[EVENT] We're a family ☾ Brenna & Danika

Brenna

Danika

We're a family

Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

La bataille est terminée. Les barbares, confrontés à l'unité, ont fui. Devant la hargne et le courage des guerriers de l'Alliance. Force a été de constater pour tout le monde, y compris pour les esprits, que les Kelowniens présents à la fête de l'Alliance ont participé à la bataille pour repousser les dissidents et que tous ensemble nous avons chassés les barbares de nos terres. Je pénètre dans la tente avec Calypso et Aedan en boitillant, blessée au mollet. Une fois à l'intérieur, je regarde autour de moi pour retrouver Brenna. Aedan est très inquiet pour sa mère. Et je dois avouer que j'aimerais être sûre qu'il ne lui est rien arrivé. Les esprits sont troublés, agités autour de Brenna. Les murmures sont vifs. Il se passe quelque chose, mais je n'arrive pas bien à percevoir quoi. Je suis entrée dans la tente des soigneurs pour en faire le tour donc. Et au passage, j'en ai profité pour me faire soigner par une jeune soigneuse du clan des plaines. Une fois ma blessure nettoyée et bandée, j'ai repris la main de mon neveu, nous avons à nouveau fait le tour de la tente à la recherche de sa mère, sans la trouver. Alors nous sommes sortis et nous avons commencé à chercher autour de la tente.

C’est comme cela que finalement, à m’écarter un peu de la tente, j’ai trouvé Brenna, en train de revenir encadrée par deux hommes. Le premier, à sa droite, je n’ai aucun mal à le reconnaître, il s’agit d’Uriah, notre chef de clan. Le second, à sa gauche, me laisse une étrange impression. L’espace d’un instant, j’ai du mal à y croire. C’était réellement lui alors, il était réellement sur le champ de bataille. Naveed. Le fiancé de Danika que nous pensions mort. Figée, au milieu des plaines, je contemple son visage. Cela explique pourquoi je ne l’ai jamais vu au milieu des esprits. Pourquoi je n’ai jamais entend sa voix. Je souris, heureuse de le savoir en vie. Quant à Aedan, il lâche ma main pour se précipiter vers sa mère en criant de joie. Il saute dans les bras de ma sœur et finalement, je m’approche également pour la serrer dans mes bras : « Brenna ». Je suis heureuse de la savoir en vie. Rassurée aussi. Je n’aurais pas supporté de perdre encore quelqu’un. Je frémis un peu avant de lui demander : « Tu vas bien ? Tu n’es pas blessée ? ». Je la relâche finalement et je me tourne vers Uriah lui adressant un sourire rayonnant, le remerciant ainsi de m’avoir ramené ma sœur. Ce n’est que par respect que je ne l’étreins pas. Je ne me permettrais pas. L’aura du désert est tellement intense autour de lui, que je ne peux que l’admirer. Pas le toucher. Cela pourrait être perçu comme un affront. Puis je me tourne vers Naveed en lui disant : « Naveed… Quel bonheur de te revoir… ». A son tour, je l’étreins. Puis, je me tourne vers Brenna et lui demande : « Est-ce que tu l’as vue ? Est-ce qu’elle était là ? ». Sinon, il faudra recommencer à la chercher. Je veux être sûre qu’elle n’est pas là. Je n’arrêterais jamais de la chercher.

Je suis Naveed ; actuellement forgeron à Moroni et ancien guerrier du clan shisayo.

Naveed savait qu’en venant à la fête de l’Alliance, il risquait de tomber sur des personnes de son passé et c’est principalement pour cette raison qu’il s’est décidé à suivre les autres jusqu’ici. Sans le mentionner à Shakti, il souhaitait aussi en apprendre plus sur lui-même, sur son passé oublié ainsi que sur Danika qui ne cesse de lui revenir en tête depuis plusieurs semaines. Sa rencontre avec Uriah a rempli pas mal de trous au niveau de sa mémoire et en particulier les questions qu’il se pose sur la jeune femme qui hante le peu de souvenirs qu’il a encore. C’est ainsi qu’il a appris que celle-ci avait été kidnappée par les membres de la dissidence kelownienne plusieurs mois auparavant. Et cette nouvelle, Naveed a bien du mal à la digérer, surtout maintenant qu’il a pu les apercevoir de près sur le champ de bataille.

Naveed tourne les yeux vers Uriah lorsque celui-ci lui attrape le bras pour le tourner face à cette jeune femme à la peau sombre. Mais ni le visage, ni le prénom, ne lui reviennent en mémoire, même lorsque Uriah annonce le lien de parenté entre cette jeune femme et Danika. Naveed ne se souvient pas, même lorsque celle-ci se jette sur lui pour le prendre dans ses bras. « Euh oui… je… » Il reste interdit quelques secondes et croise le regard d’Uriah, sans trop savoir quoi dire ou quoi faire parce que, pour lui, la jeune femme est une pure inconnue. « Je suis vivant. » C’est la troisième personne qui lui pose cette question en quelques jours et Naveed a fini par comprendre que tout le monde devait le penser mort au combat depuis des années. Il écoute Brenna sans comprendre le sens de ses paroles et baisse les yeux vers la main qu’elle a glissé dans la sienne. Elle est la sœur de Danika, ils doivent donc plutôt bien se connaître mais cela reste étrange pour lui. Keren. Aedan. Deux prénoms qui ne lui rappellent rien non plus alors il se contente juste d’écouter, de suivre Uriah en qui il a confiance.

La bataille est terminée et les blessés sont pris en charge. Eux sont toujours au milieu des plaines mais aucune blessure ne les oblige à passer sous la tente des soigneurs. C’est l’appel d’un enfant qui fait se retourner Naveed et il se recule doucement pour permettre au petit garçon de retrouver celle qui doit être sa mère. Il se demande quelques secondes s’il a connu ce petit garçon et l’observe pour tenter de deviner son âge. Puis il relève les yeux juste à temps pour voir une autre femme à la peau sombre s’approcher de lui pour l’enlacer à son tour. Beaucoup trop de femmes inconnues le câlinent aujourd’hui et c’est étrange à ses yeux. Beaucoup trop étrange. Il tourne le regard vers Uriah, complètement désemparé par la situation, puis reporte son attention sur les deux femmes, fronçant doucement les sourcils à leurs paroles. « Vous pensez qu’elle est ici ? Danika ? » Elle est la seule dont il se souvient, la seule dont le visage se montre dans ses rêves la nuit. Et la seule qu’il n’a pas vue aujourd’hui.

We're a family
Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Les combats ont cessé. Les kelowniens sont partis, laissant derrière morts et blessés. Dépitée, j’observe les alentours. Des visages dévastés par la peine. Des visages dénués de vie après avoir été froidement assassinés. Des visages tordus d’incompréhension. Difficile de savoir si ce qu’il vient de passer est bien réel. Moi-même je me sens encore totalement perdue. L’objectif que je m’étais donné de tenter de retrouver Danika a été avorté dans l’œuf. Néanmoins, même si je n’ai pas retrouvé ma sœur, c’est un autre visage connu qui est réapparu.

« Mamaaaaaan ! »

La voix enfantine me sort de ma torpeur et je me tourne pour voir mon fils courir vers moi pour me sauter dans les bras. Je le rattrape de justesse mais manque de tomber en arrière. C’est qu’à huit ans, il fait son poids. Rassurée de voir qu’il n’a rien et qu’il va bien, je le serre contre mon cœur en respirant l’odeur de ses cheveux bruns, comme si sa seule présence près de moi pouvait me permettre de retrouver toutes mes forces. La voix de Keren me fait relever la tête vers elle et je la serre à son tour contre moi après avoir posé Aedan sur le sol. Celui-ci garde ma main dans la sienne, et je ne peux que sentir la peur qu’il a dû avoir en me sachant loin de lui.

« Oui, je vais bien, ne t’inquiète pas. Uriah et… Naveed sont arrivés à temps. »

J’ai tourné la tête vers ce dernier en prononçant son prénom. Je n’arrive toujours pas à réaliser qu’il est bien là, vivant. Keren l’étreint, également heureuse de le revoir parmi nous, avant de se tourner de nouveau vers moi, posant une question qui me fait perdre mon léger sourire. La voix de Naveed y fait doucement écho. Un bref silence avant que je ne réponde.

« Je ne sais pas… Je ne l’ai pas vu… » Je me tourne vers ma sœur. « Oh Keren, je suis désolée, je n’ai pas réussi à m’avancer assez loin pour essayer de la trouver. J’ignore si elle est là. »

Inconsciemment, je serre la main d’Aedan dans la mienne. A vrai dire, j’ignore même si elle est encore en vie, mais je garde mes craintes pour moi, avant de venir poser les yeux sur Uriah, à qui je souris doucement.

« Sais-tu qui est à l’origine de cette attaque ? D’où venait-elle ? »

Eurydyce

Je suis Uriah ; chef de clan de Shisayo.

