D'une oreille distraite, la jeune femme écoutait ce fameux discours de paix que l'Ipa faisait. Alors que tout semblait aller pour le mieux, la bâtard noir se redressa les oreille droite en pinant. Il regardait obstinément en direction de la plaine, puis doucement ses gémissements se transformèrent en grondement sourds et ses poils s'hérissèrent. La jeune femme blonde s'arrêta net, rangea sa pierre et saisit fermement le manche de sa lance. Peu de temps après, une femme hystérique arriva en hurlant de les Kélowniens passaient à l'attaque.

Après un vague mouvement de panique, les chefs de clan et les guerriers prient en main la défense et aboyèrent leurs ordres afin de protéger les civils.Un bref regard à son compagnon à quatre pattes et la jeune femme blonde se dirigea vers les autres combattants qui étaient en train de former une ligne de défense. Pendant e temps, Kurï s'était coulé dans l'obscurité afin de chasser de son côté. L'un comme l'autre savait qu'ils finiraient par se recroiser sur le champ de bataille.

Encore une fête de l’Alliance. Et comme la fois précédente, j’ai passé de nombreuses heures à parler aux membres présents, de tous clans, de tous horizons, de tous métiers. Et comme la fois précédente, j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur cette Terre qui nous héberge. Et même si elle est rude et dure, elle est quand même nourricière. Nous apprenons progressivement à nous adapter à elle, même si parfois, l’Homme semble montrer à quel point il n’a rien appris. Les guerres sont ce qui nous ont menés là, à cette condition, à cette vie si dure. Et pourtant, où que mon regard puisse se porter, j’aperçois des conflits. De petits conflits de voisinage, mais aussi des guerres de clans. Et la paix que nous essayons de construire est longue à venir, et même au sein de celle-ci, l’envie et la jalousie font parfois des ravages.

Le banquet de clôture est somptueux et c’est encore une fois l’occasion de goûter à des mets provenant de tous les clans. Et d’écouter le discours de l’Ipa. Mais à plusieurs reprises, la paix de mon esprit s’est chargée d’inquiétudes, de murmures, de visions étranges. De rouge, de noir, de sanglots. Et à plusieurs reprises, il m’a semblé apercevoir mon mentor, regard tourné vers l’horizon, inquiet, cherchant la menace, mais quelle menace ? Et toutes les pièces du puzzle s’assemblent quand la femme crie que les kelowniens arrivent, qu’ils ont brûlé des caravanes et massacrés tout le monde. Alors, les gens commencent à paniquer et si certains semblent décider à prendre les armes, beaucoup s’éloignent, fuyant la direction d’où vient la femme. Alors, comme d’autres je m’éloigne, pas vraiment apte aux combats. Cependant, je rafle une poêle en font au passage, probablement plus efficace que ma serpe et j’entraîne Ganesh la chèvre qui semble affolée par tant d’agitation pour rejoindre ceux qui s’éloignent de ce qui semble voué à devenir un bain de sang. D'ailleurs, bien vite, je cherche Brenna et Aedan que j'ai croisé à plusieurs reprises pendant les festivités et une fois à leur hauteur je souris à Aedan avec douceur avant de dire à sa mère : « Nous devrions nous éloigner… ». Je dois avouer que secrètement, l'espoir d'apercevoir notre sœur au milieu des guerriers qui attaquent me saisit, mais peut-être existe-t-il plusieurs groupes de rebelle parmi les guerriers du nord ? peut-être même est-ce un plan de la chef de clan elle-même pour faire tomber l'Alliance. Je ne saurais le dire avec certitude. Mais pour l'heure, mieux vaut nous mettre à l'abri.

Une occasion de plus de pouvoir mettre de l’huile sur les flammes des rancœurs et des doutes. Augias a passé ces festivités à susurrer des phrases ici et là, tombant dans les creux d’oreilles de guerriers rustres et alcoolisés, n’hésitant pas à provoquer quelques esclandres. Mais globalement la joie de ces festivités l’a emporté sur la peur et sur les doutes, laissant à l’apprenti un arrière-goût amer de déception. Il en a cependant profité pour croiser les parents d’Ava ainsi que sa propre famille, en veillant à ne pas trop se faire remarquer par les gardes de l’Ipa et de la Citadelle fortement incité par l’Ipa a veiller sur les apprentis.

Ainsi ces quelques jours de festivités touchent à leur fin et Augias s’apprête à regagner la citadelle pour parfaire son entraînement. Le guerrier est bien déterminé à devenir le meilleur. Et si par bonheur l’Ipa pouvait mourir, il l’emporterait pour utiliser les kelowniens dans le but unique d’embraser l’Alliance et de la détruire pour qu’enfin cesse ces pratiques barbares pratiquées pour la sélection du nouvel Ipa. Il en a vu des gens, et il en a croisé des anciens. Et de ce qu’il a pu voir et entendre, d’autres méthodes pourraient être utilisées, comme cette femme disant pouvoir entendre les esprits ou cet homme semblant prodiguer conseil et repos de l’âme. Ce genre de personnes semblant pouvoir déceler en leurs pairs le bon et le mauvais pourraient être impliqués dans la sélection de l’Ipa plutôt qu’un combat inhumain. Mais Augias ne veut plus seulement changer les méthodes. Il veut simplement tout arrêter. Toute cette vaste hypocrisie. Car tous les habitants de l’Alliance ont toujours semblé bien heureux de ces méthodes. Qu’ils souffrent donc à leur tour.

Alors quand une femme crie que les kelowniens attaquent, le cœur d’Augias s’emplit de joie. C’est un peu apothéose. La consécration. Les guerriers du nord ici pour attaquer, tuer et piller. Comme c’est surprenant. Et s’il prêterait volontiers main forte aux guerriers du nord pour tuer des membres de l’Alliance, il sait qu’il ne le peut pas. Et déjà Shirin et Saleem se saisissent de leurs armes pour combattre. Alors Augias sort sa propre épée et rejoins Caleigh qui semble en faire de même. La jeune guerrière est opiniâtre et très douée au combat. Elle sera une adversaire redoutable mais aussi une alliée de taille dans ce combat ensemble ils se dirigent vers la première ligne de défense, arrivant ainsi non loin des deux autres apprentis et de l’Ipa au côté de laquelle se tient Kalevi, le chien de garde.