[Celene- Calypso] Leçon d'une guérisseuse

Durant le quatrième mois de l'année 150, aux frontières des clans Pankara et Askhadi.

Cela faisait plusieurs jours que Celene dormait à la belle étoile au milieu de la plaine. Petit à petit, elle s’éloignait de Nisida en direction du sud-ouest. On lui avait fait part du retard des caravaniers en direction de la capitale, et alors qu’elle se préparait à la base à partir au nord pour traquer un gros prédateur, elle se retrouvait partie en direction du sud pour traquer du gibier moins dangereux pour nourrir son clan. Cela ne la dérangeait guère ; au contraire, elle comptait revenir avec le plus gros stock de gibier possible pour ainsi se laisser le temps de trouver LA proie dont elle aurait besoin pour espérer acquérir enfin son premier cheval. Maintenant qu’elle parcourait de plus longues distances pour chasser, un cheval devenait indispensable, et il lui permettrait de transporter plus facilement et de plus nombreuses proies. C’est dans ce genre de moment que Celene regrettait la caravane de son père comme mode de déplacement, bien qu’elle n’eût rien contre la marche.

En revanche, elle fit face ce matin à l’une des situations redoutées de tous les chasseurs d’Askhadi : se réveiller par les grognements d’une bête non loin de soi. Pour le coup, la bête en question était effectivement très proche de Celene, qui bondit en arrière pour esquiver le loup qui lui fonçait dessus, juste à temps pour éviter le pire. Malgré tout, son corps engourdit par le sommeil n’avait pas été assez rapide pour éviter d’être blessée, bien que ce n’était rien de grave. D’un geste vif et précis, Celene fonça vers la bête en sortant son sabre, qui termina sa course en travers de l’animal. Elle soupira, frustrée d’être réveillée aussi brutalement. Le feu n’avait visiblement pas réussi à effrayer ce loup, pour une fois. D’ailleurs, il était bien rare de trouver un prédateur aussi dangereux dans cette zone, mais tout pouvait arriver. Jetant un coup d’œil furtif à son bras droit qui saignait légèrement, elle se contenta de sortir quelques morceaux de tissu de sa bourse et de grossièrement les nouer ensemble autour de la plaie pour éviter de la laisser à l’air libre. Satisfaite, elle fini de récupérer ses affaires et se remit en route. Hier soir, elle avait déposé plusieurs pièges à collet dans la zone, et comme elle s’y attendait, la plupart avait fonctionné. Elle acheva chaque animal pris au piège en leur tordant le cou avant de les pendre à sa ceinture. Elle récupéra ainsi une petite dizaine de proies jusqu’à midi, s’ajoutant à ses récoltes des jours passés qu’elle transportait dans un sac en lin qu’elle portait en bandoulière. Il lui restait encore quelques pièges, dont ceux qui avait fait chou blanc cette nuit, mais il était temps de repartir vers Nisida : elle pourrait encore récupérer quelques proies sur la route si besoin et n’avait aucune raison de s’attarder plus longtemps ici. Mais avant de partir, Celene décida de monter rapidement un feu de camps pour entamer une de ses proies. La jeune femme mangeait très peu pendant ses jours de chasse et un simple lapin lui faisait ses deux repas de la journée.

Alors qu’elle amassait de quoi préparer son feu, le bruit d’une présence non loin la fit se figer. À l’écoute de la provenance de ce bruit, elle sortit très lentement son arc. Elle n’eut pas le temps d’attraper une de ses flèches qu’elle vit la silhouette d’une femme apparaitre à sa droite. Celene baissa aussitôt son arc pour éviter de donner une fausse image à la femme en question, qui ne tarda pas à la repérer également.