Les combats cessent enfin. Au loin, ils entendent le son de la corne qui sonne l'heure de la retraite. Les guerriers du nord s'en vont, ils s'en retournent chez eux, vaincus, défaits. Et encore une fois, les clans de l'Alliance ont fait front commun ensemble dans l'adversité. Uriah est fier de voir à quel point tous nos efforts ont portés leurs fruits. Il porte son attention sur Brenna et Naveed alors qu'ils regagnent ensemble le rassemblement des convives. Déjà la tente des soigneurs est assemblée et les blessés y sont amenés de partout. Les guérisseurs commencent déjà à officier. Il regarde autour de lui voir s'il aperçoit des gens de son clan, notamment Gaya sa seconde et ses guerriers. Mais il ne voit personne. Finalement, son regard tombe sur de nombreux corps déjà alignés, attendant à ce qu'on vienne les reconnaître et à ce qu'on leur offre des funérailles dignes de leur courage. Il n'a pas encore le cœur à aller voir si lui-même en reconnaît. Il sourit un peu triste à l'idée d'avoir perdu des compagnons même s'il ne les connaissait pas.

C'est la voix de son fils qui le ramène à la réalité. Il voit l'enfant arriver en courant pour se jeter dans les bras de sa mère. Le chef sourit un peu et relève son regard pour voir Keren qui a visiblement bien protégé son neveu. Il remarque le bandage autour de sa jambe mais hormis cette blessure, la shaman semble aller bien. Il répond à son sourire après qu'elle ait étreint sa sœur puis la regarde étreindre Naveed qui doit être bien perdu, le pauvre. Cependant, il ne perd pas le nord et questionne les deux sœurs sur leur sœur disparue. J'écoute Brenna lui répondre puis se tourner vers Keren pour s'excuser. Uriah s'apprête à signaler qu'elle n'est responsable de rien même s'il sait que Keren ne lui en voudra surement pas mais déjà Brenna se tourne vers lui pour lui poser une question. Il l'écoute puis lui dit : « Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire qu'il s'agissait probablement de guerrier du nord. Mais je doute qu'ils soient sous les ordres de la chef de clan ». Uriah est prompt à pardonner et à offrir une seconde chance et la jeune femme qu'il a rencontrée ne semble pas mauvaise. « Mais je n'ai pas encore de réelles informations ». Après tout, il était bien occupé jusqu'à présent. Ceci dit, il regarde à nouveau autour d'eux. Aller en quérir serait une bonne idée.

Brenna

Danika

We're a family

Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

Le calme est revenu. Et même si on entend encore beaucoup de pleurs, de gémissements et d'appels désespérés, les choses reviennent petit à petit à la normale. Les esprits s'apaisent eux-aussi. Les endroits les plus flous semblent être les endroits où les esprits des gens morts pendant l'attaque s'attroupent autour des vivants qui leur manqueront. Je détaille ces espaces avec une certaine curiosité et un profond respect. La bienveillance qui m'est si naturelle. Bientôt, certains d'entre eux viendront parcourir mon chemin en quête de réponses ou avec des réponses à m'apporter. Mais en attendant, c'est vers ma famille que mon esprit se tourne. Naveed demande si nous pensons que Danika est ici. Nous n'en sommes pas sûrs. Ni l'une ni l'autre. Même les esprits ne sont pas tous d'accord à ce sujet. Brenna commence par répondre à Naveed avant de se tourner vers moi. Je suis plutôt surprise de l'entendre s'excuser, parce qu'elle n'a rien à se reprocher selon moi. Puis, elle pose une question adressée à notre chef de clan. C'est lui qui commence à répondre. Respectueusement, je le laisse s'exprimer acquiesçant à ses premiers propos. Le reste ne me concerne pas tellement. Puis, lorsqu'Uriah se tait à nouveau, je redresse mon visage pour regarder ma sœur. Je lui dis : « Tu n'as responsable de rien Brenna, tu as fait de ton mieux » je marque une pause avant de reprendre : « Tu as fait preuve d'un grand courage ». Je lui souris à nouveau. Puis, je balaie les environs du regard cherchant Ganesh qui n'est plus à nos côtés depuis un moment maintenant. Finalement, l'animal arrive en galopant et en sautillant de tous les côtés. Son pelage blanc est maculé de sang mais cela ne semble pas être le sien, vu l'énergie qu'elle déploie à sautiller autour de moi en bêlant joyeusement. «Tu es là toi. Où étais-tu donc passée ? ». Les esprits qui sont ancrés autour de Ganesh ont une forme étonnamment connue. Et finalement, face à ma relative indifférence, la chèvre finit par mordre un morceau de ma tunique pour la tirer, cherchant visiblement à m'entraîner dans une direction. Intriguée, je me tourne vers les autres et les invite à me suivre d'un geste de la main tout en suivant l'animal qui s'éloigne un peu de la foule.

Je suis Naveed ; forgeron à Moroni et ancien guerrier du clan shisayo.

Naveed a du mal à comprendre toute la scène qui se déroule sous ses yeux. Il ne se souvient pas de ces deux femmes devant lui, encore moins de l’enfant qui s’accroche à celle qui doit être sa mère, mais il tente d’assimiler tout ce qu’il entend. Danika est prisonnière de ces ennemis qui viennent d’attaquer et Naveed se promet qu’il fera tout pour essayer de la retrouver, de la sortir de là. Mais il ignore si elle se trouve avec ceux qui ont attaqué les plaines aujourd’hui et apparemment, ses deux sœurs l’ignorent aussi. Il écoute attentivement lorsque Uriah prend la parole à son tour et hoche doucement la tête lorsqu’il parle de la nouvelle chef du clan Kelowna. Il l’a vue suivre quelques hommes vers le champ de bataille et Naveed doute qu’elle ait été dans le coup, d’une quelconque façon. Elle s’est battue aux côtés de l’Alliance, comme de nombreux kelowniens présents aujourd’hui. Mais Naveed ne prendra pas parti dans tous les cas, parce que sa situation ne le lui permet pas. Il semble être né en Shisayo, d’après ce que lui ont raconté tous ces gens qu’il a pu croiser aujourd’hui mais il a passé les dernières années en Sengoli, persuadé d’être un sengoli lui aussi. Il est marié à l’une d’entre eux et son enfant est né là-bas. Tout ceci est assez étrange pour Naveed qui a vécu l’entrée dans l’Alliance de ce clan qu’il considère comme le sien depuis des années. Il ignore encore comment il doit se sentir : plutôt Shisayo ou plutôt Sengoli.

Pour l’instant, il se sent surtout un peu perdu mais pourtant déterminé à retrouver Danika si celle-ci se trouve dans les parages. Il observe les alentours, comme si la jeune femme allait surgir de nulle part pour venir les retrouver, et sursaute en entendant une chèvre bêler près de lui. « Oh mon dieu ! » L’animal lui a foutu la trouille et Naveed se recule de quelques pas en observant la chèvre qui sautille dans tous les sens. Il n’a jamais vraiment aimé les chèvres et les moutons, il s’est fait poursuivre par un énorme bouc dans son ancien village et en garde un mauvais souvenir. Alors il se recule doucement tandis que la chèvre sautille autour de celle qui semble être sa maitresse.

« Naveed ! » Il délaisse la chèvre et tourne la tête vers la voix qui l’interpelle et qu’il connait très bien. C’est Shakti qui arrive à grands pas avec leur fils et qui se jette dans ses bras, faisant abstraction de toutes les personnes qui se trouvent autour d’elle. « Tu vas bien ! J’ai eu peur ! » Le bébé s’agite et Naveed passe une main sur sa joue pour le calmer avant de relever les yeux vers Shakti. « Ils sont partis maintenant. Retourne à la tente, je te rejoindrais plus tard. » Mais la jeune femme secoue la tête. Naveed sait très bien qu’elle ne le laissera pas partir seul, comme elle n’a pas souhaité rester à Moroni avec le bébé lorsqu’il a parlé de venir à la fête de l’Alliance. Elle a préféré emmener leur fils à travers un voyage de plusieurs jours uniquement pour suivre Naveed. Mais il ne peut lui en vouloir de penser qu’il risquerait de partir retrouver son ancienne vie. Shakti sait qu’il a retrouvé certains souvenirs, il l’a confronté à ce propos il y a plusieurs semaines. Et c’est assez tendu entre eux depuis ce moment. « On ne part pas sans toi. D’ailleurs vous êtes qui vous ? » Sans aucune gêne, elle veut savoir qui parle à son époux.

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Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Les compliments de Keren devraient me faire du bien, mais je ne parviens pas à accepter l’échec de n’avoir pu aller plus loin pour tenter de trouver notre sœur. Changer de sujet en posant une question à Uriah me permet de ne pas trop penser à cela et sa réponse ne nous donne pas plus d’informations, si ce n’est qu’il doute fortement que cette attaque ait été fomentée par la chef des Kelowniens. J’en doute aussi pour être honnête. Cette dernière était sur place, cela aurait été stupide de sa part de faire quelque chose d’aussi dangereux alors qu’ils étaient entourés des membres de l’Alliance. Je hoche simplement la tête à cette réponse avant que Ganesh, la chèvre de Keren nous interrompt.

L’animal vient sautiller autour de sa maîtresse, visiblement impatiente de l’emmener quelque part. Je m’apprête à la suivre quand c’est une autre voix appelant Naveed qui m’interpelle. Je me tourne vers la nouvelle venue, suspicieuse. Une jeune femme, visiblement du clan Sengoli à sa tenue, tenant un bébé dans ses bras, se jette au cou du jeune homme. Je viens croiser le regard de Keren et d’Uriah avant de suivre l’échange qui se déroule sous nos yeux. Pas besoin de réfléchir trois cent ans pour comprendre le lien qui les unisse tous les trois et mon cœur se serre douloureusement, avant que je ne me mette sur la défensive quand la femme se tourne vers nous, presque agressive.

