《 Succession 》
An 147

Alon, capitale d’Orketa, mois quelconque de l’an 147. Aether se recueille devant l’arbre sacré de son clan lorsque la nouvelle lui parvient. Dastan, Ipa depuis deux ans, est mort. La rumeur dit qu’il a été assassiné par l’un de ses conseillers. Comment? Pourquoi? Personne ne le sait vraiment, ou en tout cas, personne ne le dit. Étrange. Qui l’eut crus? Que la trahison règne également à la Citadelle. Cette terre née de l’Alliance, cette terre qui se veut neutre. Mais… avant tout, ce décès signifie également l’avènement d’un nouveau chef de l’Alliance. Akeela peut-être? Akeela, cette enfant avec qui Aether a grandi jusqu’à ce qu’elle soit arrachée à sa famille pour partir comme apprentie à la Citadelle, à la place de sa soeur dit-on. Akeela, c’est certainement l’une des seules amies d’Aether. Doit-il aller l’encourager? Après tout, il n’y a pas encore eu d’Ipa originaire d’Orketa. Aether soupir. Les hommages et épreuves débuteront d’ici quelques jours. La Citadelle est à un peu moins de dix jours de marches, trois jours s'il emprunte une monture.

Aether, malgré les combats qui se poursuivent à la frontière sud contre les Sengolis, a obtenu l’autorisation de partir pour la Citadelle. “Il faut quelqu’un pour soutenir notre apprentie” lui a dit son supérieur avant de lui prêter l’une de ses montures. Un magnifique cheval noir nommé Celsius. “Ce serait bête que tu arrives après les festivités” a finalement ajouté son chef. Aether lui revaudra ça, dès son retour, il ira défendre la frontière tel un lion.

Un peu plus de trois jours, c’est le temps qu’il faut à Aether pour traverser tout Orketa afin d’atteindre les terres neutres. Galopant sur son propre territoire, il ne rencontre aucun réel ennemi, si ce ne sont les animaux sauvages qui peuplent la forêt mais qu’il parvient à semer ou éviter, des ours pour la plupart. Jive, un louveteau de presque un an qu’Aether a sauvé il y a quelque mois l’a suivi sur plusieurs centaines de mètres avant d'obéir au guerrier et de rentrer à la maison. Sa tanière. Le loup s’est pris d’affection pour l’humain, il le suivra encore longtemps. C’est le nouvel et seul ami qu’Aether a si proche de lui. Un animal.

Il foule le sol de la Citadelle le deuxième jour des festivités. La veille, un hommage a été rendu à Dastan. Aether se sent soulagé d’être arrivé le lendemain. Non pas que le guerrier ait de l’animosité envers le défunt Ipa, au contraire, mais les hommages en grand comité, ce n’est pas pour lui. Il préfère le faire en solitaire, il se sent mal à l’aise sinon. De plus, c’est la première fois qu’Aether se rend en terre neutre. En fin de compte, ça n’a rien d’extraordinaire. C’est même plutôt banal. Après tout, la Citadelle, ce n’est qu’un ensemble de parcelles de territoire de trois des quatre clans fondateurs de l’Alliance. Un nouveau soupir lui échappe. Il y a de l’agitation, les épreuves vont bientôt commencer, il doit se dépêcher. Il guide Celsius jusqu’aux écuries, le plaçant dans un box avec suffisamment de nourritures et d’eau, il viendra le voir plus tard, en soirée.

Aether observe les combats. Tu as changé Akeela. Même de loin, Aether peut le voir. Vous avez grandi ensemble, comment ne pourrait-il pas le voir? Tu es devenu une femme forte. Jeune, mais forte. Où est passé la petite fille qui le coursait et lui tirait des flèches dans les fesses avec son faux arc? Elle est loin. A-t-elle totalement disparue? Il sent d’ici la rage dans chacun des coups que tu assènes à tes adversaires. Ces apprentis avec qui tu as appris de nombreuses choses et que tu dois désormais tuer si tu veux devenir Ipa, ou même… si tu ne veux pas mourir. C’est barbare. Tuer ou être tuer. Même en terre de paix, le sang doit couler. N’est-ce pas là un paradoxe? Aether ne comprendra jamais. Un a un, tu élimines tes adversaires. Un an un, tu les détruis. A la fin, il ne reste plus que toi. Debout. Seul. Acclamée par la foule. Certains heureux de te voir sortir vainqueur de ces affrontements, d’autre moins. Tu es la nouvelle Ipa. Une fierté pour les Orketas. Un léger sourire étire les lèvres d’Aether. Lui aussi, au fond, il est fier de toi. Mais… aujourd’hui, il ne viendra pas te voir. Il ne viendra pas te féliciter. La journée a été longue, il n’a pas encore pu se reposer et tu dois surement être fatiguée également. Il rejoint alors Celsius dans son box. Il dormira avec son cheval sans problème, il a toujours été plus proche de l’animal que de l’homme, surement est-ce pour ça qu’il est devenu guerrier et non chasseur.

