[Niamh - Nyx] Aussi fou que sage

Niamh prit l’un de ses flacons de poisons, le regardant avec les yeux vitreux d’un poisson mort depuis longtemps. Elle le secoua pour s’apercevoir tristement qu’il ne restait plus beaucoup de liquide dedans. Avec une grimace de déception, elle rangea le petit bocal dans une grande malle.

Encore une fois, elle faisait ses bagages. Les Kadaaris avaient réellement une fâcheuse habitude à bouger constamment. Il semblait à l’empoisonneuse qu’ils n’étaient même pas arrivés dans ce camp une petit quinzaine de jours auparavant. Et voilà que toute la troupe rassemblait à nouveau leurs affaires pour reprendre la route vers d’autres horizons. Le nettoyage avait été plutôt rapide cette fois, se dit-elle tout en nettoyant ses ustensiles à décanter. D’habitude, les guerriers nomades mettaient au moins un mois pour mettre tous les villages alentours à genoux. Cette fois, la tâche avait semblé plus simple ou du moins était-elle été plus rapide. La plupart s’en réjouissait, Niamh devrait, logiquement aussi s’en réjouir dans la mesure où le succès des Kadaaris lui semblait important et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de pester envers et contre tout. Jamais ses réserves ne se rempliraient s’il fallait faire leurs valises tous les quatre matins ! Et puis pensaient-ils à toutes ces plantes qui ne survivaient pas aux longs et chauds travers à travers l’Est ? Ah ça quand il fallait les soigner, ils étaient bien contents que Niamh ait les plantes adéquates mais autrement, ils en avaient bien nullement à faire.

Plus Niamh vieillissait, plus la guérisseuse devenait grognonne, non pas qu’elle était un ange avant cela, bien au contraire, mais en prenant de l’âge, elle était loin de gagner en sagesse. Et plus le temps passait, plus on savait qu’il fallait mieux ne pas trop l’agacer. Ne se rendant nullement qu’elle formait ses commentaires à hautes voix, elle grognait dans sa barbe contre les coutumes des Kaddaris. Soudain attirée par la luminosité nouvelle et aveuglante dans sa tente, elle se retourna vers l’entrée et vit Nyx, l’esclave de Seth dans l’encadrement de l’entrée.

– Nyx ? Ferme ça vite, je ne vois rien bon dieu !

Puis essuyant ses mains pleines de mixtures peu saines sur les mains, elle s’approcha du jeune homme.

– Que fais-tu ici ? Ne devrais-tu pas aider Seth à faire ses affaires ?