« Nous sommes sa famille. Je suis Brenna, la sœur de sa fiancée. »

Je n’aime pas les Sengoli, et cela doit s’entendre dans ma voix. Même si ceux-ci ont fini par rejoindre l’Alliance, je ne peux tout simplement pas leur faire confiance. C’est viscéral, et leur simple présence me donne envie des envies de meurtres. Cette femme, sortie de nulle part, n’y fait pas exception. Inconsciemment, mes mains se crispent sur les épaules d’Aedan.

Eurydyce

Je suis Uriah ; chef de clan de Shisayo.

Il doit bien avouer que cet animal est digne des plus choses les plus étranges qu’on puisse imaginer en ce bas monde. Là où l’entièreté de la planète semble s’être retournée contre l’homme, se parant de redoutables moyens de défenses, la chèvre blanche est totalement à part, à l’instar de sa propriétaire d’ailleurs. Uriah n’a jamais très bien compris Keren, mais il la respecte, comme l’ensemble de son peuple. Et si la plupart de ses paroles semblent être totalement aléatoires, basées sur des perceptions que très peu de gens possèdent, elle se révèle être de bons conseils et très utiles lors de leurs nombreux rituels. Il remarque que l’animal a effrayé Naveed puis remarque son comportement étrange. Ce qui ne semble pas être hors du commun, visiblement. Mais avant d’avoir pu dire ou faire la moindre chose, le fil de ses pensées est interrompu subitement par une voix et un mouvement brutal non loin de lui. Par réflexe, il pose la main sur le pommeau de son épée tout en balayant les alentours du regard.

Il voit une femme se jeter dans les bras de Naveed. Uriah ne dit rien, il ne juge pas. Il regarde, il se questionne silencieusement. Elle a l’air proche de lui, il y a dans son regard, cette chose qu’on trouve dans le regard des épouses qui retrouvent leur époux guerrier après une guerre. Son vieil ami a perdu la mémoire, comment aurait-il bien pu se protéger d’une quelconque intrusion dans sa vie ? Mais est-ce vraiment une intrusion ? Il ne peut pas réellement le savoir sans avoir plus d’informations. Et maintenant qu’il observe Naveed calmer l’enfant, il se fait la réflexion qu’il n’a pas non plus hâte de devoir regarder Danika faire face à tout cela. Surtout après les épreuves qu’elle aura probablement affrontées dans le nord. Et encore, cela laisse supposer qu’elle soit toujours vivante. Et Uriah n’est pas aussi optimiste que Keren ni aussi empli d’espoir que Brenna à ce propos. Alors que Shakti se tourne vers eux en leur demandant d’une façon un peu agressive qui ils sont, Uriah hausse un sourcil. C’est Brenna qui répond la première. Uriah est rassuré de voir que Brenna ne va pas plus loin dans ses paroles et jette un œil à Keren se demandant ce qu’elle pourrait bien rajouter à cela. D’autant plus que sa chèvre continue à tenter de l’entraîner comme pour lui montrer quelque chose. Finalement, à son tour il se présente : « Quant à moi, je suis Uriah, un vieil ami de Naveed ». Il aurait pu rajouter l’étiquette « chef de clan », mais la plupart des gens le connaissent. Même s’il n’est pas méchant, il repose un regard assez perçant sur la femme. Il aurait des tas de questions mais vu l’agressivité dont elle a semblé faire preuve à l’instant, il doute qu’elle y réponde honnêtement. Ceci dit, il aimerait bien se retrouver seul avec elle quelques instants pour lui poser l’ensemble des questions qui permettrait à Uriah de mieux comprendre ce qu’il est arrivé à son ami.

Brenna

Danika

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Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

Naveed sursaute violemment lorsque Ganesh revient subitement. Je peux le comprendre, elle a toujours le don pour arriver n'importe où et n'importe comment, sans s'annoncer la plupart du temps. Il est bien rare qu'elle me surprenne, les esprits étant toujours très troublés par son arrivée. Je lui souris avec douceur tout en adressant à Naveed un : « N’aies pas peur… Elle ne mord pas » qui se veut rassurant. Le pauvre doit être totalement perdu et chamboulé. Je pose mon regard sur l'homme tout droit revenu du monde des morts. Sa présence ici, bel et bien vivant explique pourquoi je ne l'ai jamais perçu. Pourquoi je n'avais jamais eu la sensation de le voir, de le percevoir. Peut-être bien que c'était un signe et que je n'ai pas su l'interpréter correctement. Peut-être bien que je n'ai pas voulu non plus prendre le risque de donner de faux espoirs à ma sœur déjà abattue et ne partageant pas mes croyances.

Alors que Ganesh essaie de nous entraîner, une femme nous interrompt. « Oppresseur ». Elle se jette au cou de Naveed avec un enfant dans les bras. Un petit garçon. Lorsqu'il se met à pleurer, Naveed le calme en posant une main sur sa joue. Il ne faut aucun doute que cet enfant est son fils. Et quelque chose se tort en moi. D'angoisse. De questionnements. Que s'est-il donc passé ? « Usurpatrice ». Peut-être dans ces conditions aurait-il mieux valu qu'il soit mort. Danika pourrait très bien souffrir bien plus à le voir avec une autre que de le penser mort. Je retiens mon soupire alors que cette femme se tourne vers nous pour nous demander qui nous sommes. Brenna répond d'abord. Elle nous présente comme sa famille, ce qui me tire un sourire doux puis se présente donnant son nom et son lien de parenté avec Naveed, en quelque sorte. Alors que je la sens légèrement agacée, je pose ma main sur son bras avec douceur pour l'inciter au calme. Je ne quitte cependant pas cette femme du regard. « Menteuse ». Autour d'elle, les esprits sont troubles, ils s'agitent. Ils sont en colère. Elle ne devrait pas être là, ainsi n'est pas l'ordre des choses. Ils murmurent, tournoient. La lumière est étrangement obscure autour d'elle. Pendant que je me perds dans la contemplation de ces drôles d'esprits, Uriah se présente comme un vieil ami de Naveed.

Finalement, c'est Ganesh qui me sort de mes pensées. L'animal, lassée de tirer sur ma tunique pour m'entraîner, nous a contournés pour aller mordre l'intruse au mollet. D'un geste de la main je la chasse en la sermonnant d'un mot propre aux shisayos avant de relever mon regard sur la femme : « Je suis Keren, la sœur de Brenna et Danika. J'attendais le retour de Naveed depuis de nombreuses années ». C'est avec un ton songeur que j'ai prononcé la dernière partie de ma phrase. Elle ne devrait pas être là, juste une pensée personnelle qui m'a échappée. Je me ressaisis et ajoute : « Et vous ? ». Je n'excuse pas la chèvre. Les esprits sont bien trop troubles pour que je sois assez concentrée pour penser à cela. Je me contente simplement de lui retourner la question pour qu’à son tour, elle se présente. Je suis curieuse d’entendre ce qu’elle a à nous dire. Puis, face à l’insistance de l’animal qui revient tirer sur ma tunique je propose à tout le monde : « Marchons un peu, voulez-vous ? Nous avons encore tant à nous dire et le temps semble nous manquer ». Pour retrouver Danika, pour rattraper le temps perdu. C'est avec plus d'autorité que j'entraîne Naveed et Uriah en glissant mes bras sous les leurs sans me soucier de l'avis de cette étrangère.

Je suis Naveed ; forgeron à Moroni et ancien guerrier du clan shisayo.

Beaucoup de choses sont confuses dans l’esprit de Naveed depuis plusieurs mois et même s’il a réussi à obtenir quelques informations qui ont rendu certains souvenirs plus clairs, il n’a pas encore totalement retrouvé la mémoire sur toute sa vie passée en Shisayo. Il est énormément partagé entre ce qu’il croit se souvenir et ses années passées en Sengoli, et tout est confus pour lui. Retrouver la famille de Danika ne l’aide pas vraiment à remettre de l’ordre dans tout cela, surtout qu’il ne se souvient pas du tout des femmes autour de lui – ni même d’Uriah, il faut bien l’avouer. Et l’arrivée de Shakti n’aide en rien. Il sait qu’elle s’accroche à lui et que c’est en partie pour cette raison qu’elle lui a menti toutes ces années, alors il se doute qu’elle ne le laissera pas partir aussi facilement. De toute façon, il doute pouvoir le faire réellement. Naveed est tiraillé entre tout cela et ne sait pas vraiment où se trouve sa place, c’est encore pire depuis les premiers jours de la fête de l’Alliance où il a commencé à retrouver des gens faisant partie de son ancienne vie dont il n’a que quelques souvenirs. Il a l’impression de ne plus être celui qu’on lui a décrit mais de ne pas être complètement celui qu’il croit être aujourd’hui. Il sait juste qu’à cet instant, ses deux vies s’entrechoquent et que cela risque de poser quelques soucis.