Troisième et dernier jour. Jour de célébration. On félicite et on couronne le nouvel Ipa. Toi, belle Akeela. Avant de rejoindre la fête, Aether est parti rendre ses hommages à Dastan. Seul, comme il l’avait prévu. Il ne s’attarde pour autant pas. Pas besoin de long discours pour remercier le travail d’un Ipa compétent. Aether ne le connaissait pas, simplement de nom, et de vue, en l’an 145, après avoir succédé à Sirius, Dastan avait fait le tour des clans pour se présenter aux différents chefs, faisant escale par Neywick où Aether suivait sa formation de guerrier. Un nouveau long soupir lui échappe, il s’en va maintenant sur le lieu de célébration de la nouvelle Ipa. Tu es très entourée Akeela, un peu trop pour qu’Aether parvienne à se frayer un chemin. Il reste alors non loin du buffet, il grignote quelques fruits, avale un verre d’un alcool maison tout en guettant l’occasion de venir te féliciter. Lorsqu’enfin tu es seul, Aether pose sa coupe en métal sur la longue table et ne perd plus de temps. Habile, rapide et discret, il se faufile entre les convives tel un serpent qui glisserait sur le sol. Tu es dos à lui, alors, en délicatesse, il pose sa main sur ton épaule, il veut attirer ton attention vers lui. Il ne sait pas comment s’y prendre. Tu te tournes finalement vers lui, sa main glisse dans ses cheveux. « Akeela… félicitation. »

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An 147

Aether se retrouve au creux de tes bras, sans qu'il n'ait le temps de réagir. Il ne dit pourtant rien, et profite simplement de l'instant. C'est plutôt rare qu'il laisse quelqu'un l'étreindre de la sorte, en douceur et en tendresse. La dernière personne a été sa mère, décédée il y a huit ans. A y réfléchir, ça fait déjà si longtemps? Il a l'impression qu'il a vu son sourire la veille. Qu'il lui a fait signe, hier, avant de partir pour la Citadelle. C'est si long. Les années défilent, mais les sentiments de tristesse et de colère, eux, persistent toujours autant, voire même plus. C'est étrange, et perturbant à la fois. Aether pose finalement ses mains sur chacun de tes bras, alors qu'il se recule au moment-même où tu le relâches. Comme si tu avais lu dans ses pensées. Où alors tu le connais trop bien? Surement pas, Aether a bien changé depuis la dernière fois.

Il les sent, ces regards qui se posent sur lui, sur vous. "Qui est ce garçon que l'Ipa prend ainsi, sans pudeur, dans ses bras?" C'est surement la question qui flotte sur les quelques lèvres des curieux qui vous épient. Aether n'aime pas ça. Il n'aime pas être le centre de l'attention. Il n'aime pas attirer l'attention, plus simplement. C'est la recette parfaite pour le mettre mal à l'aise. Aether se sent bien mieux sur un champ de bataille qu'au milieu d'une foule, en pleine célébration. Son regard croise alors celui de plusieurs convives qui, pour son plus grand soulagement, détournent les yeux pour retourner à leur conversation initiales. « Tu n'avais pas le choix... » Non, tu n'avais pas le choix, si tu ne les avais pas tués, c'est toi qui serait morte à l'heure qu'il est, et... Aether n'est pas certain qu'il aurait pu supporter la perte d'un énième proche. « Je préfère te voir en vie, et Ipa, que morte. » Ses doigts glissent contre ta joue, en tendresse, il n'est pas doué pour rassurer les gens. Il fait au mieux. « Bon... par contre tu m'ajoutes la corvée de participer à une fête. » Un sourire étire les lèvres du guerrier. Est-ce qu'il s'essaie à la plaisanterie? On dirait bien. Mais ce n'est pas totalement faux non plus. Si tu avais perdu, il ne se serait pas éternisé à la Citadelle et serait rentré à Alon après t'avoir rendu hommage.