Alors il soupire doucement lorsque Shakti s’adresse aux femmes devant elle et sent, aux paroles des deux brunes, que tout ceci ne va pas lui plaire. « C’est nous sa famille, il n’a pas besoin d’en avoir une autre. » Elle tourne la tête vers Keren pour répondre à sa question. « Je suis sa femme. » Et elle ne lâche pas l’affaire malgré le fait que Keren attrape Naveed par le bras pour avancer à la suite de l’animal qui semble vouloir leur montrer quelque chose. Le bébé dans les bras, elle avance et se place devant lui, l’obligeant à s’arrêter pour ne pas leur rentrer dedans. Naveed soupire doucement. « Shakti… c’est compliqué… » Mais même lui ne saurait pas approfondir la phrase. C’est compliqué, ça explique beaucoup de choses mais pas tout. « Non ça ne l’est pas. Tu as une femme et un fils, et une maison qui t’attend à Moroni. Et il est hors de question que j’y rentre seule. Pas encore. » Il sait qu’elle fait allusion à cet homme qu’il a remplacé dans son cœur, il est au courant à présent qu’il l’a confrontée pour comprendre ces souvenirs qui lui sont revenus en tête et même s’il n’approuve pas ce qu’elle a fait, il la comprend. « Retourne là-bas, prends des nouvelles de Skylar et des autres, rends-toi utile si tu le peux. Je te retrouverais à la tente un peu plus tard. » Son ton est un peu plus strict que d’habitude mais Naveed ne souhaite pas exposer leurs problèmes à la vue d’autres personnes, d’inconnus à ses yeux. Elle l’observe quelques secondes et s’apprête à ouvrir la bouche lorsqu’il la coupe dans son élan. « Je vous retrouve après, c’est promis. » Il murmure les deux derniers mots mais elle sait qu’il tiendra sa promesse car il le fait toujours. Alors elle observe les deux femmes qui se disent être sa famille puis se rapproche de Naveed pour l’embrasser. « On t’attendra alors, tous les deux. » Elle met le bébé dans la balance parce qu’elle sait que Naveed aime son fils, peut-être plus qu’elle aujourd’hui, mais il reviendra au moins pour lui. Alors elle lance un regard noir aux deux femmes et elle fait demi-tour avec son fils dans les bras, parce qu’elle sait que Naveed reviendra sous leur tente. Il l’a promis.

Il l’observe s’avancer dans les prairies puis soupire avant de se tourner vers ceux qui proviennent de cette ancienne vie qu’il essaye de se rappeler. « Désolé. C’est… compliqué. » Et bien plus que cela ne parait. « On y va ? » Il essaye d’esquiver toutes questions qui pourrait surgir, parce qu’il ignore un peu comment il pourrait répondre à tout cela.

We're a family
Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Uriah se présente à ma suite comme étant un vieil ami de Naveed. Mon regard reste posé sur cette femme en qui je ne parviens pas à avoir confiance. Entre le regard qu’elle pose sur nous et sa simple condition de sengoli, elle m’exaspère déjà. Keren dispute doucement sa chèvre avant de se présenter également comme étant ma sœur avant de lui renvoyer la question. Il est vrai que je ne le lui ai pas demandé, mais en réalité je me fiche pas mal de ce qu’elle pourrait dire après avoir enlacé Naveed devant nous. La réponse de l’inconnue ne tarde pas à venir et une bouffée de colère s’empare de moi. Si Aedan n’avait pas été là, nul doute que je lui aurai sûrement fait entendre ma façon de voir les choses. Qu’elle prétende être sa femme, je peux limite le comprendre si Naveed était amnésique durant toutes ces années, même si ça me hérisse les poils de l’admettre. Néanmoins, qu’elle estime que le jeune homme n’a pas besoin d’avoir une autre famille qu’elle-même me met hors de moi.

Je m’apprête à l’envoyer promener, mais Keren me coupe dans mon élan en proposant de marcher un peu à la suite de Ganesh. Je me fiche pas mal de ce que cette chèvre doit avoir à montrer et je continue de fixer cette Shakti qui commence à faire une scène pour que Naveed rentre avec elle. Je serre les poings, furieuse du rôle qu’elle se donne alors qu’elle n’en a pas le droit. Il est le fiancé de Danika, celui qu’elle a pleuré pendant des mois, voire des années, il est hors de question que cette sengoli le lui enlève de nouveau. Je lui rends son regard noir avec plaisir avant de suivre Keren qui les entraine à la suite de Ganesh. Naveed a l’air gêné de la situation, aussi ne lui dis-je rien, mais alors que je marche aux côtés d’Uriah, je marmonne quelques mots, plus pour moi que pour lui, tout en serrant la main de mon fils dans la mienne.

« Je hais les sengolis. »

Pour tout ce qu’ils ont fait aux gens que j’aimais. Mes parents, mon frère, mes sœurs, Naveed et mon père adoptif. Ce peuple m’est insupportable, peu importe que Skylar ait fait en sorte de les faire entrer d’Alliance. Il y a des rancoeurs tenaces. J’avise alors Keren, essayant de me calmer.

« Pourquoi suit-on Ganesh ? Que se passe-t-il ? »

Eurydyce

Je suis Uriah ; chef de clan de Shisayo.

Après s’être présenté le chef de clan reste silencieux. En d’autres circonstances il aurait surement fait preuve d’humour, utilisant les mots pour désarmer la situation mais il connaît trop bien les deux femmes du désert. L’une ne comprend pas toujours l’humour et l’autre a trop de caractère pour se laisser désarmer aussi facilement. Quant à la femme venue de sengoli, il n’y a qu’à l’observer pour comprendre que ça ne sera pas aussi facile. Elle le prendrait même sûrement mal. Et Uriah n’est pas là pour déclencher une nouvelle guerre avec ce clan. Son peuple a déjà bien trop perdu. Cependant lorsque la femme assure que c’est elle sa famille, Uriah arque un sourcil. Techniquement parlant elle est arrivée après eux… Et Uriah serait très curieux de connaître cette histoire, il aurait probablement des tas de choses à en dire. Mais lorsque Naveed essaie de calmer celle qui semble être son épouse, Uriah choisi de se taire. Parce que son vieil ami a raison : c’est compliqué. L’amnésie complique énormément de choses. Mais une chose est certaine Naveed avait déjà une famille bien avant de rencontrer cette femme.

Lorsqu’elle répond, à nouveau Uriah ne répond pas. Mais clairement cette femme lui déplaît. Elle ne semble pas compatir à la détresse de son époux ou à la difficulté qu’il rencontre face à la collision de ces deux vies. Une autre aurait probablement facilité les choses, mais elle ne semble qu’attiser le brasier. Finalement, Naveed réussi à convaincre Shakti de les laisser. Il la regarde s’éloigner alors que Naveed s’excuse et propose d’y aller. De toute façon Keren a déjà saisi les deux hommes pour les entraîner et Uriah se laisse faire. De son côté, Brenna marmonne et Uriah lui sourit avec bienveillance. Il connaît l’aversion de la jeune femme pour le clan du sud et lui aussi d’une certaine façon les déteste. Mais il sait aussi que tous les sengolis ne sont pas les mêmes que ceux qui ont fait souffrir leur clan durant des années. Il note cependant qu’elle tâche de se détourner de la situation en interrogeant Keren et Uriah sourit amusé en disant : « Peut-être devrais-tu poser la question à la chèvre ? Parce que oui, nous suivons bel et bien cet étrange animal… ». Il sourit amusé et dit : « Il y a des mystères dans ce monde qu’il ne vaut mieux ne pas comprendre… ». Il se moque peut-être un peu le chef de clan mais il ne faut pas croire : il respecte beaucoup la shamane même s’il ne comprend pas tout. C’est normal, ce n’est pas son rôle. Il écoute les conseils les plus clairs, demande parfois des explications pour prendre les meilleures décisions possibles. Mais c'est elle qui interprète les mystères.

Brenna

Danika

We're a family

Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

Autour de cette femme, cette Shakti, les énergies sont négatives. La lumière semble la fuir, l'ombre prenant ses droits autour d'une personnalité qui semble être des plus désagréables. Le vent qui s'enroule autour d'elle, est froid, glacial comme son âme et la couleur qui semble émaner d'elle est noire, comme semble l'être son âme. Définitivement je n'aime pas cette femme. Et celle-ci semble bien nous le rendre alors qu'elle devrait probablement être très heureuse de voir que son époux a retrouvé une partie de son passé, qu'il a trouvé des réponses à toutes les questions qu'il devait se poser et de voir que ses amis sont encore là, présents pour lui et prêts à l'accueillir à nouveau comme l'un des leurs. Parce qu'il ne cessera jamais d'être un fils du désert. D'ailleurs, alors que Naveed essaie de calmer cette femme je regarde un peu le ciel en murmurant pour moi-même : « Un enfant du désert restera toujours un enfant du désert... ». Et cela ne changera jamais. Mais une petite voix me souffle de ne pas plus m'en mêler alors je me tiens à l'écart silencieuse avant de finalement entraîner les deux hommes par les bras pour régler tout ceci.

La femme est partie avec son enfant. C'est bien dommage pour lui d'avoir une telle mère alors que partout dans le monde des femmes bien auraient pu l'élever. Mais l'univers a probablement ces raisons d'avoir orchestré tout ceci. Je suis curieuse de les connaître je dois bien l'avouer. Quand ma soeur marmonne sa haine contre les sengolis, je retiens mon commentaire. Je sais bien que cela ne fera qu'agacer sa colère et que cela ne changera pas son point de vue. Mais nous appartenons tous au même monde. Malheureusement parfois, ce sont des hommes guidés par de mauvais esprits qui arrivent au pouvoir et qui provoquent le chaos et la souffrance. Elle me pose finalement deux questions et je souris un peu. Uriah notre chef se permet de répondre tout en se moquant un peu. Si je ne percevais pas les ondes qui émanent de lui sans doute serais-je vexée d'entendre de telles paroles, mais je sais qu'il n'en pense pas un mot. Il se contente de faire de l'humour ce qui n'est pas étonnant pour lui. A mon tour je réponds : « Ganesh semble avoir perçu quelque chose » un instant, mon esprit file, laissant planer le silence et je reprends la parole tout en avançant : « Une quête semble s'achever, les réponses semblent s'assembler, se rassembler autour d'elle. Peut-être a-t-elle juste faim. Peut-être a-t-elle réellement trouvé un trésor ». Qui sait ? Les plaines semblent le savoir. Le vent tape dans notre dos comme pour nous indiquer la direction. Mais il a tourné, en peu de temps. Peut-être le vent a-t-il porté une réponse à Ganesh avant de tenter de nous indiquer la voie. En tout cas une chose est sûre, nous nous éloignons un peu des tentes des soigneurs, et très vite des armes abandonnées commencent à joncher le sol alors que nous nous retrouvons au milieu de plusieurs cadavres kelowniens. Qui va-t-on donc trouver ici ?

Je suis Naveed ; forgeron à Moroni et ancien guerrier du clan shisayo.

En venant à la fête de l’Alliance, Naveed ne pensait pas devoir confronter sa vie d’avant à sa vie de maintenant, que ces deux choses s’entrechoqueraient de cette façon. Il savait pertinemment qu’il risquait de tomber sur des gens de son passé – c’est sans doute pour cette raison qu’il a décidé de venir dans les prairies d’Askhadi pour la fête d’ailleurs – mais il ne pensait pas apprendre autant de choses si rapidement. Et encore moins tomber sur la famille de Danika. Tout cette petite escapade est devenue assez étrange et quelque chose dit à Naveed que ce n’est sans doute pas fini, encore moins quand Brenna demande pourquoi ils suivent tous une chèvre qui semble vouloir leur indiquer quelque chose. Naveed n’est pas vraiment pour l’idée de suivre cette satané bestiole mais il ne dit rien et garde pour lui toutes ses remarques, se contentant d’observer l’animal de loin tandis que sa maîtresse annonce que celle-ci a perçu quelque chose. L’homme se demande comment elle peut savoir ça, comment une chèvre peut avoir « perçu » quelque chose alors que ce n’est, justement, qu’une chèvre. Mais il ne dit rien et se contente de marcher à la suite de celui qui était son ami.

Très vite, l’odeur des plaines commence à changer et Naveed repère celui du sang dans l’air qui les entoure. Même s’il n’a pas pris les armes depuis des années, il sait toutefois reconnaître l’odeur d’une bataille et des corps abimés par le combat. La main sur le pommeau de son épée, il passe devant les jeunes femmes et l’enfant, puis ralentit l’allure et observe les alentours avant de jeter un œil à Uriah. « Certains pourraient être encore en vie. » Il n’aime pas cela, pas du tout, parce que leur petit groupe n’est pas forcément taillé pour subir une embuscade de la part des kelowniens. Mais les alentours sont silencieux et la vie semble avoir quitté les corps au sol depuis un petit moment. C’est un bruit un peu plus loin qui lui fait dégainer son épée et il aperçoit une forme penchée sur un corps. Une femme, d’après les cheveux longs qui tombent dans son dos.

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Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Je ne comprends pas pourquoi Uriah rit. Qu’y a-t-il de drôle à toute cette situation totalement invraisemblable ? Nous venons de nous faire attaquer verbalement par une femme que nous ne connaissons pas, une sengoli qui plus est, quelques minutes après avoir retrouvé le fiancé disparu de notre sœur. Je n’arrive pas à trouver la situation drôle et je reste tendue malgré sa tentative de détendre l’atmosphère. La réponse de Keren au sujet de sa chèvre qui aurait perçu quelque chose ne m’aide pas. La main d’Aedan dans la mienne se serre légèrement et je baisse les yeux vers mon fils qui me regarde avec inquiétude. Ca a le mérite de calmer un peu ma colère.

« Excuse-moi mon chéri. Tout va bien. »
« Tu es sûre ? »
« … Pas vraiment. »

Il me sourit, donne une pression sur ma main et nous continuons d’avancer derrière Keren. Peut-être est-ce juste un moyen pour l’animal de nous faire faire une promenade afin de nous détendre ? Va savoir… Mais bien vite, la petite balade au milieu des tentes se transforme en cauchemar. Nous atteignons le champ de bataille et ça n’a plus rien de bienveillant. Des corps jonchent le sol, des armes abandonnées, du sang et du désespoir. Par réflexe, je viens cacher le visage de mon fils contre moi et il obéit en silence. L’odeur du sang a pris possession de l’air, des mouches volent déjà autour des dépouilles et je peux apercevoir quelques charognards déjà à l’action. C’est ignoble… Naveed nous dépasse, la main sur son épée en expliquant que certains pourraient être encore en vie, et sous-entendant qu’il nous faut donc faire attention. Bientôt, quelque chose attire notre attention plus loin. Naveed dégaine son épée sans attendre et mon regard tombe sur une femme, de dos, penchée sur un corps.

« Que fait-elle ? Une guérisseuse ? »

Ou une pilleuse de corps ? Je ne vois pas bien d’où je suis, mais sans trop savoir pourquoi, les battements de mon cœur s’accélèrent.

Eurydyce

Je suis Uriah ; chef de clan de Shisayo.

Les choses changent, les choses bougent et finalement le groupe se met en route. Ils suivent la chèvre et sa propriétaire. Uriah doit bien avouer qu'il ne comprend pas comment ça se passe. Ce qu'elle voit, entend, comprend ou il ne sait pas trop quoi d'ailleurs. Certains disent que c'est mystique, de la magie ancienne, revenue parce que la Terre a repris des forces. D'autres disent qu'elle est simplement folle et que parfois, elle tombe juste. Le chef de clan ne sait pas ce qu'il doit croire. L'homme du désert sait que la chamane survit et déjoue toutes les lois de la nature en arpentant le désert, voilà tout ce qu'il constate. Du reste, il préfère ne pas savoir et laisser les choses se faire.

Il entend le petit Aedan s'adresser à sa mère et ne répond pas. Il ne dit rien, se contente d'avancer en regardant autour d'eux vigilant. On ne sait jamais qui peut surgir. Même si la vision est plutôt dégagée, quelqu'un pourrait toujours être allongé sur le sol, au milieu des herbes à quelques mètres d'eux sans qu'ils ne puissent le voir. Finalement, l'odeur se fait plus métalique, plus désagréable. Et très vite le sol se jonche de corps. Beaucoup de kelowniens et quelques membres de l'Alliance. Comme son vieil ami, Uriah se place en protection et sort son épée. Et lorsque Brenna attire son attention sur la guérisseuse, Uriah penche un peu la tête. Cette longue crinière noire... La chèvre bêle joyeuse et s'avance jusqu'à la guérisseuse. Uriah commence à avancer pour la contourner, mais la chamane le devance. Il n'a pas le temps de la retenir, que Keren a posé une main sur l'épaule de la jeune femme avant de la contourner pour s'accroupir face à elle : « Bon sang Keren ! ». Il maugrée tout en avançant jusqu'aux deux femmes pour constater l'évidence : la chèvre avait raison. Keren aussi l’a vue et reconnue. Un sourire se dessine sur ses lèvres, rayonnant tout en disant : « Tu es là… ». Uriah ne dit rien, il regarde autour d’elle. Une esclave laissée seule ainsi ? Pourquoi est-elle si loin du groupe de kelownien en fuite ? Que fait-elle là toute seule. Finalement, il s’avance par réflexe car si elle est penchée sur un homme, peut-être celui-ci est encore vivant et pourrait s’en prendre à Keren. Alors, il s’approche et avise le corps sur lequel elle est penchée pour assurer la sécurité de sa chamane.

DANIKA + LA FAMILLE

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C’est la première fois en sept longs mois que Danika a l’occasion de sortir des terres hostiles de Kelowna, la première fois qu’elle peut voir autre chose que Port-Victoire et toutes ces maisons qu’elle connait par cœur. Ymir l’a autorisée à les accompagner, sans doute parce qu’elle leur sera utile à tous après cette bataille qu’ils ont prévu sur la fête de l’Alliance, mais elle n’a pas refusé cette occasion de pouvoir quitter la ville. De toute façon, Ymir ne s’est pas privé pour lui rappeler ce qu’il ferait à tous les esclaves de Port-Victoire si elle venait à tenter de s’échapper ou à faire quoi que ce soit dans le même genre. Mais même sans cette menace, Danika n’ira pas tenter quoi que ce soit parce que cela fait bien longtemps qu’elle a abandonné l’idée de quitter sa nouvelle vie d’esclave. Surtout depuis que son bourreau a trouvé la mort de la manière la plus plaisante qu’il soit : tué par Ymir.