L'un comme l'autre, vous avez changés, vous avez grandi. C'est encore plus flagrant maintenant que tu es devenue, toi, Akeela, la chef des clans alliés. Avec toi à la tête de tout ce beau monde, il ne se fait pas de soucis. Tu es une bonne personne, tu feras de belles choses. Il a confiance en toi, tu pourras faire régner la paix. « Un peu plus de deux, déjà... » Deux ans déjà que vous ne vous êtes plus vus. Deux ans que tu n'es pas rentrée à Lakestreet. Ce n'est en rien comparable à la formation de guerrier. Lui, avait encore la chance, de pouvoir rentrer à la maison une fois par mois. Enfin... la chance... seulement quand ses parents ou sa seconde famille était encore en vie. « Tu sais... j'ai terminé ma formation, je suis un vrai guerrier maintenant... près à défendre Orketa. » Ce qu'il fait déjà depuis un an, notamment à la frontière sud lors des différents assauts des Sengolis pour grignoter un peu de territoire à votre clan.

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An 147

Le temps effacera le sentiment de culpabilité. Aether est bien placé pour le savoir. Il ne combat que depuis un an, mais il a déjà pris quelques vies. Il a du sang sur les mains. Et même si ce sont des ennemis, cela reste des vies. Des humains. Des hommes et des femmes avec une famille qui pleurera leur perte. Des familles, qui, peut-être, nourriront une vengeance, tout comme lui. Peut-être même est-il déjà pris pour cible? Peu importe. Mais... Le sentiment de culpabilité, lui, finit par disparaître, un jour ou l'autre. Tôt ou tard. Et il laisse, le plus souvent, place à la satisfaction d'avoir protéger, un territoire, une personne, un peuple, une tradition, qu'importe. Un jour ou l'autre, tu tourneras la page. Tu n'oublieras pas, non, mais tu tourneras simplement la page. Tu as pris des vies, tu les a prise la veille. Il est normal que tu ne te sentes pas à la fête. Tu as toujours été une personne douce. Une personne gentille. Une personne prête à protéger ses proches. Tu as voulu protéger ta sœur, lorsqu'elle aurait du partir pour la Citadelle, après tout. Tu seras surement une meilleure Ipa que tes prédécesseurs, ou en tout cas, c'est ce qu'Aether veut croire. « Ils font les choses en grand ici... j'ai tenté de trouver un coin tranquille, sans trop m'éloigner non plus, mais impossible. »

Comme son père. Oui, il espère être un aussi bon guerrier que lui. Son héro. Son modèle. Il espère pouvoir être reconnu, être utile au clan. Il n'a pas pour but de rendre les Orketas fier de lui pour autant. Il veut uniquement faire la fierté de son père, là-haut. Il jette d'ailleurs un coup d’œil au ciel. Comme par instinct. Est-ce qu'il le voit? Est-ce qu'il sourit de là où il est? Son épouse, la mère d'Aether, dans les bras? Il soupir un peu. « Peut-être qu'un jour, ils cesseront de vouloir nous voler du territoire, peut-être qu'un jour les les guerres cesseront, mais en attendant, il faut les repousser. En attendant, je continuerai de brandir mes armes. Et si ce n'est pas pour défendre nos frontières, ce sera pour défendre Nukka. » Et Aether mettra toute sa hargne pour défendre ses terres, pour défendre son chef et ses idéaux. Il se battra comme un lion pour prêter mains fortes à ses aînés. Les Sengolis finiront peut-être, un jour, par se calmer, mais la haine d'Aether, elle, ne disparaîtra pas. Il a perdu son père à cause de l'un d'eux. Et même si plusieurs Sengolis sont morts des mains et des lames des Orketas, Aether en fait fis. Sans doute est-il égoïste, mais ce besoin de vengeance est une des choses qui le maintient encore debout. Il ne manquerait plus que les Sengolis rejoigne un jour l'Alliance...