Lorsque l’assaut a été donné, Danika se trouvait loin de tout cela, en retrait pour ne pas être blessée mais tout de même surveillée par un dissident. Au rappel par la corne, elle a commencé à voir affluer les premiers blessés. Mais pas Ymir. Et pas non plus Isaak. Deux des dissidents qu’elle ne déteste pas au même point que les autres parce qu’ils ne la traitent pas de la même façon que les autres. Parce qu’elle a été poussée à le faire, elle a dû s’occuper des plaies plus ou moins graves, montrer des gestes à ceux qui étaient en état de prendre soin des autres… puis elle a commencé à s’inquiéter. C’est dans sa nature de s’inquiéter pour les autres, c’est pour cette raison qu’elle est devenue guérisseuse et qu’elle fait toujours passer les gens avant elle-même, mais quelque chose en elle s’est fissuré en ne voyant pas revenir Ymir en même temps que ses hommes. Alors elle a pris sa sacoche et elle est parti à sa recherche, attendant que l’homme qui la surveillait soit occupé ailleurs pour courir à travers les prairies d’Askhadi. Elle aurait pu fuir pour de vrai mais quelque chose l’en a empêché, tout comme quelque chose l’a forcée à se pencher sur chaque blessé qui appelait à l’aide sur sa route. Ils étaient peu nombreux à pouvoir le faire et Danika doute avoir pu faire réellement quelque chose pour eux, mais elle a essayé.

L’homme sur lequel elle est actuellement penchée est un dissident. Rurik est un gamin qui ne doit même pas avoir déjà mené une femme dans son lit mais qui s’est pourtant jeté dans la guerre pour y perdre la vie. Son abdomen a été traversé de part en part par une lame et Danika ne peut rien faire pour lui. Elle s’apprête à se relever pour reprendre ses recherches lorsqu’un bruit la fait sursauter. Sans se retourner, elle garde les yeux baissés et attrape le poignard du jeune garçon, serrant ses doigts autour du manche jusqu’à ce qu’une main se pose sur son épaule. Apeurée par le mal qu’on pourrait lui faire, Danika lève la lame vers le cou de l’inconnue qui vient de la toucher puis relève la tête, prête à se défendre. Mais l’inconnue n’en est pas une et il faut quelques secondes à Danika pour reconnaître le visage de sa sœur. « Keren ? » Elle murmure et baisse doucement la lame tout en gardant tout de même le poignard dans sa main. Elle ne croit pas à ce qu’elle voit, ce n’est pas possible.

Brenna

Danika

We're a family

Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

Il m’est impossible de prévoir certaines choses. Les esprits me parlent, ils me soufflent des idées, de potentialités, des pistes. Et j’interprète le reste en fonction de ce que je cherche, de ce que je sais et de ce que je connais des gens concernés. Mais lorsque cela concerne Ganesh, il est impossible de savoir à l’avance ce qu’il va advenir. L’animal semble perché, loin dans un monde bien différent du nôtre, toujours malicieuse, toujours pleine de vie, m’entraînant souvent sur des chemins qui semblent emplis de merveilles pour parfois ne trouver qu’une belle touffe d’herbe plus verte que les autres. Peut-être a-t-elle trouvé une pomme, vestige d’un festin gâché par une horde de sauvages. Ou peut-être a-t-elle trouvé autre chose d’autrement plus intriguant. Lorsque nous arrivons au milieu de corps laissés là à l’abandon par le retrait des kelowniens et le rassemblement des guerriers de l’Alliance sous la tente des soigneurs, Brenna cache le visage de son fils et Naveed et Uriah se mettent en protection. Nous la remarquons tous : cette jeune femme aux longs cheveux noirs penchée sur un corps. Je vois Uriah qui s’avance pour la contourner mais les esprits qui flottent autour d’elle m’incitent à abandonner toute prudence. Je devance mon chef de clan pour venir poser une main sur cette épaule qui m’est si familière. Danika est là. « Tu es là » sont les seuls mots que je trouve à dire, emplis de soulagement à l’idée de retrouver ma sœur, encore vivante. J’ai un mouvement de recul lorsqu’elle lève une lame en direction de mon cou mais lève la main vers Uriah pour le dissuader de tenter quoi que ce soit.

Déjà Danika me reconnaît et baisse son arme. Je lui adresse un sourire, plus large encore en l’entendant prononcer mon prénom. Notre entente n’était pas au beau fixe avant sa disparition, mais cela ne m’empêche pas de ressentir une immense joie à la retrouver, à la voir ainsi en bonne santé. Je ne doute pas des horreurs qu’elle a dû affronter mais elle est là, saine et sauve. Elle est à nouveau auprès des siens. Je souris et je lui dis : « Je suis tellement heureuse ». Maladroitement, je me penche pour l’étreindre avec douceur veillant à ne pas me blesser avec le poignard qu’elle tient toujours et à ne pas lui faire peur, puis je baisse les yeux sur le corps. Ce n’est pas un corps, enfin pas encore. Le garçon est toujours vivant. Il est jeune mais sa blessure semble très grave. Quelle tristesse. Quel gâchis. Je pose ma main sur le front du garçon. J’aimerais pouvoir apaiser sa douleur, la lui prendre, mais je ne le peux pas. Peut-être même serait-il révulsé à l’idée que je ne le touche, et cela m’attriste encore plus. J’aimerais qu’il parte en paix, qu’il rejoigne cette grande aventure qu’est l’au-delà avec la certitude d’y trouver une juste place. Mais je tais tout cela, ne souhaitant pas irriter Danika alors que nous venons juste de la retrouver. D’ailleurs, je la regarde à nouveau et je lui dis : « Nous ne sommes pas seuls, Brenna et Aedan sont avec nous ». En disant nous, je parle d’Uriah qui est à présent dans son champ de vision et d’un signe de la main j’invite Brenna, à nous rejoindre ainsi que Naveed à qui j’adresse un sourire doux. Je ne sais pas comment lui annoncer cela. Cela risque d’être un choc pour elle qui l’a si longtemps pleuré. Mais Naveed est là, bien vivant.

We're a family
Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Keren est la première à réagir. Elle nous devance tous et j’entends Uriah grommeler avant de la suivre. Ma sœur pose une main sur l’épaule de l’inconnue avant de se glisser devant elle. Tout se passe très vite, je vois l’éclat d’une lame se lever vers la gorge de la shisayo mais cette dernière stoppe notre chef d’un geste de la main. Le cœur battant, j’observe la scène de loin, tenant toujours Aedan contre moi aux côtés de Naveed. Puis, à ma grande surprise, Keren se baisse pour prendre l’inconnue dans ses bras et je fronce les sourcils. La connait-elle ? Mais comment Keren pourrait-elle connaître une femme, semblant être une guérisseuse des kelowniens, perdue sur un champ de bataille à soigner ces derniers… ?

L’évidence me saute alors aux yeux. Ceux-ci s’écarquillent alors que l’ombre d’un espoir s’empare de mon cœur. Keren nous fait signe de venir et je ne me fais pas prier. La main de mon fils dans la mienne, je cours presque vers elle, jusqu’à me retrouver face à…

« Danika ? »
« Tante Dani ! »

Aedan réagit avant moi et s’avance vers sa tante pour se jeter à son cou. Je reste debout, bouche bée, face à ma sœur disparue. Sans comprendre, je sens les larmes me monter aux yeux avant de me laisser tomber sur le sol pour m’approcher d’elle et la prendre dans mes bras à mon tour.

« Oh mon dieu Dani, tu es vivante… »

Je n’en ai jamais vraiment douté, mais le voir de mes yeux et l’espérer sont deux choses bien différentes. La serrant contre moi, je fais de mon mieux pour retenir mes larmes, mais quelques unes s’échappent de mes yeux humides. Moi qui ne me laisse jamais aller à la moindre émotion trop forte, retrouver ma sœur me fait totalement craquer.

Eurydyce

Je suis Naveed ; forgeron à Moroni et ancien guerrier du clan shisayo.

Malgré les corps qui sont au sol, Naveed reste sur ses gardes, la main sur le pommeau de son épée, prêt à la dégainer à la moindre chose suspecte. Mais plus ils approchent de la femme qui leur tourne le dos, plus quelque chose le dérange et il reste devant Brenna et l’enfant tandis que les deux autres s’avancent. C’est Keren qui fait le premier pas et qui pose sa main sur l’épaule de la jeune femme, sous le regard désapprobateur d’Uriah qui reste près d’elle. Mais lorsque la jeune femme se retourne, le cœur de Naveed rate un battement dans sa poitrine. Ce visage, même s’il ne s’en souvient pas entièrement, il l’a vu à de nombreuses reprises dans ses rêves dernièrement. Cette jeune femme, c’est Danika, celle qu’il recherche depuis des semaines à présent.

Naveed reste sans voix durant plusieurs secondes, observant ce visage comme si c’était la première fois. C’est un peu le cas d’ailleurs puisqu’il ne se souvient pas de grand-chose de sa vie d’avant, même si le visage de Danika lui est déjà venu plusieurs fois en mémoire ces dernières semaines. Il reste en retrait tandis que Keren se jette dans le bras de sa sœur et que l’enfant fait la même chose après quelques secondes. C’est une réunion de famille à laquelle Naveed se sent de trop, avec sa mémoire fragmentée, et il reste en arrière en observant la scène. La jeune femme a déjà l’air déboussolée, il ne veut pas en rajouter une couche pour le moment. Il a déjà vu l’effet de son retour sur Uriah et encore plus sur les deux sœurs, et il se doute que cela sera bien étrange pour Danika. Il fait néanmoins quelques pas en avant pour marquer sa présence, parce qu’une petite partie de lui a bien envie d’aller serrer la jeune femme dans ses bras.

DANIKA + LA FAMILLE

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Danika baisse doucement la lame qu’elle tient mais la garde tout de même dans sa main. Même si elle reconnait le visage de sa sœur ainée, elle n’en est pas pour autant très rassurée et a bien du mal à se faire à tout cela. Elle n’y croit pas, le fait que sa sœur se trouve devant elle ne lui semble pas vraiment réel pour le moment. Alors lorsque celle-ci la prend dans ses bras, Danika se laisse faire sans lui rendre son étreinte, clignant des yeux face à ce geste dont elle n’a plus l’habitude. Keren parle mais les mots ne viennent pas jusqu’à l’esprit de Danika qui retient à peine les prénoms annoncés. Ses yeux se posent sur le visage d’un petit garçon qui se jette lui aussi dans ses bras et elle bafouille pour essayer de sortir quelques mots. L’étreinte la dérange et cette effusion aussi, elle aimerait être partout sauf ici à ce moment précis. C’est le bazar dans sa tête et l’arrivée d’une troisième personne qui la serre dans ses bras est un trop plein pour elle.

Elle essaye de se dégager des bras qui l’entourent et fronce les sourcils en se retrouvant les fesses au sol lorsqu’elle y arrive enfin. Elle se recule de ce trio un peu trop collant et relève le poignard qu’elle tient dans sa main au moment où l’un des hommes s’approche lui aussi. « N’approchez pas ! » Une personne de plus, ce n’est pas possible à gérer pour elle mais lorsqu’elle relève les yeux vers le visage de l’homme, elle se fige instantanément. L’homme qui se trouve devant elle, à quelques pas derrière Keren et les autres, c’est Naveed.

Et ça, c’est impossible. Danika secoue la tête et pose à nouveau son regard sur cet homme qui est mort depuis des années, persuadée d’avoir perdu la tête. Elle ne se sent pas bien depuis quelques temps et cela s’est accentué depuis leur départ de Port-Victoire, si bien que Danika n’a pas eu d’autres choix que d’utiliser des plantes venues d’Askhadi pour tenter de soulager ce mal dont elle connait l’origine. Mais elle commence à se demander si les plantes utilisées ne lui ont pas aussi donné des hallucinations, suffisamment fortes pour lui faire imaginer tout un groupe de personnes. C’est la seule explication valable à toute cette scène devant elle.

Elle se relève doucement, son arme toujours devant elle. « N’approchez pas ! » Ses mains tremblent, autant que le jour de sa capture où elle a menacé Ymir avec le même genre d’arme, mais cette fois elle ne lâchera pas le poignard. « C’est impossible. C’est une hallucination. » Elle murmure, secoue doucement la tête et recule autant qu’elle peut tout en observant les alentours. Elle doit retrouver Ymir, c’est la seule façon de se sortir de tout cela et d’arrêter ces hallucinations.

Brenna

Danika

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Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

Je ne suis pas la seule à bouger. Tout le monde bouge autour de nous. Brenna s'avance elle aussi, poussée par la curiosité. Après tout, je viens d'étreindre une inconnue, elle se pose forcément des questions, non ? Même Aedan se déplace. Tous les deux constatent qu'il s'agit bien de notre soeur, de Danika, qui était perdue et qui à présent est à nos côtés de nouveau. L'univers semble retrouver sa cohérence, même les esprits sont apaisés à présent. Tout le monde se trouve là où il devrait être : à sa juste place. Danika est à notre côté, et Naveed a également retrouvé les siens. Sa famille. Nous étions sa famille. Nous le sommes toujours. Quoi que puisse bien en dire cette femme sengoli, nous resterons toujours la famille de Naveed qui est un fils du désert comme nous. Même le guerrier s'avance un peu. Mais seulement de quelques pas. Sans faire plus pour le moment. Et peut-être a-t-il raison de le faire, car Aedan est déjà suspendu au cou de Danika tout comme sa mère d'ailleurs. D'ailleurs, je suis assez surprise de voir les larmes sur les joues de Brenna qui est plutôt solide en général et ne se laisse pas vraiment aller à ce genre d'effusion. Je ne dis rien, me contenant de rester silencieuse en observant avec beaucoup de bonheur et de satisfaction cette scène qui me réchauffe le coeur.

Finalement, Danika tente de se dégager. Et en le faisant, elle se retrouve assise sur le sol. Elle se recule et relève le poignard en leur recommandant de ne pas approcher. Je fronce les sourcils en penchant un peu la tête étonnée par la réaction de notre soeur. Elle regarde Naveed à présent, et secoue la tête. Et je ne peux qu'imaginer tout ce qu'elle doit se dire. Au milieu de tous ces cadavres après tant de souffrances, elle se retrouve face à un homme qui devrait être mort lui aussi. Cet homme qu'elle a aimé, qu'elle a perdu, qu'elle a pleuré. Pour lequel elle s'est enfermée dans une muraille pour ne plus ressentir ce genre de souffrances. Elle relève encore son arme et leur répète les mêmes mots. Avant d'en prononcer de nouveau. Tranquillement, je m'assois, sans m'approcher. Je m'asseois dans les herbes, en tailleur et je pose mon regard sur elle à nouveau tout en lui disant : « Nous sommes bien là, Danika. Nous sommes réels, tout comme toi... ». Je pose mes mains sur mes genoux comme si je m'apprêtais à démarrer une séance de méditation, mais je ne ferme pas les yeux. Je les garde bien ouvert, posés sur elle. « Nous t'avons cherché longtemps... Mais nos recherches sont restées vaines, jusqu'à aujourd'hui... ». Je continue à sourire avant de dire : « Et nous avons croisé la route de Naveed... Qui est là, lui aussi. Bel et bien là, vivant, tout comme nous... ». Personne n'est mort, personne n'est une hallucination. Les esprits tournoient autour des vivants, ils glissent les longs des corps, se diffusent dans les auras. Nous sommes tous là, bien réels dans ce monde. Et visiblement, nous avons un peu trop brusqués Danika. Alors il vaut mieux lui laisser un peu de temps pour se remettre de ses émotions.

We're a family
Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Je ne comprends pas tout de suite ce qu’il se passe, mais bientôt je sens ma sœur se débattre dans mes bras jusqu’à s’en dégager et tomber en arrière sur les fesses. Hébétée, je la regarde sans comprendre. Aedan est surpris également et je le fais reculer tout de suite en voyant ma sœur brandir son poignard devant elle comme si nous étions ses ennemis. Puis je les vois, ses yeux, lorsqu’ils s’écarquillent sous la stupeur. Un coup d’œil derrière moi m’indique que Naveed s’est approché dans son champ de vision. Je reporte mon attention sur ma sœur alors que cette dernière est littéralement en train de craquer face à cette apparition d’outre-tombe. Je me demande ce qu’il doit lui passer par la tête alors que l’homme qu’elle aime et censé être mort, réapparaît devant elle. Cette question, je n’ai pas à me la poser bien longtemps, car elle crie à l’hallucination. Je repense alors à ces moments de profonde tristesse après l’annonce de la mort de Naveed. Le désespoir et la souffrance qui se sont emparés d’elle durant cette période sombre avant qu’elle ne parvienne à y faire face doucement. Voir ce fantôme devant elle ne peut que la faire sombrer de nouveau.

La voix de Keren me parvient et je me tourne pour la voir assise en tailleur à côté de nous, expliquant à notre sœur qu’elle ne rêve pas, qu’elle ne devient pas folle et que nous sommes bien là. Pourtant, Danika continue de lever son poignard vers nous, bien qu’avec un peu moins de conviction. Je repose mes yeux sur elle. La jeune femme semble fatiguée, elle a les traits tirés, l’air inquiet et paniqué, les mains tremblantes. Qu’a-t-elle pu vivre pour se retrouver dans cet état ? Pourquoi est-elle seule alors qu’elle est censée s’être faite enlever par des kelowniens ? Je regarde alors autour de moi, essayant de voir si quelqu’un se trouve non loin, mais je ne vois rien. Je reviens poser les yeux sur Danika.

« Danika, pose ce poignard. Keren a raison, tu ne rêves pas. Nous sommes bien là, nous sommes réels. Reprends-toi, tu es en train d’effrayer Aedan ! »

Celui-ci s’est, en effet, reculé vers les deux hommes restés un peu en retrait.

« Viens avec nous, rentrons à la maison, à Tipaza. Maman nous attend. S’il te plait. »

Pour le coup, je suis vraiment inquiète pour elle. Elle n’est clairement pas dans son état normal.

Eurydyce

DANIKA + LA FAMILLE

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Elle s’est peut-être empoisonnée avec ces plantes finalement. Elle ne connait pas très bien les territoires d’Askhadi et peut-être qu’elle s’est trompée dans le dosage de ces racines dont elle s’est servie. Ça justifierait pourquoi elle voit Naveed devant elle à ce moment précis, pourquoi elle voit son fiancé mort au combat depuis plusieurs années. Lui et ses sœurs aussi, parce que Danika a bien du mal à croire à tout ce qui se trouve devant elle. Elle garde son poignard dans sa main et resserre ses doigts autour de lui, elle ne laissera pas ces personnes s’approcher d’elle pour lui faire du mal. Elle doit retrouver Ymir, partir d’ici et aller le retrouver.