Si il y a bien un sujet qu'Aether redoute. Un sujet qu'il ne veut pas que tu abordes, c'est celui de tes parents. Et jusque là, tout semble aller sur la bonne voie. Du moins, il le cru... jusqu'à ta question. Tu y viendrais, à un moment où un autre. Il le savait, mais espérait l'éviter. « Je... je suis venu seul... excuses-moi. » Il ne te ment pas. il est effectivement venu seul. Ou presque, sa monture l'accompagnait. Mais même si il avait voulu amener tes parents avec lui, il n'aurait pas pu. Ils ne sont plus là. Plus ici. Plus parmi vous. Ils sont décédés. Il ne veut pas te l'annoncer et il ne le fera pas. Ce n'est pas un mensonge... ou alors un mensonge par omission? Ce n'est pas à lui de te faire part de la nouvelle. A qui donc est-ce le travail? A tout le monde, à n'importe qui, sauf lui. Il sourit brièvement, avant de prendre ta main pour t'emmener vers la longue table. Il attrape quelques fruits, il t'en propose certains. Il lui faut changer de sujet. Quelque chose qui te fera penser à autre chose. Ton rôle d'Ipa, par exemple. « Alors, dis-moi, tu as une idée de la première chose que tu vas faire dans ton nouveau rôle de chef? » Oui, voila, ça, c'est un bon sujet. Il croit, en tout cas.

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An 147

Mourir... Aether pourrait mourir dans l'un de ces combats. Il pourrait y laisser sa peau, battu par un Sengoli plus fort que lui, plus malin que lui. Mais ça n'arrivera pas. Pas tant que le guerrier n'aura pas vengé la mort de son père. Tu le connais, tu le sais. Aether est quelqu'un de déterminé, près à aller au bout de ses objectifs, à sauter par-dessus les obstacles qui se dressent sur son chemin. C'est vrai... il veut être comme son père, mais il ne veut pas mourir comme lui. Il sera même meilleur que son héro. Il le dépassera, il ne mourra pas au combat. Du moins, c'est ce qu'il essaiera de faire. Comment protéger le peuple sinon? Comment protéger Nukka, comment te protéger, toi? Et puis... au fond... Aether ne rangera peut-être jamais les armes, même si les Sengolis lèvent le drapeau blanc, d'autres clans pourraient attaquer. Des clans non affiliés à l'Alliance, le monde en regorge. Orketa veut la paix c'est vrai, mais la paix n'arrivera pas tout de suite, la paix total ne s'installera pas en un claquement de doigts. Aether est réaliste.

Tu ne poses pas de questions quand à l'absence de tes parents, et il est rassuré. Il préfère omettre la vérité que d'avoir à te mentir, d'inventer des raisons à leur absence. Il est déjà suffisamment mal à l'aise comme ça. Il ne pourrait plus te regarder en face. Il ne répond pas à ton sourire, ce serai malsain. Aether se contente simplement d'avancer vers le buffet. Tu dois manger après tout, et lui, profiter des mets à volonté. Profiteur? Non... bon... juste un peu alors. Mais il n'y a pas de repas à foison tous les jours.

Ton cœur? Étais-tu amoureuse de Dastan? C'est ce qu'Aether comprend en tout cas. Et, suite à cette révélation, il confirme l'idée qu'il ne doit pas te faire part du décès de tes parents. Tu as déjà assez souffert ainsi. Il ne t'infligera pas une douleur supplémentaire. Tu es son amie, il doit te protéger. Certains ne seront surement pas d'accord avec son choix, et peut-être que tu lui en voudras dans le futur, mais pour l'heure, c'est la meilleure façon d'agir. Aether n'a jamais aimé personne. Du moins, aimer comme tu aimais Dastan. Mais il ne peut que comprendre ta douleur. Il a vu sa mère terriblement souffrir suite à la mort de son mari, quitte à se laisser mourir elle aussi. Mais tu es bien plus forte que sa mère, tu as écrasé tes adversaires alors que tu aurais pu te laisser te faire battre pour rejoindre celui que tu aimes. « Veux-tu que je reste demain, pour te soutenir? » Il peut faire ça, pour toi. Il peut retarder son départ d'une journée, quitte à subir les remontrances de son chef de guerre pour son retard. D'autant qu'en voulant te faire changer de sujet, il t'a guidé vers un souvenir récent et douloureux.

Aether dévore un dernier fruit, passant un index sur ses lèvres, puis sur sa cuisse. Par-dessus ton épaule, il jette un œil. Aether est observateur, et il a bien remarqué l'homme qui te tient à l’œil depuis le début de la soirée. Il doit faire partie de ta garde rapprochée, mais dieu qu'il déteste se sentir ainsi observer. Il ne voudrait ta place d'Ipa pour rien au monde. Il deviendrait rapidement fou. Fou de toujours être gardé à l’œil, fou d'être constamment suivit. Bonne chance Akeela. « Penses-tu que ton chaperon serait d'accord pour que tu m'accompagnes aux écuries? J'aimerais m'assurer que Celsius va bien, et puis, tu verras un autre membre d'Orketa ainsi. » Il sourit. Ce n'est qu'un cheval. Mais une magnifique monture du clan de la forêt. De plus, ça lui donne également une excuse pour s'éloigner de l'ambiance festive pour retrouver un peu de calme. Et autant passer un peu plus de temps en ta compagnie. Qui sait quand vous vous reverrez?