Elle relève la tête quand Keren prend la parole mais ses mots n’arrivent pas à monter jusqu’à son cerveau. Danika ne croit pas à ses paroles qui se veulent réconfortantes et se contente de garder son couteau bien serré entre ses doigts, même quand son autre sœur parle de leur mère qui les attend à la maison. Mais Danika n’y croit pas une seule seconde et secoue à nouveau la tête pour se remettre les idées en place. Ce n’est qu’en entendant une voix familière à ses oreilles qu’elle tourne la tête, soulagée de voir une tête qu’elle reconnait et qu’elle sait ne pas être une hallucination. Isaak est là, et si Isaak se trouve là c’est que Ymir ne doit pas se trouver très loin de lui.

Sans quitter le petit groupe des yeux, Danika se recule pour se rapprocher d’Isaak. Elle se raccroche à la seule personne en qui elle a confiance pour le moment et préfère de loin rester aux côtés du guerrier kelownien que de suivre aveuglément les paroles de ses sœurs, et de cette hallucination qu’elle semble avoir aujourd’hui. Isaak saura la mener à Ymir et l’éloigner de toute cette folie.

Isaak ⎐ Les autres

date : à la fête de l'Alliance // lieu : Askhadi

Isaak est à la recherche d’Ymir et cela fait un bon moment maintenant qu’il marche dans les plaines de ce foutu clan pour trouver son chef. Il a été blessé durant la bataille mais cela ne l’empêche pas d’être sur ses deux jambes pour chercher Ymir, d’autant qu’il a réussi à se faire rafistoler par une guérisseuse qui l’a pris pour un kelownien, petit chien chien de la rouquine. Bien évidemment, il ne lui a pas dit qu’il était de l’autre côté durant la bataille et qu’il avait sans doute décapité quelques-uns de ses camarades, il s’est juste laissé soigner sans rien dire, gardant un œil sur les gens autour de lui pour ne pas se faire repérer. Une fois sa jambe et son flanc rafistolé, il s’est remis à la recherche d’Ymir dans l’espoir de le retrouver, vivant de préférence. Mais après avoir retourné tout un tas de corps, Isaak s’est rendu à l’évidence : son chef a quitté le champ de bataille. Il ne peut se résoudre à se dire qu’il a été capturé par les hommes de la rouquine – notamment parce qu’il en aurait entendu parler dans les prairies – alors il continue ses recherches. Dans la foulée, il a retrouvé Kavik qu’il avait perdu dans la bataille. Le chien à l’aspect de loup semble aller bien, malgré le sang qui macule son pelage.

Ses pas le mènent vers des voix qu’il entend un peu plus loin. Il y a des corps au sol, des guerriers et civils ayant combattu des deux côtés mais Isaak ne s’en préoccupe pas pour le moment. Il vient d’apercevoir Danika un peu plus loin, seule face à un groupe de personnes. Kavik gronde et suit son maître qui vient de sortir la hache qu’il porte à sa ceinture tout en s’approchant de la guérisseuse. « Danika ! » Il attend qu’elle relève la tête vers lui. « Viens, on a à faire. » Isaak ne doute pas que certains de ses camarades du côté de la dissidence auront besoin de soins et que Danika pourra se montrer utile auprès d’eux. Et il est surtout hors de question pour le guerrier de repartir sans l’esclave d’Ymir avec lui. Sa hache levée, il garde un œil sur le petit groupe devant lui. Deux hommes armés, deux femmes – dont une qu’il reconnait très bien pour l’avoir rencontrée quelques jours auparavant - et un enfant, rien de très compliqué pour lui malgré ses blessures. Lorsque Danika recule vers lui, il attrape son bras et se place devant elle, relevant son arme pour prévenir le petit groupe. « Elle vient avec moi et je vous conseille de ne pas nous suivre, sans quoi vous devrez ramasser les morceaux. » Evidemment, il ne lui fera aucun mal mais ça, personne ne le sait.

Brenna

Danika

We're a family

Kum an 150 ☾ Brenna, Danika, Uriah & Naveed

Une voix s'élève. Un homme. Qui s'avance jusqu'à notre sœur qui elle a reculé en direction de cet homme. « Toi... ». Je darde un regard sur celui qui vient d'interpeller Danika et de lui dire qu'ils ont à faire. Etrangement, je comprends que cette conversation que nous avons eue dans les plaines était vide de sens. Durant toute cette conversation, il a sans doute joué une comédie sinistre. Et maintenant qu'il est là, je comprends mieux cette froideur que j'avais ressentie autour de lui, les esprits qui l'entouraient étaient plutôt froid, difficiles à cerner. Cela prend du sens maintenant, n'est-ce pas ? Et lorsqu'il leur parle à eux, je serre les dents : « Hors de question ». Je me tourne vers Danika et je lui dis : « Rentre avec nous Danika... Nous sommes ta famille et même si ça n'a pas toujours été facile, nous avons toujours pu compter les uns sur les autres... ». Même dans les moments difficiles, en dépit de tous les conflits, de toutes les incompréhensions, et même si ça n'a pas toujours évident de communiquer, nous avons toujours su quand nous avions besoin de nous soutenir : de nous rapprocher ou de nous éloigner un peu, pour laisser les autres respirer. C'est à Isaak que je m'adresse quand je reprends la parole : « Rentre chez toi, Isaak. Le sang n'a que trop coulé ici. Danika est notre sœur, elle fait partie de notre famille, nous ne la laisserons jamais repartir... ». Je me battrais pour elle. C'est trop dur d'accepter de la perdre, pas cette fois. Je ne la laisserais pas repartir avec des gens qui l'ont sans doute frappée et qui lui ont fait du mal. Qui l'ont contrainte à quitter les siens. Et même si Aedan est là, je ne veux pas la laisser partir sans lui montrer ce que nous sommes prêts à faire pour elle. Nous n’aurions jamais dû la laisser partir en Pankara, la laisser noyer son chagrin dans le travail. Nous aurions dû faire les choses autrement. Et cette fois, je suis prête à le faire. Je ferais tout ce qu’il sera en mon pouvoir pour qu’elle reste. Isaak aura beau être un bon guerrier, Uriah et Naveed sont de bons guerriers eux aussi. Et nous serons là pour protéger Aedan, Brenna et moi. Shiva, la chèvre, tente d’approcher le chien avec lequel elle jouait la veille, sans succès, l’animal semblait prêt à l’attaquer. Elle baisse la tête, lui montrant ses petites cornes, frappant le sol du sabot.

We're a family
Ft. Keren, Danika, Uriah & Naveed

Que lui ont-ils fait pour que qu’elle ne parvienne pas à nous croire ? Nous, ses propres sœurs, son fiancé et son chef de clan. Qu’a-t-elle pu vivre à leurs côtés pour qu’elle en vienne à nous menacer d’un poignard ? Je ne parviens pas à comprendre et j’aimerai pouvoir l’attraper par les épaules pour la secouer et la faire réagir convenablement. Elle est ma sœur. Nous ne partageons pas le même sang, c’est vrai, mais je tiens à elle autant que je tenais à Nadya et Eléa. Les larmes me montent aux yeux mais je parviens à les retenir de couler en prenant une inspiration. Si je pleure, je sais que je finirai par sombrer et je ne veux pas. Pas devant mon fils.

« Danika je t’en prie… »

Mais une voix puissante masque mes paroles et un homme apparaît soudain non loin de nous. Je tourne la tête vers lui. Il porte une hache et est accompagné d’un loup, ou du moins ce qui y ressemble. Sans aucune crainte, il s’approche pour ordonner à Danika de la suivre avant de poser les yeux sur nous. Ma sœur se relève et il l’attrape par le bras pour la placer derrière lui. Je crois que ce qui me fait le plus mal à cet instant, ce n’est pas que cet homme place la jeune femme derrière lui, comme si elle lui appartenait, mais que plutôt qu’elle semble se sentir soulagée de le voir là alors que nous, sa propre famille, nous lui faisons peur. Il nous interdit de les suivre, menaçant ma sœur de mort. Comment cette dernière peut-elle être rassurée d’être en compagnie d’un homme qui menace de la découper en morceaux ? Ca n’a aucun sens.

Keren semble connaître cet homme, mais l’ignore avant d’interpeller Danika, tentant de la convaincre de nous écouter, avant de se tourner vers le gars. Isaak donc.

« Dani, réveille-toi bon sang ! Arrête de faire l’enfant et viens avec nous ! Tu n’as rien à faire avec ce type, ni avec aucun kelowniens. Rentre à la maison… Maman t’attend, on t’attend… Je t’en prie. »

Mais la jeune femme ne semble pas vouloir nous écouter et le type continue de nous menacer de sa hache, tout comme son loup continue de nous grogner dessus. Je recule d’un pas jusqu’à toucher Aedan en guise de protection. Uriah et Naveed sont toujours là. Je me tourne vers le premier, l’appelant à l’aide silencieusement. Dans mon regard, il peut sûrement voir que je l’autorise à aller jusqu’à l’assommement s’il le faut. Je veux qu’elle rentre avec nous. Je ne veux plus la perdre. Je reporte mon attention sur le type.

« C’est à toi de partir kelownien. Tu n’as rien à faire ici, ni toi ni les tiens. Danika est une shisayo, elle rentrera avec nous ! »

Eurydyce

(#) Re: [EVENT] We're a family ☾ Brenna & Danika

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