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An 147

Aether restera. Aether sera là pour l'exécution. Non pas que cela lui importe, mais il veut être présent pour toi. Il est le mieux... ou presque... placé pour comprendre ton sentiment. Lui aussi, un sentiment de vengeance anime ses tripes, depuis bien des années. Il t'envie un peu... de pouvoir assouvir ta vengeance si rapidement. Mais il te connait aussi... il sait que cette mort, bien que méritée, portera sur ta conscience. Tu es une bonne personne, peut-être un peu trop bonne. « Je serai quand même là, Akeela, c'est non négociable. » Un léger sourire, qu'il tente d'être rassurant, étire ses lèvres alors qu'il passe délicatement ses doigts dans tes cheveux. Juste un instant. Il attrape finalement une pomme. Juteuse. Délicieuse.

Étrangement, et fait assez rare pour le notifier, Aether affiche une moue. Tu es l'Ipa, même si il n'est pas d'accord pour te laisser t'échapper de cette fête trop... festive... tu es censée avoir le dernier mot. De plus... cet homme, un garde du corps surement, n'a pas à s'en faire, Aether ne compte pas te prendre la vie. Sa mine boudeuse s'efface à ton sourire. Enfin un vrai et joli sourire. Aether y répond, et ta décision lui plait. Elle lui plait même beaucoup. Au diable les autorisations, tu as tous les droits après tout. Mademoiselle Akeela. Mademoiselle l'Ipa.

Aether sert ta main et se penche ensuite à son tour. Ce serait bête de vous faire attraper avant même d'avoir pu quitter les lieux. Aether à l'impression de retourner en enfance le temps de quelques minutes. Quand vous jouiez ensemble, que vous vous coursier. Parfois, ces moments lui manque. Parfois il est nostalgique. Mais il doit aller de l'avant. Le passé est le loin et le futur n'attend pas. Il rit un peu, c'est rare. Tels des serpent, vous vous glissez entre les convives, certains vous remarquent, se posent des questions, mais n'ont pas le temps de réagir que vous avez déjà disparu. Vous parvenez enfin à quitter la fête. « J'ai l'impression de revenir plusieurs années en arrière, ça fait du bien. »

《 Succession 》
An 147

C'est de l’insouciance qui vous anime. Ce sentiment qui vous fait ne penser à rien. Ni aux conséquences de vos actes, ni à rien. Et bon dieu... que c'est bon. Que ça fait du bien. C'est comme retourner quelques années plus tôt. Lorqu'Aether revenait chez toi une fois par moi après avoir perdu sa famille. Lorsque vous jouiez, que vous vous aventuriez en forêt pour des parties de cache-cache ou bien d'autres jeux. Ou encore quand tu lui courais après avec ton arc. Ce sont de bons souvenirs, des souvenirs qu'Aether chérit énormément. Ce sont les petits moments de joies qui illuminaient son existence qui devenait de plus en plus sombre pris par la tristesse et la colère. « Bien sûr que ça me manque... » Il murmure, alors qu'un groupe de personnes, un peu alcoolisées, par l'odeur qu'ils dégagent, passent non loin de vous. Un soupir lui échappe, personne ne semble vous avoir remarqué. Et il ne perçoit pas d'agitation. Soit ton garde n'a pas remarqué ton absence, mais Aether en doute étant donné qu'il ne t'as pas quitté un instant des yeux. Soit ce même garde a décidé de partir à ta recherche dans la plus grande des discrétion.

Aether se sent bien plus à l'aise lorsque vous arrivez à l'écurie. Il a toujours été plus proche des animaux que des humains après tout. D'ailleurs, secrètement, il s'inquiète un peu pour Jive, ce petit loup qu'il a sauvé il y a quelques mois. Aether s'y est attaché à cette bête au point de lui trouver un nom. Depuis, Jive ne le quitte plus. L'animal avait même tenté de le suivre. « Viens. » Aether ne lâche pas ta main et malgré le regard des quelques cavaliers encore présent, il t'emmène vers un box, au fond de l'écurie. Lorsque le cheval voit Aether approcher, il hennit, comme pour montrer son contentement, secouant sa magnifique crinière noir à l'instar de son poil, aussi sombre que la nuit. « Akeela, je te présente Celsius. » Aether n'a pas besoin de pénétrer le box que Celsius approche déjà, permettant au guerrier de lui caresser le museau. Il en profite aussi pour vérifier que le cheval a encore assez d'avoine et d'eau. « Celsius appartient à mon supérieur, mais c'est une bonne monture. » Celsius hennit encore, comme si il comprenait le compliment et Aether ne peut s'empêcher de rire. Il est bien plus doux avec les animaux. Plus calme aussi.

Te kidnapper? Il y a fort à parier que ton garde du corps y pense en voyant que vous avez tous les deux disparus. A moins qu'il soit habitué à ce que tu prennes la fuite. De plus, il doute que des témoins avouent t'avoir vu l'accompagner en étant consentante. D'autant qu'en chemin, vous avez pris soin de ne croiser personne, si ce n'est les quelques personnes présentent dans l'écurie. « Et bien... si on se fait prendre... je compte sur toi pour prend ma défense, mh? Veux-tu te balader à cheval? »

《 Succession 》
An 147

Aether aime les animaux, c'est vrai. Et personne ne pourra dire le contraire. D'ailleurs, sous peu, Celsius devrait lui appartenir, c'est bien pour cette raison qu'Aether ne se procure pas une autre monture. Celsius lui a été promis par son chef en remarquant la complicité entre la bête et l'homme. Celsius est une bonne monture. Forte et rapide. Douce et amicale. La première fois qu'Aether l'avait monté, il avait eu une pointe d’appréhension, de voir l'animal se redresser pour le faire valdinguer au sol. Or, Celsius n'avait pas bougé, il avait même hennit de contentement. C'est qu'Aether se montre plutôt doux et tendre avec l'animal alors qu'avec l'humain, il est plutôt brusque et froid. Sa main vient finalement caresser le dos du cheval qui est aux anges entre les caresses d'Aether et les tiennes. Ce cheval est béni de voir les mains de l'Ipa le toucher avec tant de tendresse. Et comme si il te comprenait, il hennit à nouveau.  « Je crois bien qu'il est d'accord avec toi. » Un léger rire échappe à Aether. Il plisse cependant un peu les yeux. Il compte bien sur toi pour le défendre, effectivement. Il n'a pas envie de se voir condamné pour un crime qu'il n'a pas commis. Il tient à la vie, un minimum. Aether hoche légèrement la tête et te laisse quitter le box pour aller retrouver ta monture.

Celsius préparé, il le sort de son box. Scelle attachée, rênes harnachées, il referme la porte du box lorsque le cheval en est sorti. La queue de Celsius bat un peu l'air, il est content et Aether en sourit. Lui aussi, il est satisfait, ça va lui faire du bien de prendre l'air et de s'éloigner un peu des festivités, en compagnie d'une amie. Après tout, avant d'être la chef parmi les chefs, avant d'être l'Ipa, tu es une amie avec qui il n'a plus passé de temps depuis longtemps. Trop longtemps, peut-être, même. Depuis que tu as du quitter précipitamment le village. Aether se souvient encore... comme d'habitude, une fois tous les mois, il rentrait chez lui, chez toi... cette fois là, tu n'étais plus là, on lui avait annoncé que tu étais partie pour la citadelle. Depuis, Aether ne rentrait presque plus chez lui ou chez toi. Après tout, tu étais sa bouffée d'oxygène, son moment de détente. Tu lui avais manqué. Vraiment.

Hasufel. C'est le nom de ton cheval. Une magnifique bête. Sa couleur semble si pure. A la hauteur d'un chef d'Alliance. Il hausse pourtant un sourcil.  « C'est la première fois que tu vas le monter seule? » Si il en déduit de tes mots, tu l'as déjà monté, mais accompagné. Peut-être qu'Hasufel appartenait à ton prédécesseur. Surement même.  « Si il est habitué à toi, ça devrait aller. Sois juste douce et ne le brusque pas. » Une bête brusquée est une bête indomptable. Mais... tu aimes les animaux aussi, alors, il ne se fait pas de soucis pour toi. De plus, au cas où tu aurais un problème, Aether t'aidera.